réformiste révolutionnaire...

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par mael.monnier » 22 Nov 2003, 19:23

Bonjour,

Je ne suis pas "pour les licenciements", je suis contre l'interdiction des licenciements, ce qui n'est pas la même chose. Pour décourager le recours aux licenciements, on peut le faire de façon ultra-libérale en liant les cotisations chômages au comportement social de l'entreprise avec un système de "bonus-malus". Le système existant -qui fixe les cotisations à l’Unedic en fonction de la masse salariale- pourrait être remplacé par une taxe de licenciement liée au taux de licenciement de chaque entreprise. Ainsi les sociétés qui ne licencieraient pas paieraient moins qu’avec le système actuel. Cette taxe de licenciement élevée dissuaderait ainsi les entreprises de licencier sans motif légitime et sérieux. Le CAE (Conseil d’Analyse Economique) souhaite ainsi supprimer le CDD (Contrat à Durée Déterminée) et le CDI (Contrat à Durée Indéterminée) au profit d’un contrat unique d’embauche avec une période d’essai de trois mois à six mois.
Durant cette période l’employeur pourra mettre fin au contrat sans payer de taxe, mais passé cette période il sera soumis au principe d’une taxe de licenciement élevée.

Je suis "pour l'union européenne" mais autrement, pour une République-Europe avec des liens de coopération avec les pays du Tiers-Monde -pour peu à peu aboutir à une République-Monde-, où ce n'est pas l'argent qui prime mais les êtres humains, où le profit ne remplit pas les poches de quelques-uns, mais de tous, où les produits entrants verront leur taxation modulée selon leur plus-value sociale et environnementale. Mais si vous, vous êtes contre l'Union Européenne, je ne vois pas comment vous pourrez changer le monde à l'échelle d'un seul pays.

Je vous renvoie là à Léon Trotsky qui l'a aussi bien expliqué que Bakounine dans La révolution permanente en 1936 (chapitre 9, http://www.marxists.org/francais/trotsky/l...vperm/rp10.html) :
CITATION 10. La révolution socialiste ne peut être achevée dans les limites nationales. Une des causes essentielles de la crise de la société bourgeoise vient de ce que les forces productives qu'elle a créées tendent à sortir du cadre de l'Etat national. D'où les guerres impérialistes d'une part, et l'utopie des Etats-Unis bourgeois d'Europe d'autre part. La révolution socialiste commence sur le terrain national, se développe sur l'arène internationale et s'achève sur l'arène mondiale. Ainsi la révolution socialiste devient permanente au sens nouveau et le plus large du terme: elle ne s'achève que dans le triomphe définitif de la nouvelle société sur toute notre planète.

12. La théorie du socialisme dans un seul pays, qui a germé sur le fumier de la réaction contre Octobre, est la seule théorie qui s'oppose d'une manière profonde et conséquente à la théorie de la révolution permanente.

La tentative faite par les épigones pour limiter, sous les coups de la critique, l'application de la théorie du socialisme dans un seul pays à la seule Russie, à cause de ses propriétés particulières (l'espace, les richesses naturelles), n'améliore rien, mais au contraire aggrave tout. La renonciation à une attitude internationale mène inévitablement au messianisme national, c'est-à-dire à la reconnaissance d'avantages et de particularités spécifiques, qui permettent à un pays de jouer un rôle auquel les autres ne sauraient s'élever.

La division mondiale du travail, la dépendance de l'industrie soviétique à l'égard de la technique étrangère, la dépendance des forces productives des pays avancés à l'égard des matières premières asiatiques, etc., rendent impossible la construction d'une société socialiste autonome, isolée dans n'importe quelle contrée du monde.[/quote]

Je suis aussi "pour que la concurrence (le marché) soit la boussole pour connaître les besoins sociaux", il suffit de bien fixer les règles du jeu monétaire, d'empêcher que quelques-uns puissent diriger la vie de millions d'individus avec leurs richesses que les autres n'ont pas, et comme les entreprises fonctionneront avec des crédits accordés par des banques autogestionnaires et avec des intérêts fixés par les citoyen-ne-s eux-mêmes dans les assemblées locales de quartier et de village, chacun sera égal vis-à-vis des autres quel que soit sa richesse.

Ernest Mandel écrivait dans "Plan ou marché: la troisième voie" (http://www.sap-pos.org/fr/marxisme/mandel/...n_ou_marche.htm) : CITATION une économie de marché généralisée est aussi une économie despotique. Ceci est déjà vrai pour toutes les variétés de sociétés capitalistes. C'est particulièrement vrai pour le capitalisme monopoliste, le stade du capitalisme sous lequel nous vivons depuis un siècle et dont le "capitalisme du troisième âge", celui qui existe depuis la Seconde Guerre mondiale, est une sous-variété.

Dans un tel système économique, les priorités dans l'allocation des ressources sont imposées par les décisions d'investissement des propriétaires des grandes entreprises d'une part, la pression de l'inégale répartition du revenu monétaire et de la richesse financière accumulée d'autre part.

Sur le marché, le simple ouvrier, employé ou technicien a une voix. Le gros bourgeois moyen a 1.000 voix. Les très gros banquiers, industriels, milliardaires (à peine une poignée dans chaque pays) ont 100.000 voix. On en conclut aisément que, dans un pays par exemple de 60 millions d'habitants et 20 millions de ménages, 19 millions de ménages ont 19 millions de voix, 500.000 à 1 million de ménages ont 500 millions voire 1 000 millions de voix. A l'évidence, ce sont ces derniers qui décident des priorités par leurs "voix".

[...]

C'est véritablement le coeur du problème. Cela implique le despotisme de la richesse monétaire -du compte en banque prolongé par le crédit bancaire ou plus modestement du coffre-fort et du portefeuille -, ce qui signifie que les priorités sont décidées dans le dos de l'immense majorité du peuple.
[/quote]

Sauf qu'en fait il parle là du capitalisme et non pas de l'économie de marché en elle-même, et que le système que je propose s'attaque justement au coeur de la société pourrie dans laquelle nous vivons, qui est la propriété privée des moyens de production, d'échange et de financement.

Alors pourquoi je ne rejoins pas la troisième voie d'Ernest Mandel qui est celle du socialisme autogestionnaire participatif avec planification décentralisée ?

Mandel dit ainsi :
CITATION Ce "troisième modèle" est souhaitable parce qu'il est, à la fois, plus démocratique, plus juste (plus égalitaire, impliquant plus de solidarité sociale, plus de justice sociale) et plus efficace d'un point de vue social général.

