Le spectre du "néo-gauchisme"

Message par titi » 16 Oct 2003, 17:33

eh bé, quand j'ai lu l'article ce matin dans libé, je n'avais pas vu que ce monsieur était "militant" de la lcr
j'ai meme failli demander ici qui est cet hurluberlu

il y a vraiment des gens à la ligue qui pensent ce qu'il a écrit ? c'est une toute petite minorité j'espère.
titi
 
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Message par conformistepote » 16 Oct 2003, 19:55

Voici une autre tribune de PC qui vous fera sans doute hoqueter une nouvelle fois. Il fait même s'étrangler des gens à la ligue, c'est pour dire... J'ai, moi aussi, bien souvent du mal à le suivre. On a eu des chevènementistes, on a une plate-forme 4, on a 2 LCR Dijon, ça prouve que nous sommes bien l'ébauche du grand parti des travailleurs.

CITATION La contribution de Philippe Corcuff
Paru dans Le Monde
Vendredi 4 juillet 2003


L'ADIEU AU PS

Philippe Corcuff (Maître de conférences de science politique à l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon)

J'ai été militant du Parti socialiste de 1977 à 1992. Le congrès de Dijon a clos une période : celle de la possibilité de faire du PS un parti de changement social. Certes, les socialistes français, comme la plupart de leurs homologues européens, ont quitté depuis longtemps les rivages sociaux-démocrates pour s'installer dans le port du social-libéralisme. Mais, aujourd'hui, les espoirs internes d'un nouvel Epinay apparaissent clairement vains. Le marketing (quelques femmes-jeunes-associatifs issus de l'immigration) a remplacé la rénovation des pratiques politiques. Une rhétorique tautologique (« Nous sommes de gauche puisque nous sommes la gauche  ») a remplacé le projet de société. Le vide politique et intellectuel d'un François Hollande a remplacé la réflexion sur les défis du XXIe siècle.

Deux forces critiques s'étaient pourtant manifestées après le désastreux 21 avril. Le Nouveau Parti Socialiste d'Arnaud Montebourg pointait la nécessité d'une transformation démocratique tant du fonctionnement du parti que de son projet. Le Nouveau Monde d'Henri Emmanuelli s'opposait à la dérive libérale en mettant l'accent sur la question sociale. Malgré leurs limites, ces courants contestataires exprimaient la fragile possibilité d'un sursaut intérieur. Ils se sont heurtés à une organisation verrouillée par un appareil et rongée par le clientélisme des grands et petits notables. Maintenant que l'échec est là, les voilà au pied du mur : accepteront-ils de devenir les énièmes cautions du principal obstacle à l'émergence d'une autre politique ? Je crains que la très grande majorité ne réponde oui en pratique, du fait du poids conjugué du patriotisme de parti, des auto-illusions générées par le combat interne et des logiques de carrière. Et si la gauche a maintenant à faire ses adieux au PS, c'est à l'immense gauche de l'extérieur de s'y atteler.

Cette gauche de l'extérieur, ce sont les forces réactivées du mouvement syndical et des nouveaux mouvements sociaux, qui trouvent de nouvelles perspectives internationales avec la protestation alter-mondialiste. Si les services publics sont apparus à la pointe du combat contre l'insécurité sociale, c'est aussi, comme en 1995, en solidarité avec le secteur privé et les précaires encore davantage menacés par le rouleau compresseur lancé contre les garanties collectives de l'autonomie individuelle. Et puis, il y a tous ceux pour qui le vote a perdu son sens, sous le double effet des déceptions politiques successives et des progrès de l'individualisme.

Bien sûr, le PS garde encore des militants et des électeurs. Si certains continuent ainsi à adhérer, c'est souvent moins au contenu d'une politique qu'à une posture identitaire. Sur la pente individualiste, qui conduit beaucoup d'autres à se désintéresser totalement des jeux politiques, des personnes peuvent puiser dans cette adhésion des coordonnées identitaires principalement pour elles-mêmes (du type « Je suis de gauche, donc différent des corrompus de droite »).

Par contre, du côté des politiques menées, on demeure dans l'orbite du « pas très différent » de la droite. En dehors de la matraque sécuritaire, qui entretient dangereusement une ethnicisation des rapports sociaux, la politique économique et sociale de Raffarin ressemble moins à l'ultra-libéralisme de Thatcher et Reagan qu'au social-libéralisme de Mitterrand, Jospin et Blair. La stratégie de coucou du PS dans les mobilisations sur les retraites (planquer ses oeufs politiciens dans le nid de la contestation sociale) ne doit pas nous faire oublier qu'il avait dans ses cartons des projets similaires. D'ailleurs,tant dans les grèves des services publics que dans le mouvement alter-mondialiste, ses tentatives électoralistes de récupération n'ont guère été audibles.

