Le parti et l'Etat ouvrier

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Louis » 13 Fév 2003, 20:17

a écrit :J'ai l'impression que cette réflexion est tentée à la L.C.R..


effectivement, on peut le dire ! Au niveau des principes : pas de révolution socialiste sans démocratisation radicale Et aussi au niveau d'une réévaluation de ce qui est formel (la loi et la constitution par exemple) A force de critiquer la démocratie "formelle" on oublie qu'elle doit AUSSI l'etre

maintenant, cher jean claude j'aimerais que tu m'expliques ce qu'il y a de "mode" dans nos point de vue. Et évidémment, le coté mode peut avoir deux lecture : soit une sensibilité a l'"air du temps" au niveau des mobilisations, soit une recherche désespérée pour coller aux "dernieres tendances" En d'autres termes, la LCR est elle une "fashion victim" ? MAis j'aimerais que tu me l'illustre par des faits précis...
Louis
 
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Message par Louis » 13 Fév 2003, 20:23

pour verser au dossier, un article théorique de samy josuah

a écrit :La démocratie comme principe


Des options profondément novatrices de la Constitution de 1793 aux leçons à tirer du siècle écoulé, la certitude s'impose que le débat sur la démocratie sera de la plus grande utilité pour éclairer les pratiques politiques émancipatrices d'aujourd'hui.


Après la Révolution américaine, la chute du roi et l'instauration de la république lors de la Révolution française ont jeté les bases modernes d'un débat : qu'est-ce que la démocratie, quelles en sont les conditions et les limites ? La lecture de la Constitution de 1793 ne cesse ainsi d'étonner.
Ouverte (la citoyenneté s'appliquait aux étrangers résidant depuis au moins un an), elle était marquée par une profonde réflexion sur la combinaison entre représentation et contrôle "d'en bas", avec assemblée unique, suffrage universel, prise en compte de formes de démocratie directe. Elle avait instauré une obligation de soumettre les lois votées à un référendum populaire, faisant office de possibilité de veto "d'en bas".
Certes, les limites en sont patentes, comme le montre l'exclusion des femmes du suffrage "universel". Plus largement, les problèmes posés ne pouvaient alors trouver leur solution, pour cause à la fois de développement des forces productives trop faible et, surtout, d'une extension du salariat prolétarien trop embryonnaire. De fait, cette constitution, sitôt adoptée, fut déclarée suspendue "jusqu'à la paix", et donc jamais appliquée. Mais le principe démocratique une fois imposé à la conscience sociale a ceci de particulier qu'il tend inexorablement à devenir une arme aux mains de ceux qui en sont exclus.
Liberté et droit de propriété
Jusqu'où s'étend donc l'exigence démocratique ? Touche-t-elle au pouvoir matériel des possédants ? L'enragé Jacques Roux a énoncé la contradiction insurmontable de la démocratie bourgeoise : "La liberté n'est qu'un vain fantôme quand une classe d'hommes peut affamer l'autre impunément ; l'égalité n'est qu'un vain fantôme quand le riche, par le monopole, exerce le droit de vie et de mort sur son semblable." Encore n'est-ce là que l'exigence de la limitation du pouvoir lié au droit de propriété, non la remise en cause de ce droit lui-même, que seuls les futurs communistes, avec Babeuf, poseront comme question centrale. La république peut-elle être démocratique sans être "sociale" ?
Pour la bourgeoisie triomphante du xixe siècle, un pas de plus dans l'extension du pouvoir du peuple sur le terrain de la propriété (même sous la forme du contrôle) et de la démocratie directe, et c'est la tyrannie qui s'installe. Symboliquement, la iiie République commençante fixera la date de la Révolution au 14 juillet 1789, et non au 10 août 1792 (prise des Tuileries et chute du roi), ou à l'instauration de la république.
A partir de cette profonde division, la plus importante qui ait séparé la pensée de gauche de celle de la droite, s'ouvre un autre débat, attisé au feu de 1917. La remise en cause du droit de propriété, le renversement révolutionnaire du pouvoir de la bourgeoisie sur la société doivent-ils s'ajouter aux formes d'exercice de la "souveraineté populaire" installées à partir de la Révolution française et les compléter ? Ou doivent-ils les bouleverser et les remplacer ? Lénine et les bolcheviks affirment d'abord que les "droits démocratiques" bourgeois ne sont que "formels". Il s'agit alors, par un double mouvement, de rendre explicite l'exclusion des classes dominantes et de leurs alliés de toute participation au pouvoir, et de rendre réel l'exercice démocratique du pouvoir des exploités. Ce qui était tromperie est alors assumé ouvertement, mais ­ cela fait une différence majeure ­ au profit cette fois d'une immense majorité du peuple.
L'intuition de Rosa
Il est difficile de faire la part de ce que ces théorisations doivent au "moment révolutionnaire", et donc à la nécessité de la prise du pouvoir puis à celle de la guerre civile. Mais jusqu'à quand un tel système de restriction des droits démocratiques pour certains peut-il être maintenu sans toucher d'abord les traîtres, puis les hésitants, et enfin les propres amis d'hier ? Rosa Luxemburg affirmait : "La liberté de presse, le droit de réunion et d'assemblée ont été supprimés pour tous les opposants du régime soviétique et pourtant il est bien connu que, sans une presse libre et non censurée, sans un droit illimité de réunion et d'assemblée, le rôle de la grande masse du peuple est impensable." Elle ajoutait qu'à défaut, toute la vie politique aurait tôt fait de se concentrer dans les mains d'une étroite bureaucratie. Toute réflexion sur la nature d'une authentique démocratie doit aujourd'hui partir de l'absolue conviction que Rosa avait totalement raison.
Depuis, les réflexions de Trotsky, puis de notre courant, ont approfondi les bases théoriques de ce jugement. L'une des principales tient en ceci que "la classe ouvrière" ne se manifeste jamais au singulier, mais au contraire divisée, économiquement (selon la place effective de chacun dans la production), sexuellement, idéologiquement, voire nationalement. Et ceci interdit toute possibilité de penser même "un parti (unique) du prolétariat". Mais, alors, de proche en proche, c'est le multipartisme (y compris "non prolétarien") qui s'impose comme principe.
Ce qui se lie avec une autre question. Chez Marx et Engels, le communisme est souvent présenté comme un système qui permettra de "remplacer l'administration des hommes par l'administration des choses", engageant inexorablement l'idée que ce serait en même temps la fin de la politique comme moment séparé et spécifique de l'activité humaine. Point majeur, qui suppose que "les choses" puissent aisément se séparer des rapports entre "les hommes". Que, par exemple, les "forces productives" puissent être seulement considérées sous leur versant techniquement "neutre", alors qu'elles ont un impact structurant sur la vie des être humains, sur leurs relations entre eux (et elles), ainsi qu'avec la nature. Qu'en conséquence, toute administration "des choses" demeure du domaine "politique", c'est-à-dire de la formation d'une décision majoritaire soumise au doute, au débat et à la contingence. Sans compter que, dans des sociétés de plus en plus différenciées sur plusieurs dimensions, et où le surgissement de "la personne" comme unité politique est une donnée positive et incontournable, le problème de faire surgir une volonté majoritaire sans écraser celles de minorités multiples est loin d'être résolu.
L'exigence de droits
Si bien que devient légitime la pensée d'une continuité possible avec, par exemple, la nature des débats de 1 793. D'un côté, comme Marx et Engels l'ont exposé (et avec quel souffle) dès le Manifeste communiste de 1848, il est devenu clair, même pour le plus obtus des politologues, que l'extension continue du règne de la loi de la valeur capitaliste rend chaque jour un peu plus "formel" l'exercice d'un droit démocratique quelconque, et détruit le droit à choisir collectivement de notre avenir commun. De l'autre, une fois la dictature marchande écartée, l'espace où ce droit pourrait réellement s'exercer, la manière dont "le peuple assemblé" pourrait construire sa souveraineté, restent largement à inventer.

