Informations ouvrières n° 8 Semaine du 14 au 20 août 2008
L'ÉDITO PAR DANIEL GLUCKSTEIN
Deux députés sincères
L' ATTACHEMENT au service public de MM. Nesquiva et Vésinhet, députés PS de
l'Hérault, ne saurait être mis en doute. La lettre qu' ils ont adressée aux élus de leur région témoigne d'un refus - argumenté - de la privatisation de La Poste partagé par l'immense majorité des élus de la population. C'est pourquoi notre journal-tribune libre de la lutte des classes - en reproduit de larges extraits (lire page 6).
On ne peut toutefois que s'interroger sur ce passage : « Aucune directive européenne n'impose ce type de schéma. »
La réponse adressée à ces deux députés socialistes par le « Comité de défense et de reconquête des bureaux de poste de monopole public » démontre le contraire: toutes les mesures de privatisation et de déréglementation de La Poste publique découlent des directives européennes.
Au-delà de La Poste, on touche ici à une question cruciale pour la démocratie. Le Parti socialiste, auquel appartiennent ces deux députés, se définit comme parti d'opposition.
Que veut dire s'opposer ? Critiquer la politique du gouvernement en place ? Non.
S'opposer signifie proposer une autre politique contre celle qui accable aujourd'hui le peuple travailleur.
Et agir pour que cette autre politique puisse au plus vite se substituer à la politique à l'oeuvre.
En cette fin d'été 2008, la catastrophe économique et sociale est en cours. Nul ne sait jusqu'où elle ira. C'est d'un plan d'urgence dont le peuple a besoin.
Aux fermetures d'usines et aux plans de restructurations qui se multiplient et s'accélèrent, opposer l'interdiction des plans de licenciements et la nationalisation des secteurs clés de l'industrie.
Au plan de démantèlement-privatisation de la Sécurité sociale et des hôpitaux publics, opposer le retour à la Sécurité sociale de 1945, la restitution des 230
milliards d'euros d'exonérations accordées aux patrons, la réouverture des services et des hôpitaux fermés, l'embauche des personnels nécessaires.
Aux privatisations dans tous les domaines, opposer la renationalisation et le retour aux monopoles de service public.
Et aussi, annuler les 15 000 suppressions d'emplois dans l'Education nationale, rouvrir les milliers de classes nécessaires, abroger les contre-réformes Darcos.
Face à la flambée organisée par les capitalistes et les spéculateurs, décréter le blocage de tous les prix à la consommation, annuler les hausses annoncées des tarifs EDF et GDF, augmenter les salaires et les pensions.
Telles sont quelques-unes des mesures d'urgence d'un plan de sauvegarde face à la crise de récession qui menace de condamner toute la population à la misère et à la déchéance.
Quel gouvernement prendra ces mesures ? Un gouvernement qui n'hésitera pas à
s'engager sur la voie de la rupture avec les capitalistes et avec leur instrument majeur: l'Union européenne.
Un gouvernement qui, à cet effet, constituera l'Assemblée constituante souveraine, qui prendra légitimement les mesures qui s'imposent.
Prétendre s'opposer sans remettre en cause les directives européennes, c'èst renoncer à s'opposer à la politique du gouvernement.
Tout député -tout militant- sincèrement décidé à s'opposer à la politique de chômage, de misère et de déchéance du gouvernement Sarkozy ne pourra que conclure à cette nécessité: l'unité pour un plan d'urgence de sauvegarde de la population.
Sans craindre, pour cela, de remettre en cause la dictature de Bruxelles, de la Banque centrale européenne et des directives. Tel est le sens de la démarche d'unité engagée par le Parti ouvrier indépendant (1).
(1) Voir le manifeste du Parti ouvrier indépendant.