Et pourtant nous sommes face à des enjeux politiques et intellectuels de taille. Pierre Rosanvallon a raison sur le diagnostic : « Tout le projet d'émancipation est à refonder » (Le Monde du 16 mai). Mais les tenants de l'ex-Fondation Saint-Simon ont le culot d'utiliser le beau mot d'«  émancipation » pour donner une couleur attrayante à l'éternisation de « la démocratie de marché ». Or, si l'émancipation républicaine comme l'émancipation socialiste connaissent aujourd'hui un épuisement relatif, ce n'est pas avec un en deçà (l'abandon de fait de l'émancipation pour se noyer dans le bouillon marchand) qu'on pourra inventer un nouveau projet de civilisation. On aura besoin de ressources républicaines et socialistes, même si elles ne seront pas suffisantes.

En nommant fallacieusement « réformisme » la démission sociale-libérale, Rosanvallon abandonne ce qui constituait l'aiguillon utopique de la tradition socialiste : l'horizon d'une société post-capitaliste. Chez Jaurès, la dynamique des réformes se nourrissait de la possibilité d'une autre société. Sans cet horizon, on risque de ne plus vraiment réformer.

L'anticapitalisme apparaît donc toujours comme un point de passage obligé d'une nouvelle politique d'émancipation, car le capitalisme est toujours là, injuste et oppresseur. Mais l'anticapitalisme ne peut plus être le c?ur exclusif d'une démarche émancipatrice. Ni la question individualiste, ni la question écologiste, ni la question féministe ne trouveront un traitement pertinent dans le seul cadre anticapitaliste. Il s'agit, plus radicalement, d'inventer une politique de la pluralité qui associe, dans un esprit post-capitaliste, les aspirations de l'individualité et les protections de la solidarité collective, l'humeur anti-institutionnelle des nouvelles générations contestataires et leur défense de la sécurité sociale. Une social-démocratie libertaire en quelque sorte.

Ce renouveau de l'émancipation apparaît déjà en germe dans les luttes actuelles. Mais il doit aussi pouvoir trouver des cristallisations dans l'espace politique, tout en garantissant scrupuleusement l'indépendance et la critique réciproque des mouvements sociaux et des partis. La politique partisane n'est certes pas le principal, mais le 21 avril a montré qu'on aurait tort de négliger cette composante. La campagne présidentielle d'Olivier Besancenot a commencé à travailler dans le sens de l'émergence d'une nouvelle gauche radicale et plurielle. Par contre, les appels prématurés à la constitution de réseaux anti-libéraux allant du PS à l'extrême-gauche, malgré les bonnes intentions unitaires et rénovatrices de leurs initiateurs, risquent simplement de servir à rabattre les électeurs et les militants critiques vers un PS hégémonique, en tuant dans l'oeuf la gauche radicale naissante, comme cela a déjà été fait pour les Verts. Envisager des alliances politiques larges incluant d'une façon ou d'une autre les socialistes, avec d'éventuelles dimensions électorales, n'aura pas de sens tant que la nouvelle gauche radicale ne stabilisera pas un fort écho dans les luttes sociales et une audience électorale suffisante pour peser significativement sur les choix politiques.

A court et moyen terme, l'adieu au PS et la priorité donnée à la construction de la gauche radicale constituent les deux faces stratégiques d'un même projet politique de sortie de l'impasse.

Philippe Corcuff
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conformistepote
 
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Message par Louis » 16 Oct 2003, 20:27

tout ça me parait très "classique" dans la bouche d'un corcuff... Mais l'animal, quoiqu'on puisse lui reprocher, est intellectuelement brillant, indiscutablement perspicace et permet d'ouvrir de nouvelle pistes intellectuelles ! Je dois dire que j'aime beaucoup Pillippe, ne serait ce qu' a voir la gueule catastrophée de certains de mes camarades quand ils savent que PC va prendre la parole ! Meme si je ne suis pas d'accord avec ce qu'il dit... Et ça serait mieux si on fusionnait lo et lcr ! Rien que voir philippe et caupo dans la meme AG, je sent des larmes qui me viennent aux yeux ! Voila ma conception du parti révolutionnaire : celle ou caupo et corcuff pourront se cotoyer, et meme y prendre du plaisir !

Ps : caupo, inutile de t'ennerver ! :bounce: :bounce: :bounce:
Louis
 
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Message par stef » 16 Oct 2003, 20:36

Merci de ne pas nous imaginer dans ce genre d'agapes... Caupo, on te laisse l'honneur...
stef
 
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Message par tristana » 17 Oct 2003, 06:45

CITATION (LouisChristianRené @ jeudi 16 octobre 2003, 22:27)tout ça me parait très "classique" dans la bouche d'un corcuff... Mais l'animal, quoiqu'on puisse lui reprocher, est intellectuelement brillant, indiscutablement perspicace et permet d'ouvrir de nouvelle pistes intellectuelles ! Je dois dire que j'aime beaucoup Pillippe, ne serait ce qu' a voir la gueule catastrophée de certains de mes camarades quand ils savent que PC va prendre la parole ! Meme si je ne suis pas d'accord avec ce qu'il dit... Et ça serait mieux si on fusionnait lo et lcr ! Rien que voir philippe et caupo dans la meme AG, je sent des larmes qui me viennent aux yeux ! Voila ma conception du parti révolutionnaire : celle ou caupo et corcuff pourront se cotoyer, et meme y prendre du plaisir !

