Affaire de Vierzon

Message par Guadarango » 09 Juin 2008, 21:39

Arrêtés le 23 janvier dernier à Vierzon, Isa* et Farid* ont été placés depuis en détention préventive. Il y a deux semaines, Farid a été libéré, mais Isa est toujours emprisonnée.


Lettre d'Isa et Farid, depuis les prisons de Lille-Sequedin et de Meaux


« Plus faible sera l'opposition, plus étroit sera le despotisme » Orwell, 1984

Tout est parti très vite. Nous étions deux lorsque notre véhicule a été contrôlé par les douanes à Vierzon. La fouille a abouti à trouver dans un sac des manuels de sabotage et de fabrication d'explosifs, le plan de nouveaux établissements pénitentiaires pour mineurs, disponible sur internet, et une petite quantité de chlorate de sodium. Sans doute la réunion de ces éléments donnait au contenu un sens particulièrement subversif... D'autant que Farid était fiché par la police politique pour son militantisme anticarcéral et son combat auprès des sans-papiers et des mal-logés. Quant à Isa, elle n'était connue d'aucun service de police.
Immédiatement la sous-direction antiterroriste de Paris s'est saisie de l'affaire. Les perquisitions n'ont en réalité rien donné si ce n'est qu'elles ont permis de mettre sous scellé des pétards, des tracts et des revues engagés, censés corroborer l'idée d'un projet terroriste. Ce que nous réfutons catégoriquement.
Peut-on dès lors accuser quelqu'un d'un crime qu'il n'a pas commis et qui n'a pas été commis, sur des simples suspicions reposant sur des documents qui ne prouvent rien en soi ? En réalité c'est la dimension politique qui a conduit à la lecture d'une telle menace. Cela signifierait que la lutte, la révolte est un crime dont tout manifestant en colère, dont tout homme libre et engagé est coupable... ?
Nous avons été placés sous un régime de garde à vue de 96 heures, avec la possibilité de rencontrer un avocat à l'issue seulement des 72 heures. Nos ADN ont été pris de force et celui d'Isa aurait été retrouvé le printemps dernier sur un « dispositif incendiaire » retrouvé devant le commissariat du 18ème arrondissement de Paris. Jusqu'à présent, l'enquête ramait. Isa a nié toute relation avec cette affaire. Par ailleurs, l'ADN est un outil fortement controversé : dans ce genre d'affaire, il est toujours utilisé pour accuser la personne mise en examen, et la pseudo-objectivité scientifique vient clore tout débat.
Tous deux n'appartenons à aucun groupe politique mais faisons partie de ces gens que vous avez sans doute croisé lors de manifestations, de rassemblements, de réunions publiques, de concerts de soutiens, de projections de films, supports à débats... ; présents dans la lutte sociale et liés par le mouvement collectif.
Peut-être avez-vous entendu parler dans la presse des « anarcho-autonomes ». Lorsque le grondement et la rage de la rue s'expriment avec de plus en plus de détermination, l'Etat a besoin de dire, pour mieux diviser, que le mécontentement est noyauté et manipulé par des groupes radicaux, extrémistes, aveuglés, et fascinés par la violence ; d'où l'existence de ce genre de catégorie censée désigner une figure imaginaire dont il faut se méfier et qui représente la limite à ne pas franchir, la menace de l'illégalité, de la répression, de la criminalisation... En somme c'est une stratégie pour taire et effrayer tous ceux qui se lèvent pour des idées, contre l'oppression, pour la liberté... Nous avons ainsi été étiquetés, malgré nous... vague notion qui soudainement cacherait des groupes organisés pour le terrorisme, cherchant à nuire « par l'intimidation et la terreur ». Nous sommes devenus une menace terrible pour l'Etat... Il faut diaboliser le visage du quidam pour être crédible, en déployant toute l'artillerie du langage !
Nous avons donc été écroués sous mandat de dépôt avec la mention « détenu particulièrement surveillé » ou « détenu à haut risque », ce dernier étant propre à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. Autant dire que nous n'avions pas fini de réaliser les enjeux et les répercussions de cette paranoïa et hystérie du pouvoir. Nous sommes soumis à une surveillance intense. Ainsi, sans être jugés, sans être condamnés, nous sommes proies à un acharnement politique qui s'efforce de fabriquer et de fantasmer au travers de nous, l'existence d'un réseau terroriste ultra dangereux. Maintenant que ce postulat est posé, tous les raccourcis sont possibles, toutes les interprétations doivent aller dans ce sens, tous les éléments sont traduits de sorte à ce qu'ils viennent le justifier. Tout cela est particulièrement inquiétant et délirant. En quatre mois de détention provisoire nous avons eu le temps de sentir quelle était la logique de destruction, de vengeance et de punition de l'Etat vis-à-vis de ses sujets « insoumis » ; de subir son autoritarisme notamment par des transferts entre maisons d'arrêt et des mesures d'éloignement arbitraires compromettant sévèrement la défense. Depuis peu nous avons appris que le dossier de « Créteil » avait été joint au nôtre, histoire de rassembler les « anarcho-autonomes »...
Nous ne voulons pas être les pantins des enjeux du pouvoir d'institutions politiques et répressives : ne laissons pas l'Etat écraser les espaces de lutte...

