Notion de mouvement social

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Cyrano » 23 Fév 2004, 23:48

On en a pas fini avec les Etats généraux…
Des Etats généraux, mais européens (en attendant les Etats généraux galactiques)
Entre deux Etats généraux franchouillards sur le mouvement social, que faire ? en faire un autre, mais européen. C'est l'appel qui est lancé fin avril 2000, à l'initiative de Pierre Bourdieu, qui est décidément partout (à croire qu'un soir de décembre 1995, en rendant visite aux cheminots en grève, il en a profité pour chourrer une mobylette).
On a droit ainsi, à un "Manifeste pour des états généraux du mouvement social européen" (Texte collectif du 1er mai 2000). On y dit qu'il faut rassembler « d’abord à l’échelle européenne, les collectifs concernés, syndicats et associations, dans un réseau organisé, dont la forme est à inventer. » On peut noter que les bougres ont de l'ambition, et que l'échelle européenne n'est qu'un début. On peut aussi noter que tout est (encore une fois) toujours en devenir, exemple : le réseau, qu'il va falloir inventer. Gageons que les américains seront sur Mars avant.
Pour les exclus, on exclue la classe ouvrière ?
On trouve dans ce Manifeste une définition des mouvements du mouvement social : « Ces mouvements, malgré toutes leurs différences, voire leurs différents, ont en commun, entre autres choses, de prendre la défense de tous les laissés-pour-compte de la politique néo-libérale et, du même coup, les problèmes laissés pour compte par cette politique. »
On notera (on note beaucoup, foutre-Dieu !) que ça a dérivé l'histoire : le "mouvement social" ne concerne plus que les exclus. Ça doit avoir du sens, ça.
Bourdieu, encore
Comme le manifeste ne suffit pas, et qu'il est collectif, Bourdieu signe donc lui même un texte : "Les objectifs d’un mouvement social européen". Il y fustige à juste raison les bureaucraties syndicales qui « participent à la redistribution de la richesse et garantissent le compromis social en évitant les ruptures et les affrontements » et les hiérarques syndicaux « convertis en gestionnaires éloignés des préoccupations de leurs mandants et en garants de la paix sociale. » Mais il n'oublie pas son dada : « Différents par leur formation et leur trajectoire sociale, et aussi par toutes leurs habitudes de pensée et d’action, les chercheurs (souvent internationaux) et les militants (presque toujours nationaux) doivent apprendre à travailler ensemble. »
Mouaih… merci pour le p'tit joueur, p'tit militant national que je suis, je le confesse : je n'ai jamais été plus au sud que la Corse, plus au nord qu'en Belgique. Ah si, je suis allé à Cologne, en mai 1999, aux "Marches européennes contre le chômage". 35.000 manifestants de tous les pays possibles ont défilé (encadrés par 15.000 policiers en habit vert, chiffre exact !). Et encore si, à l'époque, on avait connu les chercheurs (internationaux), j'vous raconte pas ! Et si le réseau avait été inventé, alors là, délire !
Souriez, j'en ai fini pour ce soir
Alors, ça en est où, aujourd'hui, tout ça ? Est ce que "On" a continué ? Est-ce que ça valait vraiment le coup d'y voir de farouches opposants ? Ça arrangeait qui d'attribuer une portée quelconque à ces causeries ?
« Mettez-vous à genoux, priez et implorez. Faites semblant de croire, et bientôt vous croirez. » Pascal (Blaise).
Quittons ces hauteurs intellectuelles stratosphériques, et revenons au "mouvement social", aux militants. Car, comme le fait remarquer LouisChristianRené, derrière la vitrine médiatique, y'a des gens – oui, des militants qui ne sont pas forcément dans les Etats généraux, mais qui sont dans l'état généreux de ceux qui luttent.
« n'empeche que le terme de "mouvement social" a du sens ! Et pas seulement celui d'une mode passagére ! Il s'agit aussi d'un véritable phénomène social ! » (LouisChristianRené).
Alors, allons-y, revenons à la réalité, et à ce forum, et aux choses qui s'y sont dites, mais demain – ça ira pour ce soir.
PS : en parlant de stratosphère intellectuelle, pour ce qui est des intellectuels, j'me fais du souci pour leur couche d'ozone, elle semble bien entamée…
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 26 Fév 2004, 08:22

