Éphéméride

Marxisme et mouvement ouvrier.

Re: Éphéméride

Message par Gayraud de Mazars » 27 Nov 2020, 08:13

Salut camarades,

A lire aussi bien intéressant... Le témoignage de Paul Lafargue sur Friedrich Engels !

Souvenirs personnels sur Friedrich Engels
Par Paul Lafargue

Je fis la connaissance d’Engels en 1867, année où parut la première partie du Capital.

“Maintenant que tu es le fiancé de ma fille, je dois te présenter à Engels”, me dit Marx, et nous partîmes pour Manchester. Engels habitait avec sa femme et la nièce de celle-ci, qui avait alors six ou sept ans, dans une maisonnette tout au bout de la ville : les champs commençaient à quelques pas de là. Il était à cette époque copropriétaire d’une entreprise fondée par son père.

De même que Marx, il avait émigré à Londres après la défaite de la révolution sur le continent, et comme lui, il voulait se consacrer à une activité politique et à des études scientifiques. Mais Marx avait perdu tous ses biens et ceux de sa femme dans la tourmente, et Engels n’avait, lui non plus, aucun moyen d’existence. Il dut donc, sur l’invitation de son père, retourner à Manchester et reprendre les fonctions de commis qu’il avait déjà assumées en 1843, tandis que Marx arrivait à grand-peine à satisfaire les besoins les plus pressants de sa famille grâce aux correspondances hebdomadaires qu’il écrivait pour la New York Daily Tribune.

Dès lors et jusqu’en 1870, Engels mena en quelque sorte une vie double : les six jours de la semaine, de 10 à 4 heures, c’était un employé de commerce dont le travail consistait surtout à tenir la correspondance de la firme en différentes langues et à aller à la Bourse. Il avait, au centre de la ville, son domicile officiel, où il recevait ses connaissances du monde des affaires, alors que sa maisonnette du faubourg n’était ouverte qu’à ses amis politiques et scientifiques parmi lesquels se trouvaient le chimiste Schorlemmer et Samuel Moore qui plus tard traduisit en anglais la première partie du Capital. Sa femme, d’origine irlandaise et ardente patriote, était sans cesse en contact avec ses compatriotes, très nombreux à Manchester, et au courant de tous leurs complots. Plus d’un fénian [1] trouva asile dans sa maison, et c’est grâce à elle que l’un d’eux, qui avait dirigé un coup de main pour délivrer des fénians condamnés à mort que l’on conduisait à la potence, put échapper à la police.

Engels, qui s’intéressait au mouvement fénian, avait rassemblé des documents pour une histoire de la domination anglaise en Irlande ; il a dû les dépouiller en partie et on les retrouvera sans doute dans ses papiers [2].

Le soir, délivré de l’esclavage des affaires, Engels rentrait dans sa maisonnette et redevenait un homme libre. Il participait non seulement à la vie d’affaires des industriels de Manchester, mais aussi à leurs divertissements : il se rendait à leurs réunions et à leurs banquets, se livrait à leurs sports.

Excellent cavalier, il avait son propre cheval (un hunter) pour chasser le renard. Il ne laissait jamais passer l’occasion quand, selon une vieille coutume féodale, l’aristocratie et la gentry invitaient tous les cavaliers des alentours à traquer le renard : il était l’un des premiers parmi les plus acharnés à la poursuite, et ni fossé, ni haie, ni aucun obstacle ne l’arrêtaient.

“Je crains toujours d’apprendre qu’il lui est arrivé malheur”, me disait Marx.

J’ignore si les bourgeois de sa connaissance étaient au courant de son autre vie ; les Anglais sont extrêmement discrets et se montrent peu curieux de ce qui ne les regarde pas ; en tout cas, ils ignoraient absolument tout des hautes qualités intellectuelles de l’homme avec qui ils étaient quotidiennement en rapports, car Engels ne manifestait guère son savoir devant eux. Celui que Marx considérait comme l’un des hommes les plus instruits d’Europe n’était pour eux qu’un joyeux compagnon qui s’y entendait en bon vin…

Il aimait la société des jeunes et était un maître de maison hospitalier. Nombreux étaient les socialistes de Londres, les camarades de passage, les émigrés de tous les pays, qui se réunissaient le dimanche à sa table fraternelle. Et tous quittaient sa maison charmés de ces soirées qu’il animait de son entrain communicatif, de son esprit, de sa gaieté intarissable.

