par hispa » 05 Mars 2003, 08:31
IL y a eu un travail collectif pour répondre au "livre noir" :"Le Siècle des communismes, collectif, Editions de l'Atelier, Paris, 2000, 542 pages, 160 F".
Je ne l'ai pas lu mais on trouve assez facilement sur le net une présentation des thèmes de l'ouvrage.
Je pense qu'il n'est pas inutile de lire la prose anti communiste car malheureusement c'est celle qui se diffuse le plus facilement (tous des assassins) et l'on voit qu'elle exerce ses effets partout.
Et actuellement quelqu'un qui veut lire spontanèment un ouvrage sur le communisme a plus de chance de tomber sur un extrait du "Livre noir" que sur "ma vie".
Les anars (oui je sais plutôt une prose anti bolchéviks ou anti autoritaire) se livrent depuis longtemps à la dénonciation des bolchéviks et la tentation est grande de céder à l'humeur petite-bourgeoise du style : la violence c'est pas beau et nous on est des romantiques. CF :"la révolution c'est aussi une histoire d'amour" qui peut s'interpréter comme on le veut mais qui est plutôt une phrase démagogique.
Mais je voulais signaler un auteur Arno Mayer qui, dans son livre "les furies" tente d'apporter une explication, une analyse de la violence en période révolutionnaire que je trouve intéressante.
L'auteur est un ami de Furet (stalinien reconverti dans l'anti-communisme qui correspond tout à fait aux remarques faites par Caupo) mais est en désaccord avec l'idée principale de celui-ci qui est que le marxisme est essentiellement criminogène. (En fait l'auteur (Furet) n'exprime pas vraiment ce point de vue dans son livre "le passé d'une illusion" mais ses lecteurs et ses élèves (Courtois) ne s'en privent pas. )
Je cite un extrait d'un article du Monde
" L'historien réduit donc considérablement la place du volontarisme et de l'idéologie révolutionnaire dans la violence de l'ordre nouveau. La notion de "vengeance", sous différents aspects, est au centre de l'analyse tout comme l'importance du "conflit religieux" en tant que "facteur de radicalisation". Une fois ces postulats établis, pour conduire le raisonnement, Les Furiesdéroulent en détail le fil des événements, de la Vendée insurgée à l'Ukraine anarchiste. Les spécialistes de l'une ou l'autre de ces révolutions ont bien sûr réagi, que ce soit pour souligner les apports du livre ou pour critiquer, selon les cas, un aspect de la démonstration, la perspective comparée ou des insuffisances de détail. Les discussions sont à cet égard fort riches et complètent précieusement l'ouvrage (1). Alors que par des raccourcis hâtifs, souvent supports de pensées douteuses, tout un ensemble de discours cherchent, de plus en plus, à assimiler Révolution, terreur, communisme et nazisme, par paires ou par "pack", l'originalité et la pondération salutaire des Furies n'en ressortent que mieux.
Nicolas Offenstadt