Zut de zut ! Je n'ai pas eu le loisir de taper la suite de ce que je voulais dire sur le mouvement social. Merci à ceux qui ont apprécié mon babil sur le sujet. La suite viendra ce soir, normalement, si Dieu le veut, j'aurai le temps. Je n'ai vu qu'hier soir le débat de France-Europe-Express.
Bien sûr Lucien, comme toi, j'ai remarqué que le mouvement social était encore présent dans le débat de mardi soir.
Marie Georges Buffet : elle rappelle qu'elle co-anime sa liste avec une responsable d'un mouvement de chômeurs, une liste construite « avec l'ensemble du mouvement social et le Parti communiste. »
Jean Michel Bliar (France-Info) : « Le mouvement social n'a pas réussi à faire reculer la réforme des retraites. »
Serge July (Libération) à M.G. Buffet : « Vous avez défendu une liste autonome mouvementiste, pour parler jargon. » « Je n'ai pas l'impression qu'Alain Bocquet fasse vraiment dans le mouvement social (avec le DAL, etc.) »
On a tout, en une seule émission de télé : le "mouvement social", ceux qu'on nomme les exclus (chômeurs, DAL, et tutti quanti) ; le mouvement social au sens commun (lutte sociale contre un projet de retraite) ; la dérive jargoneuse des termes (une liste mouvementiste).
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 26 Fév 2004, 11:20

Y'avait qu'à voir France-Europe-Express pour se demander : « dis papa, c'est koi le mouvemen sossial, là, dont ils parlent les dames et les monsieux ? »
Ce ne sont pas les grèves de 1995 qui créent le mouvement social, ça se coltinait avant. Le mouvement social (sans guillemets) de l'automne 1995 draine le soutien d'intellectuels, groupes, qui s'expriment dans les médias : un sens spécifique du terme apparaît fin décembre 1995, pour être avalisé dès février 1996 par des appels à des Etats généraux du mouvement social. Très rapidement, le terme "mouvement social" va prendre un sens particulier à partir de la réalité concrète de luttes concernant principalement les exclus – au banquet de la vie, infortunés convives…
Mouvement social d'en haut, mouvement social d'en bas
Les Etats généraux du mouvement social, qui se proclament eux-mêmes Etats généraux, c'est une chose. La réalité sociale du mouvement qui fournit aux Etats généraux la base de leur bluff récupérateur, en est une autre.
J'ai déjà rappelé la création, dans les années 1980-90 des divers groupes les plus visibles de ce qu'on va appeler le mouvement social : chômeurs, sans papiers, sans logement, bref : le mouvement des "sans" (pas les "sans terre", là, c'est ailleurs). J'ai aussi rappelé quelques actions de ces groupes : manifs ou marches des chômeurs (1985, 1994), occupations de logements (de 1990 à 1995), l'ahurissant parcours parisien des sans-papiers en 1996 (qui trouvera écho dans quelques villes : Lille, Lyon, etc.). On pourrait rappeler aussi moult évènements publics qui précèdent l'année 1996 (année où prend forme le label "mouvement social"), par exemple : la participation non négligeable des chômeurs avec la banderole de leur association au 1er mai 1992, à Paris ; le rassemblement imposant devant l'Opéra de Paris, le 1er mai 1993 ; le rassemblement de mars 1995 qui regroupe près d'un milliers de chômeurs (je parlerai plus loin des marches européennes contre le chômage, confluence du mouvement social et des anti-mondialisation). Il ne faut pas bien sûr oublier le mouvement de chômeurs de l'hiver 1997-98 (avec occupations d'antennes Assedic, manifs locales et parisiennes qui ne furent pas ridicules) qui fut certainement le plus important, pour ce qui concerne strictement, ce qui fut nommé le mouvement social.
Il va de soi, mais ça va mieux en le disant : il a fallu une sacrée énergie, une sacrée volonté, une sacrée persévérance pour organiser ces mouvements. Car il n'y a pas que la "société du spectacle", y'a aussi les actions pour la gratuité des transports, pour la "prime de Noël", etc. « La société capitaliste repose sur tant d'injustices, tant de barbarie dans bien des domaines qu'elle peut engendrer des réactions de révolte, des revendications de bien des catégories de la population dans tous les domaines de la vie sociale. Et elle peut susciter bien des vocations militantes chez des gens qui se consacrent à ces luttes particulières. C'est évidemment fort heureux. » (Lutte Ouvrière -Lutte de Classe, N°37, Sept.-Oct. 1998 – Texte de la Fraction).
Il va de soi aussi qu'ironiser sur ceux qui glosent sur le mouvement social, ce n'est en aucune façon ironiser sur le mouvement social d'en bas et sur ceux qui sont les animateurs de ces luttes.
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 26 Fév 2004, 11:25

