Dictature Ouvriere, comment?

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Quartz » 22 Jan 2004, 11:45

Citation p'tit chose jeudi 22 janvier
a écrit :Ce que je veux dire est que si la "classe prolétarienne" se trouve aujourd'hui en France, vivre une existence quasi-bourgeoise pour ce qui est du niveau de vie en comparaison de sa situation dans le passé et de la situation prolétarienne dans le Tiers-Monde, tu risques d'attendre longtemps, très longtemps, une quelconque adhésion à ton projet révolutionnaire


Ta comparaison ne veut rien dire. Tu trouveras toujours des lieux où les salaires sont plus bas qu' ici. D' ailleurs les patrons se servent de cet argument pour ne pas augmenter les salaires : regardez , il y a pire ailleurs... disent-ils Mais est-ce que ça veut dire que nous aurions une existence quasi-bourgeoise. Je travaille dans une entreprise où le salaire moyen est de 7 200F net par mois . Tu parles d' une vie bourgeoise !!! Et autour dans les autres boites c' est du même ordre. Le 20 du mois, il y a des gars dans la boite qui n' ont plus aucun sous pour bouffer.

Peut-être ne le sais-tu pas ? Où alors tu es intoxiqué par les médias ?
Quartz
 
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Message par faupatronim » 22 Jan 2004, 11:45

[quote=" (p'tit chose @ jeudi 22 janvier 2004 à 11:12"]
Ce que je veux dire est que si la "classe prolétarienne" se trouve aujourd'hui en France, vivre une existence quasi-bourgeoise pour ce qui est du niveau de vie en comparaison de sa situation dans le passé et de la situation prolétarienne dans le Tiers-Monde, tu risques d'attendre longtemps, très longtemps, une quelconque adhésion à ton projet révolutionnaire.

Je crois que pour avoir une telle vision, il faut bien peu connaitre ce que sont la vie et les problèmes des travailleurs aujourd'hui. La misère, ça existe en France, même chez des gens qui travaillent.

On trouve toujours pire ailleurs ? Bien sûr. Mais la révolte contre ce système est justifiée, même ici. Ne serait-ce que parce que ce sont les travailleurs qui produisent toutes les richesses et n'en profitent que très peu. Et parce que, proportionellement aux richesses de la société, je pense que les travailleurs ne reçoivent qu'une part toujours plus petite des miettes consédées par les capitalistes, même dans les pays riches. Et puis ce système peut sombrer, du jour au lendemain, dans une crise économique profonde, une guerre, une dictature ouverte. Alors la révolte peut venir bien plus tôt que tu ne le penses.

La classe ouvrière est notre classe. Nous ne nous battons pas pour les travailleurs, nous avons choisi pleinement leur camps. Alors nous ne sommes pas pour la politique du pire. Nous Ne pensons pas qu'il faut que les travailleurs soient au fond du trou pour être obligés de se battre. Nous sommes pour leur donner confiance dès aujourd'hui dans leur capacité à gagner quand ils se battent contre le gouvernement ou les patrons. Et à terme à comprendre qu'ils sont en mesure de diriger la société.
faupatronim
 
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Message par p'tit chose » 22 Jan 2004, 12:19

Daisy :wub:

Je t'ai dit que le capitalisme ou libéralisme produit de la misère, c'est évident. De la misère et non pas de la pauvreté. La misère est pire car elle s'accompagne d'une dé-socialisation qui produit des vies complètement détruites.

Maintenant, pour les ouvriers et les prolétaires des services qui gagnent un "minimum" pour s'en sortir honorablement et absolument rien de plus : je vous signale que ça implique : l'électricité, l'eau du robinet, l'eau chaude, une salle de bains, un salon, une télé, une chaïne hi-fi, un frigo... une voiture, parfois un pavillon individuel et un jardin, etc. etc... Et qu'il y a 150 ans les bourgeois n'avaient ni l'électricité, ni l'eau chaude, ni la télé et que c'est pareil pour des centaines de millions d'africains, d'indiens ou de brésiliens qui ne vivent pas avec 7200 francs par mois mais avec 7200 francs pour 24 ou 48 mois soit environ 1 ou 2 dollars par jour. Ce que je veux dire est que les prolétaires français qui sont peut-être pauvres mais pas dans la misère font sans doute le calcul suivant : j'ai quand déjà pas mal de choses, suffisamment pour craindre de les risquer dans quelque aventure que ce soit et donc non merci la révolution !

