par Front Unique » 19 Juin 2010, 11:28
Informations Ouvrières N° 102 semaine du 17 au 23 Juin 2010
L'EDITO PAR DANIEL GLUCKSTEIN
Pourquoi ce refus de le dire ?
Ces lignes sont écrites à quelques heures de l’annonce officielle de la contre-réforme du gouvernement.
D’ores et déjà, trois faits sont établis :
1. Le plan du gouvernement forme une totalité : remise en cause des 60 ans ; allongement de la durée de cotisation ; attaque contre le Code des pensions civiles et militaires et les régimes spéciaux.
Il est tout entier une arme pour surexploiter la classe ouvrière et financer banquiers, spéculateurs et capitalistes.
2. Ce 15 juin, un mot d’ordre a dominé l’importante montée nationale organisée à Paris par la confédération CGT-Force ouvrière en relation avec son appel à la grève interprofessionnelle : retrait !
Nul doute que cette exigence exprime la position sur laquelle convergent bien plus largement travailleurs, militants, syndiqués de toutes confédérations et de tous les secteurs.
3. Comment imposer le retrait ?
Après le 15 juin, cette question est au coeur des débats au sein des organisations syndicales
Mais les travailleurs, dans leur recherche de l’unité pour le retrait, se heurtent également à un obstacle d’ordre politique.
Le Monde publie une tribune signée par Jean-Marie Harribey (responsable d’Attac), Willy Pelletier (Fondation Copernic), Gérard Filoche, des responsables syndicaux, Olivier Besancenot (NPA), Martine Billard (Parti de gauche), Marie-George Buffet (PCF), Razzy Hammadi (PS), Alain Lipietz (Verts).
Cet article critique le plan du gouvernement, pour se conclure en ces termes : « Notre détermination à faire échec au projet du gouvernement est donc intacte : à l’opposé de la valeur pour l’actionnaire et du travailler plus pour vivre moins, organisons une juste répartition des richesses, la réduction des inégalités, le partage du travail et une redéfinition des finalités de l’activité économique. »
Qu’est-ce que les travailleurs peuvent faire d’un tel galimatias ?
Bien sûr, tout peut se discuter : partage des richesses, finalités économiques et bien d’autres choses…
Mais pourquoi ne pas dire retrait ?
Nous sommes le 15 juin.
Dans quelques heures tombe le plan du gouvernement.
Le Conseil des ministres doit l’adopter le 13 juillet.
L’Assemblée nationale doit en débattre à partir du 7 septembre.
Une seule question compte, désormais : on le bloque, oui ou non ?
Force est de constater que ces dirigeants de partis de « gauche » multiplient discours, circonvolutions, « propositions »… tout pour ne pas dire : retrait.
Aussi bien les auteurs de l’appel cité que Marisol Touraine, responsable du PS pour les retraites, qui, dans une tribune du Monde, conclut : « Une réforme des retraites était nécessaire, mais la voie imposée par le gouvernement n’est pas la seule. »
Ou encore les députés du Parti communiste qui préconisent d’organiser un référendum, ceux du Parti de gauche qui envisagent d’amender le projet du gouvernement.
A persister dans cette voie — c’est-à-dire à refuser de reprendre à leur compte l’exigence du retrait —, les dirigeants du PS, du PCF, du Parti de gauche, etc., prendraient la responsabilité d’aider le gouvernement à faire passer sa contre-réforme.
Et cela à contre-courant du mouvement qui grandit dans tous les secteurs de la classe ouvrière et qui cherche à se rassembler et converger sur une exigence unique : unité pour le retrait de la contre-réforme Sarkozy-Fillon-Woerth !
Daniel Gluckstein
secretaire national du POI