Il est plus démocratique, car la grande majorité de la population concernée prend elle-même les grandes décisions relatives à son existence. Sous le despotisme de l'État ou du marché, ces décisions sont prises par de petites minorités. Il implique un degré supérieur de justice sociale, car il assure que les besoins fondamentaux de la partie la plus pauvre, la plus faible de la société seront satisfaits en priorité, avant les besoins moins urgents de la partie la mieux lotie.[/quote]

Cependant, il ne voit pas qu'un jour ou l'autre la partie la plus pauvre, qui est aujourd'hui majoritaire se retrouvera inéluctablement dans les "petits minorités". La partie la mieux lotie, la nouvelle bourgeoisie, deviendra majoritaire et pourra donc exercer sa dictature en toute légalité sur le nouveau prolétariat. De même il ne voit pas qu'en satisfaisant les besoins non fondamentaux de la bourgeoisie, de la partie la mieux lotie, cela permet à ceux qui permettent la satisfaction de ces besoins, au prolétariat, de satisfaire leurs besoins fondamentaux au final grâce au pouvoir d'achat obtenu grâce à la bourgeoisie. Il voit donc la paille qu'il y a dans le système de l'économie de marché actuellement, qui est la propriété privée des moyens de production, d'échange et de financement, paille que l'on peut enlever, mais il ne voit pas la poutre qu'il y a dans son système qui aboutira à une démocrature où une majorité pourra écraser les minorités, même si elles représentent 49% de la population, et en toute légalité, poutre qui sera elle difficile à enlever.

Continuons :
CITATION On peut objecter que cela entraîne une certaine injustice vis-à-vis des besoins des groupes minoritaires de consommateurs. Cette objection est fondée. Mais dans une situation de rareté relative des ressources, certains besoins resteront toujours insatisfaits. Il est plus juste de laisser insatisfaits certains besoins de minorités plutôt que les besoins fondamentaux de la majorité.[/quote]
Je réponds à cela que dans un système autogestionnaire, chacun-e sera rémunérée en fonction de ses capacités et de ses efforts. Une femme de ménage serait payée bien plus que maintenant, une hôtesse de caisse de même tandis qu'il n'y aurait plus de Jean-Marie Messier qui pourrait obtenir des indemnités équivalentes à des années, voire des siècles, d'un salaire d'un ouvrier, comme les décisions seront prises par les travailleuses et travailleurs eux-mêmes, il n'y aura plus lieu de rémunérer ceux qui seront élus pour appliquer et coordonner le fonctionnement des coopératives comme les patrons d'aujourd'hui. Ainsi entre un couvreur et un ingénieur, la différence de rémunération sera très faible et on peut même imaginer que s'il y a plus de jeunes à se tourner vers des métiers d'ingénierie que vers les métiers du bâtiment, un couvreur sera plus rémunéré qu'un ingénieur, ce qui serait fait automatiquement par la loi de l'offre et de la demande du marché de l'emploi où "l'armée de réserve" sera très très réduite et composée uniquement des personnes qui changent volontairement d'emploi ou victimes de la faillite de leur coopérative (mais ce sera très rare). Bien évidemment, pour cela il faut assurer la gratuité totale de l'éducation de la maternelle jusqu'au doctorat en passant par les BEP et CAP, ainsi que l'égalité des possibles tout au long de la vie. "La main invisible" du marché fera donc son travail toute seule afin d'allouer les besoins à ceux qui les méritent, ainsi l'oisiveté sera sanctionnée, celui qui a des capacités mais qui ne fait pas d'efforts sera auto-sanctionné, ce qui est juste et humain.

Enfin, là où la théorie du socialisme participatif est floue, c'est que l'on ne sait même pas comment l'individu lambda pourra fonder une entreprise individuelle ou une coopérative avec ses camarades pour réaliser un projet qui lui tient à coeur. Or si le marché n'est pas ouvert, il n'y a pas de liberté économique, et donc pas de liberté politique au final. Ce n'est donc pas une question de détail, mais une question importante que celle là. Tant que je ne serais pas convaincu de la supériorité du système de l'économie participative sur le socialisme autogestionnaire de marché, j'en resterais à ce dernier.

Fraternellement,
Maël Monnier
mael.monnier
 
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Message par Stanislas » 07 Déc 2003, 12:09

(mael.monnier @ samedi 22 novembre 2003 à 19:23 a écrit :Je suis aussi "pour que la concurrence (le marché) soit la boussole pour connaître les besoins sociaux", il suffit de bien fixer les règles du jeu monétaire, d'empêcher que quelques-uns puissent diriger la vie de millions d'individus avec leurs richesses que les autres n'ont pas, et comme les entreprises fonctionneront avec des crédits accordés par des banques autogestionnaires et avec des intérêts fixés par les citoyen-ne-s eux-mêmes dans les assemblées locales de quartier et de village, chacun sera égal vis-à-vis des autres quel que soit sa richesse.

:247:
Sans vouloir faire à l'avance l'exégèse de ton futur " Petit Livre (du dollar) Rouge ", j'ai la naïveté de croire ô Maël-Sait-Toung que les besoins sociaux seront pensés et évalués par la population elle-même et non par le marché - chauf en chystème capitalichte bien chûr (mais là, c'est le grand timonier de la constitution européenne qui parle). Pour ce qui est de la monnaie, de sa circulation et du rôle qu'elle remplit, je ne saurai que te conseiller de (re?)lire " Le Capital ", pour que tu puisses constater à ta plus grande surprise qu'il s'agit du pivot des régimes tyranniques depuis l'antiquité, et qui trouve son apogée aliénante depuis les 3 ou 4 siècles que le capitalisme existe. Lorsque tu écris chacun sera égal vis-à-vis des autres quel que soit sa richesse, tu confonds égalité (de droit) et liberté réelle. La liberté d'existence ne passe pas par une égalité (plus que douteuse) soumise à l'idéologie crétine d'une richesse qui ne serait que virtuelle. Car s'il y a trois choses en ce " bas " monde qui ne sont pas virtuelles, c'est : la bouffe, le cul et le fric. Et le dernier terme conditionne aujourd'hui les deux autres. L'existence libre de la bouffe, du cul, de la paresse, de la créativité, du jeu et de l'inutile, passe par l'abolition de toute forme de richesse pécunière. Et au passage pour les Trotsko-Léninistes, l'abondance n'est pas la satisfaction des " machines désirantes ", mais celle du désir comme tension et dépassement du plaisir (ce qu'ont très bien saisi Guattari et son barbichu d'ancêtre (papy Sigmund, hé oui, déjà), le premier dans " l'Anti-Oedipe - Capitalisme et Schizophrénie ", l'ancêtre dans " Aù-delà du Principe de Plaisir ").

(mael.monnier @ samedi 22 novembre 2003 à 19:23 a écrit :Sauf qu'en fait il [ Mandel ] parle là du capitalisme et non pas de l'économie de marché en elle-même, et que le système que je propose s'attaque justement au coeur de la société pourrie dans laquelle nous vivons, qui est la propriété privée des moyens de production, d'échange et de financement.