Voilà ce que je dis et aussi que c'est une contradiction insurmontable que d'élever le niveau matériel des prolétaires alors qu'en même temps ils se rendent compte à la télévision et dans la presse ce qu'est la vie au Pakistan ou au Rwanda et aussi qu'ils voient encore à la télé la guerre civile en ex-Yougaslavie et donc qu'ils ont beaucoup et de plus en plus à perdre dans tout désordre. Je ne nie pas la misère, je ne regrette pas toutes les avancées sociales, je ne veux pas que ton but soit d'appauvrir les travailleurs... mais je te dis simplement qu'il n'y aura pas de révolution en France vu la situation des travailleurs français et celle du monde à l'heure actuelle.

Ca j'imagine quand même que tu l'as compris et aussi que les conditions sociales d'une révolution ce n'est pas du tout ça et tout le contraire même. Donc je ne vois pas pourquoi tu parles encore de révolution. Soit tu recherches ses conditions : écart maximal entre des masses de miséreux et quelques riches (tu as vu la classe moyenne en France, ce que c'est ?), soit tu y renonces.

Bises. :wub:

Daisy, pourquoi m'as tu appelé "p'tit truc" ? :pleure:
Pourquoi ne m'as-tu pas plutôt brandi : :welcome:
p'tit chose
 
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Message par com_71 » 22 Jan 2004, 13:41

(p'tit chose @ jeudi 22 janvier 2004 à 11:12 a écrit : Les prolétaires français peuvent très bien estimer ce qu'il ont a perdre ou à gagner dans une aventure révolutionnaire. Vu ce qu'il savent du passé et du monde, ils doivent vite faire le calcul et arriver au résultat : on est quand même assez bien lottis comme ça, on ne va pas risquer de tout perdre.

Y'a un hic, c'est que la société capitaliste menace une fois de plus (après 1ère guerre mondiale, nazisme, 2ème guerre mondiale, aventures coloniales sanguinaires...) de nous faire tout perdre.

Ceux disent "vouloir" arrondir les angles doivent manquer d'efficacité !
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Louis » 22 Jan 2004, 14:21

a écrit :Ce que je veux dire est que si la "classe prolétarienne" se trouve aujourd'hui en France, vivre une existence quasi-bourgeoise pour ce qui est du niveau de vie en comparaison de sa situation dans le passé et de la situation prolétarienne dans le Tiers-Monde, tu risques d'attendre longtemps, très longtemps, une quelconque adhésion à ton projet révolutionnaire


on peut admettre que les niveaux de consommation RELATIFS de la classe travailleuse sont tel que tu les décrits pour une part sensible de la classe. Le seul probleme, c'est qu'en tant que marxiste je ne pense pas que la classe ouvriere est révolutionnaire parce qu'elle est la plus pauvre, mais en raison de sa position particuliere dans le mode de production généralisé de marchandise ! Et par rapport au dix neuvieme siecle, elle a plutot progressé, le niveau culturel de la classe aussi, et les modalités PRATIQUES de cette prise de pouvoir n'ont jamais été aussi bonnes !

a écrit :un prolétariat embourgeoisé aussi bien matériellement que mentalement : ta révolution est impossible


on nous a fait dix fois le coup du "prolétariat embourgeoisé" Le probleme c'est qu'on peut éventuellement lui donner quelques miettes des richesses qu'il produit : on ne peut pas modifier substantielement la façon de produire des marchandise, et l'exploitation qu'elle recele Et c'est elle qui rend le travailleur révolutionnaire !

a écrit :Les prolétaires français peuvent très bien estimer ce qu'il ont a perdre ou à gagner dans une aventure révolutionnaire. Vu ce qu'il savent du passé et du monde, ils doivent vite faire le calcul et arriver au résultat : on est quand même assez bien lottis comme ça, on ne va pas risquer de tout perdre.


