a écrit :
Manifestation à Paris contre la 'répression policière' à Gafsa
Tunisie - Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées samedi à Paris pour dénoncer la "répression policière" tunisienne contre les manifestations dans la région minière de Gafsa (sud-ouest) où un jeune homme de 25 ans a été tué vendredi, a constaté une journaliste de l'AFP.
Manifestation à Paris contre la 'répression policière' à Gafsa
Le ministre tunisien de la Justice et des droits de l'Homme, Bechir Tekkari, a dit "regretter" samedi la mort d'un manifestant lors des affrontements survenus vendredi à Redeyef, expliquant que les forces de l'ordre étaient intervenues contre des individus qui fabriquaient des cocktails Molotov. Il a démenti que des actes de vols et pillage aient été commis.
"Halte à la répression, halte au massacre en Tunisie de manifestants pacifiques", a lancé Hamadi Aouina, membre du Comité de soutien à la population du bassin minier de Gafsa qui avait appelé à cette manifestation.
"Nous demandons des négociations entre les autorités tunisiennes et les manifestants qui protestent depuis des mois pour obtenir un emploi, contre la corruption et les inégalités dans le pays", a-t-il ajouté.
Selon Abdel Thabet, membre du comité formé de partis politiques et d'association de défense des droits de l'Homme, et plusieurs manifestants, dont certains ont leur famille sur place, le jeune homme tué a succombé à une balle "tirée dans le dos par la police".
Selon eux, une nouvelle manifestation a eu lieu samedi et l'armée était sur place pour tenter de calmer la situation.
M. Thabet a expliqué que l'agitation sociale avait débuté le 5 janvier à Redeyef, des jeunes diplomés dénonçant l'attribution "par favoritisme" d'emplois au sein de la compagnie des phosphates de Gafsa, principal employeur de la région.
AFP
a écrit :
Troubles sociaux meurtriers au Maroc et en Tunisie
LE MONDE | 09.06.08 | 14h29 • Mis à jour le 09.06.08 | 14h29
De violentes émeutes ont éclaté ces derniers jours à Sidi Ifni et Gafsa, localités situées respectivement au Maroc et en Tunisie. C'est le chômage, couplé à l'absence de perspectives, qui a conduit, les 6 et 7 juin, des chômeurs à descendre dans les rues de ces deux petites villes, perdues à des centaines de kilomètres au sud de Rabat et de Tunis.
A Sidi Ifni (20 000 habitants), port de pêche d'une région berbère contestataire, limitrophe du Sahara occidental, une violente altercation a opposé, samedi, les forces de l'ordre à des jeunes manifestants. Ceux-ci bloquaient le port pour contester un tirage au sort organisé un peu plus tôt par la municipalité pour l'embauche de trois personnes.
Le bilan de l'échauffourée qui a suivi est incertain. Les associations locales, notamment Aït Baamarane et le Centre marocain des droits humains (CMDH), avancent le chiffre d'au moins deux morts et de nombreux blessés. Information confirmée par la chaîne de télévision Al-Jazira, qui fait état de deux à huit morts.
Les autorités marocaines, quant à elles, parlent de 44 blessés et démentent énergiquement qu'il y ait eu des morts. Elles accusent Al-Jazira de "légèreté dans la collecte de l'information". Reste que l'accès à l'hôpital de Sidi Ifni est bloqué par les forces de l'ordre, ce qui alimente les rumeurs.
Dans le sud tunisien, pendant ce temps, la région de Gafsa (120 000 habitants) s'enflammait à nouveau. Vendredi, un jeune de 25 ans a été tué par balles à Redeyef (l'un des quatre bassins miniers de Gafsa), lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. Déjà, en mai, un jeune manifestant était mort électrocuté alors qu'il tentait de couper des câbles électriques. A l'annonce de ce nouveau décès, la colère a été telle que l'armée a été appelée en renfort et s'est déployée, samedi, à la place de la police.
