La démocratie et le parti Bolchevik

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Weltron » 03 Fév 2003, 17:30

Bon, puisque beaucoup parlent de l'interdiction des partis et des fractions au sein du parti bolchevik et en tirent comme conclusion que le léninisme portait (au moins en partie) en lui les graines du stalinisme, je me pose la question suivante :

Cette interdiction, est-ce qu'elle a été décidée unilatéralement par Lénine ou a-t-elle été discutée et votée par l'ensemble du comité central du parti bolchevik ?
Weltron
 
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Message par Barnabé » 03 Fév 2003, 18:07

L'interdiciton des fractions a été votée par le Xème congrès du parti bolchévik en 21. Il s'agissait, après la fin de la guerre civile, alors que le parti est largement coupé de la classe ouvrière d'assurer la cohésion du parti. Au cours des années 20-21 s'étati en effet manifestés des courants dans le partis, comme l'"opposition ouvrier" ou le "groupe centralisme-démocratique" qui reflétait des influences anarchistes petites bourgeoises (avec des mot d'ordre de "démocratie ouvrière" abstraits, ou l'idée de confier la gestion économique de la production aux syndicats). Lénine et la majorité du parti bolchévik voyaient dans l'apparition de telles fraction dans un contexte où la classe ouvrière est désinvestie des soviets, un possible point d'appuie pour le renforcement des tendances bureaucratiques dans le parti (qui pourraient s'appuyer sur le fractionnisme). C'est cela qui a motivé cette interdiction des fraction.

Je pense que c'était juste d'interdire les fractions en 21 face à cette situation, même si évidemment une mesure organisationnelle ne pouvait pas enrayer durablement la bureaucratisation du parti et de l'Etat (car cette bureaucratisation avait des causes profondéments sociale) et même si par la suite Staline s'est appuyé sur l'interdiction des fractions dans sa lutte contre l'opposition de gauche.
Ce que cela montre c'est qu'en 21, les bolchéviks ont un sérieux problème. La NEP, adoptée la même année est un autre aspect de la tentative pour lutter contre la dégénerescence de l'Etat en relançant l'industrie. Et la bureaucratie va aussi s'appuyer sur les coulaks pour arriver au pouvoir.
Ni la NEP, ni l'interdiction des fractions ne sont la cause du stalinisme. La cause du stalinisme est sociale; c'est essentiellement la disparition du contrôle effectif de la classe ouvrière sur son Etat. L'interdiciton des fractions et la NEP étaient des mesures pour tenter d'enrayer respectivement sur les plan économique et orgaisationnel la bureaucratisation, mais seule l'extension de la révolution aurait pu réellement stopper l'ascension de la bureaucratie au pouvoir.
Barnabé
 
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Message par pelon » 03 Fév 2003, 18:35

D'accord avec Barnabé. Il s'agissait, dans une situation critique, de tenir encore en sachant que si la révolution ne gagnait pas en Europe, l'Etat ouvrier périrait. Ni Lénine, ni trotsky ne se faisaient d'illusions là-dessus mais c'est un contexte que semblent ignorer (ou plus exactement comprendre) ceux qui critiquent les mesures contraignantes de la période.
pelon
 
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Message par Louis » 03 Fév 2003, 18:49

On a quand meme le droit de se poser des questions ! Entre nous, est ce que c'était l'opposition ouvrière qui constituait le plus grand risque de bureaucratisation ouvrière ? Et le fait d'interdire les fractions a été utilisé par les staliniens pour écraser toute oposition a leur politique en accusant leurs critiques de "fractionnisme"

Normalement, l'interdiction des fractions a été prise comme une mesure transitoire. Et eu égard a son but elle a fait preuve d'une nocivité redoutable

De plus, la question n'est pas seulement là Dans le contexte de l'apres boucherie, la meme conception autoritaire a été prise a l'egard des différents parti communiste (avec entre autre les 29 conditions et le controle directe des section par des cadres de l'ic) Et c'est en grande partie cette conception autoritaire qui a brisé bien des tentatives de révolution, avant meme que l'ic soit controlée par les staliniens
Louis
 
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Message par Louis » 03 Fév 2003, 19:33

revois les textes : on a jamais interdit le droit de tendances. Seulement le droit de fraction. Seulement, toute activité un tant soi peu critique envers le parti a vite été conspuée comme "fractionnelle" :blink:

Maintenant, tu dis que c'aurais été pire sans ? Mais pire comment ? Pire que quoi ? Pire que la dégenerescence bureucratique ? Parce que la dégénerescence a reçu une aide appréciable par ces mesures ? Donc, un retour a l'état bourgeois ? Et c'est sans doute la plate forme de l'oposition ouvriere qui aurait permi cela :perso-bouffon:
Louis
 
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Message par Barnabé » 03 Fév 2003, 20:20

a écrit : Maintenant, tu dis que c'aurais été pire sans ? Mais pire comment ? Pire que quoi ? Pire que la dégenerescence bureucratique ? Parce que la dégénerescence a reçu une aide appréciable par ces mesures ? Donc, un retour a l'état bourgeois ? Et c'est sans doute la plate forme de l'oposition ouvriere qui aurait permi cela