***

On ne peut penser à Engels sans songer aussitôt à Marx, et réciproquement : leurs existences ont été si étroitement mêlées qu’elles forment pour ainsi dire une seule vie. Chacun avait pourtant une personnalité bien marquée ; ils se distinguaient non seulement extérieurement, mais encore par le tempérament, le caractère, la manière de penser et de sentir.

Marx et Engels se sont rencontrés pour la première fois dans les derniers jours de novembre 1842, lors d’une visite que fit Engels à la rédaction de la Rheinische Zeitung. Quand la Rheinische Zeitung eut cessé de paraître, étouffée par la censure, Marx se maria et se rendit en France ; Engels passa quelques jours chez lui à Paris, en septembre 1844. Ils étaient en correspondance, comme l’a dit Engels dans sa biographie de Marx, depuis qu’ils travaillaient ensemble aux Deutsch-Französische Jahrbücher, et de cette époque date leur activité commune qui ne prit fin qu’à la mort de Marx. Au début de 1845 Marx fut expulsé par le ministère Guizot, à l’instigation du gouvernement prussien ; il se rendit à Bruxelles où bientôt Engels vint le rejoindre. Quand la révolution de 1848 rappela la Rheinische Zeitung [3] à la vie, Engels fut aux côtés de Marx, le remplaçant à la tête du journal lorsque Marx devait s’absenter.

Mais malgré sa supériorité intellectuelle, Engels ne jouissait pas de la même autorité que Marx aux yeux de ses collègues, jeunes gens qui tous se distinguaient par le talent, l’esprit révolutionnaire et le courage. Marx m’a raconté qu’après un voyage à Vienne, il avait trouvé la rédaction divisée par des querelles qu’Engels n’avait pu apaiser. Les rapports étaient si tendus qu’un duel seul, croyait-on, pouvait tout régler. Marx dut mettre en œuvre toute sa diplomatie pour rétablir la paix.

Marx avait un don inné de diriger les hommes. Quiconque avait affaire à lui tombait sous son influence. Engels fut le premier à le reconnaître. Il m’a souvent dit que dès sa jeunesse Marx en imposait à tous par la netteté et l’énergie de son caractère. C’était un vrai chef, en qui chacun avait toute confiance, même dans les choses qui sortaient de sa compétence, comme le montre l’épisode suivant. Wolff, auquel est dédié la première partie du Capital, était tombé gravement malade à Manchester où il habitait. Les médecins l’avaient condamné, mais Engels et ses amis se refusaient à reconnaître ce cruel arrêt, et ils déclarèrent d’une seule voix qu’il fallait télégraphier à Marx de venir pour qu’il donnât son avis…

Engels et Marx avaient pris l’habitude de travailler ensemble. Engels, qui lui-même poussait à l’extrême la probité scientifique, était souvent hors de lui de la scrupulosité de Marx qui se refusait à laisser imprimer une seule phrase qu’il n’aurait pu prouver de dix manières différentes.

Après la défaite de la révolution, les deux amis durent se séparer. L’un se rendit à Manchester, l’autre resta à Londres. Mais ils ne cessèrent de vivre l’un avec l’autre par la pensée : chaque jour, ou presque, pendant vingt ans, ils se firent part dans leurs lettres de leurs impressions et de leurs réflexions sur les événements politiques ainsi que de la marche de leurs études.

Cette correspondance s’est conservée.

Engels quitta Manchester dès qu’il put rejeter le joug mercantile et se hâta de revenir à Londres où il se fixa à Regent’s Park Road, à dix minutes de Maitland Park où vivait Marx. Tous les jours, vers une heure, il se rendait chez Marx ; si le temps était beau et Marx bien disposé, ils se rendaient ensemble dans la prairie de Hampstead ; sinon, ils restaient une heure ou deux à s’entretenir dans le cabinet de travail de Marx, allant et venant l’un suivant une diagonale, l’autre suivant l’autre.