Sauf que (mais tu me corrigeras sûrement), Mandel n'envisageait pas de considérer la conservation (comme Nicolas Appert, inventeur de la boîte du même nom) de la propriété privée des moyens de productions. Mais bon... on n'est plus à une contradiction près, à ce niveau de brouet dissertif.

(mael.monnier @ samedi 22 novembre 2003 à 19:23 a écrit :Alors pourquoi je ne rejoins pas la troisième voie d'Ernest Mandel qui est celle du socialisme autogestionnaire participatif avec planification décentralisée ?

Je sais pô. Et toi ?

(mael.monnier @ samedi 22 novembre 2003 à 19:23 a écrit :Enfin, là où la théorie du socialisme participatif est floue, c'est que l'on ne sait même pas comment l'individu lambda pourra fonder une entreprise individuelle ou une coopérative avec ses camarades pour réaliser un projet qui lui tient à coeur. Or si le marché n'est pas ouvert, il n'y a pas de liberté économique, et donc pas de liberté politique au final. Ce n'est donc pas une question de détail, mais une question importante que celle là. Tant que je ne serais pas convaincu de la supériorité du système de l'économie participative sur le socialisme autogestionnaire de marché, j'en resterais à ce dernier.

:smoke: faut pas abuser de la beuh... Un tarpé ça va, trois tarpés jonbour des légats.

Ah, et puis un truc - les autres je sais pas- mais perso, tes copier-coller ça commence à me foutre des boutons (déjà que j'ai eu la scarlatine...). Des fois, comme ça en passant, c'est pas si tant mal que ça d'exprimer ses opinions autrement qu'à longueur de tirades-cités (jeu de mot).
Stanislas
 
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Message par mael.monnier » 07 Déc 2003, 20:16

Bonjour,

(Stanislas @ dimanche 7 décembre 2003 à 13:09 a écrit :
(mael.monnier @ samedi 22 novembre 2003 à 19:23 a écrit :Je suis aussi "pour que la concurrence (le marché) soit la boussole pour connaître les besoins sociaux", il suffit de bien fixer les règles du jeu monétaire, d'empêcher que quelques-uns puissent diriger la vie de millions d'individus avec leurs richesses que les autres n'ont pas, et comme les entreprises fonctionneront avec des crédits accordés par des banques autogestionnaires et avec des intérêts fixés par les citoyen-ne-s eux-mêmes dans les assemblées locales de quartier et de village, chacun sera égal vis-à-vis des autres quel que soit sa richesse.


Sans vouloir faire à l'avance l'exégèse de ton futur " Petit Livre (du dollar) Rouge ", j'ai la naïveté de croire ô Maël-Sait-Toung que les besoins sociaux seront pensés et évalués par la population elle-même et non par le marché - chauf en chystème capitalichte bien chûr (mais là, c'est le grand timonier de la constitution européenne qui parle). Pour ce qui est de la monnaie, de sa circulation et du rôle qu'elle remplit, je ne saurai que te conseiller de (re?)lire " Le Capital ", pour que tu puisses constater à ta plus grande surprise qu'il s'agit du pivot des régimes tyranniques depuis l'antiquité, et qui trouve son apogée aliénante depuis les 3 ou 4 siècles que le capitalisme existe. Lorsque tu écris chacun sera égal vis-à-vis des autres quel que soit sa richesse, tu confonds égalité (de droit) et liberté réelle. La liberté d'existence ne passe pas par une égalité (plus que douteuse) soumise à l'idéologie crétine d'une richesse qui ne serait que virtuelle. Car s'il y a trois choses en ce " bas " monde qui ne sont pas virtuelles, c'est : la bouffe, le cul et le fric. Et le dernier terme conditionne aujourd'hui les deux autres. L'existence libre de la bouffe, du cul, de la paresse, de la créativité, du jeu et de l'inutile, passe par l'abolition de toute forme de richesse pécunière. Et au passage pour les Trotsko-Léninistes, l'abondance n'est pas la satisfaction des " machines désirantes ", mais celle du désir comme tension et dépassement du plaisir (ce qu'ont très bien saisi Guattari et son barbichu d'ancêtre (papy Sigmund, hé oui, déjà), le premier dans " l'Anti-Oedipe - Capitalisme et Schizophrénie ", l'ancêtre dans " Aù-delà du Principe de Plaisir ").


Mais Stanislas, dans un marché t'as pas que des producteurs à ce que je sache quand même ! C'est qui qui achète ? Qui ? Et à quoi peut me servir le pavé de Charles Marx, le Capital ? Cela ne m'aidera pas à m'expliquer comment il est possible d'assurer la liberté tout en supprimant la monnaie et l'économie de marché. Comme a dit Jospin, ex-taupe trotskyste, pour une fois c'était intelligent : "Oui à l'économie de marché, non à la société de marché". Si tu supprime la monnaie comment tu fais ? T'as pas le choix, t'es obligé de militariser l'économie comme l'a dit Trotsky ou bien de soumettre chacun à la dictature de la majorité. T'as que c'est de pas virtuel, toi Stanislas : la bouffe, le fric et le cul ? :247: Il y autre chose dans la vie : l'art par exemple.


(Stanislas @ dimanche 7 décembre 2003 à 13:09 a écrit :
(mael.monnier @ samedi 22 novembre 2003 à 19:23 a écrit :Sauf qu'en fait il [ Mandel ] parle là du capitalisme et non pas de l'économie de marché en elle-même, et que le système que je propose s'attaque justement au coeur de la société pourrie dans laquelle nous vivons, qui est la propriété privée des moyens de production, d'échange et de financement.

Sauf que (mais tu me corrigeras sûrement), Mandel n'envisageait pas de considérer la conservation (comme Nicolas Appert, inventeur de la boîte du même nom) de la propriété privée des moyens de productions. Mais bon... on n'est plus à une contradiction près, à ce niveau de brouet dissertif.


En tant que trotskyste, il n'allait tout de même prôner la propriété privée des moyens de production, d'échange et de financement quand même ? :sygus: Tu me prends pour un âne ou quoi ? T'as encore rien à ce que j'ai écrit comme d'habitude, mais tu le fais exprès, c'est pas possible. Ou alors t'as pas encore compris qu'il peut y avoir économie de marché sans propriété privée des moyens de production, d'échange et de financement ?


(Stanislas @ dimanche 7 décembre 2003 à 13:09 a écrit :
:smoke: faut pas abuser de la beuh... Un tarpé ça va, trois tarpés jonbour des légats.

Ah, et puis un truc - les autres je sais pas-  mais perso, tes copier-coller ça commence à me foutre des boutons (déjà que j'ai eu la scarlatine...). Des fois, comme ça en passant, c'est pas si tant mal que ça d'exprimer ses opinions autrement qu'à longueur de tirades-cités (jeu de mot).


