par Puig Antich » 18 Sep 2010, 02:44
Pour revenir sur le débat un peu plus haut, il me semble qu'on oppose une caricature à la caricature.
Ce n'est effectivement pas aux centrales syndicales réactionnaires, conciliatrices, traitres, d'organiser la révolution sociale. On peut pas demander à un bouc de chier de l'or.
La première chose à dire est qu'il nous faut un parti, mais effectivement pour, dans la période, par exemple, disperser cette assemblée nationale qui vote des lois de persécutions et de famine pour les travailleurs.
Mais ceci dit, l'activité syndicale et les centrales syndicales sont deux choses différentes, et les conciliateurs prétendant parler en notre nom, négocier en notre nom, signer en notre nom, appeler aux manifs en notre nom car ils sont bien plus puissants que nous, il est normal d'avoir une politique en leur direction.
Non pas pour convaincre les serviteurs de la bourgeoisie de devenir des révolutionnaires. Quoique on puisse convaincre des militants réformistes de faire, sinon le pas, du moins quelques pas à gauche.
Mais il y a peut être un truc qui vous échappe aux uns et aux autres. C'est la différence entre la stratégie (nos objectifs à long terme : parti, insurrection, dictature du prolétariat - et la tactique : quelle est la configuration politique, l'état d'esprit psychologique de la population).
Pour gagner la sympathie, l'oreille, de la masse qui leur font plus ou moins confiance, qui les considèrent plus ou moins comme un outil politique incontournable. Dans ce sens là, il peut être légitime de dire : oui, il n'est pas normal de négocier ceci ou cela, ce serait de la haute trahison de parapher cette réforme, de ne pas réclamer le retrait de telle autre. On peut même discuter avec ces bureaucrates là, aller au clash, les démasquer, ou même faire des petites choses avec, sur des points aussi limités soient-ils, si c'est dans l'intérêt immédiat des travailleurs et que ça pousse en avant le mouvement. Appeler ensemble à la grève par exemple.
Ou encore on peut proposer des dates, des manifs, et pourquoi pas - quand c'est réellement d'actualité - une manif à l'assemblée nationale, qui vote effectivement les lois. Certes les "justistes" le réclament pour absolument toutes les lois réactionnaires qui passent, même quand il y a pas de pression derrière. Cela ne veut absolument pas dire que c'est en soi pas correct pour cette réforme des retraites, dans ce cas précis. En l'occurence, je pense pas qu'on soit les seuls à avoir envie d'aller rendre une petite visite directe à ceux qui s'apprêtent à voter la déchéance de nationalité, ou à ces députés qui prétendent qu'on a le droit de penser que les "roms sont une sale race" et aussi qu'on est de moins en moins à avoir envie de respecter les gentils calendriers institutionnels.
Mais quoi qu'il en soit, pointer les directions syndicales, c'est pointer en même temps le besoin d'une nouvelle direction pour le mouvement. Et la première chose à faire pour qu'elle émerge c'est, dans la pratique, faire en sorte qu'il y ait des assemblées générales, des comités de grève, qui se coordonnent, se fixent des objectifs politiques et d'action communs. C'est aussi ça qu'il faut dire aux travailleurs, et d'ailleurs c'est uniquement quand ils auront ces instruments autonomes, leur propre expression politique, qu'ils pourront peser réellement face aux directions syndicales.