Minoritaires ?
Durant le mouvement de chômeurs de l'hiver 1997-98 Aubry et Jospin ont clamé que c'était minoritaire, et ils envoyé la police déloger les chômeurs à coups de triques. Et ils avaient raison : les chômeurs étaient minoritaires… par rapport au nombre de flics, y'avait pas photo. Evidemment que tous ces mouvements sont "minoritaires", la bonne blague ! D'ailleurs ce constat valoriserait plutôt la pugnacité des militants de ce mouvement.
Le DAL se fait connaître en 1990 en organisant des occupations d'immeubles vacants. La mise en place du squat du quai de la Gare se fait avec une centaine de personnes, dont une vingtaine militants. Le mouvement des sans-papiers de 1996 regroupe selon les lieux entre 250 et 300 personnes, et une poignée de militants – Emmanuelle Béart en faisait partie, après tout.
Combien seront les chômeurs qui occuperont les antennes Assedic ? Guère plus de 3.000 ? Un peu plus ? un peu moins ? Et combien de militants (ceux qui ont préparés ce mouvement ou qui se sont révélés dans le mouvement) ?
A son Congrès de février 1999, l'association de chômeurs APEIS pouvait décompter 250 délégués venus de diverses régions de France, c'est à dire : une cinquantaine de militants représentants la réelle force d'encadrement sur laquelle pouvaient compter l'APEIS. On peut supposer que si AC! ou le MNCP avait fait de même, on aurait eu grosso modo la même chose (à son dernier Congrès, l'APEIS ne comptait plus que 90 participants, et encore, péniblement).
Lorsque le PARE est voté à l'Assemblée nationale, les 3 associations de chômeurs ont réuni difficilement 200 chômeuses, chômeurs près du Palais-Bourbon (autant dire que le nombre de policiers était bien supérieur) : c'est le MNCP qui était le mieux représenté, puis AC! et enfin, l'APEIS n'était présente que par ses salariés ou emploi-jeunes, et par une demi-douzaine de militants de province.
J'oublie la Conf ', le mouvement social, version rural. « La gauche "mouvementiste" soutient la Confédération paysanne » (Le Monde, 22 Août 1999). Dans mon département il doit y avoir moins de 30 adhérents (dont une douzaine actifs et particulièrement sympathiques).
Ces mouvements ne sont pas implantés partout, loin s'en faut ! de nombreux départements existent ou y'a pas d'assoc' de chômeurs, pas d'organisation de sans-papiers, ou nobody du DAL, etc. Je trouve que l'article « Apolitisme et mouvement social » (Lutte de Classe, N°37, Sept.-Oct. 1998) analyse très bien la réalité sociale du mouvement. « La force du marxisme – disait le Vieux – c'est qu'il sait voir la réalité. »
Le Hot d'or du mouvement social est attribué à…
Mais où est donc cette gauche mouvementiste ? Lorsqu'on dit d'un phénomène que ça devient un phénomène "social", c'est que ça prend une certaine ampleur, enfin, moi, je comprends comme ça. En suivant le même procédé, on pourrait faire des échangistes un "mouvement social" ? – pasque là, y'a du mouvement, et c'est très, très social. Ne riez pas ! Dans Le Monde ou Libé du 19 août 98 (j'ai pas noté le journal, quel con !) on peut lire le titre : « Politique sexuelle et mouvement social» – où ça va se nicher quand même ! et donc, « [...] Le 13 juin, le journaliste et écrivain Didier Eribon, qui déplore qu'Irène Théry, dans son rapport remis à Elisabeth Guigou, ministre de la justice, ne reconnaisse aux homosexuels que le droit au concubinage, organisait, à l'Ecole normale supérieure, un colloque intitulé : "Politique sexuelle et mouvement social", auquel participait le sociologue Pierre Bourdieu. » Non ? C'est pas vrai ? Encore Bourdieu ? Il est venu présenter son concept "habitus" ? mais alors, "dominé" ou "dominant" ?
Une remarque
Je n'ai pas la collection des hebdos "Lutte Ouvrière" ou "Rouge", j'ai honte : je le reconnais, ça me sert parfois à récupérer les épluchures de pomme de terre – humble destinée de la presse révolutionnaire. De la revue "Lutte de Classe", la revue mensuelle de Lutte Ouvrière, je retiens trois articles qui décrivent la lutte des sans-papiers ou des chômeurs :
Et un, et deux, et trois : « Tribune : La lutte des immigrés sans papiers, un combat de la classe ouvrière » (Lutte de Classe, N°22, Sept.-Oct. 1996 – texte de la Fraction), « Tribune : La révolte des chômeurs » (Lutte de Classe, N°33, Mars 1998. – texte de la Fraction), « Tribune : Des coups de hache de Saint-Bernard à l'expulsion de la Bourse du Travail de Lille : comment la gauche a floué les sans-papiers » (Lutte de Classe, N°52, Eté 2000 – texte de la Fraction).
Et je retiens deux articles généraux : « Apolitisme et mouvement social » (Lutte de Classe, N°37, Sept.-Oct. 1998), « Le remplacement des ouvriers par les exclus dans l'idéologie réformiste (et gauchiste) » (Lutte de Classe, N°57, Mars-Avril 2001).
Comme je ne sais pas comment se décide ki écrit koi, je ne sais pas si c'est intéressant de noter que ce n'est pas la majo de LO qui se donne la peine d'écrire sur deux luttes très remarquées (sans-papiers et chômeurs) ? Ce serait peut être intéressant de lire ce qui s'écrivait dans les hebdos sur les revendications des chômeurs en décembre 1997, et ensuite, avec l'ampleur et l'écho trouvé par cette lutte dans les médias et la population, ce qui s'écrivit en janvier et février 1998.
Agglomération
[excusez moi, le téléphone… Zut ! Changement de programme, je travaille cet après midi – ne craignez rien : c'est cool].
Je voulais parler des cercles de militants, des cercles de soutien qui s'agglomèrent autour de ces mouvements – et qui regroupe un sacré paquet de personnes. Après tout, ATTAC a rempli le Zénith, tout comme LO pour la dernière présidentielle.
Bon, je n'ai plus le temps. Alors je rajoute ce que j'avais préparé sur les Marches européennes.
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 26 Fév 2004, 11:30