Un qui a bien trop abusé, c'est ton camarade Freud, lui pour s'être shouté, bonjour ! Perso, je ne fume pas... et le matin, je prends de la chicorée comme "les vieux", donc je ne prends même pas de caféine...

Fraternellement,
Maël Monnier

PS : Tu vas être content cette fois ci, pas de citations ou de copier-coller !
mael.monnier
 
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Message par lohen » 07 Déc 2003, 22:42

a écrit :
Je ne suis pas "pour les licenciements", je suis contre l'interdiction des licenciements, ce qui n'est pas la même chose.

Voila une affirmation qui te rapproche de façon sensible avec des personnes de ma connaissance : mon patron, l'Ernest-Antoine, les bonzes syndicaux, etc...
D'une certaine façon, choisir ses amis, c'est déjà tout un programme.
Mes copains en lutte contre les licenciements, apprécieront certainement tes conseils avisés.

a écrit :Pour décourager le recours aux licenciements, on peut le faire de façon ultra-libérale en liant les cotisations chômages au comportement social de l'entreprise avec un système de "bonus-malus". Le système existant -qui fixe les cotisations à l’Unedic en fonction de la masse salariale- pourrait être remplacé par une taxe de licenciement liée au taux de licenciement de chaque entreprise. Ainsi les sociétés qui ne licencieraient pas paieraient moins qu’avec le système actuel. Cette taxe de licenciement élevée dissuaderait ainsi les entreprises de licencier sans motif légitime et sérieux.


Les "entrepreneurs", ces aventuriers du monde moderne ne t'ont pas attendu pour résoudre le problème, maintenant ils mettent leur taule/tôle en cessation de paiement et ce sont les autres, les patrons mutualisés dans les AGS qui paient à leur place.
Ton système ressemble beaucoup à ce que prônait dans les années 70 et 80 une certain Maurice HERZOG, de la commission économique du PCF ( il a inventé "le salire du capital" dans un de ses livres, c'est dire...). Ce brave homme expliquait qu'en changeant les termes de la comptabilité nationale, on pourrait aller au socialisme sans combattre ( il manque "de l'avant", on peut pas tout faire).

Pour moi, j'en suis resté à des choses très vieillottes du genre
a écrit :Sous peine de se vouer lui-même à la dégénérescence, le prolétariat ne peut tolérer la transformation d'une partie croissante des ouvriers en chômeurs chroniques, en miséreux vivant des miettes d'une société en décomposition. Le droit au travail est le seul droit sérieux que l'ouvrier ait dans une société fondée sur l'exploitation. Cependant, ce droit lui est enlevé à chaque instant. Contre le chômage, tant "structurel" que "conjoncturel", il est temps de lancer, en même temps que le mot d'ordre des travaux publics, celui de l'ECHELLE MOBILE DES HEURES DE TRAVAIL. Les syndicats et les autres organisations de masse doivent lier ceux qui ont du travail et ceux qui n'en ont pas par les engagements mutuels de la solidarité. Le travail disponible doit être réparti entre tous les ouvriers existants, et cette répartition déterminer la longueur de la semaine de travail. Le salaire moyen de chaque ouvrier reste le même qu'avec l'ancienne semaine de travail ! Le salaire, avec un minimum strictement assuré, suit le mouvement des prix. Aucun autre programme ne peut être accepté pour l'actuelle période de catastrophes.

Les propriétaires et leurs avocats démontreront l' "impossibilité de réaliser" ces revendications. Les capitalistes de moindre taille, surtout ceux qui marchent à la ruine, invoqueront, en outre, leur livre de comptes. Les ouvriers rejetteront catégoriquement ces arguments et ces références. Il ne s'agit pas du heurt "normal" d'intérêts matériels opposés. Il s'agit de préserver le prolétariat de la déchéance, de la démoralisation et de la ruine. Il s'agit de la vie et de la mort de la seule classe créatrice et progressive et, par là même, de l'avenir de l'humanité. Si le capitalisme est incapable de satisfaire les revendications qui surgissent infailliblement des maux qu'il a lui-même engendrés, qu'il périsse ! La "possibilité" ou l' "impossibilité" de réaliser les revendications est, dans le cas présent, une question de rapport des forces, qui ne peut être résolue que par la lutte. Sur la base de cette lutte, quels que soient ses succès pratiques immédiats, les ouvriers comprendront mieux que tout la nécessité de liquider l'esclavage capitaliste.


J'aimerai beaucoup te voir expliquer à une centaine d'ouvriers licenciés la justification de leur licenciement? Car ce qui est pour toi, une hypothèse "théorique", est pour eux, un horizon sans beaucoup de perspectives.

C'est à cette question que répond la question de l'interdiction des licenciements. Essayer de trouver une formulation populaire qui soit une remise en cause de la légitimité des licenciements (et de la légitimité du patron). Cette formule en plus à l'avantage de poser le problème de façon globale, ce n'est pas chez Deville ou au Giat, c'est partout.

a écrit :Mais deux maux économiques fondamentaux dans lesquels se résume l'absurdité croissante du système capitaliste, à savoir le chômage et la cherté de la vie, exigent des mots d'ordre et des méthodes de lutte généralisés.


Il est très important de poser cette question de façon collective, posée de façon individuelle, elle ne peut conduire qu'à l'abattement. Voir comment dans la sidérurgie on a culpabilisé et les salaiés licenciés et ceux qui restaient en faisant des licenciements une question individuelle. Les quelques fois où cela m'est arrivé, tu te retrouves tout seul ( toute seule) devant le gus de l'ASSEDIC ou de l'ANPE qui n'y peut mieux parce qu'avec 10 ou 20% de chômeurs....
Salutations communistes
Lohen
lohen
 
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Message par mael.monnier » 12 Déc 2003, 00:34

Bonjour,

Je confirme : "Je ne suis pas "pour les licenciements", je suis contre l'interdiction des licenciements, ce qui n'est pas la même chose."

Pourquoi ? Imaginons que l'entreprise X fasse 10% de profits actuellement et qu'elle décide de licencier afin de faire 15% de profits et d'être plus forte dans la guerre économique entretenue par le capitalisme... Vous l'empêcher de licencier. L'entreprise Y implantée aux Etats-Unis où il n'y a pas d'interdiction de licenciements, va pouvoir elle accroître son profit au détriment de l'entreprise X. Par exemple le profit de l'entreprise Y passera de 5% à 10% et celui de l'entreprise X de 10% à 5%, l'entreprise Y étant devenue plus compétitive et ayant ainsi pu conquérir des parts de marché de l'entreprise X.