La cause de la dégénérescence n'es pas l'interdiction des fractions. Le stalinisme s'est appuyée dessus certes, mais si les fractions n'avaient pas été interdites en 21 et qu'elle en avait ressenti le besoin, la bureaucratie stalinienne aurait bien pu le faire entre 24 et 27. Cela dit à l'intérieur même du parti, Staline ne s'est pas appuyé que sur l'interdiction des fraction, essentiellement il s'est appuyé sur l'ouverture du parti en 24 (promotion Lénine) qui noyait le parti sous une masse de fonctionnaires sans expérience politique et fournissait une base sociale à Staline dans l'appareil du parti.
Sur l'opposition ouvrière, je ne pense pas que leur plate forme était juste. Il s'agissait de penser pallier à l'absence de démocratie soviétique par l'intervention des syndicats dans la production, alors que le problème était de rammener les ouvrier aux soviets. Si la classe ouvrière n'intervient plus dans les soviets, pourquoi manifesterait-elle la volonté de contrôler la politique des syndicats. Et alors, en quoi ces syndicats seraient-ils autrechose que des appareils bureaucratisés.
En 21, le parti n'interdit pas l'expression de divergences, il n'exclut pas Chliapnikov ou Kollontaï (dirigeants de l'opposition ouvrière), il interdit l'expression politique et l'organisation hors ou autour du parti de fractions parceque maintenir l'unité du parti était une nécessité face aux déformations bureaucratiques naissantes, voire comme le dit Wolf face à un danger de dislocation de l'Etat et de restauration capitaliste (d'autant qu'avec la NEP les pressions bourgeoises en Russie vont devenir des plus sensibles)
Barnabé
 
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Message par Louis » 03 Fév 2003, 21:26

(Barnabé @ lundi 3 février 2003 à 21:20 a écrit :
a écrit : Maintenant, tu dis que c'aurais été pire sans ? Mais pire comment ? Pire que quoi ? Pire que la dégenerescence bureucratique ? Parce que la dégénerescence a reçu une aide appréciable par ces mesures ? Donc, un retour a l'état bourgeois ? Et c'est sans doute la plate forme de l'oposition ouvriere qui aurait permi cela


La cause de la dégénérescence n'es pas l'interdiction des fractions. Le stalinisme s'est appuyée dessus certes, mais si les fractions n'avaient pas été interdites en 21 et qu'elle en avait ressenti le besoin, la bureaucratie stalinienne aurait bien pu le faire entre 24 et 27. Cela dit à l'intérieur même du parti, Staline ne s'est pas appuyé que sur l'interdiction des fraction, essentiellement il s'est appuyé sur l'ouverture du parti en 24 (promotion Lénine) qui noyait le parti sous une masse de fonctionnaires sans expérience politique et fournissait une base sociale à Staline dans l'appareil du parti.
Sur l'opposition ouvrière, je ne pense pas que leur plate forme était juste. Il s'agissait de penser pallier à l'absence de démocratie soviétique par l'intervention des syndicats dans la production, alors que le problème était de rammener les ouvrier aux soviets. Si la classe ouvrière n'intervient plus dans les soviets, pourquoi manifesterait-elle la volonté de contrôler la politique des syndicats. Et alors, en quoi ces syndicats seraient-ils autrechose que des appareils bureaucratisés.
En 21, le parti n'interdit pas l'expression de divergences, il n'exclut pas Chliapnikov ou Kollontaï (dirigeants de l'opposition ouvrière), il interdit l'expression politique et l'organisation hors ou autour du parti de fractions parceque maintenir l'unité du parti était une nécessité face aux déformations bureaucratiques naissantes, voire comme le dit Wolf face à un danger de dislocation de l'Etat et de restauration capitaliste (d'autant qu'avec la NEP les pressions bourgeoises en Russie vont devenir des plus sensibles)

je n'ai jamais dit que l'interdiction des fractions avaient été la cause de la dégénérescence bureaucratique; Je me suis toujours battu a l'intérieur et a l'extérieur de mon organisation pour cela

Maintenant, oui, je dit que l'efficacité de cette mesure a été fort limité pour l'objectif pour lequelle elle a été prise et qu'au contraire elle a renforcé les tendances a la dégénérescence bureaucratique

C'est pourquoi la 4 (SU) s'est prononcé depuis longtemps (20 ans au moins) pour l"aurorisations des fractions et le multipartisme dans les états ouvriers en dehors de périodes d'exceptions Nous n'avons pas attendu olivier...

a écrit :Sur l'opposition ouvrière, je ne pense pas que leur plate forme était juste.


Moi non plus Mais le groupe d'oposition de gauche (Trotsky) sans doute un peu plus

Au fait, que pronait T. dans "cours nouveau"
Louis
 
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