Ps : caupo, inutile de t'ennerver ! :bounce: :bounce: :bounce: [/quote]
Je crois qu'il n'y a pas meilleure définition du futur parti bolchévik des temps modernes que nous construirons tous, ensemble, sans sectarisme et sans compromissions.
tristana
 
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Message par reval71 » 17 Oct 2003, 08:59

V'la qu'vous voulez construire un PT avec un répulsif a révolutionnaire intégré dans les gênes j'croyais qu'vous étiez contre les OGM à la ligue :hinhin:
reval71
 
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Message par Louis » 17 Oct 2003, 09:35

Ben non, on est pas "contre" les ogm, on est pour EVALUER en dehors de l'industrie les risques potentiels, nuance !

quand a élaluer les risques potentiel d'une orga commune caupo corcuff (p'tet qu'il y a trop de C la dedans ?), tout cela me parait un peu prématuré !
Louis
 
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Message par cockney red » 17 Oct 2003, 13:51

Perso je suis contre les OGM agricoles parce que je ne vois tout simplement pas à quoi ils servent (autre que les profits privés). Bref.

Par contre, en politique je suis pour les Organismes Démocratiquement Modifiés.

En l'espèce, je trouve que le texte de Corcuff est intéressant en ce qu'il cerne assez bien ce que je crois en gestation dans le mouvement social et que je crois souhaitable au niveau politique : faire la jonction entre ce qui se joue au niveau altermondialiste (mais aussi qualité de vie, écologie...) et mouvement ouvrier, et dégager une dynamique politique de ces convergences (je sais c'est très langue de bois).

Précisons (un peu). Il me semble que sa visée stratégique ne se réduit pas au réformisme ancien linéaire et graduel, mené presque exclusivement par les institutions (même sous pression sociale). Puisqu'il parle d'un processus discontinu de réformes plus ou moins radicales et d'un équilibre toujours en tension entre institutions et contre-pouvoirs que j'entends moi, comme la continuation du concept de double-pouvoir mais envisagé sur une période plus longue et dont la réussite dépendrait de la capacité de la société "civile" elle-même à impulser et soutenir une multitude de priseS de pouvoirS sur leur quotidien (au travail, dans les quartiers, sur différents sujets).

Il reconnaît donc la nécessité de la prise de pouvoir comme condition nécessaire, mais non suffisante.

A partir de là, un consensus est possible entre les révolutionnaires socialistes déclarés et ceux qui sont plus sur le terrain de l'expérimentation sociale "ici et maintenant" (écoles nouvelles, tiers-secteurs- commerce "équitable", coopératives, culture non-marchande, espaces alternatifs...).

Pour l'anecdote, je suis parti de la Ligue ou moment où Corcuff y est entré. J'étais de ceux qui étaient contre une intégration sous forme de "courant" (courant d'air ?) et sa cooptation au CC, étant donné la faiblesse numérique de son réseau. Tout en reconnaissant comme Louis CR l'intérêt de son approche (au delà de la formule peu appétissante de "socialdémocratie libertaire").
cockney red
 
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Message par Louis » 17 Oct 2003, 15:03

au delà de la formule peu appétissante de "socialdémocratie libertaire"

euhhhh 8)
Louis
 
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Message par conformistepote » 08 Nov 2003, 12:50

Corcuff est presqu'aussi médiatique que piquet :
CITATION Génération Besancenot

Charles Jaigu

Malgré le côté « passéiste » et « opaque » de Lutte ouvrière, Philippe Corcuff, militant de la LCR, approuve l'accord électoral avec le parti « d'Arlette ». Ce Dijonnais de 43 ans est de cette génération « d'ex » du PS qui ont choisi de participer à la transformation d'une extrême gauche des années Potemkine en une « gauche radicale émer- gente ». Professeur à Sciences po Lyon, il a rompu avec le PS en 1992, quand « sa pente libérale n'était pas redressable de l'intérieur ». Après deux ans au Mouvement des citoyens de Chevènement, puis trois ans chez les Verts. Invité comme observateur à la LCR il y a trois ans, il décide d'y adhérer. Chroniqueur dans les colonnes de Charlie Hebdo, membre du comité scientifique d'Attac, collaborateur à Contretemps, la revue de Daniel Bensaïd, ce néobourdieusien dit sa confiance en l'émergence d'un « quatrième pôle politique » qui se substituera à des Verts bien trop brouillons et à un PC moribond. Il prophétise : « Ceux qui ont voté pour Chirac ont touché du doigt l'équivalence entre Hollande et Raffarin. Le PS, ce n'est donc pas la gauche. » Même son père, ancien lieutenant-colonel dans l'armée de terre, s'est laissé convaincre : il votera Besancenot



© le point 07/11/03 - N°1625 - Page 50 - 212 mots[/quote]
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