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Message Publié : 16 Août 2004, 11:55
par koshka17
Voilà une vision plus que simpliste qui vous laisse un goût nauséeux dans la gorge : Barta maintient le drapeau de l'internationalisme pendant que les autres trotskystes se roulent dans la fange du nationalisme...Quel résumé....!!!!

Daisy ferait bien de lire autre chose que la version officielle de son organisation au lieu de faire profession de son ignorance, cela lui permettrait d'éviter d'insulter la mémoire de nombre de militants en les mettant tous dans le même sac. Quant au lecteur sérieux il pourra se reporter à la section histoire et théorie de ce forum où la question a déjà été abordée plusieurs fois.

Message Publié : 16 Août 2004, 14:46
par alex
(zdanko @ a écrit :Autant pour moi, il ya ce fil où les intervenants discutent du sujet de ce fil.


Et aussi dans le fil La LCR et le débarquement de 1944 avec déjà le texte d'André Fichaut :whistling:

Message Publié : 18 Août 2004, 23:27
par oca
Voici des extrais que j’ai sélectionné d’un article parut dans « Révolution Internationale 343 - février 2004 » ( 'Révolution Internationale' est la publication diffusée par la section française du CCI )
a écrit :
Histoire du courant trotskiste

La véritable histoire de Lutte Ouvrière. Le livre est récent et son titre pour le moins alléchant. D'où vient la principale composante du mouvement trotskiste en France ? Où plonge t-elle ses racines politiques ? La question est d'autant plus légitime que l'on juge du camp auquel appartient une organisation politique dans un premier temps de sa filiation. Ce recueil d'entretiens réalisé par Christophe Bourseiller (...) avec (...) Robert Barcia (alias Hardy),

(...)

A la veille de la Seconde Guerre mondiale, le mouvement trotskiste en France ressemble à une nébuleuse de groupes vivant au rythme des scissions, rabibochage, nouvelle scission etc… C'est lors d'une de ces scissions qu'apparaît en octobre 1939 l'ancêtre de LO, le groupe Barta.

(...)

Les prolétaires n'ont pas de patrie", en tant que classe exploitée, non possédante, la classe ouvrière n'a pas de capitaux à défendre. Pourtant, c'est elle qui subit les massacres au front comme à l'arrière. "La transformation de la guerre impérialiste en guerre civile", comme le proclamait les bolchéviks à partir de la première guerre mondiale, devient le "seul slogan prolétarien juste" dans un monde capitaliste en banqueroute. Dans ces conditions, toute organisation révolutionnaire venant à exhorter les prolétaires à se draper de leur couleur nationale respective pour finalement les voir s'entretuer, franchit le Rubicon séparant la classe ouvrière de la bourgeoisie et perd à jamais son caractère prolétarien.

(...)

