Je connais les textes de Trotsky sur la question nationale en Espagne et ne les remet nullement en cause. Comme d'habitude, Trotsky est précis mais il faut prendre la peine de lire y compris ce que l'on cite.
Pour lui, d'abord, il s'agit "d'illusions nationales" principalement défendues par des intellectuels petits bourgeois qui introduisent des illusions dans la classe ouvrière.
Malgré tout, cette lutte nationale est pour Trotsky progressiste. Pourquoi ? En quoi ? Il répond à la question :
a écrit :
on ne doit perdre de vue que l'Espagne tout entière et la Catalogne, comme partie constituante de ce pays, sont gouvernées actuellement non point par des nationaux-démocrates catalans, mais par des bourgeois impérialistes espagnols, alliés à de gros propriétaires fonciers, à de vieux bureaucrates et des généraux, avec l'appui des nationaux-socialistes. Toute cette confrérie est d'avis de maintenir, d'une part, les servitudes des colonies espagnoles et d'assurer, d'autre part, le maximum de centralisation bureaucratique de la métropole; c'est-à-dire qu'elle veut l'écrasement des Catalans, des Basques et des autres nationalités par la bourgeoisie espagnole. Dans la phase actuelle, étant donné les combinaisons présentes de forces de classes, le nationalisme catalan est un facteur révolutionnaire progressiste.
Trotsky précise et reprécise "dans la phase actuelle". Le côté progressiste de cette lutte nationale n'est pas absolue mais du à "la combinaison des forces de classes".
Aujourd'hui, la petite bourgeoisie catalane a pris sa place dans l'administration de la Catalogne et a fait allégeance au roi. C'est la cas de la plupart des partis. Le rôle progressiste, dans le sens où il pourrait conduire à un affrontement avec la bourgeoisie espagnole n'existe plus.
Oui, dans les années 30, la petite bourgeoisie catalane, entrainant une partie de la population, s'affrontait au pouvoir central. Aujourd'hui elle est intégrée et a accepté la part d'autonomie qui leur lui a été concédé.
Donc Trotsky voyait un rôle progressiste dans cette lutte grace à la dynamique qu'elle pouvait apporter à la révolution. Il ne se trompait pas et n'oubliait pas de considérer les illusions nationales comme dangereuses même s'il pensait que l'on pouvait dépasser l'inconvénient majeur qui était le risque de division de la classe ouvrière en secteurs régionaux. Dans la période, on ne pouvait ignorer malgré ce problème ces revendications nationales.
Les communistes doivent toujours tenir compte (sans les sous-estimer) des aspirations nationales quand elles existent. Ce n'est pas à eux de les exacerber, de les développer (voire de les inventer) quand elles ne représentent pas ou plus une aspiration d'une partie importante de la population.