Paysans / prolétariat

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par logan » 02 Sep 2004, 22:32

Suite à plusieurs discussions sur la nature de classe de la paysannerie voilà un extrait de Boukharine :

Pour répondre à ces questions, nous nous demanderons au préalable, quels traits doivent être ceux de la classe qui peut accomplir la métamorphose de la société, faire passer la société de la voie capitaliste à la voie socialiste.

1. Ce doit être une classe qui, en régime capitaliste, est exploitée économiquement et opprimée politiquement. Sinon, il va de soi qu'elle n'aura pas de raisons particulières de se cabrer contre l'ordre capitaliste ; elle ne pourra alors en" aucun cas se soulever contre lui.

2. Il s'ensuit que cette classe doit être aussi, pour s'exprimer de façon simpliste une classe pauvre: sinon, elle ne peut comparer sa pauvreté à la richesse des autres classes.

3. Elle doit être une classe productrice. Sinon, si elle ne prend pas directement part à la création des valeurs, elle peut dans l'hypothèse la plus favorable détruire, mais elle ne peut pas construire, créer, organiser.

4. Elle ne doit pas être liée par la propriété privée. Car si nous avons une classe dont l'existence matérielle est fondée sur la propriété privée, il est aisément compréhensible qu'elle aspirera à augmenter ce qui est « sien », sa propriété et non pas à abolir la propriété privée, ce qui est le but du communisme.

5. Elle doit enfin être une classe unifiée par les conditions de son existence, et habituée au travail en commun, an travail mis côte à côte, l'un avec l'autre. Car autrement, elle ne sera capable ni de désirer ni de réaliser une société telle, qu'elle soit l'incarnation du travail social, du travail de camarades. Bien plus, autrement elle ne serait même pas capable de mener une lutte organisée, elle ne serait pas capable d'organiser un nouveau pouvoir politique.

Rassemblons maintenant ces divers indices en un tableau, et examinons quelle classe, lequel de nos trois groupes satisfait à ces exigences. Nous marquerons du signe + celui qui satisfera à chacune d'elles, et du signe-celui qui n'y satisfera pas :

Paysans Lumpen-
Prolétariat Prolétariat
1. Exploitation économique + - +
2. Oppression politique + + +
3. Pauvreté + + +
4. Productivité + - +
5. Pas de lien avec la propriété individuelle - + +
6. Unité dans la production, travail en commun - - +

On voit ici clairement comment la chose se présente. Il manque beaucoup à la classe paysanne, pour être une classe réellement communiste; elle est liée par la propriété, elle y tient et il faudra bien des années pour faire sa rééducation, chose qui n'est possible que lorsque le pouvoir d'État est entre les mains du prolétariat; elle n'est pas unie dans la production, elle n'est pas habituée au travail social et à l'activité unifiée ; au contraire, toute l'âme du paysan est dans son morceau de terre à lui : il est accoutumé à l'économie individuelle et non sociale
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Message par logan » 03 Sep 2004, 08:58

Ce texte vient de "la théorie matérialiste de l'histoire " de Boukharine écrit en 1921.
Boukharine définit ce qu'est une classe et tente de montrer pourquoi la classe du prolétariat est la seule classe véritablement révolutionnaire sous le capitalisme.

C'est une réponse à guévariste affirmant que les paysans font partie du prolétariat
logan
 
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Message par guévariste » 03 Sep 2004, 14:14

Certes, certes, la paysannerie dans son ensemble n'est pas partie intégrante du prolétariat, mais il y effectivement des différences à faire entre les paysans, non ?
La bonne explication de Logan confirme bien qu'un paysan qui ne possède pas la terre, est exploité par un propriétaire foncier, et travaille avec d'autres paysans sur ses terres, est très proche de la classe ouvrière, même s'il manque la plupart du temps une revendication de base, qui est celle de la propriété collective de la terre, et non, la revendication classique qu'ils ont généralement, qui est celle de son attribution à titre individuel (=sa propriété privée..)...Est-ce une bonne conclusion, Logan ? :(
guévariste
 
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Message par Apfelstrudel » 03 Sep 2004, 14:42

A mon avis, ta distinction est juste, et les paysans sans terre peuvent devenir révolutionaires (je ne sais pas si on peut dire qu'ils forment une classe ?). Mais la révolution qu'ils accompliront n'aboutira qu'au partage des terres, et pas au socialisme.
Apfelstrudel
 
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Message par logan » 03 Sep 2004, 17:08

a écrit :La bonne explication de Logan confirme bien qu'un paysan qui ne possède pas la terre, est exploité par un propriétaire foncier, et travaille avec d'autres paysans sur ses terres, est très proche de la classe ouvrière, même s'il manque la plupart du temps une revendication de base, qui est celle de la propriété collective de la terre, et non, la revendication classique qu'ils ont généralement, qui est celle de son attribution à titre individuel (=sa propriété privée..)...Est-ce une bonne conclusion, Logan?