Il est clair que pour le moment, la fin du "systeme" stalinien, pése encore de tout son poids de défaites ! Mais perdre une bataille, ce n'est pas perdre la guerre

pour conclure je suis totalement d'accord avec les conclusions de com

a écrit :Y'a un hic, c'est que la société capitaliste menace une fois de plus (après 1ère guerre mondiale, nazisme, 2ème guerre mondiale, aventures coloniales sanguinaires...) de nous faire tout perdre.

Ceux disent "vouloir" arrondir les angles doivent manquer d'efficacité !


"socialisme ou barbarie" disait rosa ! Cette conclusion de com sera aussi la notre !
Louis
 
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Message par p'tit chose » 22 Jan 2004, 15:38

LouisChristianRené,

a écrit :on peut admettre que les niveaux de consommation RELATIFS de la classe travailleuse sont tel que tu les décrits pour une part sensible de la classe. Le seul probleme, c'est qu'en tant que marxiste je ne pense pas que la classe ouvriere est révolutionnaire parce qu'elle est la plus pauvre, mais en raison de sa position particuliere dans le mode de production généralisé de marchandise ! Et par rapport au dix neuvieme siecle, elle a plutot progressé, le niveau culturel de la classe aussi, et les modalités PRATIQUES de cette prise de pouvoir n'ont jamais été aussi bonnes !

J'aime ta réponse, elles est claire et intelligente. c'est peut-être aussi une ligne de partage assez précise entre tes idées et les miennes. Moi, je parle de conditions de la révolte et toi, d'une révolte nécessairement inscrite dans le système capitaliste. Je crois que des conditions sont requises pour que des révolutionnaires puissent pousser à la révolte ou canaliser une révolte spontanée mais qu'il faut aussi un désir de se révolter. Surtout, je ne crois pas que quiconque soit révolutionnaire sans le vouloir, du simple fait "de sa position particulière"... Tu me riras peut-être au nez en me répondant que la volonté et le désir de se révolter se provoquent et se manipulent... oui mais il faut toujours au moins que le peuple soit persuadé qu'il le veut : que son désir et sa volonté de justice soient allumés au point où il entre en rébellion.

Et l'estimation des risques et avantages de la rébellion, de la révolution et de la guerre civile entre en ligne de compte dans la volonté de faire la révolution. Convaincre quelqu'un qui a tout à perdre de tout lacher : on en revient là.

a écrit :Il est clair que pour le moment, la fin du "systeme" stalinien, pése encore de tout son poids de défaites ! Mais perdre une bataille, ce n'est pas perdre la guerre

Je précise juste que dans l'expression "dans le passé" je voulais dire "...de la condition ouvrière". Evidemment pas des expériences communistes. Quand je parlais de révolution, c'était au sens de la période de guerre civile pendant laquelle la bourgeoisie perd le pouvoir. et le risque étant celui lié à tout conflit : incendie, blessures, pillages, tortures, etc.
p'tit chose
 
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Message par zejarda » 22 Jan 2004, 15:57

(p'tit chose @ jeudi 22 janvier 2004 à 15:38 a écrit : Surtout, je ne crois pas que quiconque soit révolutionnaire sans le vouloir, du simple fait "de sa position particulière"... Tu me riras peut-être au nez en me répondant que la volonté et le désir de se révolter se provoquent et se manipulent...

je ne pense pas que le role des révolutionnaire est de provoquer ou de manipuler. Ce sont des idées fausses que l'on véhicule sur les révolutionnaire. Et c'est assez méprisant pour les travailleurs, car cela supose qu'ils ne sont apte a juger par eux-même de l'etat de la société. C'est un peu le même discourt sur les syndicalistes qui font des grèves pour n'importe quelle raison.

