Centenaire de la mort de Lénine, 1924-2024

[Cyrano]

Ce texte, bien sûr est intéressant - mais nous renseigne surtout comment un leader révolutionnaire pouvait ressentir la mort de Lénine. Si on veut un livre sur Lénine, on restera sur sa faim.
Trotsky s'est très, très peu exprimé sur ses derniers différents avec Lénine - la question des syndicats (qui va créer un fossé), par exemple, les attaques contre l'inspection ouvrière , etc. Le rapprochement avec Lénine voulant écarter Staline effacera les polémiques récentes.

[Ottokar]

je ne sais pas si c'est parce que j'ai presque fini le Tome 4 des écrits militaires, mais quand Lénine reproche à Trotsky d'être parfois "trop attaché au côté administratif des choses", c'est un peu ce qu'on ressent malgré tout. Dans l'action, ce n'était pas un rigolo... Il y a un texte bien pire que "il faut graisser ses bottes" : une réunion de la crème de la crème, les futurs officiers rouges de Moscou, en 21. La guerre est finie, on n'est plus dans l'urgence comme en 19-20 où c'est marche et obéis ou sinon on crève, il faut apprendre à bosser, passer à des moeurs civilisées. Et ces jeunes, venus après la guerre, futurs commandants, il te les engueule dès le début : parce que la réunion commence un quart d'heure en retard (les chefs n'ont pas prévu le temps de venir du petit-déj à la salle de réunion) parce qu'ils toussent (et je ne parle même pas de ceux qui crachent dans le escaliers ou jettent leurs mégots), il les engueule parce que... et il raconte ce qui se passe quand on ne graisse pas ses bottes (on va jusqu'à Varsovie, certes, mais arrivé là, on ne peut plus marcher, les bottes sont éclatées !) etc. etc.

C'est le fond de la discussion sur les syndicats, la "militarisation du travail" avant la Nep, etc. Et à côté de cela de très belles pages comme la lettre au soldat rouge qui vient d'apprendre à lire qu'a citée Cyrano, le souci des blessés, des rapports corrects avec les paysans, le respect des nationalités opprimées par le tsarisme (il faut parler Ukrainien en Ukraine, laisser les Ukrainiens se gouverner eux-mêmes, dans le cadre du régime), des généralisations lumineuses sur l'histoire, les classes, une mise en perspective de la moindre question, une hauteur de vues, une franchise à reconnaître les faiblesses du régime...

C'est du niveau de Lénine mais celui-ci en plus, a l'autorité que lui donne son passé (le parti, c'est lui qui l'a bâti, pas Trotsky) et une vue plus politique de ce qu'il faut faire en fonction de la période. D'où la Nep et pas la militarisation, justement. J'ai peu de souvenirs de "la jeunesse de Lénine", mais le Staline par exemple, raconte surtout l'histoire de cette génération de révolutionnaires d'avant 17, Staline n'apparaissant qu'en contre-point. Sa médiocrité, ses défauts sautent d'autant plus aux yeux.

De toute façon, faut pas chipoter avec Trotsky, tout est bon dans l'Léon

[Gayraud de Mazars]

Salut camarades,

"Par le froid et la famine,
dans les villes et dans les champs,
à l'appel du grand Lénine,
se levaient nos partisans."

Lénine - Cent ans après sa mort, le guide la la Révolution russe déchaine encore les passions. Sans céder à l'idéalisation ou à la diabolisation, une proposition de lecture de l'historien Alexandre Sumpf pour les fêtes son livre vient de sortir, et il brosse le portrait d'un homme Lénine, habité par les espoirs révolutionnaires, depuis sa jeunesse militante jusqu'à l'arrivée au pouvoir en Octobre 1917 en passant par les années d'exil.

D'ailleurs pour le centenaire de la mort de Lénine le Vendredi 2 février 2024 : salle Mesguis, à Chenôve, la Fédération du PCF de Côte-d'Or à 18h30 animera une conférence/débat avec l’Universitaire Aurélien Aramini...

Alexandre Sumpf

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Fraternellement,
GdM

[com_71]

Les espoirs révolutionnaires de Lénine durèrent autant que sa vie consciente, bien au delà d'octobre 17.

[Cyrano]

Bien au delà d'octobre 17, oui, mais «bien au delà» ça fait hélas, pas beaucoup, les années ont vité défilé.
A la fin de sa vie, Lénine était un peu dépité de l'évolution de son parti et de la révolution. Ce dépit amer commençant à partir de 1920 mais surtout avec l'instauration de la NEP en mars 1921. Et, hélas, sa maladie commence fin 1920, avec migraines et insomnies pour lui pourrir de plus en plus la vie, le rendant de plus en plus irritable et parfois incapable de travailler.
Et malgré tout, trouvant dans ses derniers mois de vitalité, le courage de mener son dernier combat contre l'évolution de l'union soviétique.