Imaginons maintenant qu'après une phase de prospérité économique, on connaisse un ralentissement semblable à celui que nous avons connu entre 2000 et 2003. L'entreprise Y qui s'est restructurée pendant la phase de prospérité économique verra certes son profit passer (par exemple) de 10% à 1%, mais pour l'entreprise X, ce sera bien plus grave qu'elle passera probablement d'une situation de profit à une situation de perte (4% par exemple). Vous allez me dire 4% de perte, ce n'est pas très grave puisqu'auparavant l'entreprise X faisait 5% de profit, sauf que lors de la reprise, l'enteprise Y pourra casser ses prix pour conquérir de nouveau des parts de marché tandis que l'entreprise X ne le pourra pas compte tenu de la dette qu'elle a accumulée. Petit à petit, l'entreprise X va donc se diriger vers la faillite, et lors de la prochaine récession, ce ne sera pas 5% de salarié-e-s de l'entreprise au chômage mais 100% (plus le patron). Dans le premier cas, les 5% de salarié-e-s en question peuvent se reconvertir et trouver un emploi assez facilement (prospérité économique), mais dans le second, puisque l'économie est morose, ce sera très difficile.

En outre, le patronat sera beaucoup plus hésitant à embaucher en cas d'interdiction des licenciements, il préfèrera investir dans des machines plutôt que d'embaucher, ou alors il construira une usine en Chine pour bénéficier d'une main d'oeuvre peu chère et corvéable à merci, de travailleurs et de travailleuses Kleenex. En voulant donc se protéger vis-à-vis du patronat, cette mesure nous revient en fait en boomerang par un chômage qui ne se réduira que très lentement en phase de prospérité économique, voire même qui stagnera en cas d'automatisation et d'implantation à l'étranger de la part des capitalistes français, par une spirale baissière des salaires comme l'armée de réserve du Capital restera importante en permanence (plus de concurrence entre les travailleuses et les travailleurs pour retrouver un emploi, d'où une tendance à accepter des postes sous-payés), par une stagnation des salaires pour les travailleuses et les travailleurs ayant un emploi, par une compétitivité économique qui ira en décroissant, le dumping social devenant encore plus important avec les pays n'ayant pas ou peu de protection sociale, et enfin, en cas de crise économique, par une multiplication des faillites qui seront très importantes et plongeront alors des centaines de milliers de salarié-e-s dans la misère, sans compter que les indemnités chômage deviendront à long terme un poids de plus en plus important pour les travailleuses et les travailleurs ayant un emploi.

Alors, oui ce que je dis là c'est du politiquement incorrect pour vous, mais nous sommes sous un régime de guerre économique que vous le vouliez ou non. Et le remède que vous proposez est pire que le mal, surtout que vous essayer de soigner les symptômes de cette économie malade et folle au lieu d'éliminer les causes qui provoquent ces symptômes, ces causes étant le fait que la concurrence est faussée par le protectionnisme et la politique de subventions des pays du Nord, que les régimes sociaux sont différents, d'où un dumping social, et ceci y compris au sein du marché unique européen, que les régimes fiscaux sont eux aussi différents, d'où un dumping fiscal, et donc l'argent ne peut que primer sur le bien-être social avec une économie malade comme elle est. Il n'y a pas d'autres solutions que d'harmoniser la fiscalité et les protections sociales et que d'abolir les barrières douanières au niveau mondial, ou bien déjà dans un premier temps d'harmoniser au sein de l'Union Européenne et de changer les règles douanières pour faire payer plus ceux qui respectent le moins l'environnement et leurs employé-e-s et faire payer moins ceux ayant de bonnes pratiques sociales et environnementales.

(lohen @ dimanche 7 décembre 2003 à 23:42 (GMT+3) a écrit :
a écrit :
Pour décourager le recours aux licenciements, on peut le faire de façon ultra-libérale en liant les cotisations chômages au comportement social de l'entreprise avec un système de "bonus-malus". Le système existant -qui fixe les cotisations à l’Unedic en fonction de la masse salariale- pourrait être remplacé par une taxe de licenciement liée au taux de licenciement de chaque entreprise. Ainsi les sociétés qui ne licencieraient pas paieraient moins qu’avec le système actuel. Cette taxe de licenciement élevée dissuaderait ainsi les entreprises de licencier sans motif légitime et sérieux.


Les "entrepreneurs", ces aventuriers du monde moderne ne t'ont pas attendu pour résoudre le problème, maintenant ils mettent leur taule/tôle en cessation de paiement et ce sont les autres, les patrons mutualisés dans les AGS qui paient à leur place.
Ton système ressemble beaucoup à ce que prônait dans les années 70 et 80 une certain Maurice HERZOG, de la commission économique du PCF ( il a inventé "le salire du capital" dans un de ses livres, c'est dire...). Ce brave homme expliquait qu'en changeant les termes de la comptabilité nationale, on pourrait aller au socialisme sans combattre ( il manque "de l'avant", on peut pas tout faire).

Je fais mienne la proposition de loi de Maxime Gremetz visant ainsi ces patrons-voyons qui se permettent de tricher et de manipuler leurs comptes, mais cette objection est bien plus valable pour vous qui souhaitez interdire les licenciements. Les capitalistes ne s'emmerderont pas avec votre interdiction des licenciements : puisqu'ils ne pourront plus restructurer leurs entreprises, ils fermeront lorsqu'ils ne pourront plus faire assez de profit en faisant couler volontairement ces entreprises et en envoyant leurs capitaux à l'étranger auparavant (chez la banque de la famille Ben Laden par exemple), et il est inutile de dire que les investisseurs étrangers ne viendront pas avec une telle loi.

(lohen @ dimanche 7 décembre 2003 à 23:42 (GMT+3) a écrit :
Sous peine de se vouer lui-même à la dégénérescence, le prolétariat ne peut tolérer la transformation d'une partie croissante des ouvriers en chômeurs chroniques, en miséreux vivant des miettes d'une société en décomposition. Le droit au travail est le seul droit sérieux que l'ouvrier ait dans une société fondée sur l'exploitation. Cependant, ce droit lui est enlevé à chaque instant. Contre le chômage, tant "structurel" que "conjoncturel", il est temps de lancer, en même temps que le mot d'ordre des travaux publics, celui de l'ECHELLE MOBILE DES HEURES DE TRAVAIL. Les syndicats et les autres organisations de masse doivent lier ceux qui ont du travail et ceux qui n'en ont pas par les engagements mutuels de la solidarité. Le travail disponible doit être réparti entre tous les ouvriers existants, et cette répartition déterminer la longueur de la semaine de travail. Le salaire moyen de chaque ouvrier reste le même qu'avec l'ancienne semaine de travail ! Le salaire, avec un minimum strictement assuré, suit le mouvement des prix. Aucun autre programme ne peut être accepté pour l'actuelle période de catastrophes.


