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• LEMONDE.FR | 12.03.03 | 18h19
• MIS A JOUR LE 12.03.03 | 18h27
Les violences à caractère sexuel en milieu scolaire se développent
de manière spectaculaire
Pour Xavier Darcos, ministre délégué à l'enseignement scolaire,
l'essor de ces "actes de violence" doit amener la communauté
éducative à s'interroger sur sa "capacité à gérer la mixité".
Mille quatre cents "cas d'actes graves de violences sexuelles" ont été
dénombrés dans les établissements scolaires français au cours de l'année
scolaire 2001-2002, a déclaré mercredi 12 mars à l'Assemblée nationale le
ministre délégué à l'enseignement scolaire, Xavier Darcos, sans préciser quel
type d'actes étaient considérés comme "graves". "C'est un chiffre
effrayant", a commenté le ministre, en réponse à la question d'une députée
sur les violences sexistes à l'école et l'égalité des chances entre filles et
garçons. Une certaine confusion avait dans un premier temps résulté des
propos de M. Darcos, qui s'était "trompé en lisant son texte", comme l'a
ensuite admis le ministère, et annoncé 14 000 "actes graves de violences
sexuelles" au lieu de 1 400.
Les actes de "violence physique à caractère sexuel" sont l'un des 27 types
d'actes de violence qui sont recensés quotidiennement dans l'ensemble des
établissements scolaires au moyen du logiciel Signa, utilisé par les chefs
d'établissement pour faire remonter à l'administration centrale les données
sur la violence scolaire, et trouver ainsi le moyen d'y répondre. En
2001-2002, ce logiciel a comptabilisé entre 200 et 300 "actes de violence
physique à caractère sexuel" tous les deux mois, soit près de 1 500 pour
l'ensemble de l'année scolaire. La France compte quelque 12,5 millions
d'élèves de la maternelle au bac, scolarisés dans 69 300 établissements.
"Evidemment, nous devons réprimer, mais aussi nous poser des questions
sur notre capacité à gérer la mixité", a ajouté le ministre. "La mixité n'est
pas la même chose que l'égalité. Certaines jeunes filles souhaiteraient que
les classes ne soient pas mixtes pour que les garçons ne les empêchent pas
de travailler", a-t-il souligné. M. Darcos a ainsi annoncé la mise en place de
"deux académies pilotes", celles de Caen et de Rouen, où seront tentées
des expériences devant permettre de mieux gérer la mixité, puis déboucher
sur des propositions d'actions générales.
A l'heure actuelle, dans le second degré, 173 établissements
scolarisent exclusivement des garçons (90) ou des filles (83). La majorité de
ces collèges et lycées relèvent de l'enseignement privé hors contrat. Dans le
premier degré, 44 écoles étaient, en 1999-2000, réservées aux garçons (32)
ou aux filles (12).
Depuis plusieurs mois, les comportements sexistes semblent se multiplier en
milieu scolaire, comme en attestent des témoignages concordants
d'infirmières, de travailleurs sociaux et d'enseignants. "Il n'est pas rare que
des filles fassent l'objet d'insultes sexistes dans les couloirs des
établissements, déclarait au Monde le 8 janvier dernier Alain Monnot,
consultant auprès du ministère de l'éducation nationale pour la prévention
des conduites à risque. Il faut que les enseignants réagissent davantage
contre ces incivilités et ces rapports de force."
Face à ces difficultés, le gouvernement précédent avait adopté, en février
2000, une convention interministérielle pour promouvoir l'égalité des chances
entre les filles et les garçons. Quelques mois plus tard, en novembre 2000,
un texte officiel du ministère de l'éducation nationale intitulé A l'école, au
collège et au lycée : de la mixité à l'égalité, incitait les enseignants à
débattre avec les élèves des comportements stéréotypés et discriminatoires
entre les sexes. L'enseignement catholique, qui accueille plus de deux
millions d'élèves, a lui récemment lancé un débat sur ce sujet, à travers une
campagne intitulée "Réussir la mixité".
Avec AFP