Je me rappelle une discussion sur les Albigeois, qui dura plusieurs jours. Marx étudiait alors le rôle des gens de finance, Juifs et chrétiens, au moyen âge. Dans l’intervalle de leurs rencontres, chacun faisait des recherches sur la question débattue afin d’aboutir à un même résultat. Aucune critique de leurs idées et de leurs travaux n’avait à leurs yeux l’importance de celle qu’ils échangeaient ainsi : ils avaient la plus haute opinion l’un de l’autre.

Marx ne se lassait pas d’admirer les connaissances universelles d’Engels, l’extraordinaire souplesse de son intelligence qui lui permettait de passer facilement d’un sujet à l’autre. Engels, de son côté, se plaisait à reconnaître la puissance d’analyse et de synthèse de Marx.

Certes, me dit-il un jour, on aurait fini un jour par comprendre et par expliquer le mécanisme du mode de production capitaliste, par découvrir et par débrouiller les lois de son développement. Mais cela aurait demandé beaucoup de temps, le travail serait resté imparfait et fragmentaire. Marx était seul capable de suivre toutes les catégories économiques dans leur développement dialectique, de rattacher les phases de leur développement aux causes qui les déterminent et de faire de l’économie politique dans son ensemble un monument théorique dont les différentes parties s’étayent et se conditionnent mutuellement.

Ce qui les rapprochait, ce n’était pas seulement un même travail intellectuel, c’était aussi l’ardente sympathie qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre : chacun pensait toujours à faire plaisir à l’autre, chacun était fier de l’autre. Un jour Marx reçut une lettre où son éditeur de Hambourg disait qu’Engels lui avait rendu visite, et qu’il avait ainsi pu faire la connaissance d’un des hommes les plus charmants qu’il eût jamais rencontrés.

Je voudrais bien voir, s’écria Marx, interrompant la lecture, l’homme qui ne trouverait pas Fred aussi aimable que savant. !

Ils mettaient en commun tout ce qu’ils avaient : leur bourse et leur savoir.

Quand on confia à Marx la correspondance pour la New York Daily Tribune, il ne faisait encore qu’apprendre l’anglais ; Engels traduisait ses articles, et au besoin les écrivait. Et quand Engels prépara son Anti-Dühring, Marx interrompit ses travaux pour en écrire la partie économique, qu’Engels utilisa partiellement, ainsi qu’il l’a reconnu expressément [4].

L’amitié d’Engels s’étendait à toute la famille de Marx. Les filles de Marx étaient aussi ses enfants, et elles l’appelaient leur second père. Cette amitié ne s’est pas démentie après la mort de Marx.

Engels était seul capable de s’y retrouver dans les manuscrits de Marx et de publier ses œuvres posthumes. Il mit de côté sa philosophie générale des sciences à laquelle il travaillait depuis plus de dix ans et pour laquelle il avait passé en revue toutes les sciences et leurs derniers progrès [5], afin de se consacrer entièrement à la publication des deux dernières parties du Capital.

Engels aimait l’étude pour elle-même : il s’intéressait à tous les domaines de la connaissance. Apres la défaite de la révolution en 1849, il avait pris place sur un voilier qui se rendait de Gênes en Angleterre, le voyage de Suisse en Angleterre à travers la France ne lui paraissant pas tout à fait sûr. Il mit à profit cette circonstance pour acquérir certaines connaissances en matière de navigation : il tenait à bord un journal où il notait les changements survenus dans la position du soleil, la direction du vent, l’état de la mer, etc. Ce journal doit se trouver parmi ses papiers, car Engels, si vif et si fougueux, était aussi méthodique qu’une vieille fille : il conservait et enregistrait tout avec une minutie extrême.

La philologie et l’art militaire furent ses premières passions : il leur resta toujours fidèle et se tint constamment au courant de leurs progrès. Les détails les plus insignifiants en apparence avaient pour lui une valeur. Je me souviens qu’il lut un jour à haute voix le Romancero avec son ami Mesa, qui venait d’Espagne, afin d e prendre une leçon de prononciation.