Le role des révolutionnaire est de se préparer, d'être la lorsque les conditions seront telles, qu'un changement de société sera énévitable. Se préparer c'est recruter, construire un parti révolutionnaire, s' instruire et instruire, loins des idées de "provoquation et manipulation".

Tous le monde n'est pas révolutionnaire, mais a un moment donné, il se peut qu'une grande partie de la population (surement la partie pauvre, exploité de la population) veuille changer le monde, révolutionner la société, et s'il n'y a pas de révolutionnaire a ce moment la , s'il n'y a pas de parti révoltuionnaire, cette revolte contre les conditions de vie peut se transformer en défaite, voir en barbarie.

La conclusion est que sans révolutionnaire et sans partie révolutionnaire ce sera surement la barbarie, et non pas le socialisme.

Alors la tu pourras parler de
a écrit :incendie, blessures, pillages, tortures, etc.
.
zejarda
 
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Message par mael.monnier » 22 Jan 2004, 16:12

Bonjour,

(Caupo @ samedi 17 janvier 2004 à 13:25 a écrit :Avec son étape intermédiaire que, dixit Lénine, sous des formes différentes, ce sera la dictature du prolétariat.

Pourquoi donc une étape intermédiaire ? C'est justement sur ce point que les masses n'étaient pas d'accord avec Lénine, les masses voulaient mener la Révolution jusqu'à son terme comme l'a expliqué Ante Ciliga dans Au Pays du Grand Mensonge.

(Caupo @ samedi 17 janvier 2004 à 13:25 a écrit :
En fait, ceux qui jetent la dictature du prolétariat passent en fait du coté de la dcitature de la bourgeoisie. Impossible de trouver rien au milieu de cette alternative, surtout quand le problème ce pose vraiement.

Trotsky l'a magnifiquement dit dans Terrorisme et Communisme que j'ai commencé à lire : "Qui renonce à la dictature du prolétariat renonce à la révolution sociale et fait une croix sur le socialisme" (chapitre 2). Mais ensuite, il faut savoir ce que l'on rattache à la notion de dictature du prolétariat.

Pour Kautsky (au début des années 1910, après il devint ce que Trotsky appela le "rénégat Kautsky"), la dictature du prolétariat, c'est "l'exercice exclusif du pouvoir politique par le prolétariat, seule forme sous laquelle il puisse exercer le pouvoir". Trotsky nous explique dans le même chapitre de Terrorisme et Communisme qu'"il considérait alors l'exercice exclusif du pouvoir politique par le prolétariat, la dictature, et non la majorité socialiste dans un parlement démocratique, comme la seule forme du pouvoir prolétarien. Et il est évident que si l'on s'assigne pour tâche l'abolition de la propriété individuelle des moyens de production, il n'est pas d'autre moyen de la réaliser que la concentration de tous les pouvoirs de l'Etat entre les mains du prolétariat et l'instauration pendant la période de transition d'un régime d'exception, dans lequel la classe au pouvoir ne se laissera pas guider par l'observation de normes calculées pour un temps très long, mais par des considérations d'efficacité révolutionnaire."

Là, je ne suis pas d'accord. Le prolétariat, ou plutôt l'ensemble des opprimé-e-s, exercera certes sa dictature, mais cette dictature ne peut pas être étatique... D'ailleurs c'est une aberration que de parler d'une dictature étatique du prolétariat comme le fait Trotsky. L'Etat est un organisme de conciliation entre les classes. Or, comme l'explique si bien Trotsky, il ne s'agit pas de concilier le prolétariat avec la bourgeoisie, mais d'aller jusqu'à la défaite de la bourgeoisie. Donc la dictature du prolétariat ne peut pas revêtir une forme étatique par définition. Ensuite, on ne peut pas non plus employer des moyens incompatibles avec la fin révolutionnaire, d'où la nécessité de garantir la liberté de presse, de réunion et d'association pour tous les opprimé-e-s, quelque soit leur sensibilité politique, d'où la nécessité du refus de toute forme de violence, d'où la nécessité de fonctionner dès le départ en autogestion et selon le principe du fédéralisme, fédéralisme à établir de façon naturelle et non pas de façon coercitive de la périphérie vers le centre, du bas vers le haut. Les opprimé-e-s auront tous les pouvoirs parce qu'elles et ils refuseront de se soumettre à qui que ce soit, elles et ils ne devront se soumettre qu'à leur volonté personnelle. Si personne n'obéit plus à la bourgeoisie, elle ne pourra plus commander (à part elle-même, mais ce sera son problème).

