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Message Publié : 07 Mars 2004, 21:12
par lavana
Cyrano. Je ne suis pas certain d'avoir bien compris ta remarque sur la "remarque qui porte sens". Mais comme elle ne s'adressait pas à moi, peu importe.

Je voulais revenir sur le livre de Steiner : "Treblinka". Je l'avais lu et apprécié puis j'ai récemment découvert qu'il avait fait l'objet d'une polémique.
Bon alors de quoi s'agit-il ????




a écrit :Huit ans plus tard était publié chez Fayard, à grand lancement et à grand scandale le livre exécrable de Jean-François Steiner, Treblinka, et c'est pourtant ce livre qui m'a fait comprendre ce qu'était un camp de pure extermination. La formation d'un historien ne se fait pas seulement à coup d'études documentées. Même dans l'oeuvre d'un historien et, naturellement, dans sa vie, il y a une part d'irrationnel.

Vidal naquet les assassins de la mémoire.


a écrit :Même tour de passe-passe à propos de Treblinka. On sait aujourd'hui que ce livre de Jean-François Steiner a bénéficié de la plume masquée de Gilles Perrault. Au moment de sa parution, en 1966, Henri Bulawko, Léon Poliakov et Vladimir Jankélévitch jugèrent qu'il réactivait les pires clichés antisémites. (voir Le syndrome de Vichy de Henry Rousso). Le négationniste Paul Rassinier ne put retenir sa joie: "la semaine dernière il est sorti, à Paris, un livre qui confirme mes thèses sur les camps de concentration". Pierre Vidal-Naquet fut abusé par ce montage pervers piloté par l'ancien chef de la DST, Constantin Melnik. Il s'en explique dans Les Assassins de la mémoire et affirme que ce livre, Treblinka, "représente une forme proprement immonde d'appel à la consommation et au sadisme". En octobre 1994, en pleine affaire Papon, ce livre fut pourtant réédité, avec une préface de... Gilles Perrault. L'auteur, Jean-François Steiner animait alors l'association de défense de Maurice Papon. Quelques mois plus tard, il organisa la fuite lamentable du vieillard en Suisse. [Voir notre enquête "De Treblinka à Bordeaux"].


Daeninckx


Je connais les problèmes de Daeninckx avec les gens qu'il dénonce comme "rouge-brun" et je cite son texte pour son information sur le livre seulement.


Euh... ça peut faire l'objet d'un autre fil si quelqu'un veut bien répondre ????

Message Publié : 08 Mars 2004, 09:04
par com_71
Je n'ai pas souvenir que "Treblinka" ait été critiqué comme négationniste (ni que l'ouvrage soit "négationniste" d'ailleurs). Il y a eu des critiques comme quoi le livre présenterait les juifs comme "soumis".

Message Publié : 08 Mars 2004, 18:53
par lavana
Je ne pense pas qu'il s'agisse de "négationnisme". D'après ce que j'ai compris, il s'agit d'une fiction en réalité mais qui aurait été présenté comme un témoignage écrit par un déporté.

Vidal-Naquet écrit que ce livre lui a fait comprendre ce qu'était un camp malgré qu'il représente une forme proprement immonde d'appel à la consommation et au sadisme.

Je n'avais pas ressenti cela à la lecture du livre (il y a longtemps) et il semble que personne ici n'ait souligné cet aspect.

Il existe une littérature dite "de gare" assez douteuse sur ce point concernant les camps nazis.

Je pense aux bouquins de Bernadac (que je n'ai jamais lu mais qui avait cette réputation) et à d'autres publiés dans des collections de poche. Les livres de "guerre".
Treblinka serait-il à ranger dans cette catégorie ?

Message Publié : 09 Mars 2004, 09:03
par lavana
En relisant je me demande ce que signifie un "immonde appel à la consommation".

