
Comment dès lors définir ce courant?
On peut affirmer l'existence d'un référent marxien, commun à l'ensemble des protagonistes de l'Ecole de Francfort. Plutôt que d'un marxisme dogmatique, il s'agit là d'une appriopriation "hétérodoxe", c'est à dire hors de toute inféodation partidaire ou étatique , du moment critique de la pensée de Marx.
Comme Assoun et Raulet l'ont montré dans "Marxisme et théorie critique"(Payot),il s'agit aussi d'une intégration de concepts kantiens dans un cadre historique nouveau. La raison devient l'un des référents essentiels de la Théorie Critique, raison qui seule peut armer le sujet historique d'une conscience critique, d'une conscience de soi comme sujet de l'Histoire et conscience du monde comme objet, à la fois obstacle et instrument d'émancipation. Mais si la raison est émancipatrice, elle a fondé aussi l'émergence du capitalisme, à travers une appropriation rationnelle de la nature. Le dévoilement de cette dialectique de la raison, à la fois émancipatrice et instrument de domination, entraine une critique radicale du positivisme.
Au positivisme, l'Ecole de Francfort oppose la "dialectique négative", c'est à dire la prise de conscience du monde comme négation du sujet historique et ce moment critique de l'esprit qui tend, par l'utopie ou par la révolte sociale,à nier cette négation pour dépasser toute aliénation. Il y a là une réappropriation de ce qu'il y a de potentiellement subversif chez Hegel. D'un autre côté, pour certains (Marcuse, Adorno...) une influence husserlienne et, pour Marcuse, l'apport de Heidegger n'est pas négligeable, du moins pour ce qui concerne ses premiers travaux.
Le contact, souvent critique, avec la phénoménologie et la philosophie de l'existence rend compte de la nécessité, pour l'école de Francfort de prendre position non seulement par rapport aux déviations d'une philosophie existentielle détournée aux fins de légitimation de l'Etat autoritaire, mais aussi sur la question fondamentale des rapports de l'être au monde, à travers notemment la critique de l'irrationalisme et le refus de survaloriser la singularité de l'existence individuelle dans une démarche réintroduisant un idéalisme qui perd le contact avec le monde de l'histoire matérielle.
On comprendra l'importance et la particularité de la position philosophique de l'école de Francfort, qui est située historiquement en un lieu stratégique où elle se trouve confrontée à la fois à la dogmatisation et à l'affadissement du marxisme, à un positivisme logique considéré comme un instrument de la rationalité bourgeoise propre au capitalisme industriel ,à un existentialisme dévié (la Lebensphilosophie) qui rend le sujet historique vulnérable aux tentations du national-socialisme (le "cas" Heidegger est ici éclairant, et éclairé par la théorie critique) et à l'héritage kantien qui ne fut pas sans influence chez certains penseurs marxistes (Max Adler par ex.).
On peut affirmer l'existence d'un référent marxien, commun à l'ensemble des protagonistes de l'Ecole de Francfort. Plutôt que d'un marxisme dogmatique, il s'agit là d'une appriopriation "hétérodoxe", c'est à dire hors de toute inféodation partidaire ou étatique , du moment critique de la pensée de Marx.
Comme Assoun et Raulet l'ont montré dans "Marxisme et théorie critique"(Payot),il s'agit aussi d'une intégration de concepts kantiens dans un cadre historique nouveau. La raison devient l'un des référents essentiels de la Théorie Critique, raison qui seule peut armer le sujet historique d'une conscience critique, d'une conscience de soi comme sujet de l'Histoire et conscience du monde comme objet, à la fois obstacle et instrument d'émancipation. Mais si la raison est émancipatrice, elle a fondé aussi l'émergence du capitalisme, à travers une appropriation rationnelle de la nature. Le dévoilement de cette dialectique de la raison, à la fois émancipatrice et instrument de domination, entraine une critique radicale du positivisme.
Au positivisme, l'Ecole de Francfort oppose la "dialectique négative", c'est à dire la prise de conscience du monde comme négation du sujet historique et ce moment critique de l'esprit qui tend, par l'utopie ou par la révolte sociale,à nier cette négation pour dépasser toute aliénation. Il y a là une réappropriation de ce qu'il y a de potentiellement subversif chez Hegel. D'un autre côté, pour certains (Marcuse, Adorno...) une influence husserlienne et, pour Marcuse, l'apport de Heidegger n'est pas négligeable, du moins pour ce qui concerne ses premiers travaux.
Le contact, souvent critique, avec la phénoménologie et la philosophie de l'existence rend compte de la nécessité, pour l'école de Francfort de prendre position non seulement par rapport aux déviations d'une philosophie existentielle détournée aux fins de légitimation de l'Etat autoritaire, mais aussi sur la question fondamentale des rapports de l'être au monde, à travers notemment la critique de l'irrationalisme et le refus de survaloriser la singularité de l'existence individuelle dans une démarche réintroduisant un idéalisme qui perd le contact avec le monde de l'histoire matérielle.
On comprendra l'importance et la particularité de la position philosophique de l'école de Francfort, qui est située historiquement en un lieu stratégique où elle se trouve confrontée à la fois à la dogmatisation et à l'affadissement du marxisme, à un positivisme logique considéré comme un instrument de la rationalité bourgeoise propre au capitalisme industriel ,à un existentialisme dévié (la Lebensphilosophie) qui rend le sujet historique vulnérable aux tentations du national-socialisme (le "cas" Heidegger est ici éclairant, et éclairé par la théorie critique) et à l'héritage kantien qui ne fut pas sans influence chez certains penseurs marxistes (Max Adler par ex.).