Isa et Farid, mai 2008

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Message par Sterd » 10 Juin 2008, 04:40

C'est pas pour excuser les flics hein. Mais si je trouvais deux "anarcho-autonomes" avec du chlorate de sodium, des manuels de sabotage et des plans de prisons, sûr que j'aurais un doute ...
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Message par com_71 » 10 Juin 2008, 07:59

Qu'en dit maître Eolas ?

Plus sérieusement :
a écrit :Lorsque le grondement et la rage de la rue s'expriment avec de plus en plus de détermination, l'Etat a besoin de dire, pour mieux diviser, que le mécontentement est noyauté et manipulé par des groupes radicaux, extrémistes, aveuglés, et fascinés par la violence ;


La "rage de la rue", "mieux diviser"... visiblement le rédacteur nous écrit d'un autre monde. Ca doit être dans ce monde qu'on attend de la police, pourtant secouée par la rage de la rue, un sourire amical dans de telles circonstances...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par pelon » 10 Juin 2008, 10:23

(Sterd @ mardi 10 juin 2008 à 04:40 a écrit : C'est pas pour excuser les flics hein. Mais si je trouvais deux "anarcho-autonomes" avec du chlorate de sodium, des manuels de sabotage et des plans de prisons, sûr que j'aurais un doute ...
:sygus: Qu'en pense l'agent x213 ?
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Message par canardos » 10 Juin 2008, 16:13

(Sterd @ mardi 10 juin 2008 à 05:40 a écrit : Mais si je trouvais deux "anarcho-autonomes" avec du chlorate de sodium, des manuels de sabotage et des plans de prisons, sûr que j'aurais un doute ...
moi non plus!

:hinhin:
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Message par Guadarango » 23 Juin 2008, 11:35

htt p://nantes.indymedia.org/article/14514

Antiterrorisme : nouvelle incarcération

samedi 21 juin 2008 - 20:49

Ce vendredi 20 juin dans l'après-midi, la brigade antiterroriste se rend au domicile de Juan*, le frère d'Isa*, inculpée dans l'affaire des 2 de Vierzon

Voir ht tp://cettesemaine.free.fr/spip/article. ... ticle=1192

pour l'arrêter une seconde fois.

Il y a quelques semaines ce copain s'était déjà fait arrêter en pleine rue, en plein jour

Voir ht tp://cettesemaine.free.fr/spip/article. ... ticle=1222

pour subir 9 interrogatoires d'affilée, et se faire prendre de force son ADN. Il avait été relâché après 48h car le groupe Menara, chargé de l'enquête, avait conclu que l'ADN analysé ne concordait pas avec ceux qu'ils cherchaient.

Hier, Juan se fait arrêter à son domicile à Paris parce que FINALEMENT son ADN concorderait avec ceux que la brigade antiterroriste traquait. Il n'y aura décidément jamais de science exacte.

Juan est à présent incarcéré à la prison de Fresnes. D'après les premières infos, il serait accusé, comme sa soeur, d'avoir tenté d'incendier un véhicule de police au mois de mai 2007, dans le 18e arrondissement à Paris. Isa est aussi accusée de "transport et détention de substances incendiaires ou explosives", etc. Elle est incarcérée depuis 5 mois et est en ce moment à la prison de Lille-Sequedin.

Détruisons l'Etat et ses prisons.
Liberté pour tous.