Sa connaissance des langues européennes, et même de certains de leurs dialectes, était phénoménale.

Après la chute de la Commune, j’eus l’occasion de rencontrer des membres du Conseil national de l’Internationale en Espagne ; ils me dirent que j’avais comme suppléant, au secrétariat du Conseil général pour l’Espagne, un certain Angel qui écrivait dans le plus pur castillan. Cet Angel n’était autre qu’Engels, dont ils prononçaient le nom à l’espagnol. Quand je me rendis à Lisbonne, Francia, secrétaire du Conseil national pour le Portugal, me déclara qu’il recevait d’Engels des lettres dans un portugais impeccable : ce qui est extraordinaire, si l’on songe à la parenté et aux petites différences qui existent entre ces deux langues et l’italien, qu’il possédait également à la perfection.

Il mettait une sorte de coquetterie à écrire à chacun dans sa langue maternelle : il écrivait en russe à Lavrov, en français aux Français, en polonais aux Polonais, et ainsi de suite. Il goûtait la littérature en dialectes et se procurait les ouvrages populaires de Bignami en dialecte milanais dès qu’ils paraissaient.

A Ramsgate, au bord de la mer, le propriétaire d’une baraque foraine, entouré de petites gens de Londres, montrait un nain barbu en uniforme de général brésilien. Engels s’adressa à lui en portugais, puis en espagnol : pas de réponse. Enfin, le “général” marmonna un mot : Mais ce Brésilien est un Irlandais ! s’écria Engels, qui l’apostropha dans son dialecte. L’infortuné versa des larmes de joie en l’entendant.

“Engels bégaye en vingt langues”, disait un réfugié de la Commune, plaisantant l’habitude qu’avait Engels de bégayer légèrement quand il était ému.

Aucun domaine ne lui était indifférent. Dans ses dernières années il se mit à lire des ouvrages d’obstétrique parce que madame Freyberger, qui logeait chez lui, préparait un examen de médecine.

Marx lui reprochait de se disperser en s’attachant à une foule de sujets rien que pour son plaisir “au lieu de songer à travailler pour l’humanité”. Mais il n’était pas en reste de reproches : J’aurais plaisir, disait-il, à jeter au feu les publications russes sur la situation de l’agriculture, qui depuis des années t’empêchent de terminer le Capital !

Marx venait de se mettre à l’étude du russe parce que son ami Danielson, de Pétersbourg, lui avait envoyé les nombreuses et épaisses communications d’une enquête sur l’agriculture, dont le gouvernement russe avait interdit la publication en raison de la situation affreuse qu’elles révélaient [6].

La soif de connaître d’Engels n’était satisfaite que lorsqu’il possédait son sujet jusque dans les moindres détails. Quand on a une idée approximative de l’étendue et de l’infinie variété de ses connaissances, et que l’on songe en outre à sa vie si active, on ne peut manquer de s’étonner qu’Engels, qui n’avait rien d’un savant de cabinet, ait pu emmagasiner dans son cerveau une telle somme de savoir. A une mémoire aussi sûre que vive et universelle il unissait une rapidité extraordinaire dans tout ce qu’il faisait et une facilité d’assimilation non moins étonnante.

Il retenait vite et sans difficulté. Dans les deux grandes pièces claires où il travaillait et dont les murs étaient couverts de livres, pas un papier ne traînait par terre, et les livres, à l’exception d’une douzaine qui se trouvaient sur la table de travail, étaient tous à leur place. La pièce faisait plutôt songer à un salon qu’au cabinet de travail d’un savant.

***

Il n’était pas moins soigneux de sa personne : toujours dispos et irréprochable dans sa tenue, il semblait prêt pour la revue, comme à l’époque où il servait dans l’armée prussienne en qualité d’engagé conditionnel. Je n’ai connu personne qui ait porté aussi longtemps le même costume, lequel ne perdait jamais sa façon et semblait toujours neuf. S’il était économe pour lui-même et ne se permettait que les dépenses qu’il estimait absolument nécessaires, il était d’une générosité sans bornes pour le parti et pour les camarades dans le besoin qui s’adressaient à lui.