(Caupo @ samedi 17 janvier 2004 à 13:25 a écrit :
Autre chose, les solutions idéales, ça n'existe pas. Il n'y a que dans la tête de ceux qui s'affolent des méfaits du capitalisme mais qui ne sont pas encore disposés à affronter la lutte avec tout ce qu'elle à de inhumaine et barbare, qui revent d'un passage sans difficulté à une société idéale.

Effectivement ce ne sera pas facile, surtout que la non-violence exige d'être suffisamment fort intellectuellement pour ne céder à qui que ce soit. Toutefois la non-violence est un moyen utilisable même par ceux qui sont les plus faibles physiquement, la non-violence gomme donc les différences physiques entre les femmes et les hommes, entre les vieux et les jeunes et entre les malades et les biens portants. Et comme tu l'as dis ensuite la marche que suivra la Révolution ne sortira pas toute prête d'un bureau d'étude, elle sera fonction de l'influence des divers courants révolutionnaires et de la conscience politique des masses, masses qui mèneront la Révolution comme on l'a vu en Russie : Lénine était derrière les masses et non devant comme l'a montré Ante Ciliga dans Au Pays du Grand Mensonge, ce qui s'est illustré par l'appropriation collective des usines dans tout le pays par les ouvriers eux-mêmes (usine par usine) sans impulsion politique de la part de Lénine, Lénine ayant ensuite reconnu la situation par la publication d'un décret de nationalisation des moyens de production.

(Caupo @ samedi 17 janvier 2004 à 13:58 a écrit :
Ce que la bureaucratie n'est pas un problème en soi...Je m'explique. Vu le dégré de développement des sociétés jusqu'à aujourd'hui je ne vois pas comment se passer d'une bureaucratie. Bien sur il faut mettre tout en oeuvre pour la réduire et avancer à son élimination comme nécessité de l'organisation de la production et de la société.

Si l'on ne peut pas se passer d'une bureaucratie, à quoi bon une Révolution Sociale ? La bureaucratie actuelle n'est que le fruit d'une société qui fonctionne de manière hiérarchique et du haut vers le bas. Il s'agit donc de renverser la société pour la remettre sur ses pieds et ne plus "marcher sur la tête". Les décisions devront être prises de manière locale par la démocratie directe et la coordination se faire par envoi de délégations au niveau supérieur (fédéralisme). Dans les entreprises, on pourra utiliser la rotation ou le partage des tâches. Donc oui, on peut se passer de bureaucratie.

(Caupo @ samedi 17 janvier 2004 à 13:58 a écrit :
Le problème a été particulièrement en Russie du fait des conditions concretes de la révolution à un moment donné qui a permis que les membres du parti bolshevik (pas tous tout de même) et les dirigeants syndicaux et les cadres de l'industrie et de l'Etat sont dévenus une couche social apart et qui exploitait les paysans et les ouvriers russes en s'appuyant sur les traditions de la révolution d'octobre.

Je ne suis pas d'accord encore une fois. On pouvait se passer d'une direction par les membres du PC, on pouvait se passer des dirigeants syndicaux, comme de tous les dirigeants d'ailleurs, on pouvait aussi mettre les cadres au niveau des autres (à mon avis, des ouvriers peuvent très bien concevoir une machine ensemble et autogérer leurs projets... d'ailleurs mon grand-père qui ne possédait pas de formation mis à part celle de l'école élémentaire construisait et inventait des machines tout seul).