Plus d'informations sur ht tp://infokiosques.net/mauvaises_intentions

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Message par Guadarango » 25 Juin 2008, 12:04

ht tp://cettesemaine.free.fr/spip/article. ... ticle=1229


Chronologie autour de la semaine de solidarité sans frontières du 9 au 16 juin 2008



7 juin, Lyon : À 15h une petite centaine de personnes est rassemblée derrière la préfecture, rue Dunoir, derrière une banderole ("Vive la solidarité avec les sans-papiers. Liberté pour Bruno et Ivan"). Le temps de lire la lettre écrite en taule par les camarades inculpés et le petit groupe décide de s’ébranler hors de ce trou à rat, histoire d’être un peu plus visible un samedi après-midi. Des fumigènes sont allumés, dont certains artisanaux (terroristes !). Les slogans ? Contre les prisons, les frontières, en solidarité avec les sans-papiers et puis "liberté pour Bruno et Ivan".
9 juin, Genève : "Dans le cadre de la semaine de soutien aux camarades arrêtés avec des fumigènes au cours d’une manifestation au centre de rétention de Vincennes (près de Paris) : affichage à Genève sur les maisons occupées et évacuées depuis l’été dernier. (...) A Genève, une affiche de soutien intitulée « Qui sont les terroristes ? » a été placardée sur une dizaine de maisons occupées et évacuées depuis l’été dernier. L’affiche se termine par les mots : « Nous ne subirons pas cette déclaration de guerre en baissant la tête. » Nous la reprenons à notre compte face aux menaces d’expulsion qui pèsent sur les Tulipiers et la Tour 2 ; nous la reprenons à notre compte face aux dix expulsions qui ont eu lieu depuis l’été dernier. D’autres actions sont à venir ! Mort aux vaches ! Ça va continuer !"
8-9 juin, Paris : "Dans le cadre de la semaine de solidarité, trois banderoles ont été posées dans le 18ème arrondissement de Paris dans la nuit de samedi à dimanche et de dimance à lundi :
"Résistances aux contrôles Plus de papier du tout" sur un échafaudage de la rue du Poulet (héhé)
"Emeutes dans les centres de rétention solidarité" sur une grille du square Léon
"Les sans-papiers en lutte solidarité avec" sur un pylone de signalisation pour les trains sur la rue du Département."
8-9 juin, Lyon : "Résistance active contre la machine à expulser. Dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 juin, cinq institutions participant activement à la traque et à la "gestion" des sans-papiers ont été attaquées, à Lyon. Leurs vitres ont été brisées et leurs façades peinturlurées.
L’ANAEM (ex OMI), qui gère la main d’œuvre étrangère et organise les retours volontaires vers les pays d’origine : "l’ANAEM déporte et humilie".
Air France, qui permet la déportation quotidienne des sans-papiers : "non à la déportation des sans-papiers".
La Police de l’Air et des Frontières, qui réprime, contrôle et déporte les sans-papiers : "PAF=NAZI".
Un bureau de vente Bouygues Immobilier, qui construit les prisons et- les centres de rétention : "non aux prisons".
Une agence BNP, qui exploite et livre les sans-papiers.
Solidarité avec les enfermé/es, avec ou sans chlorate !."
9+11 juin, Moscou : Environ 30 anarchistes sont venus devant l’ambassade de France, ont distribué des tracts et crié des slogans en Russe et en français : "Solidarité avec les sans-papiers !", "Non à la répression !", "Non a la terreur !". Une banderole a été accrochée sur l’ambassade avec le slogan "Solidarité avec les sans papiers et les anarchistes qui sont soumis à la répression ! " et des fumigenes ont été allumé pour exprimer une symbolique de solidarité avec les compagnons, accusé de terrorisme pour avoir possédé ce même type d’objet. Le premier acte de solidarité avec les incarcérés avait eu lieu le 9 juin : des Anarchistes ont allumé des fumigènes devant l’ambassade de France, en scandant des slogans.
11 juin, Rouen : "Aujourd’hui MERCREDI 11 JUIN à 20h une banderole a été déployée à ROUEN, sur l’immeuble du Théâtre des Arts, à l’occasion d’un concert. On pouvait y lire : DESTRUCTION DES CENTRES DE RÉTENTION LIBERTÉ POUR ISA ET TOUS LES PRISONNIERS. Des tracts expliquant l’objet de la semaine de solidarité sans frontières ont été lancés depuis le toit ainsi que les lettres d’Ivan et Bruno et Isa et Farid. Solidarité pour tous les sans-papiers et tous les prisonniers !"
11 juin, Grenoble : rassemblement à 13h30 devant la Préfecture puis occupation pendant quelques heures du Musée de la Résistance par une cinquantaine de personnes. Des banderoles ("solidarité avec les sans-papiers", "résistons encore !" ou "ni prison, ni frontières, ni matons, ni charters") ont été déployées sur sa façade, et de nombreux tracts distribués.
