Ces arrangements autour du programme révolutionnaire ne sont que du suivisme, avec l’illusion que faire des concessions aux dernières idées à la mode dans la petite bourgeoisie donnerait une meilleure audience aux idées révolutionnaires dans ce milieu. Cette attitude suiviste et opportuniste ne date pas d’hier. Au fil des années et des modes du moment, le programme révolutionnaire a été étoffé de différentes causes concernant diverses catégories opprimées : le féminisme, l’antiracisme, le soutien aux migrants ou même les droits des LGBT. Ces oppressions sont réelles et ces causes légitimes, mais les substituer de fait au combat pour le renversement du capitalisme, c’est finalement abandonner les idées communistes révolutionnaires et c’est ne plus croire au rôle de la classe ouvrière.
Pourquoi est-ce mauvais ? Premièrement, parce que ça semble vouloir dire que le combat pour l'émancipation des femmes, contre le racisme sous toutes ses formes, pour la libération des populations pauvres des pays du Sud, est un combat qui vient forcément de la petite-bourgeoisie, de l'extérieur du mouvement ouvrier.
Deuxièmement, cela peut laisser croire que combat n'est pas une implication cardinale de la lutte pour le socialisme, pour le pouvoir des travailleurs et des travailleuses, alors que précisément, seule la révolution prolétarienne peut apporter les conditions de la réalisation de l'émancipation des femmes, des populations soumises au racisme et à l'impérialisme, etc. La réapparition d'un mouvement ouvrier puissant partout dans le monde signifierait déjà une amélioration conséquente de leur sort, pour toute une série de raisons.
Troisièmement, cela sous-entend que l'on ne peut lutter pour la cause des femmes, des homosexuels, etc. que selon un seul mode, celui qui a été fixé par la petite-bourgeoisie démocrate, humaniste, à travers ses méthodes, ses manifestations et ses conceptions idéalistes et réformistes. Rien n'est dit sur les tâches historiques du prolétariat, sur le fait que celui-ci doit mener ces combats selon ses propres méthodes, sans avoir de comptes à rendre à la bourgeoisie petite et grande.
Bref, ce passage est très mal rédigé. Plutôt que de désigner ces grandes causes comme étant fatalement autonomes de la lutte pour le pouvoir ouvrier, il aurait été plus judicieux de tenter de montrer qu'elles ne peuvent être rien d'autre que des aspects de notre projet de société et qu'on ne saurait donc se battre réellement pour elles sans lutter pour un renouveau de la conscience de classe et pour la perspective communiste.