Le Front Unique

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par faupatronim » 18 Fév 2003, 11:56

La discussion sur le fascisme nous a poussé, un peu obligatoirement, à citer la politique de front unique préconisée par :trotsky: dans les années 30.

Je crois par contre que nous avons des désaccords, en particulier avec les camarades de CPS, sur le fait que cette politique soit la bonne aujourd'hui et tienne de pratique pour les trotskiste en 2003.

Il serait pas mal qu'un camarade de CPS nous fasse un petit point de leur position à ce sujet pour nous permettre de mesurer leurs appréciations.
faupatronim
 
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Message par faupatronim » 18 Fév 2003, 12:11

Tu remarqueras que j'ai dit préconisée par :trotsky: et non élaborée comme tu me le fais dire.

a écrit :En clair, depuis les congrès de l'IC jusqu'au programme de transition, le combat sur l'axe du front unique des organisations ouvrières (pour peu qu'il y en ait) est un axe constant pour les marxistes. Cela n'a rien de conjoncturel.


C'est justement de cela que je voudrais discuter : rien de conjoncturel ? Je n'est pas trop le temps pour l'heure mais j'essai de poster cet après-midi.
faupatronim
 
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Message par stef » 18 Fév 2003, 17:46

Bon, pour introduire (avec des imprécisions inévitables : écrit en 5 minutes à propos d'un sujet qui en soit serait introduit pendant 2 plombes).

La tactique de FU part du fait évident que pour avancer la classe ouvrière doit obligatoirement transcender les divisions objectives et subjectives qui la traversent. Mais le plus important est certainement les divisions politiques qui la traversent. C'est un premier aspect qui justifie la tactique de FU à son niveau le plus "organique".

L'autre aspect est que la classe dispose d'institutions politiques - partis et syndicats - qui la façonnent, qui la font passer de classe "en soi" à classe "pour soi". Ces institutions sont elles-même un enjeu de la lutte de classes - voir l'intégration progressives des partis traditionnels à la société.

Donc, explicité rapidement, le mouvement de la classe est un mouvement combiné d'unification de ses rangs et de soumission à ce mouvement des institutions en question (essentiellement le PS, le PCF et les syndicats). Exemple typique : l'Italie, où - de façon partielle - les travailleurs ont imposé que la CGIL rompe (pour un temps) avec le gvt Brelusconi, ce qui est inséparable des manifestations monstre de ces derniers mois et en définitive de ce que l'existence de ce gvt est suspendue à un fil (cf sa dernière volte-face sur l'Irak).

Partant de là, la tâche d'un révolutionnaire semble assez claire : nourrir ce mouvement (dont la logique ultime est celle de la dislocation des appareils - cf encore les fractures apparues en Italie). Nourrir signifie avant tout lui donner des objectifs précis (pas la totalité du programme marxiste) - sachant que d'autres chercheront obligatoirement à le dévoyer (cf le dévoiement du combat contre le contrôle impérialiste de l'Irak vers le soutien à Chirac). Mais il est bien clair que toute revendication un tt soit peu significative pose la question du pouvoir.

Précisons aussi le FU n'est pas une politique de "compromis(sion)" typique de la LCR (ses "appels unitaires"). C'est choisir le point qui exprime l'intérêt de la classe à un moment donné ("Non à tte remise en cause des retraites !") et lui permette de souder sa force.

Dernier aspect. Dans l'immense majorité des cas, les marxistes ne sont pas en mesure de faire partie en tt que tels du FU car trop faibles. Il n'empêche que leur rôle est de nourrir le mouvement des masses qui tend à se saisir de ce dont elles disposent - donc avant tt le PS, le PCF, les syndicats - dans leur mouvement pratique, de se renforcer dans ce mvt. D'où notre agitation en direction des dirigeants des organisations ouvrières.

Partant de là, on comprendra que cette tactique soit à notre avis essentielle en tte circonstance - étant entendu que ses modalités varient énormément en fonction des conditions concrètes. Je pense que sur cet aspect nous ne sommes effectivement pas d'accord avec faupatronym (vu son premier post).
stef
 
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Message par pelon » 19 Fév 2003, 09:55

(wolf @ mercredi 19 février 2003 à 09:29 a écrit :Discufred, si tu penses qu'il n'y a plus de mouvement ouvrier en france, tu serais aimable de nous expiquer comment un tel cataclysme s'est produit. La CGT et le PCF pour en rester là ne seraient même plus d'une manière déformée des organisations ouvrières?

Mais en réalité, même à vous ça vous arrive, un peu comme monsieur Jourdain la prose, de vous poser les questions autrement que sous cette forme stérile.
Un exemple: lors de la campagne des élections présidentielles, j'ai entendu Arlette dire qu'elle aurait pu appeler Jospin au second tour si celui-ci s'était engagé sur tel ou tel point (exemple l'interdiction des licenciements). Je suppose qu'une telle formulation n'aurait pas pu s'appliquer à Chirac (et elle renvoie à la formule de Hardy dans le monde sur la différence "droite"/"gauche").
Mais du coup ça faisait pus zigzag qu'autre chose.

maintenant, si pour vous, Caupo et Discufred, construire le parti (révolutionnaire, je présume?) peut se faire sans discuter de la politique pratique qui mène à la construction du parti, la discussion n'est plus sur le front unique, elle est sur la compréhension de ce qu'est un parti: instrument de combat politique ou tabernacle du programme. ce qui autrement plus génant.

Wolf, tu sais très bien qu'en 1921, on était dans une vague révolutionnaire et que le FU était une réponse à un début de reflux de cette dernière. Certains (Albert Treint, je crois) l'avaient même interprété, à tort (au moins tactiquement) comme l'occasion de "plumer la volaille socialiste".
Dans les années 30, période de montée du fascisme et de la réaction, la classe ouvrière était d'une activité et d'une conscience (Allemagne, espagne, France) sans commune mesure avec 2003.
c'est de cela que parle Discufred, pas de la disparition de la CO.
Je pense que si la CO n'est pas dans une phase offensive. De plus, les bureaucraties syndicales et politiques ont continué de pourir et de perdre, et de l'importance et de l'influence. 2 raisons qui ne plaident pas pour le FU.
Quand il y aura remontée des luttes, sous une forme que l'on ignore, ce n'est pas aux revolutionnaires de redonner du crédit aux dirigeants qui ne pourront que trahir. Si, par exemple, une grève générale se déclenchait, elle ne pourra se développer au maximum de ses possibilités que si sa direction échappe aux bureaucrates. AG controlant le Comité de Grève élu et révocable au niveau de l'entreprise. Centralisation des comites de grève pour frapper ensemble et de manière coordonnée. Voilà ce qui nourrit nos espoirs, pas un front avec Dudule Fabius, Théodule Melencon, Augustine Buffet.
Trotsky, dans son argumentation pour le FUO, expliquait que les masses avaient encore confiance en ces organisations même s'il le déplorait. De ce point de vue, nous ne sommes plus dans la même situation.
Actuellement, à part dans certaines sphères syndicales, le PS et le PC ont perdu beaucoup de crédit.
Sont-ce les révolutionnaires qui vont leur en redonner ?
pelon
 
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