(Caupo @ samedi 17 janvier 2004 à 13:58 a écrit :
Pour éviter ce problème, eh ben, il faut tout d'abord le connaître en profondeur; deux ce ne sont pas des mesures administratives, cohercitives (donc bureaucratiques...) qui puissent l'empecher, mais la dynamique de la révolution.

Donc à l'opposé de Lénine qui mit en place une autre bureaucratie pour lutter contre la bureaucratie en place, au lieu d'en appeller aux masses, avant la fin de sa vie...

(Caupo @ samedi 17 janvier 2004 à 13:58 a écrit :
Le bureaucratisation de l'Etat soviétique répond à une société de pénurie, provoquée par des profondes et terribles crises; la guerre du 14, la guerre civile, l'encerclement de la république soviétique par les puissances impérialistes, mais surtout et avant tout je me permettrait de le dire, par la défaite des révolutions Allemandes.

Sauf que si l'on raisonne comme cela, c'est donner raison à Kerensky et donner tort aux marins de Cronstadt qui ont refusé de se plier au Gouvernement Provisoire au début de la Révolution en avril 1917. Kerensky utilisait les mêmes genres d'arguments.

(NazimH @ lundi 19 janvier 2004 à 16:40 a écrit :
les travailleurs au pouvoir devront maintenir des inégalités de salaires importantes pour s'assurer le travail des meilleurs spécialistes. ils devront assumer l'inégalité dans la répartition. cela veut dire qu'ils développeront des organes d'état chargés de cela et dont les membres seront peut-être priviligiés eux-mêmes. en tout cas c'est un risque...

Je ne suis pas d'accord non plus. Si on n'assure pas de travail aux meilleurs spécialistes, que feront-ils ? Ils se retrouveront à mendier dans les rues, c'est tout. Comme les marins de Cronstadt en 1921, je revendique donc l'égalité des revenus (la ration de nourriture à l'époque) "de ceux qui travaillent avec l’exception de ceux employés dans les affaires nuisibles à la santé" ou bien dans des métiers dangereux. Et ensuite, même si on devait le faire (maintenir les inégalités de revenus), il n'y a ensuite aucune raison de créer des organismes d'Etat pour gérer les échelles de revenus, le prolétariat peut le faire lui-même par la démocratie directe et de manière décentralisée.

(NazimH @ lundi 19 janvier 2004 à 16:40 a écrit :
je ne crois pas qu'il soit possible de prévoir des mesures techniques garantissant contre une dégéneressence du pouvoir. il vaut mieux voir ce qu'ont tenté à leur époque les militants de l'opposition trotskiste.

Pour éviter une dégénerescence du pouvoir, le plus simple est de refuser toute direction et tout don de pouvoir à qui que ce soit ou à quelle organisation que ce soit. Le pouvoir doit rester à tout instant entre les mains du prolétariat, qui doit prendre toutes les décisions. On peut déléguer des missions mais non pas des pouvoirs.

(NazimH @ lundi 19 janvier 2004 à 16:40 a écrit :
Cela dit, la réalité du bolchevisme vivant (1917-1923), au pouvoir, c'est la combinaison entre d'un côté une direction ultra-centralisée et la plus grande initiative laissée aux conseils ouvriers, de paysans, de quartiers etc...
(pour ceux qui en doutent il ne s'agit pas de discuter théoriquement mais de connaître comment cela se faisait ; tu as une relation du début dans "l'an I de la révolution russe" de Victor Serge par exemple).

Et cela expliquerait-il pourquoi en toute logique les bolchéviks (ou plutôt la direction des bolchéviks car même les bolchéviks ont lutté contre leur direction, donc contre Trotsky et Raskolnikov) ont voulu imposer à la Flotte Baltique la hiérarchisation en leur sein en 1920 (après la guerre civile, de surcroît) ?

(boispikeur @ mercredi 21 janvier 2004 à 22:16 a écrit :
1/ Le proletariat, ce n'est pas seulement les ouvriers, ce sont tous ceux qui ont besoin de travailler pour vivre (en gros): tu peux sans doute te compter dans ces personnes; désolé (enfin, désolé...) si ça te fais du mal d'être un prolo;

Plus précisément, est prolétaire celui qui n'a pas d'autre choix que de vendre sa force de travail. Car même le baron Seillière travaille : il faut qu'il prépare ses discours, qu'il dirige le MEDEF, etc.

