(Pelon a écrit : On ne peut pas te répondre précisément pour la bonne raison que c'est la population qui décidera de la forme concrète que prendra la société.
Cela fait plaisir à entendre d'un sympathisant LO ! C'est exactement ce que disent les anarchistes depuis des lustres...
(Pelon a écrit :Il faut aussi penser que dans une société d'abondance, bien des problèmes (pas tous) seraient réglés de fait. Nous n'appelons pas communisme le simple partage de la misère même si, pour les pays pauvres, cela vaut mieux que l'étalage de la richesse d'une oligarchie dans un océan de misère.
Abondance ? Oui, mais de quoi ? L'Homme ne vit pas que de pain. Du pain pour tous, un toit pour tous, de l'eau pour tous... mais aussi du bonheur pour tous et des connaissances pour tous ! Il faut savoir rester équilibré entre le matériel (nourriture, logement, habillement, etc.) et l'immatériel.
(Trux a écrit :Si j'ai bien compris , dans la société communiste, l'argent est aboli non?
Cela dépend des communistes. Certain-e-s pensent que l'argent engendre le capitalisme, parce qu'il donne un pouvoir sur les autres et qu'il faut donc l'abolir. D'autres pensent que l'on peut conserver l'argent mais qu'il faut changer les règles du jeu monétaire : on peut supprimer les intérêts, et les emprunteurs ne payeraient que les frais bancaires ; on peut supprimer l'actionnariat ; on peut rémunérer l'entraide au lieu de rémunérer la concurrence, etc.
(Trux a écrit :-Qui va ramasser les ordures? Qui va faire l'ouvrier? Qui va faire le docker et soulever des caisses de 50 kilos? Bref comment est-ce qu'on répartit le travail? Et celui qui ne veut pas le faire?
Comme le dit Pelon, certaines tâches peuvent être exercées chacun son tour. Ou alors, on pourrait aussi rémunérer plus fortement, celles et ceux qui font des tâches difficiles, ou bien réduire le temps de travail par rapport à la moyenne, ou bien faire un mix des deux. Pour les questions de répartition du travail, je ne pense pas qu'il faille le faire de manière centralisée en disant : "Toi, tu vas là. Toi, tu pars à l'autre bout du pays pour aller là. Et etc." S'il n'y a plus de liberté économique (c'est-à-dire si quelqu'un peut nous empêcher de travailler, ou nous force à travailler), il n'y a plus de liberté politique. Les offres d'embauche peuvent être centralisées, mais on n'a pas à forcer quelqu'un d'aller là plutôt que là, c'est à l'individu de choisir entre "aller là ou là".
Pour moi, si une coopérative de production ne trouve personne, c'est que la demande de produits de cette coopérative est trop faible, ce qui se ressent par des revenus faibles. Si la demande de produits d'une coopérative est forte, les revenus des membres de la coopérative seront élevés, et donc cela sera attractif. Si des membres d'une coopérative ne veulent pas embaucher parce que la demande est élevée et qu'ils gagnent beaucoup, s'ils font les égoïstes, d'autres personnes pourraient alors légitimement entrer en concurrence avec eux gentiment. Mais, en principe, il y a plus intérêt à embaucher car cela fait baisser le coût de production par unité vendue, et donc augmente la profitabilité de la production. En cas d'abus de position dominante (type Microoft), il y aurait intervention et la coopérative serait rendue publique (donc dépendante des conseils locaux où est implantée la coopérative), et cela sans indemnités. Pour moi, on aurait donc une sphère publique pour l'éducation, la recherche, et tout ce qui ne doit pas être marchandisé car incompatibles avec le marché ; une sphère régulée publiquement là où il y a risque de monopolisation et donc d'abus de position dominante (eau, électricité, etc.) ; et une sphère économique privée là où il n'y a pas de risques de monopoles et d'abus de position dominante, avec des règles du jeu économique refondées qui permet à chacun-e d'accèder aux capitaux dont elle-il a besoin, d'accèder aux connaissances et aux appuis nécessaires pour lancer une coopérative ou une entreprise individuelle, et qui interdise les entreprises dirigées de manière monarchique où c'est un patron qui décide de tout (les décisions devront donc être prises collectivement).