Oui, c'est ce que demande Trotsky dans son Programme de Transition avec l'échelle mobile des heures de travail et l'échelle mobile des salaires. Mais c'est complètement irréaliste. Si les salaires suivent le mouvement des prix, cela amplifiera les cycles économiques et on aura de l'hyper-inflation ou de l'hyper-déflation, ce qui est très dangereux et coûteux (les billets et les pièces de monnaie ne se fabriquant pas tous seuls à partir de rien). En outre, si l'échelle des heures de travail est mobile, cela signifie qu'elle peut bouger dans les deux sens. J'imagine qu'au départ si on a une situation comparable à celle d'aujourd'hui, que le temps de travail sera réduira à environ 27 heures (3 jours et demi de travail par semaine, soit une réduction du temps de travail de 25% puisqu'il y a 19,5 millions de salarié-e-s et environ 5 millions de chômeuses et de chômeurs selon l'APEIS, voir http://apeis.org/actions/5millions.htm), très bien.

Sauf que le coût du travail en France serait alors augmenté d'autant, d'où une fuite des capitaux et des investissements étrangers et une multiplication des faillites. Par exemple la PME qui fait 3% de profits ne pourra jamais augmenter sa masse salariale, et sera donc contrainte à une réduction de sa production puisqu'elle ne pourra plus faire que les 3/4 de ce qu'elle faisait auparavant, et elle risquera donc de passer en-deça de son seuil de rentabilité puis de faire faillite faute de trésorerie. Il faudra donc encore réduire votre échelle mobile des heures de travail, ce qui acculera encore plus d'entreprises à la faillite. On voit donc bien que cette revendication est purement folklorique. Il suffit de réfléchir 30 secondes pour s'en rendre compte, seulement parce que c'est "le Vieux" qui a proposé cela, on n'ose aucunement critiquer cette revendication et l'abandonner.

Et même en admettant qu'un jour votre économie puisse se remettre sur les rails, que la compétitivé économique soit très forte vis-à-vis de la concurrence étrangère, on assistera alors sans doute à une hausse continue du temps de travail puisque le patronat aura tout intérêt à l'augmenter comme il ne paiera pas plus cher et pourra donc ainsi exploiter le prolétariat à sa guise et le faire travailler 50 voire 72 heures par semaine (12 heures par jour pendant 6 jours) pour le prix qu'il payait avant pour un nombre d'heures très inférieur. Tout cela jusqu'au jour où surviendra une récession économique, qui provoquera donc un spirale baissière infernale du temps de travail et une multiplication des faillites.

(lohen @ dimanche 7 décembre 2003 à 23:42 (GMT+3) a écrit :
Les propriétaires et leurs avocats démontreront l' "impossibilité de réaliser" ces revendications. Les capitalistes de moindre taille, surtout ceux qui marchent à la ruine, invoqueront, en outre, leur livre de comptes. Les ouvriers rejetteront catégoriquement ces arguments et ces références. Il ne s'agit pas du heurt "normal" d'intérêts matériels opposés. Il s'agit de préserver le prolétariat de la déchéance, de la démoralisation et de la ruine. Il s'agit de la vie et de la mort de la seule classe créatrice et progressive et, par là même, de l'avenir de l'humanité. Si le capitalisme est incapable de satisfaire les revendications qui surgissent infailliblement des maux qu'il a lui-même engendrés, qu'il périsse ! La "possibilité" ou l' "impossibilité" de réaliser les revendications est, dans le cas présent, une question de rapport des forces, qui ne peut être résolue que par la lutte. Sur la base de cette lutte, quels que soient ses succès pratiques immédiats, les ouvriers comprendront mieux que tout la nécessité de liquider l'esclavage capitaliste.


Ben, voilà ! C'est fait, j'ai joué le rôle de l'avocat du Diable ! :D ! Vous me dites que le prolétariat pourrait ainsi éviter la barbarie capitaliste, la ruine et patati patata. Je ne suis pas d'accord, je l'ai montré auparavant: votre système dans son essence mène à la ruine justement, et en admettant qu'il pourrait être appliqué tout de suite, ce qui est faux, au moindre retournement de conjoncture, ce serait la pagaille et une crise d'une ampleur importante menant le prolétariat vers la déchéance et la démoralisation. En outre l'échelle mobile des salaires si elle était appliquée toute seule ferait que le prolétariat n'aurait aucune amélioration de son pouvoir d'achat puisque vous dites que les salaires suivront l'inflation ou la déflation, l'évolution des prix. Ces revendications sont donc complètement insoutenables et sont de la folie pure et simple, qui ajouteraient des maux supplémentaires aux maux déjà existants.

En outre, ce qui est le plus aliénant ce n'est pas le capitalisme et ses rapports de production, d'échange et de financement, mais le travail en lui-même. Ce qui est le plus aliénant c'est de travailler en 3*8 à la chaîne, et non pas l'accumulation capitaliste. Le capitalisme peut être éliminer de cette aliénation liée au travail en changeant le mode d'organisation des tâches au sein des entreprises et en automatisant au maximum. Le capitalisme a de fortes capacités d'adaptation et est très flexible. Un système solidariste qui garantisse à la fois les droits du prolétariat et du patronat, qui concilie ces deux classes est possible. Par conséquent, si je suis mon raisonnement, le socialisme n'est aucunement le but de l'Histoire d'un point de vue purement matérialiste, il ne peut l'être que par idéalisme, s'il y a une volonté de la part des travailleuses et des travailleurs eux-mêmes d'autogérer leurs entreprises et de se passer de patron.

(lohen @ dimanche 7 décembre 2003 à 23:42 (GMT+3) a écrit :
J'aimerai beaucoup te voir expliquer à une centaine d'ouvriers licenciés la justification de leur licenciement? Car ce qui est pour toi, une hypothèse "théorique", est pour eux, un horizon sans beaucoup de perspectives.

C'est à cette question que répond la question de l'interdiction des licenciements. Essayer de trouver une formulation populaire qui soit une remise en cause de la légitimité des licenciements (et de la légitimité du patron). Cette formule en plus à l'avantage de poser le problème de façon globale, ce n'est pas chez Deville ou au Giat, c'est partout.


Non, l'interdiction des licenciements ne répond pas à la question des ouvriers. Elle agit sur les conséquences mais pas sur les causes et ce remède est pire que le mal. Le problème, ce n'est pas les 15% de profits, mais la spéculation boursière qui fait qu'il y a de l'argent qui se volatilise. Si ces 15% de profits étaient effectivement réinjectés dans l'économie, déjà ces travailleuses et ces travailleurs retrouveraient du travail bien plus facilement. Le problème, c'est aussi que la concurrence est déloyale entre les économies des différents pays. Et en outre, s'il y a interdiction des licenciements, les travailleuses et les travailleurs qui voudraient changer d'entreprise ne seront pas encouragés à le faire puisque l'obtention d'un autre emploi serait très difficile, vous irez donc contre leur liberté du travail.

