a écrit : Le vétéran de la LCR prêt à rejoindre le nouveau parti anti-capitaliste (AFP)
Par Frédéric GAULIER
BREST, 21 août 2008 (AFP) - Après plus de 60 années d’un militantisme trotskiste sans faille, le vétéran de la Ligue communiste révolutionnaire André Fichaut, 80 ans, est prêt à rejoindre le nouveau parti anti-capitaliste (NPA) qui doit succéder à la LCR d’Olivier Besancenot. "Notre objectif n’est pas de rester à 3.000 militants. C’est le moment ou jamais de construire une organisation suffisamment puissante pour mobiliser les gens, après on verra", confie à l’AFP le plus ancien adhérent à la LCR, qui a siégé pendant 25 ans à son comité central. Surnommé "Max", M. Fichaut a adhéré en 1947 au Parti communiste internationaliste (PCI devenu LCR). Fort de son expérience, il participe aujourd’hui aux débats de l’organisation par internet depuis son pavillon du quartier de Recouvrance à Brest, où Olivier Besancenot et Alain Krivine font toujours étape quand ils sont de passage dans la région. Pour des raisons de santé, il ne participera pas à la dernière université d’été de la LCR à Port Leucate (Aude) à partir de ce week-end, un rendez-vous qu’il n’avait jamais manqué auparavant. "On sera les plus politisés du NPA. Avec notre expérience, on doit arriver à composer un programme sur des bases solides sans être sectaires", affirme-t-il, prêt à voter la dissolution de la LCR pour aller vers une autre "organisation efficace amenant à un réel changement de société". Evoquant le futur parti, André Fichaut préconise la reconnaissance du droit de tendance, l’impossibilité pour les éventuels élus d’être membres de la direction, et l’exclusion de toute alliance avec le parti socialiste et "sa politique de droite sans avenir". Mais les militants révolutionnaires devront apprendre à composer avec ceux venus d’autres horizons, souvent moins disponibles et parfois moins formés politiquement, prévoit-il en espérant que que le NPA bénéficiera de la popularité d’Olivier Besancenot "aujourd’hui plus connu que la LCR". D’abord garçon de ferme, puis mécanicien automobile au sortir de la guerre, ajusteur diéséliste aux ateliers de réparation Dubigeon (sous-traitant de l’arsenal de Brest), M. Fichaut est embauché en 1958 à la centrale EDF du Porzic (Finistère). Dans l’Europe du rideau de fer, il a été un militant infatigable, adepte du camping-car dans lequel il aménageait des "planques". Il a ainsi distribué des boîtes de petits-pois remplies d’exemplaires de "Ma Vie" de Léon Trotski en Pologne, ou des ordinateurs camouflés dans des télévisions en Tchécoslovaquie pour les militants de la Charte 77. Et il est encore ému d’avoir participé au premier congrès du syndicat polonais "Solidarnosc". Evoquant l’avenir, le vieux militant, qui "conservera toujours dans la tête l’idéal révolutionnaire", affirme sa "fierté d’avoir été trotskiste. On l’était par rapport au stalinisme. Historiquement, le stalinisme est passé, ça ne sert donc à rien de conserver le trotskisme", explique-t-il.