C'est quoi le travail et les armées industrielles?

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Dolmancé » 31 Mars 2004, 14:46

a écrit :Cependant, pour les pays les plus avancés, les mesures suivantes pourront assez généralement être mises en application :

Expropriation de la propriété foncière et affectation de la rente foncière aux dépenses de l'Etat.

Impôt fortement progressif.

Abolition de l'héritage.

Confiscation des biens de tous les émigrés et rebelles.

Centralisation du crédit entre les mains de l'Etat, au moyen d'une banque nationale, dont le capital appartiendra à l'Etat et qui jouira d'un monopole exclusif.

Centralisation entre les mains de l'Etat de tous les moyens de transport.

Multiplication des manufactures nationales et des instruments de production; défrichement des terrains incultes et amélioration des terres cultivées, d'après un plan d'ensemble.

Travail obligatoire pour tous; organisation d'armées industrielles, particulièrement pour l'agriculture.

Combinaison du travail agricole et du travail industriel; mesures tendant à faire graduellement disparaître la distinction entre la ville et la campagne.

Education publique et gratuite de tous les enfants. Abolition du travail des enfants dans les fabriques tel qu'il est pratiqué aujourd'hui. Combinaison de l'éducation avec la production matérielle, etc.


D'abord les questions d'ordre pratique : quelqu'un peut me dire ce que c'est qu'une armée industrielle et comment l'obligation de travailler s'exerce ?

Deuxieme question, travail obligatoire ok... mais ça veut dire qu'on oblige les gens à faire quoi ?

J'ai cherché un peu dans le capital, il y a le mot travail toutes les deux lignes mais à aucun moment j'ai trouvé un endroit où Marx définit cette notion qui a pourtant l'air plutot centrale... Je peux la trouver où cette définition ?
Dolmancé
 
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Message par logan » 31 Mars 2004, 16:02

trvail salarié et capital + salaire prix et profit + critique du programme de gotha = une base pour s'appreter à lire le capital qui est quand même achement ardu....
logan
 
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Message par Dolmancé » 31 Mars 2004, 16:24

Je cherche juste ce qu'est le travail pour Marx...

Je viens de parcourir en 5 minutes Travail salarié et Capital, ce qui ressemble le plus à une explication de ce qu'est le travail je le trouve là :


a écrit :La force de travail est donc une marchandise que son possesseur, le salarié, vend au capital. Pourquoi la vend-il  ? Pour vivre.

Mais la manifestation de la force de travail, le travail, est l'activité vitale propre à l'ouvrier, sa façon à lui de manifester sa vie. Et c'est cette activité vitale qu'il vend à un tiers pour s'assurer les moyens de subsistance nécessaires. Son activité vitale n'est donc pour lui qu'un moyen de pouvoir exister. Il travaille pour vivre. Pour lui-même, le travail n'est pas une partie de sa vie, il est plutôt un sacrifice de sa vie. C'est une marchandise qu'il a adjugée à un tiers. C'est pourquoi le produit de son activité n'est pas non plus le but de son activité. Ce qu'il produit pour lui-même, ce n'est pas la soie qu'il tisse, ce n'est pas l'or qu'il extrait du puits, ce n'est pas le palais qu'il bâtit. Ce qu'il produit pour lui-même, c'est le salaire, et la soie, l'or, le palais se réduisent pour lui à une quantité déterminée de moyens de subsistance, peut-être à un tricot de coton, à de la menue monnaie et à un logement dans une cave. Et l'ouvrier qui, douze heures durant, tisse, file, perce, tour­ne, bâtit, manie la pelle, taille la pierre, la transporte, etc., regarde-t-il ces douze heures de tissage, de filage, de perçage, de travail au tour ou de maçonne­rie, de maniement de la pelle ou de taille de la pierre comme une manifestation de sa vie, comme sa vie ? Bien au contraire. La vie commence pour lui où cesse l’activité, à table, à l'auberge, au lit. Par contre, les douze heures de travail n'ont nulle­ment pour lui le sens de tisser, de filer, de percer, etc., mais celui de gagner ce qui lui permet d'aller à table, à l'auberge, au lit. Si le ver à soie tissait pour subvenir à son existence de chenille, il serait un salarié achevé.