Voilà cinq mois que les quatre bassins miniers de Gafsa, ville déshéritée de l'intérieur où le taux de chômage dépasse les 30 %, sont secoués par des émeutes. Le seul employeur de la région, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CMG), n'embauche plus depuis des années, en raison de la mécanisation des mines. Le nombre des employés est passé de 14 000 dans les années 1980 à 5 000. Le 7 janvier, 81 postes ont toutefois été proposés. Plus de 1 000 candidats se sont présentés. Dès que la liste des "gagnants" a été affichée, la révolte a éclaté. Selon Hajji Adnane, porte-parole du mouvement de Redeyef, "les embauches étaient affaire de corruption et de népotisme".
Les mineurs de Redeyef se plaignent d'être otages d'un potentat local qui est à la fois patron, délégué syndical et député du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti au pouvoir. Ils accusent également la police de se livrer régulièrement à des provocations et à des pillages. Les femmes sont aux premières loges de ce combat contre le pouvoir. Fait exceptionnel : elles étaient nombreuses, samedi, à assister à l'enterrement du jeune tué la veille par la police.
Florence Beaugé
Article paru dans l'édition du 10.06.08
a écrit :
Le chômage provoque de violentes émeutes au Maroc et en Tunisie
Rabat - Le chômage qui frappe les jeunes au Maghreb a été le déclencheur durant le week-end de violences au Maroc et en Tunisie qui ont fait au total dans les deux pays un mort et des dizaines de blessés lors d'affrontements avec les forces de l'ordre.
Le chômage provoque de violentes émeutes au Maroc et en Tunisie
"Le chômage endémique chez les jeunes maghrébins est à l'origine des émeutes qui ont éclaté ces derniers jours au Maroc, en Algérie et en Tunisie", assure Aziz un militant associatif de la ville qui a requis l'anonymat au lendemain des affrontements entre les forces de l'ordre et des jeunes chômeurs à Sidi Ifni, un port de pêche du Maroc situé à 900 km au sud-ouest de Rabat.
Le taux de chômage dans le royaume s'est situé en 2007 à 9,7%, selon les chiffres du Haut commissariat au plan, mais quatre demandeurs d'emploi sur dix ont moins de 25 ans.
Plus lourd, en Tunisie, le taux de chômage a atteint 14,1% en 2007, selon une source officielle tunisienne.
"Le chômage des jeunes notamment celui des milliers de diplômés au Maroc, en Algérie et en Tunisie est le dénominateur commun aux trois pays où des manifestations se déroulent périodiquement dans leurs villes", a déclaré à l'AFP, Khalid Cherkaoui Semouni, président du Centre marocain des droits humains (CMDH).
Ville de 20.000 habitants, Sidi Ifni n'en est pas à sa première +émeute+, une première manifestation s'étant déroulée dans la ville en 2006, selon des jeunes de la région contactés par l'AFP.
La violente échauffourée de Sidi Ifni a fait 44 blessés alors qu'en Tunisie, les affrontements de Redeyef, une ville riche en phosphate située à 350 km au sud-ouest de Tunis, ont fait vendredi un mort et plusieurs blessés sur fond de chômage et revendications sociales, La police venue samedi en renfort à Sidi Ifni, une ville que l'Espagne a rétrocédée au Maroc en 1969, a usé de la force pour débloquer le port où stationnaient 89 camions chargés de près de 800 tonnes de poisson.
A Redeyef, les violences ont fait un mort et huit blessés - cinq manifestants et trois policiers -, selon un bilan gouvernemental, et un mort et 28 blessés, selon des sources syndicales.
Samedi, l'armée tunisienne s'est déployée dans la ville pour "empêcher toute menace à l'ordre public".
Le blocage du port de Sidi Ifini, dont la pêche est la principale ressource économique, a commencé le 30 mai après la proclamation des résultats d'un concours pour le recrutement de trois personnes.