Une réponse au sein du système capitaliste est donc plutôt de sécuriser le parcours professionnel, de bâtir une sécurité d'emploi et de formation, de favoriser et de faciliter les créations d'entreprises, d'encourager le recours à l'embauche et de défavoriser les licenciements abusifs et d'instaurer un revenu minimum citoyen. Alors évidemment, bâtir une sécurité d'emploi et de formation et un revenu minimum citoyen, cela ne pourra pas se faire en trois jours, et cela n'est possible qu'à l'échelle européenne au minimum.

(lohen @ dimanche 7 décembre 2003 à 23:42 (GMT+3) a écrit :
Mais deux maux économiques fondamentaux dans lesquels se résume l'absurdité croissante du système capitaliste, à savoir le chômage et la cherté de la vie, exigent des mots d'ordre et des méthodes de lutte généralisés.


Ces deux maux ne sont pas liés au système mais à tout ce qui l'entoure, si le capitalisme était encadré, il n'y aurait pas ces problèmes. Ces problèmes sont ceux du capitalisme sauvage actuel. Le chômage peut être éliminé. Pour cela, il suffit que les chômeuses et les chômeurs se donnent du travail entre eux en fondant des entreprises ou des coopératives, ce qui nécessite tout simplement qu'ils puissent accéder aux capitaux et aux connaissances nécessaires, ou encore les chômeuses et les chômeurs peuvent rendre des services à la société que celle-ci rémunère, ou ils pourraient encore grâce au revenu minimum citoyen réaliser des projets comme l'écriture d'un livre, dont le fruit serait rémunéré selon son mérite et rendu public (donc pas de droits d'auteurs), une recherche scientifique, le développement d'une invention, cela n'empêchant pas de ne "rien faire", mais de toute façon, un être humain ne peut pas rester sans rien faire intrinsèquement, sinon sa vie devient absurde.

Concernant la cherté de la vie, il faut bien se rendre compte que rien ne tombe du ciel tout cuit dans notre bec, qui dit consommation, dit aussi production. Pour améliorer la situation, il faudrait que chacun-e soit rémunérée en fonction de son mérite et de ses capacités, Jean-Marie Messier et Cie seraient alors moins rémunérés qu'un employé qualifié ou qu'un éboueur. Un pilote d'avion a plus de mérite que le PDG qui le dirige. Un médecin a plus de mérite qu'une hôtesse de caisse. Normalement, le marché devrait faire en sorte que cela soit une réalité. Sauf que le marché n'est pas responsable du fait que le fils de PDG puisse poursuivre des études longues et bénéficier de cours particuliers pour devenir cadre supérieur ou PDG tandis que le fils d'ouvrier ne le puisse pas, le marché n'est pas non plus responsable du fait que certains héritent de leurs parents plus que d'autres. Pour résoudre ces problèmes, il faut donc que l'héritage soit aboli et aille au profit de la société dans son ensemble, et que l'éducation soit totalement gratuite et ce tout au long de la vie, afin qu'il y ait une égalité des possibles tout au long de la vie. Ensuite, c'est le marché avec "sa main invisible" qui fera son travail pour rémunérer chacun selon son mérite (le fait de coopérer avec les autres et non de leur faire concurrence étant un mérite) et les règles de la société qui permettront de moduler la rémunération de chacun-e en fonction de ses capacités physiques et intellectuelles, c'est la société qui assurera l'existence de ceux qui ne peuvent pas travailler et qui fera en sorte qu'un invalide à 50% dispose du même salaire qu'une personne valide pour le même temps de travail.

(lohen @ dimanche 7 décembre 2003 à 23:42 (GMT+3) a écrit :
Il est très important de poser cette question de façon collective, posée de façon individuelle, elle ne peut conduire qu'à l'abattement. Voir comment dans la sidérurgie on a culpabilisé et les salaiés licenciés et ceux qui restaient en faisant des licenciements une question individuelle. Les quelques fois où cela m'est arrivé, tu te retrouves tout seul ( toute seule) devant le gus de l'ASSEDIC ou de l'ANPE qui n'y peut mieux parce qu'avec 10 ou 20% de chômeurs....


Oui, effectivement je comprends bien, celui ou celle qui se fait ainsi licencié se sent rejeté par le système, et est dans une période de flottement où la vie peut sembler absurde et vraiment injuste. Si en plus on les culpabilise, là la personne a l'impression d'être vraiment un déchet de la société, et qu'elle ne vaut rien, ce qui est dramatique. Face à cela, je pense effectivement qu'il faut lutter collectivement et négocier afin de maximiser la prime de licenciement (ce qui ne veut pas dire bloquer l'entreprise pendant quinze jours au risque de mettre à mal encore plus sa santé financière, il faut rester raisonnable car sinon c'est tous les salarié-e-s de la boîte qui se retrouveront sur le carreau), on peut aussi négocier pour que l'entreprise réduise le temps de travail avec en contrepartie des salaires moins élevés. Ensuite, il faut donner les moyens à ceux qui sont licenciés parce que l'entreprise n'a pas le choix de se former à un autre métier avec une réelle formation et pas une formation bidon, qu'ils puissent créer leur entreprise s'ils le souhaitent grâce à des capitaux mis à leur disposition et une formation de haut niveau de direction et de gestion d'entreprise. Et enfin, il faut surtout créer les conditions de la croissance, car c'est la croissance qui crée l'emploi.

Fraternellement,
Maël Monnier
mael.monnier
 
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Message par Stanislas » 12 Déc 2003, 12:17

C'est très long, très contradictoire et très confus (humble avis perso). Alors, au hasard, je sélectionne cette partie de ton texte :