12 juin, Paris : "L’APIJ, CONSTRUCTEUR DE PRISON, ATTAQUEE A PARIS. Jeudi après-midi, dans le cadre de la semaine de solidarité sans frontières avec Isa, Farid, Ivan, Bruno, Damien et tous les révoltés, une trentaine de personnes ont attaqué l’APIJ (Agence Publique pour l’Immobilier de la Justice) à Paris dans le XIIIème arrondissement. L’APIJ (anciennement l’AMOTMJ) est un acheteur public qui s’occupe de mettre en oeuvre les programmes immobiliers du Ministère de la Justice, c’est-à-dire de s’occuper principalement de la contruction des prisons. Lors de cette action, une grande quantité de déchets en tout genre a été déversée dans le hall de l’agence ainsi que sur la façade : Oeufs de peinture, huile de vidange, boules puantes, litières, ordures, nuage de farine et autres mixtures bien pourries. Des slogans ont été tagués à l’entrée "GUERRE SOCIALE", "FEU AUX PRISONS", "LA TERREUR D’ETAT C’EST ICI".
SOLIDARITE AVEC TOUS LES PRISONNIERS, AVEC OU SANS PAPIERS, AVEC OU SANS CHLORATE
LIBERTE POUR ISA, INCARCEREE A LILLE, ET TOUS LES PRISONNIERS
FEU AUX PRISONS ET AUX CENTRES DE RETENTION"
12-13 juin, Paris : "Dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 juin, deux entreprises collaborant avec l’Etat ont été attaquées à Paris.
Dans le 9ème arrondissement, rue du Faubourg Poissonnière, une agence Air France a eu toutes ses vitrines brisées et un slogan a été taggué dessus : "SABOTONS LA MACHINE A EXPULSER". Air France prend en charge volontairement l’expulsion de la plupart des sans-papiers arrêtés.
Dans le 20ème, rue des Pyrénées, c’est une agence Bouygues Telecom, l’entreprise Bouygues étant l’un principaux contructeurs de prisons et de centres de rétention, qui a eu ses vitrines endommagées et tagguées "FEU AUX PRISONS". Rappelons que l’Agence Air France du Faubourg Poissonière avait déjà été attaquée de manière similaire il y a deux mois. Continuons à harceler les entreprises qui font leur fric en construisant des prisons ou en expulsant des sans-papiers !
Ces actions ont eu lieu dans le cadre de la semaine de solidarité sans frontières avec Isa, Farid, Ivan, Bruno, Damien, tous mis en examen sous une juridiction antiterroriste pour s’être révolté contre ce monde et avoir participé à des luttes contre les expulsions et contre tous les enfermements. Isa est encore incarcérée à la prison de Lille. Cette semaine est l’occasion d’exprimer, chacun à sa manière, sa solidarité avec tous les enfermés et tous les révoltés.
DESTRUCTION DES PRISONS
LIBERTE POUR ISA ET LES AUTRES"
13 juin, Thessalonique (Grèce) : Un peu plus d’une soixantaine d’anarchistes, antiautoritaires et autonomes ont participé à un rassemblement devant le consulat de France, qui a duré une demi-heure et s’est terminé en petite manifestation. "La politique anti-terreur de l’Etat ne peut pas nous terrifier, elle ne peut que nous rendre plus enragés et plus déterminés. Solidarité avec les deux de Vierzon, Bruno, Ivan, Damien. Liberté pour tous les prisonniers, avec ou sans papiers. Liberté pour tous".
13 juin, Turin (Italie) : 1 heure et demi d’émission sur radio black out pour parler de la situation française par rapport aux cra, l’adn, les opérations anti-terroristes et puis pour parler des copains en taule, pardon, des copains qui étaient en taule... lecture des 2 lettres et d’autres document de "mauvaises intentions".
13-14 juin, Santa Cruz-Californie (Etats-Unis) : "Peu après minuit, vendredi 13 juin, le tribunal de Santa Cruz a expérimenté non pas de la malchance, mais un acte délibéré de révolte. Inspiré par des actions récentes dans le coin et les luttes d’autres personnes partout dans le monde, des galets ont été lancés à travers deux baies vitrées. La rupture des vitres a été pour nous un moment de pure joie. Nous aimerions la dédier à tous les prisonniers et détenus forcé de subir la farce déshumanisante de la froide justice, et en particulier avec ces compagnons : Eric McDavid, Marie Mason, Daniel McGowan, Leonard Peltier, John Graham, les guerriers Mohawk de Tyendinaga et des Six Nations, les émeutiers d’Olympia Washington, Lukas Winkler, Stephanie Trager, and Sven Maurer (squatters de Munich), Isa, Farid, Damien, Bruno and Ivan (de France)."
13-14 juin, Paris : "Dans le cadre de la semaine internationale de solidarité avec Isa et tous les autres, plusieurs véhicules se sont incendiés simultanément dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 juin à Paris : une voiture diplomatique rue Weiss (13e arrondissement) devant le ministère de l’économie (et une BMW défoncée), une camionnette toute neuve de l’entreprise Forclum (appartenant au groupe Eiffage, constructeur des prisons) rue de Charenton (12e), et un camion de la mairie de Paris rue de Coriolis (12e), qui s’évertue comme ses prédécesseurs à chasser les pauvres de la ville. Feu à toutes les prisons ! Liberté pour tous les prisonniers, avec ou sans papiers, avec ou sans chlorate !"
13-14 juin, Bruxelles : l’entrée de la station de métro Osseghem, dans le quartier de Molenbeek, est totalement dévastée par un groupe d’inconnus en moins de deux minutes : distributeurs de billets, composteurs, caméras de surveillance et grandes baies vitrées. Sur place, un tag précise "Stop aux rafles".
