Mercredi 5 décembre 2012
L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES N° 229
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
Et maintenant ?
« Le gouvernement remet l’avenir du site de Florange entre les mains de Mittal », titre victorieusement le quotidien du capital financier Les Echos.
Envolée la « nationalisation transitoire » évoquée par Montebourg ?
Ayrault s’en explique: « Le gouvernement n’a pas retenu l’hypothèse de la nationalisation. Il a écarté cette solution au vu des engagements qu’il a obtenu d’ArcelorMittal. La nationalisation (…) n’est pas efficace face à un problème de débouchés (…). Je rappelle que le gouvernement a fait le choix du pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi. »
Les « engagements obtenus de Mittal » ?
Parlons-en.
Mittal s’est engagé… à éteindre les hauts-fourneaux et supprimer les emplois (lire page 2).
C’est un problème de « débouchés », prétend Ayrault, rejoint en cela par Pierre Laurent (secrétaire national du Parti communiste français) qui réclame la mise en place « d’un comité national pluraliste associant syndicats, élus locaux, parlementaires, Etat, industriels et banques » pour trouver « des solutions industrielles d’avenir ».
Parlons clair: des « débouchés » acceptables par Mittal, ou des « solutions industrielles » satisfaisantes pour les « industriels et banquiers », tout cela a un prix: la mise en place de la flexibilité, la baisse du coût du travail et l’association des syndicats à ces mesures de déréglementation anti-ouvrière.
Tel est précisément le contenu du fameux pacte de compétitivité d’Hollande-Ayrault.
Un gouvernement qui partirait des besoins de la population et non de la recherche des « débouchés qui satisfont les industriels et les banquiers » commencerait par décider la réquisition (temporaire ou définitive) d’ArcelorMittal afin de garantir tous les emplois.
Sur cette base, il finirait bien par trouver des « débouchés ».
C’est précisément sur cette question de la garantie donnée par le gouvernement au maintien de tous les emplois que les comités de Moselle du POI mènent campagne depuis des mois, rassemblant des milliers de travailleurs et de militants de toutes tendances sur cette exigence.
La capitulation du gouvernement Hollande-Ayrault devant Mittal, au moment précis où le chômage explose, et particulièrement le chômage des jeunes (lire en page intérieure) pose une question: quelle force bloquera le plan Mittal-Ayrault, sinon la force des travailleurs unis avec leurs organisations, rassemblés sur les revendications vitales de « maintien de tous les emplois et du site de Florange dans sa totalité, redémarrage des hauts-fourneaux » ?
Oui ou non, la montée de toute la Lorraine à Paris, à l’appel des organisations unies, ne serait-elle pas de nature à imposer au gouvernement le recul qui s’impose ?
Au-delà de la Lorraine, cette question ne concerne-elle pas toute la classe ouvrière de ce pays ?
La conférence qui s’est tenue le 1er décembre à Paris a entendu des militants venus de tous les horizons du mouvement ouvrier.
Par-delà leurs différences, ils ont exprimé leur détermination à agir en commun pour ouvrir la voie à la résistance unie des travailleurs et de la jeunesse.
Oui, résistance pour défaire chacune des contre-réformes qui découlent de l’alignement du gouvernement sur la troïka, et pour balayer cette dernière, résistance au « compromis historique » auquel on voudrait contraindre les organisations syndicales, résistance pour abroger les traités européens.
Cette exigence trouve aujourd’hui une expression particulière dans la discussion engagée par des militants ouvriers en Lorraine: oui ou non, la montée de toute la Lorraine à Paris, à l’appel des organisations unies, ne serait-elle pas de nature à imposer au gouvernement le recul qui s’impose ?
Au-delà de la Lorraine, cette question ne concerne-elle pas toute la classe ouvrière de ce pays ?