(boispikeur @ mercredi 21 janvier 2004 à 22:16 a écrit :
2/ les ouvriers ne sont pas que ceux qui travaillent dans les usines (opinion personnelle, pas certain que ce soit partagé par tout le monde ici...)

Effectivement, puisqu'il y a aussi des ouvriers dans le bâtiment (ouvrier-maçon, ouvrier-plombier, ouvrier-couvreur, etc.), dans l'agriculture (pas uniquement pour les moissons ou les vendanges), etc.

(boispikeur @ mercredi 21 janvier 2004 à 22:16 a écrit :
3/ Je n'ai pas les derniers chiffres (qui ne doivent pas être très durs à trouver), mais selon l'INSEE, en 99, les ouvriers représentaient encore 27.31% de la population active. Non, les ouvriers n'ont pas disparu!

Effectivement, et environ une famille sur deux en France est ouvrière...

(p'tit chose @ jeudi 22 janvier 2004 à 09:33 a écrit :
pour eux c'est pas la peine de risquer de tout perdre dans une drole d'aventure revolutionnaire vu qu'ils ont quand même un niveau de vie largement superieur au reste du monde , je veux dire aux pays du tires monde qui ne sont pas europeens (afrique, amerique du sud, inde...)

Sauf que c'est adopter la politique de l'autruche et faire preuve d'égoïsme. En outre, je ne pense pas que les pays du Tiers-Monde vont continuer à se faire marcher sur les pieds longtemps par les pays occidentaux, cela n'a que trop durer. Et de toute façon, même autrement, inévitablement le niveau de vie des pays du Nord va baisser à cause du dumping social, fiscal et environnemental et de la casse sociale menée par la bourgeoisie. Donc il n'y a aucun argument pour le statu quo et pour laisser la bourgeoisie exercer sa dictature. Et il n'y aura pas besoin d'attendre si longtemps que cela pour voir le niveau de vie baisser fortement (avec le gouvernement CRS, la pente est forte, il suffit de regarder les courbes de croissance de distribution de repas par les Restos du Coeur : +10% cette année il me semble, ce qui est énorme).

(p'tit chose @ jeudi 22 janvier 2004 à 11:40 a écrit :
Ton problème c'est que les prolétaires d'aujourd'hui ne sont plus des prolétaires et qu'il n'y a pour eux aucune raison de se révolter.

Ah ! Bon ? Moi cela me révolte de voir des gens qui n'ont pas de logements (plus les 3 millions de mal logés), qui ne sont pas soignés correctement voire pas du tout. Cela me révolte de savoir que seuls les filles et fils de riches peuvent accéder aux grandes écoles et que les filles et fils de pauvres doivent trimer pour payer leurs études et qu'elles et ils sont dans l'impossibilité d'aller en école d'ingénieurs (on ne peut pas travailler à mi-temps et étudier à plein-temps ou presque en même temps, c'est impossible).

Cela me révolte de voir les gens jetés comme des Kleenex des entreprises lorsque l'on en a plus besoin ou pour faire toujours plus de bénefs sans même se préocupper de leur donner une autre formation (trois semaines de formation bidon, c'est zéro). Cela me révolte que l'on crée une catégorie de sous-prolétariat, les RMAstes, des gens qui seront au travail obligatoire et payés trois ronds. Cela me révolte que l'on fasse crever les habitant-e-s du Tiers Monde par notre pillage. Cela me révolte qu'un quart de la population active n'ait pas de travail (oui 25 %, soit 5 millions de personnes, les chiffres officiels étant habilement manipulés). Cela me révolte que l'on ferme des bureaux de poste, des gares SNCF, des points d'accueil EDF alors que des millions de personnes n'ont pas de travail et que l'on a besoin de ces services publics. Cela me révolte que l'on fasse travailler les gens une journée supplémentaire pour la santé alors que dans le même temps, on a réduit le budget de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris par exemple qui manquait cruellement de moyens. Tout cela est révoltant. Des raisons de se révolter, il y en a plein. A mon humble avis personnel, ce qui manque plutôt parmi le prolétariat, c'est la perspective d'une autre société, l'horizon d'un monde sans oppression, sans domination ni exploitation, horizon qui fut bouché par les dictatures du marxisme-léninisme et de ses dérivés sur le prolétariat.

