Monument aux soldats fusillés pour l’exemple
Publié : 06 Avr 2019, 11:45
le parisien 6 4 2019 a écrit :Aisne : le premier monument dédié aux soldats fusillés pour l’exemple
« Il ne faut pas que les générations suivantes oublient », martèle la présidente de la Libre Pensée de l’Aisne, Nicole Aurigny, au côté du sculpteur du monument, Frédéric Thibault
Le premier monument en mémoire des 639 soldats condamnés à morts et exécutés au front lors de la Première Guerre mondiale est inauguré à Chauny ce 6 avril. De nombreuses voix s’élèvent pour leur réhabilitation.
Le monument, très émouvant, met en scène quatre poilus de deux mètres de haut. Trois ont les mains liées au poteau d’exécution. Deux sont têtes basses, dont un des troupes coloniales. Le troisième hurle sa révolte. Le quatrième est à genoux, tête penchée… Le sculpteur parisien Frédéric Thibault l’a réalisé en pierre de Saint-Maximin (Oise). Antimilitariste, il avait été le premier à proposer un projet.
Aujourd’hui, à Chauny (Aisne), l’Association pour l’Érection d’un Monument en Hommage aux Fusillés pour l’Exemple touche enfin à son but en inaugurant son ouvrage dans le parc Notre-Dame.
Entre 1914 et 1918, il y eut 2 500 condamnés à mort dans les conseils de guerre et 639 furent fusillés sur le front. Choisis au hasard ou parfois désignés comme « meneurs », ils furent exécutés pour l’exemple. À l’heure actuelle, seuls 40 fusillés ont été réhabilités par la justice française, la plupart dès les années 1920-1930.
« Il ne faut pas que les générations suivantes oublient, martèle Nicole Aurigny, présidente de la Libre pensée de l’Aisne, qui porte le projet depuis cinq ans. C’est une des pires injustices qui soit. Être fusillé par ses compagnons, qui souvent ont été traumatisés… Ce monument est une étape. Ce que nous demandons, c’est leur réhabilitation. » Une demande jusqu’ici toujours refusée par l’Etat.
L’armée a tué pour une démonstration de pouvoir
Francisque Durantet est l’un des six fusillés pour l’exemple de Vingré (Aisne). Il lui était faussement reproché d’avoir abandonné son poste en présence de l’ennemi. Tiré au sort parmi 24, il avait été passé aux armes le 4 décembre 1914. Ce père de deux enfants avait 36 ans.
Il a été réhabilité en 1921 : « C’est un scandale que l’armée ait tué des gens pour faire une démonstration de pouvoir, confie son petit-fils Abel...