a écrit :Je ne sais pas dans quel sens sont les poils des ouvriers, mais les milliers (centaines de milliers ?) d'ouvriers qui ont été enfermés dans des camps dès 1933 devaient donc souffrir de libertophobie ? Quant aux autres, il n'y a guère que dans les films de propagande nazie qu'ils sont si enthousiastes et heureux !
Et maintenant, sur le fond : s'il s'agit de milliers, c'est homéopathique; de centaines de milliers (la vérité est plutôt intermédiaire), cela reste un faible pourcentage de la classe ouvrière et ma charmante interlocutrice va me faire le plaisir de dire dans quel écrit, de moi actuellement oublié, j'aurais dit que ça leur faisait plaisir.
En fait, ce qu'il faut bien considérer et que la littérature de gauche a longtemps occulté, c'est que les premiers camps n'ont pas grand-chose à voir avec ceux de la période de guerre, notamment pour la durée des séjours. On n'y met pas les ouvriers en tant que tels, mais plutôt les militants, socialistes, communistes et/ou syndicalistes, et pas tous, loin de là. Vite relâchés pour la plupart, ils constatent qu'il n'y a pas eu beaucoup de protestations contre leur disparition et se tiennent cois, en général. Voilà ce qu'on appelle la "mise au pas". L'amélioration rapide de la condition matérielle des ouvriers, notamment par la sécurité d'emploi, se conjugue pour expliquer son succès avec la terreur (souplement dosée comme je viens de le montrer) et aussi avec le sentiment patriotique : il ne faudrait pas l'oublier, celui-là. Hitler brise les chaînes de Versailles et apparemment sans prendre de risques de guerre excessifs (dès octobre 1933 il frappe un grand coup dans ce sens, en quittant la SDN sans la moindre protestation menaçante de sa part, alors qu'elle avait été créée avant tout pour surveiller l'applicaiton du traité de Versailles).
Enthousiastes, heureux, les ouvriers allemands ? Je n'irai pas jusque là (et propose à Nadia le même gage que tout à l'heure : où l'aurais-je écrit ?). Mais largement résignés, passifs et attentistes. Loin de moi l'idée de ne pas admirer et honorer les résistants qui maintiennent en vie des organisations clandestines, mais ils sont vraiment très, très peu. Et sans doute eux-mêmes n'ont-ils pas, en temps utile, accompli les bons gestes, faute d'une analyse correcte du danger.