(zejarda @ jeudi 22 janvier 2004 à 15:57 a écrit :
(p'tit chose @ jeudi 22 janvier 2004 à 15:38 a écrit :
Surtout, je ne crois pas que quiconque soit révolutionnaire sans le vouloir, du simple fait "de sa position particulière"... Tu me riras peut-être au nez en me répondant que la volonté et le désir de se révolter se provoquent et se manipulent... 



je ne pense pas que le role des révolutionnaire est de provoquer ou de manipuler. Ce sont des idées fausses que l'on véhicule sur les révolutionnaire. Et c'est assez méprisant pour les travailleurs, car cela supose qu'ils ne sont apte a juger par eux-même de l'etat de la société. C'est un peu le même discourt sur les syndicalistes qui font des grèves pour n'importe quelle raison.

Tout à fait d'accord... Au moins je ne suis pas divisé avec vous sur tous les points...

Fraternellement,
Maël Monnier
mael.monnier
 
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Message par Louis » 22 Jan 2004, 16:54

a écrit :J'aime ta réponse, elles est claire et intelligente. c'est peut-être aussi une ligne de partage assez précise entre tes idées et les miennes. Moi, je parle de conditions de la révolte et toi, d'une révolte nécessairement inscrite dans le système capitaliste. Je crois que des conditions sont requises pour que des révolutionnaires puissent pousser à la révolte ou canaliser une révolte spontanée mais qu'il faut aussi un désir de se révolter. Surtout, je ne crois pas que quiconque soit révolutionnaire sans le vouloir, du simple fait "de sa position particulière"... Tu me riras peut-être au nez en me répondant que la volonté et le désir de se révolter se provoquent et se manipulent... oui mais il faut toujours au moins que le peuple soit persuadé qu'il le veut : que son désir et sa volonté de justice soient allumés au point où il entre en rébellion.


Eh bien, il y a toute la différence entree un (ou des) révoltes et la révolution ! Les révoltes naissent nécessairement de conditions d'injustice, d'une condition misérable les révolutions pour réussir doivent s'inscrire dans la solution des probleme que la société précédente ne pouvait résoudre Et si elle ne peut y arriver, elle échoue, nécessairement !

pour ma part, je ne considére pas le parti révolutionnaire et la masse de la classe comme deux entités distinctes et séparées ! Ce n'était d'ailleurs pas le cas pour le parti bolchevique, du moins avant le triomphe de la révolution !

a écrit :Surtout, je ne crois pas que quiconque soit révolutionnaire sans le vouloir, du simple fait "de sa position particulière"...


C'est ce qu'on appelle les "conditions objectives et les conditions subjectives" Il n'y a pas de positions particulieres qui font que tel personne est ou n'est pas objectivement révolutionnaire Mais des momment stratégiques a comprendre ! Des momment ou il faut pousser les choses, agir, vite ! C'est ainsi que je vois la stratégie du parti révolutionnaire ! Creer un parti révolutionnaire, ce n'est pas travailler au "bouton de veste" (meme si le recrutement individuel est indispensable) ni procéder par lente accumulation de forces mais bien par son action déterminée dans des momment décisif ou il est trés facile de se tromper Et dans lequel un parti révolutionnaire est indispensable, dans la mesure ou seul une force collective peut etre a peu pret assurée de pouvoir etre une boussole ! Et l'histoire du 20° siecle nous a montré qu'il ne s'agissait pas d'un travail si facile !
Louis
 
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Inscription : 15 Oct 2002, 09:33

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