Engels habitait Manchester quand fut fondée l’Internationale… Il la soutenait pécuniairement et collaborait au journal The Commonwealth fondé par le Conseil général. Mais quand éclata la guerre franco-prussienne et qu’Engels vint s’établir à Londres [7], il se consacra à l’Internationale avec l’ardeur qu’il mettait à tout ce qu’il entreprenait.

La guerre l’intéressait avant tout comme tacticien. Il suivait au jour le jour les mouvements des armées en présence et plus d’une fois, comme le montrent ses articles du Pall Mall Gazette [8], il annonça par avance les décisions qu’allait prendre l’état-major allemand. Deux jours avant Sedan il prédit l’encerclement de l’armée de Napoléon III. C’est pour ses prédictions qui d’ailleurs retinrent également l’attention de la presse anglaise, que Jenny, la fille aînée de Marx, l’avait surnommé le “Général”. Après la chute de l’Empire, il n’avait qu’un désir et un espoir : le triomphe de la république en France. Engels et Marx n’avaient pas de patrie. Ils étaient, selon l’expression de Marx, des citoyens du monde.

[1] Fénians, révolutionnaires irlandais qui, durant les années 50-70, combattirent pour l’indépendance de l’Irlande.

[2] Le manuscrit inachevé de l’Histoire d’Irlande d’Engels et une partie des documents dont il s’est servi ont été publiés dans les Archives de Marx et d’Engels, t. X, 1948, p. 59-263.

[3] Sous le nom de Die Neue Rheinische Zeitung [Nouvelle Gazette rhénane].

[4] Marx écrivit pour l’Anti-Dühring le chapitre X de la partie “Economie politique”. Lors de la publication de l’ouvrage dans le Vorwärts [En avant], Engels dut abréger ce chapitre. Mais dans la troisième édition de l’Anti-Dühring, en 1894, il le compléta en s’inspirant du manuscrit de Marx.

[5] Le manuscrit inachevé de la Dialectique de la nature d’Engels a été publié par l’Institut du marxisme-léninisme près du P.C.U.S. en 1925, à la fois en allemand et en russe.

[6] Lafargue a sans doute en vue les volumineux Travaux de la commission des impositions, tirés à un nombre limité d’exemplaires.

[7] En septembre 1870.

[8] The Pall Mall Gazette, journal anglais édité à Londres depuis 1865. Les articles d’Engels sur la guerre franco-prussienne parurent de juillet 1870 à mars 1871. Certains ont étés rassemblés dans La social-démocratie allemande.


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Re: Éphéméride

Message par Gayraud de Mazars » 15 Jan 2021, 09:01

Salut camarades,

Il y a 102 ans Rosa Luxemburg et Karl Liebnecht tombaient assassinés…

Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg sont assassinés le 15 janvier 1919 et avec cet acte atroce s’évanouit l’espoir de l’instauration en Allemagne d’une « République des conseils », une République fonctionnant en démocratie directe avec des assemblées de travailleurs. L’histoire de l’Europe aurait pris un autre cours, et la révolution russe n’aurait pas sombré dans son isolement.

Le combat malheureusement perdu de Rosa Luxembourg et Karl Liebnecht contre le réformisme et le nationalisme montre à quel point ces deux éléments forment les deux faces d’une même médaille.

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Re: Éphéméride

Message par Gayraud de Mazars » 17 Jan 2021, 16:51

Salut camarades,

Le 17 janvier 1961 était assassiné Patrice Lumumba... Le 17 janvier 1961, Patrice Emery Lumumba, héros de l'indépendance du Congo, était assassiné avec Maurice Mpolo et Joseph Okito après de nombreuses tortures sur ordre de la Belgique et de la CIA. Il y a donc 60 ans date de ce triste anniversaire. Un article sur Lumumba dans le journal de Lutte Ouvrière en 2011, toujours d'actualité.