(mael.monnier @ vendredi 12 décembre 2003 à 00:34 a écrit :En outre, ce qui est le plus aliénant ce n'est pas le capitalisme et ses rapports de production, d'échange et de financement, mais le travail en lui-même. Ce qui est le plus aliénant c'est de travailler en 3*8 à la chaîne, et non pas l'accumulation capitaliste. Le capitalisme peut être éliminer de cette aliénation liée au travail en changeant le mode d'organisation des tâches au sein des entreprises et en automatisant au maximum. Le capitalisme a de fortes capacités d'adaptation et est très flexible. Un système solidariste qui garantisse à la fois les droits du prolétariat et du patronat, qui concilie ces deux classes est possible. Par conséquent, si je suis mon raisonnement, le socialisme n'est aucunement le but de l'Histoire d'un point de vue purement matérialiste, il ne peut l'être que par idéalisme, s'il y a une volonté de la part des travailleuses et des travailleurs eux-mêmes d'autogérer leurs entreprises et de se passer de patron.
« ce qui est le plus aliénant ce n'est pas le capitalisme et ses rapports de production, d'échange et de financement, mais le travail en lui-même. » ?? : Le travail est aliénant parce qu'il est soumis au salariat - et non pas 'en lui-même'. Du salariat découle la plue-value (en gros : valeur d'échange), et le profit. Le fondement du capitalisme est la réalisation du profit. donc le travail est aliénant en système capitaliste.
« Ce qui est le plus aliénant c'est de travailler en 3*8 à la chaîne, et non pas l'accumulation capitaliste. » ?? : C’est l’accumulation du capital et par conséquent du profit qui fait que la capitalisme a ‘inventé’ le travail à la chaîne.
« Le capitalisme peut être éliminer de cette aliénation liée au travail en changeant le mode d'organisation des tâches au sein des entreprises et en automatisant au maximum. » ?? : L’automatisation ne date pas d’hier, mais je ne vois là aucun facteur de libération ou d'émancipation quelconque. Et toi ?
« Un système solidariste qui garantisse à la fois les droits du prolétariat et du patronat, qui concilie ces deux classes est possible. » ?? : On n’y avait pas pensé… Heureusement que tu es arrivé, dis donc ! Enfin on va pouvoir mettre un terme à la lutte de classes, grâce à cette idée lumineuse. Une petite démonstration en la matière, serait la bienvenue.
« le socialisme n'est aucunement le but de l'Histoire d'un point de vue purement matérialiste, il ne peut l'être que par idéalisme, s'il y a une volonté de la part des travailleuses et des travailleurs eux-mêmes d'autogérer leurs entreprises et de se passer de patron. » ?? : Il y a en effet une volonté chez un certain nombres de travailleurs de se passer de leur patron. Cependant dans la mesure où le patron n’est pas trop favorable à ce genre de chose, il faut bien se résoudre à être matérialiste (hélas). Qui plus est, cette proposition est contradictoire avec la précédente.
Bon… heu… ben c’est tout.
Stanislas
 
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Message par NewVilenne » 12 Déc 2003, 13:14

a écrit :« Ce qui est le plus aliénant c'est de travailler en 3*8 à la chaîne, et non pas l'accumulation capitaliste. » ?? : C’est l’accumulation du capital et par conséquent du profit qui fait que la capitalisme a ‘inventé’ le travail à la chaîne.


Eh ! Puisqu'on est entre communiste libertaire, j'y vais de ma touche moi-aussi.

Je pense que Maël a tout à fait raison sur ce point. Que l'usine soit auto-gérée, que le travailleur ait le pouvoir ou pas, l'aliénation d'un poste aliénant est dù en premier lieu au poste lui-même. Pour un travailleur à la chaîne en 3*8, ce n'est pas d'avoir le pouvoir qui l'intéresse mais d'avoir la possibilité de ne plus effectuer un travail abrutissant, fatiguant, crevant. L'automatisation à outrance des unités de production permettrait les travailleurs de se débarrasser de la 1ère des aliénations.

a écrit :le socialisme n'est aucunement le but de l'Histoire d'un point de vue purement matérialiste, il ne peut l'être que par idéalisme, s'il y a une volonté de la part des travailleuses et des travailleurs eux-mêmes d'autogérer leurs entreprises et de se passer de patron.

Que de connerie ! Je ne savais pas que l'Histoire avait un objectif. A part celui de décrire le monde écrit par les hommes et jusqu'à leur fin. Par idéalisme ? Le capitalisme lui-même est issu d'un idéal (voir la période fin 18ème siècle). Le laissez-faire et le marché est à l'origine une construction de l'esprit, par les notables de l'époque.
En plus le socialisme n'est pas un idéal, mais une période transitoire. Le communisme est un idéal.

a écrit :Un système solidariste qui garantisse à la fois les droits du prolétariat et du patronat, qui concilie ces deux classes est possible.

Ca s'appelle l'état-providence. Cette forme d'état a permis de privilégier une catégorie petite-bourgeoise. Cela leur permettait d'avoir l'impression d'être important, d'avoir du pouvoir. Cela se fît au détriment des travailleurs ouvriers et employés qui eux ne profitaient pas de la providence. La galère existait toujours pour eux. Maintenant que les petits-bourges ne peuvent plus profiter de cet état-providence, ils désireraient le remettre en place en vantant ses mérites. Ils oublient, dans leurs oeillères, que la plus grande masse des travailleurs n'en profitaient pas.
La seule solidarité qui garantisse les droits du prolétariat et du patronat se met en place maintenant : toujours plus de subvention pour les patrons, toujours plus de servage pour les autres. La population laborieuse est solidaire du maintien des profits au patronat.
NewVilenne
 
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Message par Stanislas » 12 Déc 2003, 14:02

(NewVilenne @ vendredi 12 décembre 2003 à 13:14 a écrit :
a écrit :« Ce qui est le plus aliénant c'est de travailler en 3*8 à la chaîne, et non pas l'accumulation capitaliste. » ?? : C’est l’accumulation du capital et par conséquent du profit qui fait que la capitalisme a ‘inventé’ le travail à la chaîne.


Eh ! Puisqu'on est entre communiste libertaire, j'y vais de ma touche moi-aussi.

Je pense que Maël a tout à fait raison sur ce point. Que l'usine soit auto-gérée, que le travailleur ait le pouvoir ou pas, l'aliénation d'un poste aliénant est dù en premier lieu au poste lui-même. Pour un travailleur à la chaîne en 3*8, ce n'est pas d'avoir le pouvoir qui l'intéresse mais d'avoir la possibilité de ne plus effectuer un travail abrutissant, fatiguant, crevant. L'automatisation à outrance des unités de production permettrait les travailleurs de se débarrasser de la 1ère des aliénations.

Mais nous sommes bien d'accord. Cela dit, le fait est que l'aliénation passe par la reproduction des formes de servitude depuis la nuit des temps. Je ne vois donc pas où est le problème. La « fin » du travail passe par la fin de l'aliénation au travail, non pas par le « travail » comme essence conceptuelle. Il faudrait sans doute trouver un autre terme : des conditions aliénantes du travail 'en-soi' (aliénation objective du salarié/objet) au passage de « l'activité » 'pour-soi' (subjectivité du sujet désaliéné). En règle générale les Libertaires raisonnent ainsi. Marx voyait également les choses de cette façon. Les marxistes-léninistes, voient peut-être les enjeux de façon différentes.

Sinon, d'accord avec toi sur le « but » de l'Histoire. Quoique le communisme comme fin de l'Histoire ait un côté désespérant (avis perso).
Stanislas
 
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