Samy Johsua
Louis
 
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Message par Louis » 13 Fév 2003, 20:32

a écrit :Tout ceux qui ont vécu un mouvement le savent: au début, tout le monde participe, se passionne, se donne à fond. Et effectivement cela garantit assez bien contre les abus des groupes constitués. Et puis au fur et à mesure, cela s'éparpille, et puis à la direction, ils ne restent plus que les passionnés, les pros... et là commencent les magouilles les coups de force, et là finit la démocratie.
Il n'est pas difficille de faire la transposition.


Déja, le fait de développer des possibilités de changer REELEMENT des choses est un des plus puissants facteurs de mobilisation qui soit ! Dans un mouvement social, ce n'est pas parce que les gens ont autre chose a faire qu'ils '"laissent tomber" mais parce qu'ils se sentent impuissants. Et il faut aussi développer tout ce qui permet aux gens de participer a leur auto organisation : crédit d'heure (comme des DP) formations (a la gestion par exemple) radicale réduction du temps par exemple
Mais on peut aussi avoir la vision d'un systeme avec deux modalités : controle direct et démocratie représentative (avec réduction des mandats et révocation possible)
Louis
 
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Message par Louis » 13 Fév 2003, 22:15

non, pas du tout !

"remise en cause du che" c'est quelque chose de bizarre pour nous : nous ne l'avions jamais oublié Rien de plus, mais rien de moins (et sans oublier marcos)

Maintenant tout différent est le mouvement "antimondialisation" "altermondialisation" "pour une mondialisation anticapitaliste" C'est un mouvement d'une force irrésistible, qui concerne (de par le monde) plusieures centaines de milliers de jeunes. Et on voudrait laisser tout ça a chevenement ??

MAis aussi, ces jeunes nous enrichissent au niveau de leurs réfléxions sur la démocratie : déja parce que les mots ont un sens différent a paris, gênes, sao paulo, mexico ou tananarive !
Louis
 
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