Informations Ouvrières N° 53 semaine du 2 au 8 juillet 2009
L’EDITORIAL de Daniel GLUCKSTEIN
Et maintenant les retraites ? !
"Il n’y a pas d’autre solution pour sauver nos régimes de retraite que de travailler plus longtemps, alors même que la vie s’allonge ", a déclaré le Premier ministre, samedi dernier.
De son côté, le Conseil d’orientation des retraites (COR) examine, à partir du 1er juillet, une proposition de contre-réforme visant à remplacer l’actuel système par répartition par un « régime par points », autrement dit : la capitalisation.
Contraints de travailler jusqu’à 67 ans ou plus, les salariés seraient ensuite réduits à ne toucher que des pensions de misère (1) !
Le motif officiel est donc « l’allongement de la durée de la vie ». Mais le motif réel ? Le jour même où le gouvernement Fillon 2 tenait son « séminaire », consacré à dresser un plan de guerre contre la classe ouvrière, le Fonds monétaire international (FMI) rendait son rapport sur la France. Face à la « hausse rapide du niveau de la dette publique », le FMI enjoint au gouvernement français d’adopter une « stratégie crédible », et en particulier : « Nous encourageons le gouvernement et les partenaires sociaux à considérer sérieusement le relèvement de l’âge légal de la retraite, qui, à 60 ans, reste considérablement inférieur à celui des autres pays européens ».
La voilà la vraie raison : 480 milliards d’euros offerts par le gouvernement pour renflouer banquiers et spéculateurs, le manque à gagner des cotisations sociales du fait de la destruction des emplois et des exonérations accordées aux patrons ! Et c’est pour cela que les salariés devraient travailler jusqu’à 67, 68, 70 ans ? Et c’est pour cela que, comme aux Etats-Unis, les anciens devraient pour survivre cumuler petits boulots de misère et pensions dérisoires ?
Inacceptable cette « logique » d’un gouvernement aux ordres de la classe capitaliste. Inacceptable aussi la logique de la « gouvernance », par laquelle le même gouvernement prétend associer les syndicats à ces contre-réformes.
Critiquant le discours de Fillon, notamment sur les retraites, L’Humanité écrit : « Nicolas Sarkozy a parlé de consultation (…), mais François Fillon sait déjà qu’il n’y a pas d’autre solution que celle-là ! Ce qui veut dire que sont déjà écartées toutes les autres, dont une réforme de l’assiette des cotisations incluant les revenus financiers. » Pour L’Humanité, une « réforme des retraites » serait donc nécessaire ? La véritable racine de la situation actuelle (et donc la solution) ne serait donc pas à rechercher dans les centaines de milliers d’emplois détruits et la généralisation de la précarité ?
A sa façon, le Parti socialiste reconnait cette réalité, dénonçant « une crise de recettes » et précisant : « (…) l’envolée du chômage (…) provoquera pour la première fois depuis 1945 une érosion de la masse salariale globale ».
Tout cela est fort juste. Mais quelle conclusion faut-il en tirer ? Pour notre part, nous n’en voyons qu’une : interdire les licenciements et les suppressions d’emplois, c’est sauver aussi les retraites et la Sécurité sociale. Rien n’oblige à « accompagner » ou « réformer » pour remettre en cause les retraites par répartition, l’âge légal du départ à la retraite à taux plein à 60 ans.
Rien n’interdit non plus le retour des 37,5 annuités pour tous. Ces mesures de salut public se relient à l’exigence qui grandit dans tout le pays et que l’appel d’Echirolles projette avec force : maintenant, tout de suite, l’unité pour l’interdiction des licenciements.
(1) Pour le quotidien capitaliste Les Echos, « 40 % des assurés seraient perdants ». Seulement 40 % ?