La force de travail ne fut pas toujours une marchandise. Le travail ne fut pas toujours du travail salarié, c'est-à-dire du travail libre. L'esclave ne vendait pas sa force de travail au possesseur d'esclaves, pas plus que le bœuf ne vend le produit de son travail au paysan. L'esclave est vendu, y compris sa force de travail, une fois pour toutes à son propriétaire. Il est une marchandise qui peut passer de la main d'un propriétaire dans celle d'un autre. Il est lui-même une marchandise, mais sa force de travail n'est pas sa marchandise. Le serf ne vend qu'une partie de sa force de travail. Ce n'est pas lui qui reçoit un salaire du propriétaire de la terre; c'est plutôt le propriétaire de la terre à qui il paie tribut. Le serf appartient à la terre et constitue un rapport pour le maître de la terre. L'ouvrier libre, par contre, se vend lui-même, et cela morceau par morceau. Il vend aux enchères 8, 10, 12, 15 heures de sa vie, jour après jour, aux plus offrants, aux possesseurs des ma­tières premières, des instruments de travail et des moyens de subsistance, c'est-à-dire aux capitalistes. L'ouvrier n'appartient ni à un propriétaire ni à la terre, mais 8, 10, 12, 15 heures de sa vie quotidienne appartiennent à celui qui les achète. L'ouvrier quitte le capitaliste auquel il se loue aussi souvent qu'il veut, et le capitaliste le congédie aussi souvent qu'il le croit bon, dès qu'il n'en tire aucun profit ou qu'il n'y trouve plus le profit escompté. Mais l'ouvrier dont la seule res­sour­ce est la vente de sa force de travail ne peut quitter la classe tout entière des acheteurs, c'est-à-dire la classe capitaliste, sans renoncer à l'existence. Il n'appar­tient pas à tel ou tel employeur, mais à la classe capitaliste, et c'est à lui à y trou­ver son homme, c'est-à-dire à trouver un acheteur dans cette classe bourgeoise.


Mais ça, ça donne plus une idée de ce qu'est le travail salarié qui serait le temps pendant lequel la vie de quelqu'un ne lui appartient plus.

Par contre ça ne m'avance pas sur ce qu'est le travail pour Marx...

(à moins que quand Marx utilise le mot travail, ce soit un abus de langage pour travail salarié ?)
Dolmancé
 
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Message par logan » 31 Mars 2004, 18:09

Pour Marx le travail est l'acte par lequel l'homme se distingue de l'animal.

Mais ce n'est pas un point de vue philosophique, c'est un point de vue historique :
La différence historique qui apparait entre les hommes et les animaux c'est que l'homme est capable de produire ses propres moyens d'existence, et développe cette capacité.

Le travail est l'affirmation de la domination humaine sur la nature.
Grace au travail l'homme n'est pas une simple victime passive des lois de la nature, il peut agir sur elle et la transformer.
logan
 
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Message par Dolmancé » 31 Mars 2004, 19:12

a écrit :Je ne comprends pas ce que tu veux. Le sens du mot "travail"? Je pensais que tu parlais du travail d'un ouvrier, par exemple.


Ce que je veux c'est le sens du mot "travail" tout court que Marx utilise dans ses textes comme dans la mesure que j'ai mis en gras plus haut :
a écrit :Travail obligatoire pour tous; organisation d'armées industrielles, particulièrement pour l'agriculture.


Si quelqu'un a les réponses à mes premières questions là dessus pendant que je réfléchis à l'explication de logan (instinctivement j'ai plein d'objections mais faut que je les mettent en forme) qu'il n'hésite pas...
Dolmancé
 
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Message par Barnabé » 31 Mars 2004, 21:16

Extrait du Capital Livre 1 1ère section II: "Double caractère du travail présenté par la marchandise"


a écrit :
L'habit est une valeur d'usage qui satisfait un besoin particulier. Il provient genre particulier «activité productive, déterminée par son but, par son mode d'opération, son objet, ses moyens et son résultat. Le travail qui se manifeste dans l'utilité ou la valeur d'usage de son produit, nous le nommons tout simplement travail utile.
[...]
En fin de compte, toute activité productive, abstraction faite de son caractère utile, est une dépense de force humaine. La confection des vêtements et le tissage, malgré leur différence, sont tous deux une dépense productive du cerveau, des muscles, des nerfs, de la main de l'homme, et en ce sens du travail humain au même titre. La force, humaine de travail, dont le mouvement ne fait que changer de forme dans les diverses activités productives, doit assurément être plus ou moins développée pour pouvoir être dépensée sous telle ou telle forme. Mais la valeur des marchandises représente purement et simplement le travail de l'homme, une dépense de force humaine en général.

En gros ce que développe Marx dans cette partie, c'est que le travail est l'activité humaine de transformation de la nature. Elle s'apréhende sous le double rapport quantité/qualité. Comme qualité, c'est une certaine transformation spécifique de la matière par l'homme. Comme quantité, elle se comptabilise à l'échelle sociale, en fonction du développement social des forces productive, comme temps de travail social moyen, étalon de la valeur.

Maintenant quand Marx parle de travail en général, il veut simplement dire "activité productive" (pas forcément salariée, l'esclave travail, et sous le socialisme la productin se fera aussi par du travail).
Barnabé
 
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