Des appels à la pelle
A la fin de l'année 1993, AC! (Agir ensemble contre le Chômage) se constitue. Christophe Aguiton en sera l'animateur le plus connu. AC! Organise des marches contre le chômage en avril 1994. Depuis 5 villes, les marcheurs vont migrer vers Paris, en recevant le soutien local des syndicats et des municipalités de gauche. Une manifestation nationale de plusieurs milliers de personnes (ce n'est pas rien !) va conclure ces marches.
En avril 1996, AC ! (Agir ensemble contre le Chômage) publie un texte appelant à des "Marches européennes contre le chômage". Christophe Aguiton signe le texte.
La « motivation principale » de cet appel est qu'au niveau européen, « la question de l'emploi est celle qui fédére le plus. » Les syndicats ayant des divergences sur les luttes à mener contre le chômage, on a donc « toutes les difficultés à mettre en oeuvre un programme revendicatif commun. » Alors, « Une solution pourrait être de faire, au niveau européen, un texte radical sur la dénonciation du chômage et de ses conséquences. » Ensuite, il faudrait « une mobilisation qui marque les esprits, une action de très haut niveau. » Ça permettrait de « créer un choc, remuer les consciences ».
Les marches contre le chômage de 1994, en France, ont (selon Christophe Aguiton), marqué le début d'un grand mouvement de chômeurs « avec une alchimie particulière : l'alliance étroite des chômeurs et des salariés… », chouette ! n'est ce pas ! mais la suite de la phrase refroidit : « …par le biais des syndicats qui participent à AC! »
Nos valeureux guerriers vont se transporter au gré des Conférences intergouvernementales europénnes. C'est du marquage à la culotte, ça ! Ainsi, en 1996, on a droit d'abord à l'appel de Turin : "Appel européen pour une initiative de grande ampleur contre le chômage", puis à l'appel de Florence : "Pour une marche européenne contre le chômage, la précarité et les exclusions". Ces appels sont signés par des groupes français ou européens : des associations de chômeurs ou autres et par des syndicats.
D'Amsterdam, de Cologne, chômeuses et chômeurs partaient
Les marches vont s'ébranler enfin. Organiser de tels machins à l'échelle européenne ne doit pas être une mince affaire (les chiffres fournis semblent un tantinet exagérés – j'étais à Cologne, je sais).
Juillet 1997, 50.000 personnes manifestent à Amsterdam. Les organisateurs déclarent : « "Un emploi, c'est un droit, un revenu, c'est un dû", ce mot d'ordre a retenti dans toute l'Europe. Le silence était enfin rompu. ». Mai 99, La manifestation européenne à Cologne réunit 40.000 personnes. Puis aussi Barcelone, Bruxelles, et de nombreuses autres conférences, initiatives ou appels. Le mouvement des marches européennes étant à la fois dans le mouvement social et dans la mouvance alter-mondialiste. La participation à un rassemblement se réduisant parfois à la tenue d'un stand.
Retour sur Cologne
C'est une manif (en mai 1999) qui regroupe presque 40.000 personnes selon les organisateurs. Il y à peine 150 personnes de l'association de chômeurs APEIS, un peu plus pour AC! Les chômeurs de l'APEIS sont arrivés en retard à Cologne, même la queue de la manif était en marche. Il sont remonté la manif jusqu'à son début. Alors, en 3/4 d'heure, remonter 40.000 personnes…
Après la manif, se sont tenues trois séances de ce qui fut appelé pompeusement le Parlement européen des chômeurs. C'est à dire, benoitement, environ une centaines de militant-e-s de d'Allemagne, de France, d'Espagne, de Belgique, de Hollande, etc. Les chômeuses, chômeurs, eux, avaient repris les cars.
« J'suis pas plus con qu'un autre » (titre d'un bouquin d'Henry Miller)
Je suppose qu'on peut sur ce forum appeler un chat, un chat ?
Dans l'appel aux Marches europénnes de 1996, je lis que puisque on a des difficultés à mettre en œuvre un programme de revendications communes, alors, on va faire « un texte radical » Bon, donc, puisque on peut rien faire, on va faire un bout de papier, mais d'autant plus musclé qu'on ne peut le mettre en application. Ensuite, grâce à ce bout de papier, on va faire une « une mobilisation qui marque les esprits », et ainsi ça va « créer un choc, remuer les consciences »… Ça n'a pas du remuer beaucoup de consciences… Peut-être dans les Etats généraux ?… (c'est encore, toujours la lutte exemplaire ?… les masses se réveilleront… les masses suivront…)
Après les marches (françaises) de chômeurs de 1994, Christophe Aguiton nous dit que c'est le début d'une « alchimie particulière », le début de l'alliance chômeurs-salariés. On peut s'en réjouir ? Hélas… « …par le biais des syndicats qui participent à AC! » Effectivement, c'est de l'alchimie : on nous fourgue de l'or « alliance étroite des chômeurs et des salariés », mais ce n'est que du plomb : « par le biais des syndicats »… Bref : 3 ou 4 militants d'AC! ont causé avec 3 ou 4 syndicalistes… Y'a quand même un tour de passe-passe, là ! Je regrette, un type qui écrit de telles billevesées, pour moi, c'est un charlatan !
Après la manif à Amsterdam, en 1997, les organisateurs, parlant de leur mot d'ordre contre le chômage, écrivaient que « Le silence était enfin rompu. » En 1997… Les mouvements de chômeurs franchouillards n'avaient pas rompu le silence… « Mais là, alors là… » (Miou-Miou, dans "Les valseuses"), mais là, chaque antenne Assédic, chaque agence ANPE ne bruissaient que d'un cri : le silence est rompu, turlutu (bon, moi, distrait, j'ai rien entendu, mais ça ne prouve rien).
Et une Working-pride, c'est pour quand ?
« Pour l'unité dans l'action des mouvements sociaux européens
Nous proposons que s'ouvre un processus conduisant à une convergence des mouvements sociaux européens, des forces syndicales de salariés et de paysans, des mouvements de chômeurs, de précaires, de mal logés, des mouvements qui s'opposent à la globalisation libérale, des mouvements de femmes, de jeunes, d'étudiants, des mouvements issus de l'immigration, de soutien aux Sans papier, de lutte contre le racisme, contre le fascisme, des mouvements luttant pour l'environnement, des antimilitaristes, des mouvements pour la Paix et contre la militarisation de l'Union européenne, des associations luttant pour les Droits de tous types, ainsi que les réseaux de réflexion où travaillent ensemble chercheurs et acteurs des mouvements sociaux. [...]
» (Appel des Marches européennes, Bruxelles, 22 avril 2001).
La seule allusion allusive à la classe ouvrière, c'est peut être quand on nomme les « salariés » ? et encore, oh ! les « forces syndicales de salariés »… Vu l'état du syndicalisme parmi la classe ouvrière, on est tranquille, les prolos vont pas venir nous emmerder ! Mais je comprends… Franchement… une working-Pride, ce serait d'un chiant…
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 27 Fév 2004, 18:22