En automne 1939, les deux principales fractions trotskistes existantes en France sont le Comité français pour la IVe Internationale (composé d'anciens militants du POI (2) et un groupe d'ex-militants du PCI (3). Chacune de ces deux chapelles prendra fait et cause pour l'un et l'autre des camps impérialistes en présence, signant ainsi leur allégeance à la classe dominante.
Ainsi, le groupe issu de l'ex-PCI, autour de Roger Foirier et Henri Molinier, jouera un rôle dans les mouvements (tel le RNP de Marcel Déat) (4) favorable au nazisme. En fait, les trotskistes de l'ex-PCI misent sur la victoire de l'Allemagne. Etant donné qu'avec ce pronostic les organisations fascistes seront amenées de plus en plus à encadrer les masses, la conclusion de ce savant calcul, pour ne pas se couper de ces dernières, est de travailler "à l'intérieur d'une organisation fasciste et dans ses milieux dirigeants" (sic). De son côté le Comité (redevenu POI entre temps), animé par Marcel Hic, vole au secours de la nation française occupée par l'envahisseur allemand. La France étant présentée comme une nation "opprimée" cela permet à Hic et ses acolytes de satisfaire à loisir leurs pulsions chauvines au nom de la "libération nationale", comme en témoigne cet extrait de leur journal La Vérité du 1er octobre 1940 : "Nous intégrer dans le mouvement de patriotisme populaire, élargir notre base d'action, (…) ne peut que nous permettre de progresser et d'enraciner notre activité dans les masses. (…) C'est de l'initiative du peuple de France que dépend le relèvement de notre pays. (…) Seule l'initiative populaire peut rendre la vie à la France."
Il faudra l'entrée en guerre de l'URSS en juin 1941 pour que les trotskistes, au nom de la sacro-sainte "défense de la mère patrie socialiste", se rejoignent pour épouser les intérêts d'un seul et même camp bourgeois, celui des alliés. Là encore, le journal La Vérité dans son n°18 du 1/08/1941 est on ne peut plus explicite : "C'est l'intérêt et le devoir de tout ouvrier français qui n'est pas aveuglé par ses intérêts de classe ou vendu aux nazis de tout mettre en œuvre pour affaiblir dans son rayon d'action, les forces étrangères qui nous oppriment en même temps qu'elles agressent l'URSS." (Article au titre incantatoire : "IL FAUT DEFENDRE L'URSS"). C'est sur ce terrain pourri et abondamment mystificateur que les trotskistes, tout au long de la guerre, ont encouragé le prolétariat à abandonner ses intérêts de classe et à se faire étriper pour des intérêts qui ne sont pas les siens.
En 1944, les principaux groupes trotskistes reformeront un PCI. Union qui sera célébrée par le massacre d'ouvriers lors de la "Libération" de Paris. C'est ici, en compagnie des staliniens du PCF, dans la Résistance, que les trotskistes ont atteint le sommet de leur rôle de pourvoyeur de chair à canon pour le camp allié sur fond d'appel à "l'insurrection nationale". Ce zélé défenseur des intérêts impérialistes de l'URSS que fût le PCI éclatera par la suite mais aura tout de même une descendance digne de ses hauts faits d'armes. Le PT (5) et la LCR (6) voilà qui sont ses fameux héritiers.

Le groupe Barta lui aussi rejoint le camp du capital
"Derrière Hic, elles [les organisations de la IVe Internationale en France] ont quasiment abandonné la position internationaliste de Trotski […] se justifie ainsi la rupture qu'il [Barta] a accomplie en 1939 d'avec tous ces éléments 'pour se délimiter d'un milieu petit-bourgeois aux pratiques social-démocrates et non communistes.'" (Entretien de Hardy avec Bourseiller). La légende du groupe de David Korner dit Barta est en marche. Un groupe très faible numériquement qui serait resté à l'écart du mouvement trotskiste traditionnel pour ne pas salir le drapeau internationaliste et garder les deux pieds bien cimentés dans le camp du prolétariat.
"En octobre 1942, le 'groupe Barta' […] lance une feuille de propagande, La Lutte de classes, qui se présente à l'origine comme l'organe du 'Groupe communiste (IVe Internationale)'. Le groupe intervient sous d'autres étiquettes : 'Collection IVe Internationale' ou 'Un groupe de militants communistes'. Pendant la totalité du conflit, il dénonce les belligérants, appelle à la fraternité à la base, martèle les slogans communistes...".

(...)