Il y a cinquante ans : 17 janvier 1961, dans l'ex-Congo Belge L'assassinat de Patrice Lumumba

https://journal.lutte-ouvriere.org/2011 ... 24066.html

Lumumba.jpg
Patrice Lumumba
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Re: Éphéméride

Message par com_71 » 17 Jan 2021, 20:44

Un autre article :
Il n'y aura plus de paix pour l'impérialisme
Lutte de Classe n°3 - 12 décembre 1960

Lumumba est prisonnier de Mobutu, Songolo est prisonniers des partisans de Lumumba, Tschombé vient d'être reçu par Baudouin, roi des Belges. Kasavubu toujours président « légal » est aussi inutile qu'un président de la IVe République. Depuis le cinq décembre le transport du matériel stratégique et les déplacements des véhicules de l'ONU sont contrôlés par ordre du chef de la sûreté congolaise. À l'ONU, les deux blocs s'affrontent sur la « question congolaise ». Ainsi, six mois après la déclaration d'indépendance faite par la Belgique devant l'ampleur du réveil africain et du Congo belge en particulier, le Congo est toujours dans le trouble le plus complet.

Le 30 juin, Baudouin transmettait à Lumumba et Kasavubu, le soin d'assurer l'ordre au Congo, l'ordre de l'impérialisme belge, et la rentrée des bénéfices de l'Union Minière. Mais pour les Africains qui croyaient à l'indépendance qui pour eux devait se traduire par une amélioration de leur niveau de vie et l'accès aux places interdites jusque là, la simple apparition de chefs de gouvernements africains ne signifiait rien s'il n'y avait pas un changement immédiat dans la vie quotidienne. Aussi quelques jours après la proclamation de la république congolaise, les colons belges fuyaient devant l'émeute qui les menaçait. C'est surtout les policiers et les soldats noirs qui au lendemain de l'indépendance ne supportaient plus d'être commandés par des officiers blancs et qui se révoltaient. On vit alors Lumumba lancer au devant des rebelles les forces « loyales », ces dernières se rallier aux rebelles et, à ce moment-là seulement, Lumumba, parti pour réprimer la rébellion, lancer l'anathème contre les officiers belges qui commandaient dans l'armée congolaise - et que lui Lumumba avait accepté de laisser en place. On le vit promettre aux soldats congolais en même temps que l'augmentation de leur solde des nominations aux grades jusqu'alors réservés aux Blancs. Ainsi devant l'action directe, Lumumba accordait quelques réformes pour ne pas être jeté par-dessus bord.

Devant la capacité de Lumumba à maîtriser le mouvement, l'Union Minière Katangaise dresse immédiatement une barrière de sécurité en décrétant le onze juillet, la sécession du Katanga avec un gouvernement katangais, formé par un homme de paille du cru, Tschombé qui pourrait rendre des points à nombre de ses homologues européens.

Cette mesure ne suffisant pas à établir un cordon sanitaire, l'impérialisme belge, incapable de « pacifier » lui-même le Congo, faute d'une armée suffisante, étant donné l'effervescence régnant dans toute l'Afrique qui rendait très risqué une guerre coloniale, accepte l'intervention des troupes de l'ONU, intervention réclamée par Lumumba comme protection contre les Belges. Il doit accepter également le retrait de ses troupes, condition indispensable pour un apaisement quelconque tant la colère est grande.

Avec l'arrivée des premiers casques bleus, la presse se fait l'écho du rôle pacificateur des troupes de l'ONU, troupes en général fournies par des pays africains, lorsque dans quelques endroits les troupes congolaises acceptent de se rallier. Mais ce ne sera que pommade sur jambe de bois. En fait, le Congo est entré dans une période d'instabilité telle que les impérialistes vont s'évertuer à le balkaniser et à dresser les tribus les unes contre les autres afin d'essayer de réduire le mouvement d'indépendance.

A la mi-août, se crée « l'État minier » de la province du Kasaï. Celle-ci faisait ainsi sécession. Le gouvernement central, considérablement affaibli par la sécession des provinces les plus riches, les exportations du Katanga fournissant 55 % des revenus du Congo, est acculé à la guerre et menace d'envahir le Kasaï et le Katanga pour rétablir l'unité.