Donc, tu disais Daisy, que pour Alain Touraine, par exemple : « le fait de lutter contre la domination masculine entrainait une remise en cause de la société organisée de manière phalocratique. »
Mais tu sais bien que c'est pas pareil, maintenant… Quoique… Fadela Amara, dans le bouquin "Ni pute ne soumise", nous livre le témoignage de Myriam, une étudiante, qui dit :« Aujourd'hui, non seulement je me dis féministe mais en plus je pense qu'à travers ce mouvement on peut y compris régler des problèmes sociaux » (pg 117). Certes, ce n'est pas affirmé dans les mêmes termes, et il serait nécessaire de vérifier ce que la jeune Myriam veut vraiment dire, mais l'idée générale y est, une illusion largement répandue.
Tous ensemble ! Nous d'abord !
Ce que j'ai aussi remarqué dans les composantes de ce qui s'est agrégé au mouvements social, c'est un « Tous ensemble ! Nous d'abord ! ».
« Les chômeurs, c'est l'avant-garde. » (interview de Gérard Paris-Clavel – de l'association "Ne pas plier" qui s'occupe du journal Existence de l'APEIS – à une manif parisienne en mai 1999). Le chômage pose la question de la relation au travail, des licenciements, du capitalisme, du big-bang, etc.
« On ne réglera pas les problèmes de la société si on ne règle pas en priorité absolue les questions posées par l'existence des 15 % ou 20 % de la population exclus du droit au travail. » (Philippe Villechalane, président national de l'APEIS, à une table ronde organisée par le PCF, Humanité, 25 janv. 2000).
« Nous vous apportons le salut solidaire de ceux qui sont exlus parmi les exclus. » (le représentant des sans-papier au congrès de l'APEIS, en 1999).
Chaque groupe revendique ainsi le statut de victime prioritaire : « Le chômage est la plus grande violence faite à l'homme. » (quoique, une femme violée par une brute avinée, c'est pas mal non plus…) « Les femmes sont les premières victimes de la précarité. » donc, logique, il faut résoudre en priorité la situation de ces premières victimes. « Disposer d'un toit, c'est la priorité des priorité pour une existence sociale. » Etc. Etc.
Mais cette façon de dire n'est qu'une nuance, ou plutôt une variante de ce que disait Daisy – après tout, la dialectique nous sert aussi à voir sous la diversité (parfois trompeuse) de la manifestation de la réalité, les processus réels à l'œuvre. Sinon, bien sûr, tout est toujours nouveau, différent, complexe…
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 27 Fév 2004, 18:29

