Jean Louis Brunaux

Marxisme et mouvement ouvrier.

Jean Louis Brunaux

Message par Pepucho » 13 Avr 2019, 18:15

J' aimerais savoir si cet historien est sérieux et si des camarades de ce forum l' ont déjà lu. Il est spécialiste des Gaulois.
Pepucho
 
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Re: Jean Louis Brunaux

Message par Gayraud de Mazars » 13 Avr 2019, 18:57

Salut Pepucho,

Oui, j'ai lu un peu de Jean-Louis Brunaux sur nos dit irréductibles ancêtres gaulois comme prof d'Histoire et Géographie... C'est un chercheur sérieux à mon sens, et l'historien réfute légendes et lieux communs sur les Gaulois. Il y a polémique à son sujet, mais ses dires sont pertinentes ! Il s'est beaucoup passionné pour la religion gauloise et les druides... Il détricote avec patience les vieux mythes sur les celtes...

Par Maurice Sartre, publié le 21 février 2008, tu aurais pu lire dans Le Monde !

Après nous avoir donné en 2006 une superbe étude qui replaçait enfin les druides dans l'histoire en les sortant du mystère où des idéologies douteuses voulaient les enfermer, Jean-Louis Brunaux s'attaque avec brio aux clichés dont notre légende nationale s'encombre, empêchant le plus souvent de voir la réalité des Gaulois. Abordant tour à tour les images toutes faites qui peuplent notre imaginaire, Brunaux s'interroge : les Gaulois étaient-ils querelleurs, pratiquaient-ils les sacrifices humains, habitaient-ils des huttes sans confort, ont-ils été de farouches opposants à la conquête romaine ou, au contraire, des collaborateurs zélés ? Et d'abord, la Gaule est-elle couverte de forêts, préfigure-t-elle la France, et peut-on parler d'une nation gauloise ? En bref, qui sont réellement ces ancêtres, et sont-ils même nos ancêtres ?

Brunaux n'est certes pas le premier à démonter ainsi les mythes élaborés au fil du temps et principalement au XIXe siècle - Christian Goudineau a magistralement coupé les moustaches de Vercingétorix naguère -, mais sa manière de procéder confère à sa démonstration une force inédite. Car Brunaux se garde bien de traiter ces clichés par la dérision, et commence par en rechercher l'origine, qu'il trouve le plus souvent dans les sources anciennes elles-mêmes. Car si les anciens ont parfois bien observé, leurs successeurs, voire les modernes, ont souvent mal interprété des coutumes et des comportements inattendus. Si nous avions conservé la totalité de la description de la Gaule de l'indispensable Posidonios d'Apamée, combien d'erreurs auraient été évitées !

Cernant les origines et l'évolution des affirmations répétées de génération en génération, Brunaux confronte ces données incomplètes ou mal comprises aux apports de l'archéologie, et montre comment rectifier les idées reçues, dont bien souvent des éléments essentiels restent vrais, pour peu qu'on les interprète correctement. Il s'ensuit une série saisissante de tableaux vivants et colorés qui nous font entrer de plain-pied dans le monde des Gaulois. Non, la Gaule n'est pas couverte de forêts puisque Brunaux nous fait découvrir les fermes, grandes et petites - et qui ne sont pas des huttes sans confort -, qui pullulent partout ; non, les Gaulois ne sont pas plus querelleurs que les autres, mais Brunaux de décrire avec soin une vraie société guerrière, où les hommes d'armes occupent un statut supérieur, bénéficiant même d'une nourriture plus riche que leurs compatriotes.

IMPECCABLE ÉRUDITION

Oui, il existe un vrai art gaulois et il faut rendre justice à André Malraux de l'avoir compris et d'être celui qui en a le mieux parlé. Oui, les sacrifices humains ont existé, mais l'important réside bien plus dans le caractère public de la religion gauloise, entièrement codifiée et contrôlée par les druides, ce qui limitait singulièrement la fréquence de tels sacrifices. Brunaux élabore ainsi au fil des pages une magnifique histoire des Gaulois, rangeant au magasin des idées reçues ce qui doit l'être, et faisant pour le reste une mise au point limpide, dans une langue simple et précise dont on se régale.

Aux antipodes de l'exercice académique d'une histoire visant à l'exhaustivité, le livre de Brunaux ouvre plutôt des fenêtres dont chacune donne sur un paysage nouveau. Les lecteurs seront sans doute surpris des réponses aux questions posées par l'auteur, pourtant fondées sur une impeccable érudition qui jamais ne transparaît. Brunaux voit large, n'oubliant pas au passage ces Gaulois partis depuis longtemps en Italie du Nord, en "Gaule cisalpine", comme la nomment les Romains. Brunaux voit juste : des questions jugées cruciales autrefois n'ont en réalité qu'un intérêt relatif, et appellent des réponses nuancées. Résistants ou collaborateurs, les Gaulois ? Résistants bien sûr, les difficultés de César le montrent assez ; mais si violente qu'ait été l'opposition gauloise, elle n'est que ponctuelle, marginale, périphérique. Car avant même la résistance, on assiste à la romanisation volontaire d'une grande partie de la Celtique, qui se soumet bien vite à un maître si séduisant.

Ce n'est pas parce que, parmi les nombreux peuples qui ont contribué à la population de la France, nous avons choisi de reconnaître les Gaulois comme nos "ancêtres" privilégiés qu'il faut confondre la Gaule romaine avec la France sous l'occupation allemande ! Lire Brunaux n'est pas seulement un plaisir, c'est une urgence.


Fraternellement,
GdM
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