On en a pas fini avec les Etats généraux…
Des Etats généraux, mais européens (en attendant les Etats généraux galactiques)
Entre deux Etats généraux franchouillards sur le mouvement social, que faire ? en faire un autre, mais européen. C'est l'appel qui est lancé fin avril 2000, à l'initiative de Pierre Bourdieu, qui est décidément partout (à croire qu'un soir de décembre 1995, en rendant visite aux cheminots en grève, il en a profité pour chourrer une mobylette).
On a droit ainsi, à un "Manifeste pour des états généraux du mouvement social européen" (Texte collectif du 1er mai 2000). On y dit qu'il faut rassembler « d’abord à l’échelle européenne, les collectifs concernés, syndicats et associations, dans un réseau organisé, dont la forme est à inventer. » On peut noter que les bougres ont de l'ambition, et que l'échelle européenne n'est qu'un début. On peut aussi noter que tout est (encore une fois) toujours en devenir, exemple : le réseau, qu'il va falloir inventer. Gageons que les américains seront sur Mars avant.
Pour les exclus, on exclue la classe ouvrière ?
On trouve dans ce Manifeste une définition des mouvements du mouvement social : « Ces mouvements, malgré toutes leurs différences, voire leurs différents, ont en commun, entre autres choses, de prendre la défense de tous les laissés-pour-compte de la politique néo-libérale et, du même coup, les problèmes laissés pour compte par cette politique. »
On notera (on note beaucoup, foutre-Dieu !) que ça a dérivé l'histoire : le "mouvement social" ne concerne plus que les exclus. Ça doit avoir du sens, ça.
Bourdieu, encore
Comme le manifeste ne suffit pas, et qu'il est collectif, Bourdieu signe donc lui même un texte : "Les objectifs d’un mouvement social européen". Il y fustige à juste raison les bureaucraties syndicales qui « participent à la redistribution de la richesse et garantissent le compromis social en évitant les ruptures et les affrontements » et les hiérarques syndicaux « convertis en gestionnaires éloignés des préoccupations de leurs mandants et en garants de la paix sociale. » Mais il n'oublie pas son dada : « Différents par leur formation et leur trajectoire sociale, et aussi par toutes leurs habitudes de pensée et d’action, les chercheurs (souvent internationaux) et les militants (presque toujours nationaux) doivent apprendre à travailler ensemble. »
Mouaih… merci pour le p'tit joueur, p'tit militant national que je suis, je le confesse : je n'ai jamais été plus au sud que la Corse, plus au nord qu'en Belgique. Ah si, je suis allé à Cologne, en mai 1999, aux "Marches européennes contre le chômage". 35.000 manifestants de tous les pays possibles ont défilé (encadrés par 15.000 policiers en habit vert, chiffre exact !). Et encore si, à l'époque, on avait connu les chercheurs (internationaux), j'vous raconte pas ! Et si le réseau avait été inventé, alors là, délire !
Souriez, j'en ai fini pour ce soir
Alors, ça en est où, aujourd'hui, tout ça ? Est ce que "On" a continué ? Est-ce que ça valait vraiment le coup d'y voir de farouches opposants ? Ça arrangeait qui d'attribuer une portée quelconque à ces causeries ?
« Mettez-vous à genoux, priez et implorez. Faites semblant de croire, et bientôt vous croirez. » Pascal (Blaise).
Quittons ces hauteurs intellectuelles stratosphériques, et revenons au "mouvement social", aux militants. Car, comme le fait remarquer LouisChristianRené, derrière la vitrine médiatique, y'a des gens – oui, des militants qui ne sont pas forcément dans les Etats généraux, mais qui sont dans l'état généreux de ceux qui luttent.
« n'empeche que le terme de "mouvement social" a du sens ! Et pas seulement celui d'une mode passagére ! Il s'agit aussi d'un véritable phénomène social ! » (LouisChristianRené).
Alors, allons-y, revenons à la réalité, et à ce forum, et aux choses qui s'y sont dites, mais demain – ça ira pour ce soir.
PS : en parlant de stratosphère intellectuelle, pour ce qui est des intellectuels, j'me fais du souci pour leur couche d'ozone, elle semble bien entamée…