[Gayraud de Mazars]

Salut camarade Cyrano,

Oui, Lénine a lutté jusqu'au bout, de toutes ses forces dans la bataille qui était dès lors engagée, avec cette constance politique chez lui, ici contre les bureaucrates à la solde de Staline ! Il me revient des bribes sur Lénine et la question géorgienne, il avait en horreur ces méthodes, de manipulation et d'usurpation politique employées et parfois physiques par les sbires du Secrétaire général !

Fraternellement,
GdM

[Cyrano]

Dans les villes, l'ordre rouge était en désordre : durant la nuit, ce sont les bandits qui faisaient l'ordre des rues de Moscou.
Il ne fait pas bon traîner à point d'heure, on se retrouve sans manteau, sans veste, sans portefeuille, sans bagnole.
En janvier 1919, un brave homme va voir sa femme à l'hôpital. Dans la voiture, y'a son chauffeur, son garde du corps et le brave homme. Près du parc Sokolniki, la voiture est stoppée par trois bandits armées avec leur chef, Jacob Kochelkov surnommé le "Porte-Monnaie".
Les bandits extraient les passagers, les fouillent et prennent au brave homme son révolver et sa sacoche qui proteste en disant «Je suis Lénine!» et pour le prouver il montre son laisser-passer. Le chef des bandits enfourne le laisser-passer dans sa poche sans le regarder : «J'm'en fous qu'tu sois Lévine, moi j'suis Kochelkov, et je suis le roi de la ville la nuit.» Lévine?! Sur ces belles paroles, les bandits partent avec ce qu'ils ont pu prendre et… la voiture.
Kochelkov, fouillant la sacoche, comprend que c'est Lénine qu'il avait devant lui, et pas un dénommé Lévine. Il retourne sur place mais y'a plus personne. Dépité, le bandit note dans son journal à la date du 19 janvier 1919 : « Aujourd'hui, j'ai fait don de la vie à Vladimir Oulianov Lénine » La Tchéka ne ratera pas le auto-proclamé roi de la ville la nuit en lui faisant don de quelques balles au cours de l'été 1919. Fin de l'histoire? Oui et non…

C'est à partir du passionnant bouquin de Jean-Jacques Marie, Vivre dans la Russie de Lénine, que j'ai trouvé cette véridique histoire – c'est page 175 et la suivante. Mais Jean-Jacques Marie a trouvé une suite! si! Il nous cite un passage du livre écrit en 1920, un an plus tard, Le Gauchisme, maladie infantile du communisme :
« Imaginez-vous que votre automobile soit arrêtée par des bandits armés. Vous leur donnez votre argent, votre passeport, votre révolver, votre auto. Vous vous débarrassez ainsi de l'agréable voisinage des bandits. C'est là un compromis, à n'en pas douter. »
Ah bin? Y s'fatiguait pas pour trouver des exemples, y cherchait juste dans ses péripéties personnelles.

[artza]

Je ne connais pas cette bio de Lénine présentée par GDM ni son auteur un universitaire français.

Par contre j'ai sous le coude une bio de Lénine par Kroupskaïa
: Ma vie avec Lénine (1993-1917) chez Payot (1933).

Ces mémoires écrits au début des années trente s'arrêtent avec le retour de Lénine à Petrograd dans le fameux wagon plombé!

Les dates sont importantes.
N K évite ainsi de parler du rôle de Trotsky pendant la révolution, la prise du pouvoir, la guerre civile, la formation de l'Internationale etc... soulignant de fait le modeste rang de Staline.
Staline ne mit pas ses pattes sur ces souvenirs.

Une réédition voudrait le coup.

Toujours sous le coude "Le portrait authentique de Lénine" par H. Guilbeaux, librairie de l'Humanité (1924).
L'auteur a très mauvaise réputation (Marcel Body, Victor Serge) et a fort mal fini.
Une rééd. vaudrait aussi le coup.

Bref tout ça vaut largement les pensums d'érudits diplômés ou de journalistes pressés.

[com_71]

Bien au delà d'octobre 17, oui, mais «bien au delà» ça fait hélas, pas beaucoup, les années ont vité défilé.

Vite, vite...
17-23, c'est deux fois l'intervalle entre 1914 et 17. Une éternité pour la classe ouvrière en Russie "à l'assaut du ciel".

[Duffy]

Par contre j'ai sous le coude une bio de Lénine par Kroupskaïa
: Ma vie avec Lénine (1993-1917) chez Payot (1933).

Ces mémoires écrits au début des années trente s'arrêtent avec le retour de Lénine à Petrograd dans le fameux wagon plombé!

Kroupskaïa a écrit des "Souvenirs sur Lénine" qui iraient jusqu'à 1919, d'après la MIA : https://www.marxists.org/francais/kroup ... /index.htm
Je ne sais pas s'il s'agit, pour la période concernée, du même texte que celui édité par Payot en 1933, mais j'imagine que oui... Pour comparaison éventuelle, voilà la table des matières des "Souvenirs sur Lénine" de 1926, publiés par le Bureau d'édition en 1930 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... 07.highres