14 juin, Moscou : "Les bureaux de la compagnie aérienne française Air France ont été repeints avec les slogans "Solidarite avec les san-papiers" (en français) et "No states, no borders, no races" (en anglais). En ce moment se déroule partout dans le monde une campagne de solidarité avec Ivan, Bruno et les autres anarchistes français sous pression de l’Etat répressif français. Le motif est leur participation aux manifestations contre la politique d’immigration. Air France participe aux déportations d’immigrés, multipliant les souffrances et la douleur sur la planète."
14 juin, Vigan : Rassemblement sur le marché du Vigan quelques idées sur les luttes qu’il nous importe aujourd’hui de mener. Lutte au côté des camarades inculpés ou incarcérés, lutte contre les CRA, lutte contre les prisons, lutte contre la société qui les engendre, lutte contre le contrôle de nos existences. Cette petite action fut appuyée par une table de presse assez bien fournie, une bouffe tirée du sac, une caisse de soutient, des affiches colées un peu partout dans la ville, une projection en soirée avec la préparation d’une journée de manif à Sète et devant le centre de rétention qui est prévue le 28 juin.
15 juin, Paris : Rassemblement d’une cinquantaine de personnes contre la machine à expulser au métro La Chapelle à 16h. "Le choix de ce quartier n’est pas anodin : entre Barbès et Stalingrad, la police sait qu’elle va attraper des travailleurs sans papiers. Et les autorités - de la préfecture à la municipalité - y trouvent leur compte, ça « nettoie » le quartier pour laisser place à la « mixité sociale » avec l’installation des bobos sur les Quais de Seine et à la Goutte d’Or. Cela fait plusieurs années que ces quartiers sont en « restructuration » : augmentation des loyers, expulsions des pauvres aux portes de Paris, contrôle des places et des rues."
16 juin, Bruxelles : "Dans la nuit de lundi 16 juin 2008, une camionette de ISS Cleaning a été incendiée à Bruxelles. ISS Cleaning effectue les travaux de nettoyage dans les centres fermés [centres de rétention]."
16 juin, Vancouver (Canada) : "Deux caméras de surveillance du Centre Commercial [Commercial Drive] ont été visiblement obstruées avec de la peinture, tandis que le toit et les portes du "Ministère de la Protection Publique" (comité de probation) et le centre commercial ont été taggés par des "fuck probation", "Brisons les prisons, maintenant" et "Solidarité sans frontières - la Liberté est notre crime !". Cet acte a été réalisé dans le cadre de la "Semaine de solidarité sans frontières", appelée suite à l’arrestation et l’incarcération de cinq personnes en France."
17-18 juin, Lille : "Dans la nuit du 17 au 18 juin, les vitres de l’agence de la BNP située rue Gambetta à Lille ont été brisées. « Non aux rafles, BNP collabo » a été taggé sur le mur en face. Cette action est à placer dans le cadre de la semaine de solidarité sans frontière. Solidarité avec les inculpés ! Fermeture des centres de rétention ! Liberté pour tous et toutes !
Des retardataires en colère."
9-16 juin, Grenoble : "Du 9 au 16 juin 2008, a eu lieu la semaine de solidarité sans frontières, en soutien avec les sans-papier-e-s, expulsé-e-s et traqué-e-s, ainsi qu’avec celles et ceux qui les soutiennent et qui multiplient les actes d’insoumissions qui enrayent la machine à expulser.
Pendant cette semaine, les locaux de plusieurs entreprises ou institutions qui participent à la traque et à l’expulsion des sans papier-es ont été attaquées. Leurs vitrines ont été taguées, peinturlurées ou brisées.
Air France qui prend en charge volontairement la plupart des expulsions de sans papier-e-s.
Bouygues, un des principaux constructeurs de prisons et de centres de rétention.
BNP, connue pour livrer les sans-papier-e-s aux flics.
La Croix Rouge, constructeur de centres de rétention en Belgique et en Italie ; chargée en France de donner un "visage humain" aux CRA.
la TAG qui dernièrement avait balancé une sans-pap’ aux keufs.
la CGT qui récemment a attaqué les sans-papier-e-s, qui occupaient la bourse du travail à Paris, lors d’une manifestation.
Continuons à harceler les collabos qui font leur fric en construisant des prisons et en participant à l’expulsion des sans-papier-e-s.
Liberté avec tou-te-s les prisonnier-e-s, avec ou sans chlorate."
9-16 juin, Bizkaia (Pays-Basque) : Chaque jour de la semaine du 9 au 16 juin, dans les villages de Algorta et Erromo (Bizkaia), des banderoles informatives ont été suspendues en soutien aux 5 compagnons français. A Astrabadua (Bizkaia), un autre groupe d’individus solidaires a envoyé des fax pendant une demie-heure à l’ambassade de France en Espagne. Le fax comportait une seule phrase : "Liberté pour Isa, relaxe pour Bruno, Ivan, Farid et tous les autres".