Tout à fait
Même pauvre et exploité le paysan aspire à la propriété individuelle de sa terre.
L'ouvrier n'a que faire de posséder un morceau de l'usine dans laquelle il travaille.

C'est pourquoi le prolétariat est la seule classe révolutionnaire jusqu'au bout.
Son exploitation ne peut être prendre fin que par la propriété collective des moyens de production.
Contrairement aux paysans dont l'exploitation peut prendre fin avec la possession individuelle de la terre.
(Je schématise hein mais ce sont bien les tendances historique des classes)
logan
 
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Message par guévariste » 03 Sep 2004, 17:11

Et les usines où les dont les ouvriers detiennent eux-mêmes une part égale du capital ? La propriété collective implique-t-elle que les ouvriers de l'usine en soit proprios, ou que cette propriété soit étendue à toute la société ? Si oui, les ouvriers propriétaires de leur usines, sont-ils toujours exploités ? :(
guévariste
 
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Message par logan » 03 Sep 2004, 19:36

(guévariste @ vendredi 3 septembre 2004 à 18:11 a écrit : Et les usines où les dont les ouvriers detiennent eux-mêmes une part égale du capital ? La propriété collective implique-t-elle que les ouvriers de l'usine en soit proprios, ou que cette propriété soit étendue à toute la société ? Si oui, les ouvriers propriétaires de leur usines, sont-ils toujours exploités ? :(

L'objectif des communistes n'est pas le droit au capital pour tous mais l'abolition du capital.
C'est la société entière qui doit s'approprier les moyens de production en les arrachant des mains des capitalistes.

Quoi de plus logique quand on y réfléchit?
La société dépend entièrement du mode de production dominant (capitalisme).
Pourquoi la société ne pourrait elle pas dominer les moyens de production?

La société s'empare des moyens de production par l'intermédiaire de l'état.
Toute la société et pas les travailleurs individuellement.
T'imagines le bordel si un travailleur s'en va avec une machine sous le bras en beuglant "hého c'est la part qui me revient!". :hinhin:
Sous le socialisme Chaque individu produit selon les besoins de la société et reçoit de la part de la société un droit à la consommation selon ses heures de travail.
C'est un échange égal.

Il n'y a plus de vol du travail d'autrui, il n'y a donc plus d'exploitation.
logan
 
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Message par oca » 06 Sep 2004, 14:17

Pour être franc, je ne comprends pas trop la différence qui vous faite entre : un ouvrier qui travaille dans une usine et un paysan qui ne possède pas ses terres.
Le paysan qui ne possède pas ses terres est exploité par le propriétaire des terres ; comme les travailleurs dans une usine sont exploités par… le propriétaire de l’usine !
Dans les deux cas (la terre et l’usine), il y a une classe exploiteuse et une classe exploité.
Pour être plus claire, lorsque le paysan ne possède pas les moyennes de production alors il est un prolétaire comme les autres !

‘guévariste’ dit :
a écrit :
s'il [Le paysan qui ne possède pas ses terres] manque la plupart du temps une revendication de base, qui est celle de la propriété collective de la terre, et non, la revendication classique qu'ils ont généralement, qui est celle de son attribution à titre individuel (=sa propriété privée..)...


Si les paysans qui ne possède pas leurs terres n’ont pas des positions communistes ces uniquement parce qu’il sont influencé par les courants anarchiste, qui défende (comme tous mouvement anarchiste) des position petit bourgeois.
Les courants proudhoniens ont peut-être simplement encore une certaine influence dans les couches paysanne ! Sur tous que, encore maintenant, la plus part des paysans possède leur terre et dons la proportion des paysans qui ne possède pas leurs terres est relativement plus faible.

L’auto-gestion, c'est-à-dire la gestion des entreprise ou des terres par les ouvriers au sein d’une société qui reste capitaliste, est une utopie petite bourgeoise qui à également eu, a une certaine époque, de l’influence dans les milieux ouvrier ‘classique’ (le terme est peut-être mal choisi). Mais cela ne signifie pas que pendent ce temps les milieux ouvrier ‘classique’ n’était pas prolétaire.

On défins un prolétaire par ces rapports économique dans la société bourgeoise ! Voir les cinq points qui, selon Boukharine, définisse un prolétaire.

Si un prolétaire est influencé par des positions petit bourgeoises cela ne signifie pas qu’il n’est plus un prolétaire !

Ok logan, lorsque tu dis :
a écrit :
C'est pourquoi le prolétariat est la seule classe révolutionnaire jusqu'au bout.
Son exploitation ne peut être prendre fin que par la propriété collective des moyens de production.

Mais je ne suis pas d’accord avec toi lorsque tu dis :
a écrit :Contrairement aux paysans dont l'exploitation peut prendre fin avec la possession individuelle de la terre.

L’auto-gestion ne signifie pas la fin de l’exploitation. Les paysans sans terre ont comme intérêt (comme tous ouvrié) la collectivisation des terres et le passage au communisme.
oca
 
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