Le 27 août, la capitale de « l'État minier » était occupée par les troupes de Lumumba. Au Kasaï et dans le Nord du Katanga les combats faisaient rage entre les Luluas et Balubas. Les premiers jours de septembre, les troupes de Lumumba menaçaient sérieusement le Katanga.

Dans la nuit du cinq au six septembre, on vit Kasavubu destituer Lumumba, et par contrecoup Lumumba destituer Kasavubu, sans que ni l'un ni l'autre ne soit capable de faire appliquer leur décision, faute de base réelle. Et jusqu'au quinze septembre les deux gouvernements s'affrontèrent dans une coexistence confuse, chacun essayant de racoler certains contingents de l'armée qui dans l'ensemble restait neutre.

L'armée devait se manifester le quinze septembre en la personne du colonel Mobutu, inconnu jusque là sur l'arène politique et au nom de l'apolitisme mettre au pas les deux fractions qui s'affrontaient. En réalité tenter surtout de ramener le Congo dans l'orbite belge.

L'arrestation de Lumumba par les soldats de Mobutu ne règle rien. Lumumba n'est pas la cause des troubles. Ils continueront sans lui. D'autant plus d'ailleurs qu'arrêté, avec l'auréole du martyr, il peut cristalliser autour de sa personne les oppositions au régime Mobutu.

D'autant plus aussi que si Mobutu, veut durer en l'absence de l'appui militaire direct de l'impérialisme il devra lui aussi se faire peu ou prou l'interprète des désirs des peuples du Congo.

Et il n'est pas du tout dit que Mobutu hier allié des Belges ne devienne demain par un chemin identique à celui qui a suivi Lumumba, leur ennemi déclaré.

De toute façon il n'y aura plus de paix au Congo comme dans toute l'Afrique pour la domination impérialiste.

https://mensuel.lutte-ouvriere.org/docu ... aix-pour-l
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Éphéméride 20/12/1848 Abolition de l'esclavage à la Réunion

Message par com_71 » 20 Jan 2021, 23:30

Abolition de l'esclavage. Texte de la proclamation du 20 décembre 1848, signé par SARDA-GARRIGA.

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ
20 DÉCEMBRE 1848.
AUX TRAVAILLEURS.


Mes amis

Les décrets de la République française sont exécutés : Vous êtes libres. Tous égaux devant la loi, vous n'avez autour de vous que des frères.

La liberté, vous le savez, vous impose des obligations. Soyez dignes d'elle, en montrant à la France et au monde qu'elle est inséparable de l'ordre et du travail.

Jusqu'ici, mes amis, vous avez suivi mes conseils, je vous en remercie. Vous me prouverez que vous m'aimez en remplissant les devoirs que la Société impose aux hommes libres.

Ils seront doux et faciles pour vous. Rendre à Dieu ce qui lui appartient, travailler en bon ouvriers comme vos frères de France, pour élever vos familles ; voila ce que la République vous demande.

Vous avez tous pris des engagements dans le travail : commencez-en dès aujourd'hui la loyale exécution.

Un homme libre n'a que sa parole, et les promesses reçues par les magistrats sont sacrées.

Vous avez vous-même librement choisi les propriétaires auxquels vous avez loué votre travail : vous devez donc vous rendre avec joie sur les habitations que vos bras sont destinés à féconder et où vous recevrez la juste rémunération de vos peines.

Je vous l'ai déjà dit, mes amis, la Colonie est pauvres beaucoup de propriétaires ne pourront peut-être payer le salaire convenu qu'après la récolte. Vous attendrez ce moment avec patience. Vous prouverez ainsi que le sentiment de fraternité recommandé par la République à ses enfants, est dans vos cœurs.

Je vous ai trouvés bons et obéissants, je compte sur vous. J'espère donc que vous me donnerez peu d'occasion d'exercer ma sévérité ; car je la réserve aux méchants, aux paresseux, aux vagabonds et à ceux qui, après avoir entendu mes paroles, se laisseraient encore égarer par de mauvais conseils.

