Bonsoir,
Pour moi les différences sont qu'au lieu d'être esclave à vie, on est esclave intermittent (si t'es plus esclave, tu crèves s'il n'y a pas de filet de protection sociale...), que l'on a la "liberté" de changer d'exploiteur et que la bourgeoisie a la liberté de changer ses esclaves plus souvent (cela devait être possible aussi sous le féodalisme en chassant les trop improductifs). En ce qui concerne les progrès scientifiques, le prolétariat peut en profiter d'une partie parce qu'il était dans la possibilité de mener la lutte de classes pour faire reculer la classe exploitante. Sans recul de la classe exploitante, nous vivrions comme en Russie en 1916, nous n'aurions pas de machines à laver le linge, l'électricité, l'eau courante, la machine à laver le cerveau dite téloche, le téléphone, la voiture, etc. dans la plupart des foyers. Sauf que nous aurions pu profiter de ces progrès sous le féodalisme également. Il y aurait peut-être eu plus de progrès techniques sous le féodalisme (pas de concurrence entre entreprises), où des liens internationaux existaient déjà au sein de la communauté scientifique (au moins au sein de l'Europe).
L'apport de la Révolution française est en majorité politique. Le prolétariat a pu notamment obtenir le droit de s'organiser, la liberté de presse et le droit de grève. Le fait de s'addresser non plus à un seul exploiteur l'Etat mais à deux exploiteurs (L'Etat et le Capital) n'a pas changé énormément les choses lorsque l'on sait que le patronat n'hésitait pas à recourir à la force de manière directe (il le fait aujourd'hui de manière plus indirecte en ayant recours à l'Etat bien qu'il ait aussi ses milices privées) comme le faisait les seigneurs locaux. Le progrès obtenu lors du passage du féodalisme au capitalisme privé (féodalisme et capitalisme/socialisme d'Etat, c'est du pareil au même) est donc à mon sens politique et non économique. Et par conséquent, pour moi, Karl Marx se plante (ou alors c'est moi qui me plante) lorsqu'il fait l'hypothèse que les conditions économiques régulent les conditions et la pensée politiques (sinon comment expliquer le règne d'Hitler qui sont un retour aux conditions politiques du féodalisme ?).
(DAISY @ mercredi 18 février 2004 à 18:21 a écrit :Pour développer la production, il a bien fallut libérer les forces productives du carcan de l'ancienne organisation sociale, non ? Quand 90 % de la population est occupée à labourer les terres, à les cultiver et/ou à élever du bétail, où trouve-t-on les forces pour construire des chemins de fer, produire des biens en quantité suffisante pour satisfaire tous les besoins (besoins biologiques et sociaux) de la population, faire de la recherche scientifique ?
Je pense que la monarchie féodale aurait très bien pu attirer des paysans à la ville en leur offrant de meilleures conditions de vie, c'est-à-dire en les appâtant. Le féodalisme aurait donc très bien pu satisfaire tous les besoins de la classe exploitante. L'Etat féodal aurait même pu instaurer un salaire calculé au rendement de ses esclaves afin d'accroître la production, là n'est donc pas le problème.
Pour conclure, attention donc à ne pas mêler le politique et l'économique, ce qui conduit ensuite à sous-entendre que lorsqu'il y a capitalisme, il y a "démocratie bourgeoise", et que lorsqu'il y a féodalisme, il y a monarchie absolue.
Fraternellement,
Maël