(Trux a écrit :
-Y a plus de propriété privé, ok. Mais alors je veux aller sur la cote d'azur moi. Et puis a mon avis je serais pas tous seul à vouloir y aller et y a pas de place pour tout le monde. Comment on fait?
Oui, il n'y aura plus de propriété privée. Mais on peut très bien avoir des bails à vie à la place des propriétés pour celles et ceux qui voudront un logement là-bas pour une longue durée, des bails locatifs pour des durées plus courtes, et des locations ponctuelles. Comme il est utopique d'avoir un revenu strictement égal pour tous (on l'a bien vu pendant l'expérience de la Révolution Russe), celles et ceux qui gagneront plus parce qu'elles et ils le mériteront en effectuant des tâches difficiles, pourront aller sur la Côte-d'Azur tandis que les autres qui travaillent moins, qui sont plus paresseux, devront aller ailleurs ou bien aller sur la Côte-d'Azur pendant les saisons creuses (les logements vides, ou insuffisamment occupés le long de l'année, pourront être interdits sous peine de réquisition décidée majoritairement ou selon les lois). Tout le monde ne pourra donc pas y aller, et c'est normal.
(Trux a écrit :
-Sous le socialisme, étape avant le communisme, qu'est-ce qui se passe pour celui qui veut se la couler douce et ne pas travailler? En fait c'est du capitalisme d'Etat, mais y a aura toujours des riches et des pauvres non?
Durant le socialisme, étape de transition du capitalisme vers le communisme, il s'agira de donner de nouveaux fondements à la société, d'accomplir tous les changements nécessaires et de remettre en fonctionnement l'économie sur ces nouveaux fondements. Pour moi, cette étape ne sera pas longue (de l'ordre de quelques mois), mais ne saurait enfreindre les fins du communisme. Celui qui voudrait se la couler douce, s'amuser sans arrêts, serait comme pelon l'a dit sous la pression du regard des autres, et puis il perdrait peu à peu le sens de sa vie ou finirait par perdre le goût de l'amusement : si l'on ne fait que de s'amuser, l'amusement devient fade ; tandis que si l'on travaille, on garde goût à l'amusement. Et puis surtout, celui qui ne travaille pas, qui ne fait rien pour la société, pourra certes vivre grâce au revenu minimum universel, mais il ne pourra pas aller sur la Côte-d'Azur par exemple, ou faire d'autres choses dont il a envie. Et puis peut-être qu'au bout d'un moment la majorité de la population en aura marre, et qu'elle décidera de lui réduire son RMU.
D'autre part, pour moi, il est hors de question que l'Etat se subsitue à la bourgeoisie pour continuer le capitalisme, c'est-à-dire un régime économique fondé sur le pouvoir abusif de l'argent. Je suis aussi contre l'Etat, car il crée et entretient une division entre les classes où une classe minoritaire se voit protégée et peut affamer l'autre classe en toute "légalité". Il faut couper les vivres de l'Etat actuel, arrêter de lui obéir, et lui substituer l'auto-organisation des masses du bas vers le haut de manière fédérale en ne confiant aux échelons supérieurs que ce que les échelons inférieurs ne peuvent gérer. Pour moi le capitalisme d'Etat ne peut pas dépérir naturellement, même en prenant mille précautions, car il concentre tout de manière totalitaire, et car on ne peut fusionner le politique et l'économique sans y perdre la liberté. Donc une phase de transition, oui, mais pas avec des moyens opposés aux fins communistes, ou inconciables avec la nature humaine.
Enfin, je pense que le meilleur moyen pour savoir ce qu'est le communisme, c'est de chercher la vérité profonde qui est ancrée en soi, de se laisser guider naturellement par son esprit de justice, de fraternité, d'égalité et de liberté. Le communisme n'est pas une dimension unique mais multiple. J'ai une certaine vision du communisme, mais il y en a beaucoup d'autres. Le tout sera ensuite de savoir se mettre d'accord, de parvenir au consensus maximal pour fonder la société future en respectant chacune et chacun.