Anniversaire - Les 150 ans de la Commune !

[artza]

Y-a-t-il encore en circulation l'excellent "des écrivains contre la Commune" par Lidsky chez Maspéro ?

[Byrrh]

Bien sûr : il a régulièrement été réédité par La Découverte, la dernière fois en 2021 (avec en appendice un essai inédit sur les artistes plasticiens favorables à la Commune).

[Gayraud de Mazars]

Salut camarades,

Mieux que le 14 juillet comme fête, le 18 mars des travailleurs... Demain fêtons les débuts de la Commune de Paris de 1871 !

Paroles : Eugène Châtelain (1829-1902).
Musique : chantée sur l'air de La Bonne Aventure.

Chanson en hommage à la Commune de Paris.

Vive la Commune !
Je suis franc et sans souci ;
Ma foi, je m'en flatte !
Le drapeau que j'ai choisi
Est rouge écarlate.
De mon sang, c'est la couleur
Qui circule dans mon cœur.
Vive la Commune !
Enfants,
Vive la Commune !

Oui, le drapeau rouge est bien
Le plus bel emblème
De l'ouvrier-citoyen ;
C'est pourquoi je l'aime.
L'étendard du travailleur
Sera toujours le meilleur.
Vive la Commune !
Enfants,
Vive la Commune !

Je n'aime point les méchants,
Ni les bastonnades ;
Mais j'aime tous les enfants,
Pour mes camarades
Lorsque je joue avec eux,
Nous chantons, le cœur joyeux :
Vive la Commune !
Enfants,
Vive la Commune !

La Commune, savez-vous,
Petits téméraires,
Ce que c'est ? Ecoutez tous :
C'est de vivre en frères.
Et lorsque nous serons grands
Nous combattrons les tyrans.
Vive la Commune !
Enfants,
Vive la Commune !

Afin d'affirmer les droits
De la République,
Il nous faut vaincre les rois
Et toute leur clique.
Plus de bon Dieu, de Jésus !
Des prêtres… Il n'en faut plus !
Vive la Commune !
Enfants,
Vive la Commune !

Quand les temps seront venus,
Aucune famille
N'aura plus d'enfants pieds-nus,
Traînant la guenille.
Tout le monde aura du pain,
Du travail et du bon vin.
Vive la Commune !
Enfants,
Vive la Commune !

Fraternellement,
GdM

[Cyrano]

"Les écrivains contre la Commune" par Paul Lidsky, est un petit livre que j'avais particulièrement apprécié.
J'y avais trouvé quelques extraits de ce que pensait notre bonne dame de Nohant, notre fierté du Berry, la George Sand. Et ce n'était pas brillant pour elle. Ça n'empêcha pas un ancien député PCF du coin de Bourges (et célèbre aussi à Vierzon) de commettre un (pas trop gros) livre: "George Sand, le parti du peuple" par Jean-Claude Sandrier. Ah bin, alors...

[Gayraud de Mazars]

Salut camarade Cyrano,

George Sand et la Commune dans mon souvenir une horreur... Oui mais cela branle dans le manche !

18 mars ceux que je n'aime pas !

Les journaux de l'ex-préfecture,
Les flibustiers, les gens tarés,
Les parvenus par l'aventure,
Les complaisants, les décorés
Gens de Bourse et de coin de rues,
Amants de filles au rebut,
Grouillent comme un tas de verrues,
Sur les cadavres des vaincus.

Nous voilà rendus aux jésuites
Aux Mac-Mahon, aux Dupanloup.
Il va pleuvoir des eaux bénites,
Les troncs vont faire un argent fou.

Fraternellement,
GdM

[Byrrh]

Je viens de finir Les historiens contre la Commune. Sur le 150e anniversaire et la nouvelle historiographie de la Commune de Paris, d'Emmanuel Brandely, qui a paru tout récemment aux éditions Les Nuits rouges (cf. présentation page précédente).

Quel brillant petit livre ! Achetez-le, faites-le connaître autour de vous : c'est un ouvrage d'utilité publique !

L'auteur, professeur d'histoire dans un lycée des quartiers nord de Marseille, avait soutenu au début des années 2000 une thèse de doctorat sur l'OCI ; une rapide recherche sur le web permet de le situer politiquement dans le courant POID/PT.

