1) La rumeur parle juste de pillards et les gens du village s'arment... et donc ? Y a quoi de révolutionnaire ?
2) je vous dénonce un attentat, une impiété et une profanation le douze courant à huit heures du matin dans l'église paroissiale de ce lieu par
quatre individus domiciliés dans le bourg de cette paroisse, lesquels se sont portés au jour susdit à main armée dans le temple du seigneur pour en arracher de force avec fracas des bancs dont le décret conserve la jouissance (aux particuliers)... De plus ils y ont brisé et enlevé la clôture d'un ôtel et commis par la parole et par action plusieurs autres indécences.."
4 individus ça fait pas des masses sur plusieurs centaines de personnes...
Par contre on peut citer :
a écrit :La tentative de fuite du roi - Varennes
Le 20 juillet 1791 la famille royale prend la route de Metz pour se placer , à la frontière, sous la protection de l'armée. Mais Louis XVI est reconnu à son passage à Varennes, et est ramené à Paris sous escorte. Le député grenoblois Barnave fait partie de cette escorte. Il a pris place dans le carrosse entre le roi, la reine et leurs enfants.
La France est sous le choc. Est-ce la fin de la royauté ? Pas encore. L'Assemblée Constituante est dominée par les modérés. Barnave est l'un de leurs principaux leaders. Ils craignent les excès populaires et veulent arrêter la Révolution. On excuse le roi et on déclare qu'il a été enlevé, ce qui ne trompe personne. L'émeute gronde. Le 17 juillet le maire de Paris institue la loi martiale et fait tirer sur la foule au Champ de Mars.
L'Assemblée a repris la situation en main, mais cela ne durera pas. La crise financière, le chômage dans les villes, l'enrichissement des profiteurs, la pénurie générale, l'augmentation des prix et surtout la disette dans les campagnes entraînent avec de nouveaux troubles, la relance du processus révolutionnaire. En 1792, avec le début de la guerre contre l'Autriche, tout basculera.
Villard de Lans en 1791
Que s'est-il passé à Villard de Lans durant cette période ? Le pays semble calme, 1791 est une année de transition et on a assez à faire avec les problèmes de la commune. Ils ne changent guère; ce sont toujours les soucis financiers, la vérification des comptes présentés par Jullien le notaire *, les impôts à faire rentrer etc... Il y a aussi la démission à la mi-février du secrétaire, Joseph Aimard le fils de l'ancien châtelain, que l'on n'avait pas encore payé. Problème d'argent aussi à l'église où les nouveaux salaires n'ont pas dû, non plus, être versés et où Mr. le curé s'occupe de son jardin. Il le trouve trop petit et s'en plaint à l'assemblée. Mais celle-ci ne veut pas aménager "le rampant" de ce jardin (la pente) en dessous de la cure (l'endroit est resté le même aujourd'hui) *.
Trop passionant la révolution dans les campagnes...
a écrit :Les paysans au fond de leurs campagnes, ceux de Corrençon ou ceux de Valchevrière, ne pouvaient comprendre ni admettre de telles folies. Pourtant le pouvoir des assemblées voulait les contraindre à réformer leurs coutumes. Ainsi voit-on en 1794, le dimanche, le nouveau maire de Villard de Lans, Jean Achard dit le Grenadier, parcourir le bourg à cheval *. Il ne veut voir personne dans les rues ce jour-là et se scandalise de constater que les habitants des hameaux d'alentour ont gardé l'habitude de venir faire leurs courses au Villard le dimanche. Ils doivent maintenant venir le jour du "décadi" qui est le dixième jour de la semaine révolutionnaire, et aller, s'ils le veulent, au Temple de la Raison (l'église). Achard n'a pas beaucoup de succès... Mais n'anticipons pas, nous y reviendrons.
Vive la République citoyens... mais pas trop non plus...
a écrit :Le 27 novembre 1793, le maire Pierre Allard donne avis aux administrateurs du District de Grenoble, qu'il vient de faire "mettre bas deux cloches" et demande où il doit les envoyer. L'année passera, mais elles ne parviendront pas à Grenoble. On apprendra en effet par un compte-rendu du 17 mai 1795, que ces deux cloches, que l'on avait perdues, venaient d'être retrouvées au lieu de Jaume, à Lans, dans le pré de la citoyenne veuve Blanc Gonnet . L'une d'elles était cassée en trente deux morceaux . On peut supposer que des villageois, profitant peut-être de l'incarcération de Allard, avaient récupéré les deux cloches avant leur transport à Grenoble et les avaient cachées sous des bottes de foin.
