(François Delpla @ mercredi 28 avril 2004 à 13:59 a écrit : 1) Encore Daniel Guérin ! La connaissance historique progresse par accumulation. On ne peut mettre sur le même plan des ouvrages récents, intégrant force travaux d'archives, et un travail militant dont les données, précisément, datent d'une époque où les nazis empêchaient toute libre recherche.
2) Sur bien des points, votre propos complète le mien sans le contredire. Le débat portait sur le niveau de vie, qui est un concept précis, n'intégrant pas la liberté de choix des associations culturelles ou des caisses sociales. Et pas davantage la notion de "terreur" (dont je maintiens qu'on a mis trop exclusivement, dans beaucoup de publications, l'accent sur elle). Même chose quand vous parlez de la main d'oeuvre déportée ou de la dégradation de la condition des travailleurs allemands pendant la guerre : ce n'était pas le sujet.
Bonjour,
Tout d'abord sur le fait que je n'ai pas répondu tout de suite à vos critiques, je précise j'ai parfois d'autres choses à faire que d'intervenir sur ce forum. En plus, ayant donné mes arguments, je ne voyais pas l'intérêt d'en rajouter encore et toujours. Entre vos arguments et les miens, chaque lecteur de ce forum pouvait déjà se faire une idée, je ne voyais donc pas l'intérêt d'en rajouter encore.
Tout d'abord sur le livre de Daniel Guérin : bien sûr ce n'est pas le plus récent, il n'empêche que lorsqu'il cite la presse ouvrière de l'époque, ce sont des documents qui sont toujours valables. On pourrait certainement en trouver d'autres allant dans le même sens, en particulier des témoignages de travailleurs allemands.
Maintenant sur le fait que ma réponse aurait été en partie hors sujet, je ne le crois pas :
- Pour les caisses de protection sociale, elles sont un élément important dans la question du niveau de vie. De la même façon, les multiples cotisations obligatoires que devaient payer les ouvriers allemands à diverses structures liées au NSDAP après 1933 (Le Front du travail, Kraft durch Freude, Secours d'Hivers) sont elles aussi liées au niveau de vie, puisqu'elles signifiaient moins d'argent pour le travailleur.
- Pour ce qui est des nombreuses associations culturelles ou sportives ouvrières d'avant 1933, je n'en avais parlé que pour vous répondre sur la question des loisirs.
- Pour ce qui est des camps de concentration, il est impossible de ne pas avoir cette question à l'esprit lorsque l'on parle de la classe ouvrière sous le 3ème Reich. Si on parle du prolétariat allemand sous le nazisme, on ne peut exclure de la classe ceux qui ont été arrêtés dès 1933 pour leur militantisme, ni leurs familles. De même, le prolétariat allemand inclut aussi les travailleurs juifs, victimes dès 1933 de persécutions anti-sémites, du pogrom de la Nuit de Cristal et des déportations massives vers Buchenwald en 1938.
De plus, si le travail des déportés est au début du 3ème Reich essentiellement punitif, il devient très vite utile aux entreprises allemandes. Avec de nombreuses entreprises qui utilisent la main d'oeuvre déportée, l'exploitant jusqu'à la mort, dans des conditions pires que l'esclavage de l'époque romaine, cela rentre complètement dans la question des rapports prolétariat/bourgeoisie et Etat nazi.
Pour finir, et pour citer d'autres sources que Daniel Guérin, avez-vous déjà discuter avec des travailleurs allemands qui ont vécu la période nazie ? Et je ne parle pas là de militants, mais de travailleurs, pas forcément politisés, qui se souviennent de ce qu'ils ont vécu entre 1933 et 1945 ? Parce que je n'en ai jamais entendu me parler d'une "élévation du niveau de vie", par contre, de la terreur, oui, même s'ils n'étaient pas touchés directement par la répression, il y avait toujours un voisin, un collègue, un proche qui "était emmené là-bas" (dans les KZ). Et de la guerre aussi bien sûr.