C'est nouveau, ça vient de sortir, oui ! mais y'a 40 ans…
Oui… J'ai changé d'ordinateur et ma disquette où y'avait des textes d'Alain Touraine, de Weber, etc. est illisible.
Je te suis gré, Daisy, de rappeler avec pertinence les notions qu'avançait Alain Touraine. Je te trouve un tantinet vacharde de rappeler le concept de « sociologie participative »… Ça ressemble un peu à du Bourdieu : « Les chercheurs (souvent internationaux) et les militants (presque toujours nationaux) doivent apprendre à travailler ensemble. » etc. C'est-y que Bourdieu aurait ressorti une vieille Lune ? Je serais vraiment déçu – je voyais en Boudieu un Trotsky d'aujourd'hui, mais en mieux évidemment, me serais-je trompé ?
Les années 70… et un peu avant même. Dans "Action collective et mouvements sociaux" (F. Dubet, PUF, 1993), on trouve ça :
« Le thème des "nouveaux mouvements sociaux" émerge au milieu des années 60 au moment où le mouvement ouvrier qui était situé au cœur de la société industrielle ne semble plus avoir le monopole des grandes mobilisations sociales. Il désigne alors les objets les plus divers, du moment qu'il se distingue de la figure classique du mouvement ouvrier : mouvements noirs et luttes étudiantes aux Etats-Unis et, partout, mouvements écologistes, féministes, régionalistes, pacifistes. Ces mouvements ne concernent plus directement les problèmes de la production et de l'économie, il se situent dans le champ de la culture, de la ville, des valeurs, et paraissent bousculer les formes classiques de gestion du conflit et de la représentation politique ; ils mettent aussi en scène de nouveaux acteurs comme les "minorités", les femmes, les jeunes, les classes moyennes fortement scolarisées. »
– à remarquer : on est en 1993 ! Ce n'est pas a posteriori que c'est écrit, l'auteur de ce texte ignore com-plè-te-ment le retour d"un "mouvement social", ça n'en donne que plus de crédibilité à son analyse. Deux ans plus tard, ça va émerger une nouvelle fois (ça fluctuat, mais je me demande si ça mergitur pas un peu maintenant).
Et puisque on y est : on pourrait mettre en parallèle « Non à la société de consommation » et « Non à la marchandisation du monde ». Un des mots d'ordre était porté par les "contestataires", l'autre l'est par les "alter-mondialistes". On peut s'intéresser au « nouvel internationalisme » et se souvenir de Rudi le Rouge, des Zengakuren, of course de mai 68, des étudiants de Mexico, des campus américains, etc. etc.
Travailleuses, travailleurs, on vous ment, on vous exp'oite !
Le bouquin d'Arlette Laguiller, "Paroles de prolétaires" (paru en 1999) était sous-titré : « Réponses des travailleurs eux-mêmes à ceux qui prétendent que la classe ouvrière n'existe plus. » Une classe complète qui disparaît, c'est encore plus fort que l'évaporation de la Grande armée revenant de Moscou fumant.
Dans les années 1960, on ne prétendait pas qu'elle avait disparu… mais le processus revenait au même :
« Nous [les communistes] étions calés sur le dos du prolétaire. [...] Nous chevauchions un animal qui s'est évaporé. Telle était la taille du gâteau que le prolétariat en a eu les miettes. Dans les pays occidentaux, le niveau de vie s'est mis à croître en dépit de la plus-value. [...] Le mouvement ouvrier a acheté des frigos à crédit, des engins à moteur et des appartements. [...] L'économie capitaliste s'est fortifiée dans une expansion dont rien ne permet de pronostiquer le terme.
Et le cheval s'est dépolitisé. [...] La machine à laver est plus forte qu'un tract écrit avec du sang. La très belle phrase "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous" ne résiste plus à une cuisine en formica.
» (Raymond Borde. "L'extricable". Le terrain vague, Eric Losfeld, 1964).
« [On constate] la dépolitisation et la privatisation profonde de la société moderne ; la transformation accélérée des ouvriers en employés, avec les conséquences qui en découlent au niveau des luttes dans la production, le brouillage des contours des classes, qui rend de plus en plus problématique la coïncidence d'objectifs économiques et politiques, [...] l'impossibilité d'une réaction collective positive contre l'aliénation de la société moderne. » (Revue "Socialisme ou Barbarie", Juin 1967).
N'est-il pas piquant de retrouver les notions de dépolitisation, de nouvelle classe ouvrière (basculant dans la classe moyenne), de contours de classe périmés, bref : ce qu'on nous a resservi depuis quelques années (et pour l'un des deux textes, juste un an avant mai 68).
Claude Debons, secrétaire général de la fédération CFDT des Transports, dit 40 ans après :
« On parle de mouvement social là où, il y a deux ou trois décennies, on aurait parlé de mouvement ouvrier. Signe des transformations qui se sont produites et qui font que la classe ouvrière n'a peut-être plus tout à fait la centralité qu'elle avait, avec une capacité à porter un projet libérateur de toute la société. Il y a un changement avec l'émergence des "nouveaux mouvements sociaux", féministes, écologistes, sans-papiers, chômeurs, contre la mondialisation, etc. » (Humanité, 25 janv. 2000).
Sauf qu'il se trompe : il y quelques décennies, on disait comme lui : la classe ouvrière n'était plus censée avoir la centralité, et on galopait derrière un nouveau mouvement social…
Y'a une causerie sur ce forum, sur "la vie et l'intelligence"… Et si on lançait un forum : la vie est elle possible avec uniquement un bulbe rachidien ?
Cyrano
 