Ainsi, Jacques Roussel qui, dans son livre Les enfants du prophète paru en 1972, dénonce les activités patriotiques des trotskistes français pendant la Deuxième Guerre mondiale, nous fredonnait déjà la chanson de l'héroïque Barta. "Le groupe Barta reprochait violemment au POI ses positions social-patriotiques de 40, qu'il considérait comme une véritable trahison du communisme". (...) [Pour lui] les mots d'ordre nationalistes doivent être énergiquement repoussés".
Le conte est fort joli, mais il n'en est pas moins à dormir debout. Si on se penche d'un peu plus près sur l'attitude du groupe Barta face à la guerre, notamment au travers de ses prises de positions dans sa feuille La lutte de classe, on s'aperçoit que le somptueux carrosse internationaliste que l'on cherche à nous vendre n'est en réalité qu'une vilaine citrouille nationaliste.
"Travailleurs, vous tous qui n'avez que vos chaînes à perdre et un monde à gagner : EMPECHEZ PAR TOUS LES MOYENS LA MACHINE DE GUERRE IMPERIALISTE DE FONCTIONNER CONTRE L'URSS". "Vive l'armée rouge !", tract du 30 juin 1941 diffusé par la clique Barta.
Nous y voilà ! La fameuse défense de la "patrie socialiste", dit autrement des intérêts impérialistes du capital stalinien et, par ricochet, de ceux du camp allié.
Au bout du compte, la prétendue rupture de Barta en 1939 avec les autres groupes trotskistes n'a jamais entamé, ne serait-ce d'un pouce leur cause commune: la défense de l'URSS.
Quand Hardy soutient que "sur le fond Barta renvoyait dos à dos les belligérants", ce n'est par conséquent que pure foutaise ! Comme les autres groupes trotskistes, l'ancêtre Barta  a appelé les ouvriers à aller se faire massacrer pour la sauvegarde des intérêts impérialistes du camp stalinien. "La Quatrième Internationale [une des nombreuses dénomination du groupe Barta à l'époque est Groupe communiste (IVe Internationale)] vous appelle pour la défense de l'Union soviétique…" (tract cité plus haut.)
Ainsi, ce groupe, non seulement appellera les ouvriers au sabotage de l'effort de guerre allemand mais ira jusqu'à le mettre en pratique par le biais d'un de ses militants Mathieu Bucholz chargé du sabotage du STO (leur logique voulant qu'un ouvrier français ne partant pas pour le travail obligatoire, dans les usines allemandes, empêchait de libérer un ouvrier allemand qui aurait pu alors partir se battre sur le front Est contre l'URSS).
Voilà un bel exemple de résistance contre l'envahisseur qui, il faut bien l'avouer, est fort éloigné de la dénonciation de tous les camps impérialistes et de l'appel à la classe ouvrière pour quelle retourne ses armes contre ses exploiteurs !
Concernant la Résistance, LO s'est toujours enorgueillie que son ancêtre s'en soit abstenu à l'inverse du reste du mouvement trotskiste français qui rejoindra activement le maquis en 1944. Mais là encore les apparences sont trompeuses. Et c'est Hardy en personne qui lâche le morceau : "Mais entendons-nous : Barta était absolument partisan de la lutte contre le nazisme […] Ses écrits exhortaient les travailleurs à engager une telle lutte. Mais avec leurs propres méthodes, sous leur propre drapeau et pas sous la bannière d'un général réactionnaire…".
C'est effectivement sur ce registre que Barta s'adressait aux ouvriers : "Si vous ne voulez plus être la chair à canon de cette guerre, il faut non seulement résister à Vichy et à l'impérialisme allemand, mais le faire sous votre propre drapeau de classe, le drapeau rouge. Où que vous soyez, en Allemagne si vous n'avez aucun moyen de vous soustraire à la déportation, dans le maquis ou dans les groupes de "partisans" si vous ne pouvez pas vous cacher dans les villes et les villages, n'oubliez pas que vous êtes les fils de la classe ouvrière.
En Allemagne, liez-vous avec les travailleurs allemands pour saboter la machine de guerre et les aider à renverser le régime capitaliste défendu par Hitler. Dans les groupes de résistance, dans le maquis, exigez votre armement et l'élection démocratique des chefs par les membres des groupes." (La Lutte de classes n°24 du 6 février 1944).
En bref, oui à la défense de l'Etat stalinien (et du camp des Roosevelt-Churchill), oui à la Résistance, pourvu que ce soit les prolétaires eux-mêmes qui la prenne en charge. Une auto-organisation de la classe ouvrière pour la défense de l'impérialisme russe, indépendamment de la bourgeoisie, et alors le massacre des prolétaires peut se dérouler légitimement. Merci Monsieur Barta !

(...)

Azel

(2) Parti Ouvrier Internationaliste
(3) Parti Communiste Internationaliste
(4) Rassemblement National Populaire
(5) Parti des Travailleurs
(6) Ligue Communiste Révolutionnaire