Sur son livre, une recension par Michèle Audin : https://macommunedeparis.com/2024/04/21 ... -brandely/

[Zorglub]

Ton appréciation peut donner envie mais dans l'article que tu cites :

La deuxième partie des Historiens contre la Commune est intitulée En finir avec le « grand récit marxiste » et reprend, « avec » (ou plutôt contre) les historiens du cent-cinquantenaire, un certain nombre de points, les salaires, les loyers, le décret sur les ateliers, le rôle de l’Internationale, le peuple et les prolétaires… et ce qu’en ont fait ou dit les hommes et les femmes de la Commune.

Tu peux nous en dire plus ?

[Byrrh]

Ne te méprends pas : ceux qui veulent en finir avec ce qu'ils appellent les "mythes marxistes", ce sont ces historiens (Tombs, Deluermoz, et dans une certaine mesure le Rougerie des années 1990-2000) dont l'auteur s'emploie à démontrer les manipulations et le parti-pris politique dissimulé derrière une prétention à l'objectivité. (Et accessoirement, leur mauvaise connaissance ou leur incompréhension des écrits de Marx et Engels.)

Estimant cet événement historique suffisamment "refroidi", Tombs et Deluermoz disent vouloir en donner une vision "dépassionnée", en lui déniant tout contenu de lutte de classes et de socialisme, et en cherchant à l'isoler d'un continuum plus vaste, celui de l'histoire du mouvement ouvrier mondial.

Pour ces idéologues, la Commune de Paris n'a été qu'une anomalie historique, un dernier écho de 1793, un anachronisme mettant un point final à un XIXe siècle conçu comme celui des révolutions. Cet anachronisme, les insurgés parisiens auraient pu en faire l'économie, puisqu'était déjà en train d'advenir le meilleur régime possible, la République libérale (bourgeoise), censée être encore notre présent indépassable, la fin de l'histoire. Ce qui permet à Emmanuel Brandely de citer très opportunément ce célèbre mot plein d'ironie de Marx dans Misère de la philosophie : "Ainsi, il y a eu de l'histoire, mais il n'y en a plus."

La troisième partie de l'ouvrage – "Falsifier le passé pour apaiser le présent" –, met bien les pieds dans le plat. Elle porte en exergue cette citation de Trotsky, extraite de son article "Qu'est-ce que l'objectivité historique ?" (1er avril 1933) :

« Le philistin, surtout s'il est éloigné de l'arène de la lutte dans l'espace et le temps, se croit au-dessus des camps en conflit, ne serait-ce que parce qu'il n'en comprend aucun. Il prend sincèrement sa cécité devant le travail des forces historiques pour l'impartialité suprême, de même qu'il a coutume de croire qu'il est, lui, la mesure normale des choses. (...) Émousser les angles vifs, répartir également la lumière et les ombres, moraliser sur un ton conciliant, en masquant scrupuleusement les sympathies politiques de l'auteur, voilà ce qui assure sans peine à un travail historique une haute réputation d'"objectivité". Si l'objet de la recherche est un phénomène qui se concilie aussi mal avec le bon sens que la révolution, l'"objectivité" historique dicte par avance ses conclusions immuables : la cause des secousses réside dans le fait que les conservateurs étaient trop conservateurs, les révolutionnaires trop révolutionnaires ; ces excès historiques qui s'appellent "guerre civile" peuvent être évités à l'avenir si les propriétaires sont plus généreux et les affamés plus modérés. Un livre qui suit de telles tendances a une bonne influence sur les nerfs [...] »

[Zorglub]

Merci Byrrh, tu donnes les raisons de lire et le livre et l'article de Trotsky qui explique très bien que la suffisance de ces historiens et inversement proportionnelle au creux de leurs «analyses».
On retrouve ces gens, sociologues, historiens et autres experts foisonner, notamment dans les pages du Monde, qui, à coup de «déconstruction», de «repenser», d'«impensé» voire de «il faut que», aussi impératifs que vain, montrent, sous ces dehors d'objectivité, la vanité de leur subjectivité.