A venir :

28 juin, Sète : le samedi 28 juin à 14 h place de l’hotel de ville à Séte, rassemblement en soutien à tous les sans-papiers. Une manif rejoindra ensuite le centre de rétention de Séte. Cette initiative ce veut surtout une démonstration de notre solidarité avec tous les dépossédés dont le pouvoir veut se débarasser et qui ici comme ailleurs sont parqués dans des toutes nouvelles prisons "spécialisées". Liberté pour toutes et tous. Solidarité avec tous les inculpés, tous les enfermés de la guerre sociale en cours.
Guadarango
 
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Message par Guadarango » 30 Juin 2008, 09:37

http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=101377



VUES DU DELIRE ANTI-TERRORISTE


Farid, mis en examen de la fantasmée « mouvance anarcho-autonome francilienne » raconte…


[Ce texte a été écrit a la maison d'arrêt de Meaux-Chauconin où j'étais incarcéré jusqu'au 26 mai 2008, date à laquelle j'ai été libéré sous contrôle judiciaire après une décision de la chambre de l'instruction, contre l'avis du parquet anti-terroriste et de la juge d'instruction, ce qui montre bien que , même à l'intérieur de l'appareil judiciaire, leur délire a des limites. Isa, avec qui j'ai été arrêté est elle toujours emprisonnée et il faut maintenant faire tout notre possible pour obtenir sa libération à elle aussi.]



