petite histoire

Marxisme et mouvement ouvrier.

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Message par com_71 » 21 Nov 2019, 00:03

Un bulletin de 1962 :
VOIX OUVRIÈRE, bulletin édité par des syndicalistes de différentes tendances, pour la démocratie ouvrière, l'unité syndicale et l'internationalisme prolétarien.
Vraisemblablement publié avec le "groupe Lambert".

http://museedelapresse.com/tag/voix-ouvriere/
Pièces jointes
tendances.jpg
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L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par com_71 » 21 Nov 2019, 01:04

Texte de cet édito :

Voix Ouvrière, 10 septembre 1962 a écrit :Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Le général de Gaulle a placé son voyage en Allemagne sous le signe de la "réconciliation" franco-allemande. D’après la RTF, la presse allemande serait unanime à déclarer que le peuple allemand a été ému que le Président de la République fran­çaise, soit venu lui dire, en allemand, qu'il était un grand peuple.
Pour tous les prolétaires du monde le peuple allemand est un grand peuple. Ce n'est pas de Gaulle qui nous l'a appris. Il est seulement dommage que ce soit lui qui, en notre nom, ait été le dire. L'Allemagne est le pays de Karl Marx, de Friedrich Engels, de Rosa Luxembourg, de Karl Liebknecht et de bien d’au­tres révolutionnaires dont le souvenir est cher à tous les prolétaires conscients et aux révolutionnaires du monde entier.
Ce que de Gaulle est allé consacrer en Allemagne durant son voyage, c'est la réconciliation de l'impérialisme allemand et de l'impérialisme français et non celle du peuple allemand et du peuple français. Car ni les prolétaires français, ni les prolé­taires allemands n'ont voulu les guerres dans lesquelles on les a entraînés et qui les ont fait se battre les uns contre les autres. Ils n'avaient aucun intérêt à ces guerres.
Il y a vingt ans nos dirigeants, dont de Gaulle, cherchaient par tous les moyens à nous faire haïr le peuple allemand, aidés d'ailleurs par des organisations se disant ouvrières et socialistes et qui ont consciemment renoncé, en cette occasion comme en bien d'autres, à défendre avant tout les intérêts des tra­vailleurs et l'internationalisme prolétarien. Aujourd'hui que le Président de la République des capitalistes et des banquiers français se pose en champion de la fraternité des peuples allemand et français on pourrait être tenté de se réjouir. Mais, malheureusement, les gestes des hommes de la bourgeoisie sont trop systématiquement intéressés pour que nous ne puissions pas craindre de payer mille fois le moindre geste positif qu'ils semblent faire.
Or, dans la situation actuelle c'est bien le cas. La fra­ternité que de Gaulle est allé prêcher a l’odeur des tranchées. Il y a vingt ans l’impérialisme français et l'impérialisme alle­mand s'opposaient. Les dirigeants respectifs nous prêchaient donc la haine. Aujourd'hui ces deux impérialismes voient leurs intérêts se rencontrer. On nous prêche donc la fraternité, mais contre d'autres peuples. Hier, il s'agissait de faire la guerre contre les Allemands. Aujourd'hui il s'agit de faire la guerre avec eux, contre les Russes.
C'est un voyage belliciste qu'en réalité le Chef de l'État français est allé faire en Allemagne. Il est allé promettre à l’impérialisme allemand le soutien de l'impérialisme français.
Il est allé duper le peuple allemand et lui faire acclamer le symbole de la guerre en lui parlant de paix.
Les prolétaires français n'ont aucune hostilité contre ceux d'Allemagne. Ils ont souffert les mêmes maux. Leur sort est lié et commun depuis un demi-siècle. Les prolétaires allemands ont connu la tragédie de voir, en 1933, les Jouhaud et les Salan de là-bas, arriver au pouvoir à la tête de leur OAS en passant sur les cadavres de milliers de travailleurs allemands. Le peuple allemand en a souffert, et nous en avons souffert aussi en 1940. Tout comme nous avons connu la triste situation de voir nos jeu­nes commandés en Algérie par les Salan, les Jouhaud et les Massu et, sous leurs ordres, torturer et s'avilir, les prolétaires allemands ont vu leurs jeunes et leurs moins jeunes se trans­former sous la direction des officiers nazis.
Mais si nous n’avons aucune hostilité contre les prolé­taires allemands, nous n'en avons aucune non plus contre ceux de Pologne ou de Russie.
Notre haine nous la gardons contre leurs maîtres et les nôtres. Et la fraternité entre les travailleurs allemands et les travailleurs français, elle se réalisera, oui, mais pour balayer nos oppresseurs communs. Marx écrivait : "Que les classes diri­geantes tremblent à l'idée d'une révolution communiste ! Les prolétaires n’y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous."
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par artza » 21 Nov 2019, 05:49

Pourquoi par le groupe Lambert?

En 1962 la collaboration était un souvenir. Lambert n'a pas utilisé le titre à son compte à ma connaissance, et je crois que quelques Informations ouvrières sont sorties par ex Lavalette St-Ouen (Daniel Renard).