C'est vrai manquerait plus que les cloches soient fondus pour défendre la nation
a écrit :Dès le début de l'année 1795, on peut suivre, au fil des comptes-rendus, le développement de l'affaire de Corrençon qui sera relatée quelques jours plus tard par le journal à Grenoble. Le conseil a déjà été informé que malgré la fermeture officielle de l'église de Corrençon et de la chapelle de Valchevrière, celles-ci sont aux mains des habitants qui y tiennent des réunions et y chantent des cantiques. A un gendarme venu leur dire que si elles continuaient on ferait murer les portes, les corrençonnaises ont répliqué "...qu'elles chanteraient toutes et quante fois quil leur plairait, et qu'elles empêcheraient bien qu'on fermat leurs églises" .
a écrit :Durant les mois qui suivent cet événement, la situation ne va pas bien tourner pour Jean Achard dit le Grenadier. Lui aussi a voulu être trop révolutionnaire et il se voit rejeté par la population, et aussi par son conseil municipal.
a écrit :Voilà la grande question mise en délibération. Suit une argumentation en quinze points qui ne laisse à Lans aucune chance de garder la direction administrative du canton qu'elle avait depuis le Moyen-Age. Le réquisitoire est implacable :
- La maison commune de Lans est isolée et n'est pas sûre
- Les jours d'assemblée les agents des autres communes ne peuvent, à Lans, manger ensemble dans un même lieu
- L'esprit public est généralement mauvais à Lans
- Les conscrits de Lans qu'ils soient de 1ère, de 2ème ou de 3ème classe, ne regagnent pas leurs drapeaux. On est obligé pour les enrôler de faire appel à la force armée. De plus les Lantiers incitent perfidement à la désertion les conscrits des autres communes
- Deux arbres de la Liberté ont été coupés à Lans en l'an 5 et en l'an 7 sans que l'on puisse découvrir les auteurs de ces délits
- Le culte exercé par des ministres soumis aux lois a été troublé et il existe à ce sujet une procédure au tribunal correctionnel (conflit prêtres assermentés et réfractaires )
- La gendarmerie nationale a été maltraitée et a abandonné les poursuites qu'elle était chargée d'effectuer. Depuis elle refuse de faire des patrouilles pour arrêter les gens sans aveu et les déserteurs, et elle ne paraît jamais aux fêtes nationales
- Il a été impossible de trouver à Lans un citoyen qui accepte d'assumer le rôle d'agent communal
- Enfin il est revenu à l'administration que l'adjoint de Lans se permettait de rire en lisant les lois et arrêtés officiels et qu'aussi on se moquait souvent de lui à cette occasion...
" Considérant que les autres établissements publics tels que le bureau d'enregistrement, le tribunal de pays et plusieurs foires sont fixés dans la communauté de Villard,
que le Villard par son étendue et sa population qui est double des autres communes a toujours été reconnu dans l'ancien régime pour Bourg et...(que la décision de tenir à Villard les institutions précédentes) est une preuve qu'il n'est pas possible de les tenir dans une commune (comme Lans) qui serait déjà devenue le noyau d'une autre Vendée sans le bon esprit des habitants des autres sections du canton...
l'Administration par tous ces motifs ... etc..."
Les vendéens étaient réputés pour respecter les lois de la république...
Et pour des gens prêt à renverser l'ancien régime ils se montrent bien prompts à garder les hommes qui la dirigent, à part quand l'administration grenobloise impose un maire révolutionnaire, je trouve que la famille Aimard (le chatelain) revient bien souvent au pouvoir non ?
A noter que Joseph Aymard reste un des grands propriètaires du coin au moins jusqu'à l'empire...
Je vous rassure dans le village de mon enfance beaucoup plus au Nord il s'est passé à peu près la même chose :hinhin: