a écrit :La Sécurité sociale et le système de santé
(Exposé du Cercle Léon Trotsky du 7 novembre 2003)
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La Sécurité sociale
Au lendemain de la guerre, en 1945, la Sécurité sociale prit le relais des Assurances sociales. Elle est souvent présentée comme une conquête de la classe ouvrière, durement acquise, par la lutte. Mais en fait, il n'y eut ni lutte, ni conquête. La Sécurité sociale fut, pour la bourgeoisie, le prix à payer pour la paix sociale, c'est-à-dire pour que l'économie, soit reconstruite, redémarre, en faisant travailler la classe ouvrière au moindre coût. Ce ne fut pas une réalisation de la seule gauche. C'est de Gaulle qui présida à sa mise en place. L'Etat, en tant que défenseur des intérêts généraux de la bourgeoisie, instituait un système destiné à rassurer les travailleurs sur leur avenir, sans lequel le patronat aurait risqué de se retrouver face à des revendications de salaires destinées à permettre aux travailleurs et à leur famille de se soigner. Pour les travailleurs, ce ne fut donc pas un cadeau. Si elle fut un acquis, ce fut pour la bourgeoisie, ce qui n'empêcha d'ailleurs pas celle-ci, de se lamenter sur les "charges" que cela entraînait. Et, comme l'écrit de Gaulle dans ses mémoires de guerre, "les privilégiés accueillirent ces transformations mélancoliquement".
La sécurité sociale était, comme les Assurances sociales, financée par des prélèvements sur les salaires, pas sur les profits.
Par rapport au régime des Assurance sociales de 1930, celui de la Sécurité sociale présentait un certain nombre d'améliorations. Mais il en conservait aussi plusieurs aspects restrictifs. Et le prix à payer, pour les travailleurs, était considérablement augmenté. La cotisation ouvrière passait de 4 à 6 %. Pour la part dite patronale, la cotisation passait de 4 à 10%. Mais comme cette augmentation était accompagnée de la suppression d'une taxe d'un taux équivalent instaurée en 1942 pour indemniser les ouvriers des usines bombardées, les patrons ne cotisaient pas un centime de plus.
a écrit :Article paru dans Combattre pour le socialisme n°13 de septembre 2003
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Une conquête de la vague révolutionnaire de 1944-1945
Avec la défaite militaire du nazisme et l’effondrement du régime du maréchal Pétain, à la Libération, se développe en France une vague révolutionnaire. Celle-ci ne sera contenue que par la collaboration du PCF et de la SFIO au sein du gouvernement tripartite présidé par de Gaulle (en particulier la constitution du gouvernement MRP-PCF-SFIO alors que le PCF et la SFIO disposaient de 51 % des sièges au sein de la première Assemblée constituante élue en octobre 1945) et celle des dirigeants de la CGT. Une fois de plus, menacée de tout perdre, le mouvement du prolétariat posant pratiquement la question d’un gouvernement des organisations ouvrières, partis et syndicats, la bourgeoisie a été contrainte de faire d’immenses concessions. Dans son combat, non seulement le prolétariat se réappropriait les conquêtes issues de la grève générale de mai-juin 1936 (semaine de quarante heures, congés payés, conventions collectives, droits syndicaux etc.) mais il en arrachait de nouvelles, d’une importance politique capitale du point de vue de sa lutte contre le capital et de sa constitution en tant que classe.
Parmi ces conquêtes la plus fondamentale est celle de la Sécurité Sociale dont les fondements ont été définis par l’ordonnance du 4 octobre 1945. A peine les principes de cette ordonnance posés, la bourgeoisie, épaulée les dirigeants du mouvement ouvrier autant qu’ils le pouvaient, a cherché à en limiter et à en édulcorer l’application (voir à ce propos l’article «Sécurité Sociale : une conquête révolutionnaire qui participe à la constitution de la classe ouvrière comme classe» dans CPS n° 57 du 4/04/1995 et sa suite dans CPS n° 58 du 9/06/1995).
Il n’en reste pas moins que le prolétariat a conquis alors de nouveaux acquis en matière d’assurances sociales (vieillesse, maladie, maternité, accidents du travail). Ce sont des sous-produits de la vague révolutionnaire d’après guerre, se situant en France dans la continuité de celle de 1936 - laquelle s'inscrivait avec la révolution espagnole, au terme d'une vague révolutionnaire engagée avec la révolution russe d'octobre 1917.
Les deux textes sont sur les sites respectifs.