L'unité de façade des Quinze sur l'Irak vole en éc

Message par Louis » 24 Fév 2003, 18:49

Par Yves Clarisse


BRUXELLES (Reuters) - La fragile unité de l'Union européenne sur l'Irak a volé lundi en éclats avec l'étalement de divergences sur le vote d'une seconde résolution de l'Onu autorisant le recours à la force.


Les ministres des Affaires étrangères des Quinze se sont retrouvés lundi, une semaine après le sommet extraordinaire de Bruxelles qui était parvenu à une cohésion de façade et minimaliste -- on y avait prôné la poursuite des inspections sans exclure un recours à la force en cas d'impasse.


Le débat sur l'opportunité d'adopter au Conseil de sécurité de l'Onu une seconde résolution a eu raison de ce compromis.


"L'unité que nous avions il y a une semaine n'existe plus," a regretté le chef de la diplomatie suédoise, Anna Lindh.


Le porte-parole de la diplomatie européenne, Javier Solana, l'admettait sans ambages: "nous avons échoué", a-t-il dit.


Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont décidé de déposer dès lundi à New York un texte court constatant que Bagdad est en violation patente de la résolution 1441, autorisant ainsi le recours à la guerre.


A Bruxelles, le secrétaire au Foreign Office, Jack Straw, a annoncé que ce texte donnerait environ deux semaines au Conseil de sécurité des Nations unies pour se prononcer.


"Parce que nous voulons un consensus international (...) nous donnerons une bonne période allant jusqu'à deux semaines, peut-être un peu plus, avant de demander une décision", a-t-il déclaré en martelant le discours américano-britannique.


"Cela fait 15 semaines depuis la 1441", a-t-il ajouté. "Cela fait 12 ans que Saddam (Hussein) a envahi le Koweït et cela fait 12 ans que Saddam a été jugé par la communauté internationale coupable de possession d'armes de destruction massive chimiques, biologiques et, à l'époque, nucléaires."


UNE "ERREUR" POUR VILLEPIN


"Ce n'est pas à nous à prouver la culpabilité de Saddam. Cela a déjà été prouvé. C'est à Saddam à prouver son innocence", a-t-il poursuivi. "Il sait ce qu'il a à faire, c'est dans le précédent rapport des inspecteurs".


Cette proposition de fixer un délai de deux semaines a suscité un tir de barrage dans l'Union, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, ouvrant le feu.


"S'inscrire dans un délai et un calendrier qui n'est pas celui de la communauté internationale nous paraît une erreur, nous paraît prématuré", a-t-il dit en soulignant que les inspections avaient permis de réaliser des progrès importants.


Le faire, a-t-il ajouté, serait "se placer clairement dans le cadre d'une intervention militaire" qui ne peut avoir lieu qu'en cas d'impasse, ce qui n'est pas le cas actuellement.


Pour la France, la seule échéance qui vaille est la date du prochain rapport du chef des inspecteurs Hans Blix, le sept mars prochain, et une réunion ministérielle devrait être selon Paris organisée à New York pour faire l'évaluation des résultats.


La France se sent d'ailleurs bien entourée.


"Il n'y a clairement pas, à mon sens, de majorité" au Conseil de sécurité pour voter ce texte, a expliqué Dominique de Villepin en rappelant que les non-alignés et les Africains avaient, lors de récents sommets, appuyé cette ligne.


Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a aussi apporté son soutien à la poursuite des inspections lors d'une rencontre avec les chefs de la diplomatie européenne.


ET LA COREE DU NORD?


"On ne peut pas déclencher une guerre alors que des progrès sont effectués," a-t-il expliqué en estimant que les pays arabes ne manqueraient pas d'y voir une injustice compte tenu de l'absence de règlement de la question palestinienne.


Au sein de l'Union européenne, les camps semblent figés.


La Belgique, l'Allemagne et la Suède ont ainsi estimé que le temps d'une seconde résolution n'était pas venu.


"Je pense qu'il faut maintenant améliorer les inspections," a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, avant de refuser de "tomber dans l'automatisme".


C'est d'ailleurs pour contrer l'offensive américano-britannique à l'Onu que Dominique de Villepin a annoncé le dépôt dès ce lundi d'un second memorandum français sur le renforcement des inspections.


Après le premier memorandum, qui prévoit de donner aux inspecteurs des moyens plus importants - des avions pour survoler l'Irak et le déploiement d'un corps de surveillance sur les sites déjà inspectés -, ce texte évoque la fixation d'un échéancier précis pour la destruction des armes de destruction massive et l'élaboration de critères pour les inspecteurs.


Cet échéancier couvrirait de manière détaillée les armes de destruction massive dans le domaine chimique, nucléaire et bactériologique, ainsi que le calendrier des interviews des quelque 83 experts irakiens en armements.


La première échéance est la destruction des missiles Al Samoud 2 demandée par le chef des inspecteurs de l'Onu, Hans Blix, en raison de leur portée supérieure au maximum autorisé de 150 km, qui doit être réalisée pour le 1er mars.


Si la communauté internationale y parvient, elle aura un outil pour éliminer dans l'avenir les armes de destruction massive dans d'autres pays, notamment la Corée du Nord.


"Il y a d'autres pays sur la scène internationale qui sont possesseurs d'armes de destruction massive, et nous ne pouvons l'ignorer", a estimé Dominique de Villepin
Louis
 
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