Après le tirage au sort, près de 120 jeunes mécontents s'étaient dirigés vers le port où ils ont bloqué ses installations, selon un député socialiste, Abdelwahab Belfkih.
Selon un autre élu local, Lahcen Achouad, les "revendications des jeunes sont d'ordre socio-économiques. Ils revendiquent une répartition équitable des richesses de la ville, le statut de préfecture de la cité, le réaménagement du port et la construction d'un nouvelle rocade côtière", selon la même source.
A Sidi Ifni, l'affrontement, selon des sources hospitalières, a fait 44 blessés dont 27 parmi les forces de l'ordre alors que le CDMH estime qu'"il y aurait entre un et cinq morts".
Le gouvernement marocain a démenti. "Il n'y a pas eu un seul décès", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri.
Des manifestations sporadiques ont lieu depuis le 5 janvier dans la région tunisienne de Gafsa, riche en phosphates, pour dénoncer le chômage, le renchérissement du coût de la vie, la corruption et le clientélisme, selon les dirigeants du mouvement de protestation.
Les manifestations avaient débuté à Redeyef (30.000 habitants) qui abrite la plus ancienne mine de phosphates, par la manipulation supposée au profit de certains notables d'un concours de recrutement à la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), principal employeur de la région.
AFP - Mohamed CHAKIR
a écrit :Après l’Egypte et l’Algérie, des émeutes sociales ont été violemment réprimées au Maroc et en Tunisie.lundi 9 juin 2008.
Emeutes en Tunisie et au Maroc. (JPEG) En Tunisie, la contestation dure depuis des semaines dans le bassin minier de Gafsa et, apparemment, les pouvoirs publics n’ont pas trouvé la bonne méthode pour organiser le dialogue social. Un manifestant a été tué vendredi par balle à Redeyef et plusieurs ont été blessés dans la répression policière d’un mouvement qui n’a cessé de durcir. C’est le deuxième décès enregistré dans la région minière de Gafsa, en proie à une contestation sociale sans précédent dans une Tunisie très surveillée. La contestation révèle une autre image sociale d’un pays qui affiche des taux de croissance élevés et qui est donné en exemple par les institutions financières internationales. Ce décor social est celui des inégalités et du chômage qui touche de nombreux diplômés.
Au Maroc, le même phénomène est enregistré. Et le gouvernement semble choisir la diversion commode en s’en prenant avec virulence à la chaîne Al-Jazira accusée de désinformation. Pourtant, la chaîne qatarie n’a pas inventé ce qui s’est passé à Sidi Ifni au Maroc, où de violents affrontements ont opposé des chômeurs aux forces de l’ordre. Le gouvernement marocain affirme que le bilan de ces affrontements n’est « que » de 44 blessés « légers ». Mais il est contredit, non par Al-Jazira mais par le Centre marocain des droits humains (CMDH), qui fait état d’un bilan plus lourd, entre « un et cinq morts ». Il faut d’ailleurs vivement souhaiter que le gouvernement ait raison car il n’y a rien de réjouissant à ce qu’il y ait des morts dans une simple manifestation de chômeurs.
Pour ceux qui pensaient que l’émeute n’était qu’algérienne, il faut bien élargir la vision. Elle s’étend à l’ensemble des pays du Maghreb. Elle touche également l’Egypte, où les contestataires essayent aussi d’inventer de nouvelles formes d’action pour éviter l’émeute qui conduit inéluctablement à la répression. Le nord de l’Afrique donne une image frappante d’unité dans l’ébullition sociale, organisée parfois, désordonnée le plus souvent. Il faut bien chercher un dénominateur commun à ce phénomène. Sans doute faut-il le trouver dans la faiblesse du dialogue social dans des pays où le souci obsessionnel du contrôle politique, voire policier l’emporte sur l’impératif d’avoir une représentation politique et sociale authentique.
Synthèse de Rayane,
http://www.algerie-dz.comD’après le Quotidien d’Oran