C'est le "militant syndicalistes de diverses tendances" qui t'interroge?
Les premières VO que j'ai vu étaient sous-titrées ainsi et c'était une certaine réalité.
Tout les 15 jours paraissait La Lutte de classe de l'Union communiste internationaliste...(trotskyste) à partir de 63.
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Message par artza » 21 Nov 2019, 12:34

Où ai-je la tête la LDC n°1 de cette série c'est le 14 novembre 1960 avec un édito à mon avis remarquable sur le PC, les tenants et aboutissants de sa politique en rien révolutionnaire mais conservatrice, maintien du statu quo.
Crèvent les algériens et avent les hongrois et suent les travailleurs français à l'usine ou à crapahuter dans les djebels.
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Message par com_71 » 21 Nov 2019, 22:01

Lutte de Classe n°1 - 14 novembre 1960 a écrit :L'opposition de sa majesté

Nombre de travailleurs essaient de s'expliquer l'attitude du PCF, et des organisations qui en dépendent, telle la CGT, attitude illustrée par le sabotage de la manifestation organisée par l'UNEF le 27 octobre contre la guerre d'Algérie et par le comportement, pour le moins non combatif, de la CGT (que même la presse bourgeoise a remarqué) lors des licenciements Renault.

Le Parti Communiste est manifestement dans l'opposition par rapport au régime et son refus de toute lutte qui, d'une façon ou d'une autre, pourrait l'opposer à de Gaulle paraît inexplicable.

Évidemment le PCF, lui, donne quelques, explications : c'est par tactique, pour que beaucoup plus de monde puisse manifester, qu'il s'est prononcé le 27 octobre pour des manifestations locales et non pour une manifestation centrale, Quant aux licenciements, ce n'est pas la CGT qui n'a rien fait, c'est la Direction de la Régie Renault qui n'a pas voulu se laisser convaincre.

Cette attitude ne s'explique pas seulement par la crainte qu'inspire de Gaulle à un certain nombre de militants et de cadres du Parti : de Gaulle ne s'attaquerait pas aux organisations ouvrières tant que celles-ci ne bougent pas, mais la moindre provocation pourrait entraîner la répression. Ni même par l'opinion, elle aussi fréquente, que de Gaulle serait le seul rempart contre les ultras et que s'attaquer à lui physiquement serait faire le jeu de ces derniers,

En fait ces idées, sans être « officielles », sont entretenues par les cercles dirigeants du Parti car elles servent la ligne actuelle du PCF.

En effet, le PC ne compte absolument pas s'opposer au régime gaulliste autrement que verbalement.

D'abord, sur le plan international, le Kremlin ne voit pas de Gaulle d'un mauvais oeil ; il est en effet le seul homme politique français qui ait la possibilité de mener une politique tant soit peu indépendante vis-à des USA Sur le plan intérieur, le seul objectif du PC est une alliance électorale pour une « démocratie rénovée » :

« L'actuelle Assemblée Nationale n'étant pas représentative et n'ayant d'ailleurs aucun pouvoir réel, le Parti Communiste Français lutte pour l'élection, à l'aide d'un scrutin reflétant vraiment l'opinion du pays d'une Assemblée Constituante chargée en premier lieu d'établir une Constitution démocratique. »

(Thèses du Congrès - juin 1959 du PCF.)

Bien entendu rien n'est dit sur la façon d'obtenir ce scrutin reflétant l'opinion du pays ». Ce programme est irréalisable par la voie parlementaire. De Gaulle est arrivé au pouvoir appuyé sur la rue. Il a utilisé toutes les armes du pouvoir pour changer la Constitution. Il a fait plébisciter cette Constitution et il s'est fait plébisciter lui-même. Le Parlement « sans aucun pouvoir » est incapable de revenir en arrière, et la lutte strictement parlementaire ne pourrait dans le meilleur des cas aboutir qu'à un « gouvernement de gauche » (Mendès-France par exemple) avec ou sans participation de ministres communistes... dans le cadre du régime gaulliste.

Le PCF n'a ni autre but, ni autre ambition. Toute sa politique consiste à prouver à de Gaulle d'une part, à ses éventuels alliés socialistes ou radicaux d'autre part, qu'il est fidèle serviteur de la bourgeoisie. Témoin ces lignes extraites elles aussi des résolutions du XVe Congrès du PCF :

« Il convient de leur rappeler, à ceux qui, demandent aux communistes des garanties.

A - L'Union que nous préconisons devrait être fondée sur un programme de rénovation démocratique et nationale, discuté et accepté par tous ;

B - Notre attitude passée, lorsque s'est réalisée l'Union en 1936 et en 1945-47 apporte la preuve que les communistes ont scrupuleusement respecté les accords conclus avec leurs alliés. La rupture n'est jamais venue d'eux.

Au temps du Front Populaire, loin de tenter d'aller au-delà des objectifs fixés en commun avec leurs alliés, les communistes n'hésitèrent pas à dire, quand c'était nécessaire : « Tout n'est pas possible... »

À la Libération, loin de tenter de dépasser les engagements pris en commun, les communistes ont appelé à la production, à l'effort pour le relèvement de la France, au respect de la légalité républicaine avec la dissolution des milices patriotiques, à l'unité de l'armée par l'intégration des FTP et des FFI en vue d'une participation plus active de la France à la lutte pour la victoire commune sur le fascisme » .

C'est cela qui explique que dès maintenant le Parti Communiste ne veut pas « aller au-delà » ni dépasser les engagements à venir. C'est là qu'il faut chercher la source de ses reculades et du sabotage pur et simple, non seulement de la lutte contre la guerre d'Algérie, mais encore des luttes économiques des travailleurs dès qu'elles menacent de prendre tant soit peu d'envergure.
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Message par com_71 » 22 Nov 2019, 14:41

Le n 1
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