Je me suis fait arrêté avec Isa le mercredi 23 janvier 2008 lors d'un banal contrôle douanier à la hauteur du péage de Vierzon, comme il y en a tant sur les routes de ce pays. Enfin, dès que les douaniers ont vu que j'étais fiché par les RG, le contrôle est tout de suite devenu moins « banal ». Et n'en parlons pas quand ils ont découvert le contenu du sac (du chlorate de soude acheté en quincaillerie, des plans de prison pour mineurs en construction qu'on peut trouver sur internet et des ouvrages sur des techniques de sabotage : pas de quoi fouetter un chat pourtant… mais un anarcho-autonome présumé si !). Ensuite, direction la gendarmerie à coté, placement en garde à vue mais rien de spécial c'est-à-dire droit à prévenir un proche et un avocat. Les choses ont changé radicalement quand la brigade anti-terroriste est arrivée, décision expresse du parquet anti-terroriste de Paris, comme si ils attendaient que l'occasion se présente… Avec eux, ça devenait plus grave tout d'un coup, le seul fait de cette « prise en charge » comme ils disent, nous transformait en « terroriste ». Dès le trajet à 200 à l'heure vers Paris, la pression commence : « T'as pas l'air de te rendre compte ce qu'il t'arrive ! », le jeu sur le caractère exceptionnel de la procédure sera permanent. Et direct en arrivant à Paris vers 22h, perquisition chez moi, apparemment ils s'attendent à trouver un arsenal alors faut foncer armes au poing ! Des mecs des RG arrivent et c'est parti. Du coup 7 à retourner 25 m carré ça bosse dur et ils mettent la main sur … des tracts et des pétards. Je les sens un peu déçu. On fait même demi-tour à toute blinde parce qu'un peu fébriles, ils ont oublié… des affiches ! Mais comme on aura l'occasion de le voir à de nombreuses reprises par la suite (NB), il leur suffit de pas grand-chose voir rien pour charger le dossier… Si c'était une pathologie, ça serait entre la mégalomanie et la mythomanie mais là, non, c'est de la « lutte contre le terrorisme d'extrême-gauche ». C'est comme ça que je lirai après incrédule dans leurs papiers qu'ils appellent les pétards des « mélanges oxydants réducteurs pouvant être utilisés comme chargement d'engins explosifs improvisés »… Là, direction le siège de la DNAT à Levallois-Perret, hommes en armes aux aguets à l'entrée, on entre dans un bunker en préfabriqué ultra sécurisé : les grands moyens sont déployés pour nous et on se demande à quelle sauce on va être dévoré ! On est placé chacun aux extrémités des locaux de garde à vue, il n'y a que nous. Isolement sensoriel garanti : un store devant la vitre de la cellule empêche de voir même le couloir, on n'entend rien de l'extérieur, l'insonorisation est totale, le seul bruit est celui de l'aération qui ne se déclenche pas au même moment dans nos deux cellules et couvre ainsi nos cris pour nous donner du courage (ça les empêche pas de nous punir en laissant allumer une sorte de néon aveuglant dans la cellule). Vont suivre 3 jours d'interrogatoire intensif, ouvrable de 7h a minuit, ici oui on travaille plus pour gagner plus. Ils viennent nous chercher 3 fois par jour, de préférence quand ils ont vu avec la caméra dans la cellule qu'on s'était endormi. On ne sait jamais quelle heure il est, combien de temps on a déjà passé dans cet enfer froid. Ils nous cuisinent pendant 2 à 3 heures interminables à chaque fois. Une des menottes est accroché à un anneau rivé au bas du mur, ça facilite la chute ! Tout est fait pour nous rendre étrangers à nous-mêmes, la tête dans un étau, c'est l'aliénation totale qui nous guette. Le ton monte au fur et à mesure, ça sent l' « obligation de résultat », les aveux à tout prix. Les 2 mêmes flics tout au long des 3 jours qui m'entourent pour m'interroger reçoivent souvent des coups de fil de leur hiérarchie et se plaignent que le chef quand même… Ils essayent de nous diviser et jouent sur tous les registres, tentant l'humour de temps en temps (enfin à leur manière, « nous les manifs on est pas contre… si c'est des manifs d'avocats ah ah ah ») de plus en plus menaçants (« tu te rends pas compte tu pars pour 10 ans là, le juge il va voir, soutien à action directe, tu vas visiter un mec en prison, il a déjà pris sa décision alors dis nous tout maintenant parce qu'après tu vas aller moisir en prison »). Finalement, les mêmes techniques que dans les gardes à vues de droit commun par lesquelles j'ai déjà pu passer, sauf que là, les moyens pour impressionner, écraser, faire peur somme toute, sont décuplés et qu'il est beaucoup plus dur de préserver son intégrité psychologique en déclarant quelque chose. Vers la fin des 96h, comme je ne reconnais rien de leurs délires, j'ai droit au coup de pression du chef en personne qui vient me dire que de toutes