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Message par Louis » 27 Fév 2004, 18:37

et pour mettre tout le monde d'accord : l'indispensable :-P article de Rouge !

Le mouvement social en général et le mouvement altermondialiste en particulier font couler beaucoup d'encre. De nombreuses études ont mis en valeur la reconfiguration partielle des modalités de l'engagement militant et les principales caractéristiques du renouveau du conflit social.
Sur le marché des idées politiques, la conflictualité sociale donne lieu à une série de commentaires pour le moins tranchés. Pour les plus réactionnaires, le mouvement social tel qu'il a pu s'exprimer lors des grèves de mai-juin dernier ou lors du dernier Forum social européen (FSE) ne serait finalement que le reflet d'un "chaos ambiant", trouvant sa source dans la démagogie, l'opportunisme, l'irresponsabilité, l'individualisme et le corporatisme; il soulignerait au contraire pour d'autres l'émergence d'une nouvelle force positive de la critique sociale susceptible de relancer la "guerre civile des masses contre le capital monde" (Hardt, Negri, 2000). Aux élucubrations injurieuses dénonçant un "néogauchisme" censé caractériser la critique sociale actuelle, répondent de naïves analyses sur le potentiel contestataire de nouveaux sujets historiques censés offrir, sans que l'on sache trop comment, de "nouvelles potentialités de révolution". Pour comprendre les registres de l'action collective et saisir ce qui se joue au sein des plus récentes mobilisations, on ne peut se contenter d'en rester à ce niveau d'analyse. Car le mouvement social n'a pas plus à voir avec le développement d'un "individualisme apolitique, autocentré, éclectique et confus" (Le Goff, 2004) qu'avec les forces abstraites de "la multitude" - pour aller vite, concept qui, chez Hardt et Negri, entend remplacer celui de peuple ou de classe - dont la réalité concrète et la consistance politique nous échappent quelque peu.
S'il s'agit de relativiser l'aspect "nouveauté" des modes d'engagement qui sont aujourd'hui à la base du "retour de la question sociale", ainsi que la prétendue désuétude des formes d'action collective qui furent historiquement celles du mouvement ouvrier (Béroud, 2003), nombre de recherches (voir la bibliographie ci-dessous) montrent la reconfiguration partielle des modalités de l'engagement militant. Au-delà des traits toujours singuliers qui tiennent aux contextes sociopolitiques, aux acteurs et aux revendications portées par chaque mouvement social, il serait possible de repérer un ensemble de caractéristiques cadrant le renouveau du conflit social.
Un des aspects les plus saillants est sans doute la perte d'influence des formes d'organisation fédérale fondées sur la hiérarchie et le centralisme démocratique. Le modèle d'organisation qui structure de plus en plus le champ contestataire contemporain est celui de collectifs de petite taille, organisés en réseaux, au sein desquels valeurs de sociabilité et identités collectives sont davantage indépendantes les unes des autres. Les bases du rassemblement se renouvellent selon des conceptions plus souples et plus ponctuelles. Le standard d'organisation n'est plus la structure pyramidale organisée en niveaux décisoires clairement identifiés, mais plutôt le collectif ou la coordination qui définissent un lien plus lâche. Il correspond au désir d'un militantisme plus réactif et opérationnel. Depuis le mouvement de contestation de novembre-décembre 1995, puis la "bataille de Seattle", des rapprochements inédits s'esquissent entre organisations protestataires et s'expriment notamment lors des contre-sommets. Libérée d'un horizon de référence qui serait strictement circonscrit au territoire national, la nouvelle critique sociale s'inscrit par exemple plus facilement dans une dynamique supranationale et travaille davantage à la transversalité des luttes.

