Salut les copains !
Le 02/ fev, Wolf a dit que, l'art n'étant pas de l'artisanat, "je ne vois pas effectivement quelle valeur d'échange mesurable par le temps de travail (simple, complexe) pourrait avoir une oeuvre d'art.". Je ne comprends pas l'enchaînement logique : si l'art n'est pas de l'artisanat, cela n'implique pas que les lois économiques qui s'appliquent à l'artisanat ne s'appliquent pas à l'art ?
Le 2 fev, j'ai résumé du mieux que je pouvais l'opinion de ceux qui pensent que l'oeuvre d'art n'a pas de valeur d'échange. Comme je le disais dans mon message d'ouverture de ce fil, c'est l'opinion la plus répandue chez les camarades avec qui j'ai pu discuter.
Ni moi ni ces camarades n'ont de définition précise de l'art, mais avec l'intuition que nous en avons, nous pouvons, au vu de certains critères de l'économie politique, dire que l'oeuvre d'art n'a pas de valeur d'échange.
Mon but est de démontrer que l'oeuvre d'art a, d'un autre point de vue, tendance à s'échanger au temps de travail socialement nécessaire pour la produire. L'artisanat s'échange strictement au temps de travail socialement nécessaire pour le produire, et tout le monde s'accorde pour dire qu'on ne peut dire la même chose de l'oeuvre d'art. Mais de mon point de vue, on ne peut pas dire non plus que l'art n'a pas de valeur d'échange.
C'est contradictoire ? Oui, car comme je l'ai dit le 27/01, je pense que l'oeuvre d'art est à la limite de la théorie de la valeur. Et que posée à cette limite, on ne peut la classer dans aucune des deux catégories de choses que nous savons classer sur le marché capitaliste : les choses qui ont une valeur d'échange et celles qui n'en ont pas (qui ont seulement un prix).
Pour en finir avec l'art et l'artisanat, je m'empresse de répondre à l'avance à LouisChristianRené qui ne va pas tarder à nous dire que l'artisanat est impossible dans la société capitaliste. Que l'art et l'artisanat aient la vie dure dans le système capitaliste, ça peut peut-être faire l'objet d'un autre fil. Gardons plutôt celui-là pour parler économie politique.
Wolf : la définition que je donne de l'art ne te satisfait pas, mais ta réponse du 02/02 est insuffisante ("l'art ça va ça vient"). Tu me parle de "ce qui est vendu comme "art"", or je pense qu'il est toujours important, en économie politique de distinguer ce qui est conscient dans la société de ce qui se passe effectivement. Certains objets peuvent être vendus comme art et ne pas en être (par exemple, une reproduction d'un tableau de Van Gogh, ou encore un beau tableau peint en 2003 dans le style de Van Gogh). A contrario, certain tableau de Van Gogh a pu être échangé du temps de Van Gogh comme "le tableau d'un fou" ou "une toile bizarre", sans que personne à l'époque n'ai conscience qu'il s'agissait là de la meilleure peinture de 1890 (à l'époque, tout le monde était convaincu que la bonne peinture était dans les salons officiels).
Wolf a dit (le 3 fev) que l'art est "traitée le cas échéant comme une marchandise". L'objectif de cette discussion est de déterminer si alors elle a oui ou non une valeur d'échange. Comme je m'en suis expliqué dans mon premier message, le problème de la valeur d'un tableau de Van Gogh qui est actuellement sur le marché est simple : ce tableau a un prix faramineux, mais il ne peut avoir de valeur d'échange, car Van Gogh est mort, la production de tableau de 1890 a cessé, et si quelqu'un se mettait à produire des tableaux semblables à ceux de Van Gogh pour lui faire concurrence, ces tableaux seraient sur un autre marché. Et on peut même dire (ce n'est pas une remarque anodine) que cette personne ne serait pas un artiste.
Je répète donc qu'il est indispensable de restreindre la question : l'oeuvre d'art, AU MOMENT OU ELLE EST PRODUITE EN VUE DE L'ECHANGE et échangée, a-t-elle oui ou non une valeur d'échange ?