Cette polémique paraît bien obscure. J'ai cependant trouvé sur le net une référence qui pourrait être intéressante.
a écrit :Simone de Beauvoir. Réponse à David Rousset, à propos du Treblinka de J.F. Steiner. Le Nouvel Observateur (11 May): 2-3.
1966


Je n'ai aucun de ces textes et je me demande ce qu'a pu écrire Rousset à ce sujet.

Message Publié : 09 Mars 2004, 09:45
par lavana
(DAISY @ mardi 9 mars 2004 à 09:25 a écrit :

Qu'est-ce que c'est une littérature de "gare" ? En quoi Bernadac peut-il être rangé dans cette catégorie ?

Littérature "de gare". Pour moi, ce sont les bouquins genre "spécial police" "SAS" l(les livres de DeVilliers)Les collections de poche consacrées à la guerre (surtout le seconde guerre) genre Gerfaut.
Une littérature à destination d'un public populaire (et souvent masculin) mais racoleuse.


Les titres sont innombrables. Pour Bernadac, je ne sais pas, je n'en ai jamais lu. J'ai parlé de la réputation de cet auteur. Mais c'est peut-être un genre différent.

Vidal Naquet le cite dans une note dans les assassins de la mémoire.

a écrit :Chacun complétera ce que j'indique ici. Les noms de Christian Bernadac, de Silvain Reiner, de Jean-François Steiner viennent immédiatement au bout de la plume. Voir le bel article de Cynthia HAFT: «Ecrire la déportation. Le sensationnel, avilissement du tragique», Le Monde, 25 février 1972, et la conclusion de son livre: The theme of Nazi Concentration Camps in French Literature, Mouton, La Haye et Paris, 1973, p. 190-191; voir aussi R. ERRERA, «La déprotation comme best-seller», Esprit, décembre 1969, p.918-921. J'ai moi-même dénoncé en son temps une des plua infâmes de ces falsifications, Et la terre sera pure de Sylvain REINER (Fayard, 1969; voir Le Nouvel Observateur du 8 décembre 1969) et contribué avec Roger Errera, à faire saisir ce livre pour contrefaçon de Médecin à Auschwitz de M. NYISZLI. Je suis en revanche tombé dans le piège tendu par Treblinka de J.-F. Steiner (Fayard, 1966); cf. mon article du Monde, 2 mai 1966, dont je ne renie pas le fond.
Pierre Vidal-Naquet:
Un Eichmann de papier (1980) - Anatomie d'un mensonge

Message Publié : 09 Mars 2004, 10:21
par logan
Peut -être qu'il y a polémique autour de la reconstitution de dailogues qui ne sont donc pas des souvenirs vécus.
Mais moi j'ai trouvé ce livre profondément pertinent car il décrit avec précision comment le système d'extermination est mis en place et comment on parvient à assassiner des millions de personnes.


a écrit :Comment 6 millions de Juifs se sont-ils laissé tuer ? Pourquoi n'ont-ils pas réagi ? Pourquoi ne se sont-ils pas révoltés lorsqu'ils eurent compris qu'ils étaient irrémédiablement condamnés ?

Evidemment cette question se pose, ce n'est pas faire insulte à la mémoire des juifs de se la poser, au contraire!! Pour une révolte dans le ghetto de varsovie combien ailleurs?
Et les raisons données dans le livre mettent en cause le machiavélisme et le cynisme nazi et pas la soumission juive.
Par exemple un des ressorts psychologique pour mener les juifs à l'abattoir était qu'ils aient la certitude que la révolte mène à une mort certaine.
S'ils ne se révoltaient pas c'était seulement une mort probable.
L'administration nazi joue sans cesse, et habilement, sur le mince espoir de s'en sortir. :x

Le négationnisme c'est la négation ou la révision du génocide juif.
L'accusation de négationnisme est ridicule vu que le sujet est précisément de montrer comment cela se passait.

Message Publié : 09 Mars 2004, 10:32
par Nadia
Il est bien gentil, Vidal Naquet, mais je ne comprends rien à ce qu'il dit. :spamafote:

(je ne sais plus si j'ai lu ce livre ou non...)