façons, étant une « valeur sure » pour eux, déjà sous surveillance de la SDAT depuis quelques temps, il a eu le juge au téléphone et mon sort est réglé, la prison !... En même temps, je les entends gueuler sur Isa puis se congratuler pour l'avoir « fait passer à table »… de vraies hyènes ! Un dernier interrogatoire le samedi soir vers minuit au cas où j'avouerai enfin « parce qu'après il sera trop tard ». Jusqu'au bout ils essayent de faire croire à un enjeu de leurs interrogatoires et jouent sur la peur de la prison (et du temps qu'on va y passer) alors que comme ils le disent eux-mêmes tout est déjà joué ou se jouera ailleurs… Et puis ils nous demandent de signer qu'on n'a subi aucune violence physique ! La torture blanche par contre ils connaissent pas ! Ensuite, on est transféré au dépôt de Paris où on arrive au milieu de la nuit. On y reste toute la journée, la crasse et le bruit ont quelque chose de rassurant. Enfin, le dimanche soir, c'est-à-dire une grosse centaine d'heures après notre arrestation, à bout de forces au moment où il en faut le plus, on passe devant la juge d'instruction anti-terroriste qui signifie la mise en examen et demande la détention préventive, puis devant le juge des libertés et de la détention qui nous incarcère à Fleury-Mérogis (c'est le même juge qui avait déjà renouvelé la garde à vue et dont les flics disaient qu'ils en voyaient pas l'utilité vu qu'il suivait toujours le procureur…). Le lendemain, après avoir enfin dormi, je lis l'ordonnance de mise en détention provisoire : je suis mis en examen pour ma « participation présumée à une association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme, en l'occurrence pour avoir participé aux activités de la « mouvance anarcho-autonome francilienne » […] ces faits s'inscrivant dans le cadre d'actions concertées et violentes visant à déstabiliser les structures de l'état français. ». J'ai du mal à me dire que ce bout de papier écrit dans un langage si étranger parle de moi. Mais par la suite, lors des interrogatoires au cabinet de la juge d'instruction, j'ai vu que si, c'est bien de moi qu'on parlait et même que de ça. Une véritable obsession, tout y passe, l'enfance, la famille, les voyages, les lectures et toujours pour chercher des racines fantasmées au terrorisme. Sans parler de l'expertise psychiatrique surréaliste (« Que pensez-vous de vos parents ? Avez-vous des problèmes avec les femmes ? Est-ce que vous vous aimez ?) qui sera pourtant souvent cité pendant l'instruction. Et plus que des actes, c'est la dangerosité qui est jugée, la dangerosité d'une vie qui se veut en lien avec tous ceux qui luttent contre l'exploitation et l'oppression de ce système. Puis la base de ce délire paranoïaque se trouve dans le contexte social actuel de révolte réelle ou crainte et dans l'interprétation de certains faits par la police aux ordres du pouvoir politique. En effet, il parait que depuis l'élection de Sarkozy, les actions violentes se multiplient. Les rapports de police créent alors un lien entre toutes ces actions pour les attribuer à une même organisation. C'est plus facile et puis c'est pratique quand il s'agit de charger des dossiers. L'ennemi intérieur trouvé, il faut lui donner un nom, « organisation » c'est un peu gros quand même alors on va appeler ça mouvance, c'est passe-partout ! Et comme les RG ne se renouvellent pas beaucoup, on va aller chercher un nom dans les années 80, où flotte le spectre de la lutte armée. Alors « anarcho-autonome ». Que personne ne se soit jamais revendiqué comme tel n'est pas un problème… Il fallait bien trouver un nom. Vous avez déjà vu une organisation terroriste anonyme vous ? C'est la magie de l'état, autrement dit un montage politico-judiciaire en bonne et due forme.


ILS FABRIQUENT DES « « TERRORISTES » POUR ETOUFFER TOUTE CONTESTATION LIBRE PAR LA TERREUR ET ACCROITRE LEUR CONTROLE

A BAS LES MONTAGES DE L'ANTI-TERRORISME, EPOUVANTAIL D'UN ETAT EN VOIE DE TOTALITARISATION

FACE A LEUR REPRESSION NOTRE REVOLTE RESTE DETERMINEE

NOUS N'AVONS PLUS PEUR

LIBERTE POUR ISA

LIBERTE POUR TOUS


NB : J'ai été transféré à Meaux-Chauconin pour « proximité avec les prisonniers basques » parce que… nos cellules étaient cote à cote au D5 à Fleury. Isa a été éloignée à la prison de Lille-Séquedin pour « suspicion de tentative d'évasion » à cause… d'un dessin de la cour de promenade de la MAF de Fleury qu'elle m'avait envoyé. Maintenant, on apprend que son éloignement va se poursuivre à la prison de Rouen, il est donc grand temps d'agir pour que cesse ces mesures disciplinaires arbitraires et pour le RAPPROCHEMENT D'ISA dans la région parisienne.


le vendredi 27 juin 2008
Guadarango
 
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