De nouvelles formes d'engagement

Ces multiples connexions s'accompagnent logiquement d'un autre phénomène : des investissements plus nombreux, plus variés et des militants qui participent à plusieurs causes et collectifs. Le régime d'engagement est celui d'un pluralisme maillé où les affiliations à divers groupes sont génératrices de mixité sociale. Cette reconfiguration structurelle réorganise les rapports des militants aux groupements. Leur légitimité et leur place au sein de l'organisation sont moins liées à un mandat ou à une division stricte du travail militant qu'à la détention de compétences personnelles spécifiques (relations, expertise...) dont ils savent faire usage de façon appropriée. L'engagement militant tend à ne plus être cette "passion organisée et permanente" dont parle Antonio Gramsci mais relève davantage d'un accord ponctuel sur la validité des actions menées.
Les nouveaux modes de contestation remettent ainsi sur le devant de la scène l'individu en tant qu'acteur autonome et singulier, entretenant une certaine défiance vis-à-vis des procédures de représentation et des mécanismes de délégation. Mieux formés et mieux informés, capables quand ils le veulent d'avoir accès à toute l'information utile pour se faire eux-mêmes leur opinion, les acteurs de la nouvelle conflictualité sociale semblent globalement moins disposés à confier cette capacité à une organisation qui les dépasserait dans le cadre d'une délégation durable et globale du pouvoir et du savoir. A cet égard, ils désirent ne pas abandonner le contrôle des analyses et des représentations aux agents des institutions politiques et médiatiques dont les intérêts objectifs ne concordent que rarement avec les leurs. Leur volonté de dire le sens en lieu et place des intermédiaires convenus, de fournir leurs propres cadres d'interprétation et de devenir prescripteur d'opinion s'accommode donc au mieux avec les potentialités offertes par les technologies de l'Internet dont ils ont su se saisir rapidement (Granjon, 2001 ; lire ci-dessous).

Mouvement social et nouvelle force politique anticapitaliste

Les nouvelles radicalités prennent en charge une contestation qui vise pour partie à dénoncer les formes de misère qui correspondent aux structures de domination du capitalisme contemporain. De leur point de vue, elles répondent très certainement aux exigences de la lutte contre l'exclusion et la dégradation des conditions d'existence (délitement du lien social), mais pas frontalement à celles de la lutte contre l'inégalité devant des rapports de production. La critique sociale contemporaine articule des dimensions à la fois morales et politiques et redéfinit l'intervention citoyenne sans nécessairement la lier au principe de lutte des classes, suspecté d'être un cadre d'analyse trop restrictif et qui suppose des allégeances politiques contraires au principe d'autonomie du mouvement social. L'espace actuel de la conflictualité sociale n'est donc pas fondamentalement d'obédience marxiste ou en tout cas ne se pense pas comme tel. Dans l'imaginaire de nombre de militants du mouvement social, le communisme et la Révolution sont des cadres de référence dont l'existence tend à se confondre (à tort) avec le "socialisme réel" et ses dérivés.
La base sociale des luttes et les cadres sociaux de l'action politique se sont élargis. Il faut s'en réjouir mais également en prendre toute la mesure car cela s'accompagne d'une défiance assez marquée à l'égard "d'une grammaire du monde axée sur les classes sociales et l'exploitation" (Sommier, 2003). Longtemps porté par la classe ouvrière, le mouvement social intègre aujourd'hui de "nouveaux" acteurs qu'il faudra également savoir fédérer malgré ce contexte surdéterminé par la crise de la représentation politique, la méfiance des centrales syndicales, le rejet de la forme parti et le dévoiement de l'utopie communiste caractéristique du siècle passé. Marxiste et révolutionnaire, l'inspiration politique de la "nouvelle force politique radicalement anticapitaliste" que la LCR a pour ambition de bâtir devra donc savoir faire face à la dévaluation de ces approches. Elle devra être capable de prendre en compte les différents degrés de radicalité ainsi que la variété des rapports au politique présents au sein du champ contestataire. Enfin, elle aura pour tâche d'organiser le dépassement des particularismes liés à la diversité des acteurs de la conflictualité sociale, de leurs ambitions, de leurs objectifs et de leurs manières de conduire les luttes, qui, sans jamais être totalement contradictoires, s'avèrent parfois inutilement dispersés. Nous ne saurions être plus ambitieux !

Fabien Granjon
Louis
 
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