Mes amis travaillons tous ensemble à la prospérité de notre Colonie. Le travail de la terre n'est plus un signe de servitude depuis que vous êtes appelés à prendre votre part des biens qu'elle prodigue à ceux qui la cultivent.

Propriétaires et travailleurs ne feront plus désormais qu'une seule famille dont tous les membres doivent s'entraider. Tous libres, frères et égaux, leur union peut seule faire leur bonheur.

La République, mes amis, a voulu faire le votre en vous donnant la liberté. Qu'elle puisse dire que vous avez compris sa généreuse pensée, en vous rendant dignes des bienfaits que la liberté procure.

Vous m'appelez votre père ; et je vous aime comme mes enfants ; vous écouterez mes conseils : reconnaissance éternelle à la République française qui vous a fait libres ! et que votre devise soit toujours Dieu, la France et le Travail.

Vive la République !

Signé SARDA-GARRIGA.


http://www.mi-aime-a-ou.com/histoire_pr ... e_1848.php
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Re: Éphéméride

Message par Duffy » 21 Jan 2021, 19:18

Il y a 100 ans, le 21 janvier 1921, le Congrès de Livourne et la fondation du PC d'Italie :
https://journal.lutte-ouvriere.org/2021 ... 54162.html

C'est aussi l'anniversaire de la mort de Lénine, le 21 janvier 1924 :
https://journal.lutte-ouvriere.org/2014 ... 31572.html

Tant que j'y suis, dans la LO de la semaine dernière...
Le 17 janvier 1991, la première guerre du golfe :
https://journal.lutte-ouvriere.org/2021 ... 54040.html
Duffy
 
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Re: Éphéméride

Message par Gayraud de Mazars » 22 Jan 2021, 07:22

Salut camarades,

Duffy a écrit :Il y a 100 ans, le 21 janvier 1921, le Congrès de Livourne et la fondation du PC d'Italie :
https://journal.lutte-ouvriere.org/2021 ... 54162.html


Cet article est très bien, il a été adressé par les camarades italiens de L’Internazionale (Italie – UCI)...

Il y a cent ans, le 21 janvier 1921, dernier jour du congrès socialiste convoqué dans la ville de Livourne, la scission de celui-ci donnait naissance au Parti communiste d’Italie (PCd’I) section de l’Internationale communiste. Un groupe nombreux de délégués, sortis en chantant L’Internationale du théâtre Goldoni où se déroulait le congrès, se retrouva non loin de là, au théâtre San Marco, pour proclamer le nouveau parti


En effet à l'inverse du Congrès de Tours, pour la naissance de la SFIC, la fondation du Parti communiste d’Italie (PCd’I), section de l’Internationale communiste, a été le processus d'une scission minoritaire du PSI. Le PCd'I a disparu corps et bien depuis des années, reste encore le PCF...

Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: Éphéméride

Message par Gayraud de Mazars » 08 Fév 2021, 08:33

Salut camarades,

En hommage et souvenir des huit camarades assassinés au métro Charonne à Paris, par la police de Papon, le 8 février 1962, lors de la manifestation anti-OAS et pour la paix en Algérie !

Fraternellement,
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Re: Éphéméride

Message par Duffy » 08 Fév 2021, 09:31

Il y a 10 ans : les Printemps arabes, et leurs braises non éteintes.
https://journal.lutte-ouvriere.org/2021 ... 54439.html
Duffy
 
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Re: Éphéméride

Message par Gayraud de Mazars » 11 Fév 2021, 18:50

Salut camarades,

Le 11 février 1990 : Nelson Mandela est libéré de prison en Afrique du Sud, où il était après son arrestation en 1962 et sa condamnation à perpétuité...

En 1964, Nelson Mandela est emprisonné dans l'île prison de Robben Island, sous le numéro de matricule 46664, où il reste dix-huit de ses vingt-sept années de prison.

"Invictus" composé par William Ernest Henley en 1875, c'était le poème préféré de Nelson Mandela. Il est notamment repris dans le film Invictus de Clint Eastwood.

Invictus

Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière.

Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé.

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur.

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.


mandela.jpg
Mandela
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