Socialism on Trial

Message par com_71 » 27 Mai 2009, 22:31

Sur marxists internet archives :

Socialism on Trial
(Le socialisme en procès)

Procès-verbal officiel
de la déposition de James Patrick Cannon
dans le procès pour "sédition" de Minneapolis

18 novembre 1941

http://www.marxists.org/francais/cannon/wo.../11/cannon2.htm
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Gaby » 27 Mai 2009, 23:08

C'est vraiment excellent. Je vais récupérer le bouquin et le faire circuler parmi mes copains anglophones, la version originale est à 13€ sur amazon.fr...

Outre le côté surréaliste de la discussion, extrêmement pédagogique et efficace, j'ai noté un pronostic du SWP US, démenti par l'histoire :
"Nous pensons que l'hitlérisme ne peut être détruit que par la voie d'une guerre conduite sous la direction des travailleurs."

Sauf à introduire une nuance, du type "le ventre encore fécond d'où a surgi la bête immonde"...
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Message par artza » 28 Mai 2009, 07:46

(Gaby @ mercredi 27 mai 2009 à 23:08 a écrit :j'ai noté un pronostic du SWP US, démenti par l'histoire :
"Nous pensons que l'hitlérisme ne peut être détruit que par la voie d'une guerre conduite sous la direction des travailleurs."

C'est évident que Canon aurait du s'écrier:

Vive les Etats-Unis d'Amérique, leur gigantesque industrie, leur agriculture florissante, leur vaillante armée et leur flotte invicible. Sus aux "Huns" et aux "Japs" et ensuite nous nous occuperons "d'Ivan", alors notre grande démocratie bénie par dieu régnera sur la terre!

Et quand je pense qu'il y a des cons qui se sont imaginés commencer la révolution mondiale en 1917! et des cinglés qui a quelques milliers et encore prétendent continuer vers cet objectif!
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Message par Gaby » 28 Mai 2009, 08:28

Faut pas t'énerver comme ça. :roll:

J'ai bien compris que pour toi noter que les trotskystes américains pariaient sur une incapacité des fascistes à perdre sur le terrain militaire, cela revenait à préconiser de faire la propagande nationalo' la plus vulgaire, à renoncer à la révolution prolétarienne, etc. Tant pis pour la vérité, elle ne sert à personne, hein ?

Y'a pas marqué guignol sur ma tête, si tu veux passer tes nerfs tu as sûrement sous ta main des candidats pour ta gueulante, moi j'ai passé l'âge et l'envie de faire le punching ball avec un type qui ne peut pas causer sans se moquer. Ou alors tu pouvais simplement répondre sans te lâcher, "je pense que ce commentaire-analyse était un passage obligé du défaitisme", c'est tout.
Gaby
 
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Message par Vérié » 28 Mai 2009, 10:28

Voci une critique de la politique de Cannon et du SWP par le groupe Pouvoir Ouvrier. (Prise sur son site.)

En ce qui concerne le pronostic de Cannon, il est clair qu'il correspondait au à un ensemble de pronostics de Trotsky qui pensait en particullier que l'URSS ne pourrait pas gagner la guerre contre l'Allemagne nazie sans renverser Staline, que l'URSS ne pourrait pas survivre à la guerre sans révolution politique etc.


a écrit :
La Quatrième Internationale 1940-1953



Le SWP américain pendant la Deuxième guerre mondiale


La guerre fut une rude épreuve pour toute l'Internationale. En Europe, l'occupation nazie entravait et menaçait d’existence des jeunes organisations, les réduisant à la clandestinité, les coupant des contacts et des autres sections de l’Internationale.

La plus grande section de l'Internationale, le SWP des Etats-Unis, souffrit également de la guerre. Avant même la guerre, il fut obligé de se plier à la nouvelle loi Voorhis, qui interdisait à un parti politique d'adhérer à une organisation internationale. Le SWP dût en conséquence démissionner formellement de l'Internationale.

En juillet 1941, six mois avant l'entrée en guerre des Etats-Unis, 18 dirigeants du SWP furent arrêtés et inculpés de sédition à cause de leur opposition à la guerre. Ils furent condamnés à des peines comprises entre 12 et 18 mois de prison ferme.

Le SWP se servit du procès pour expliquer ses positions. La déposition de Cannon fut reproduite dans les pages du journal, et éditée sous forme de brochure et vendue à des dizaines de milliers d'exemplaires. Et pourtant, malgré une politique qui exprimait clairement son opposition à la guerre, le SWP n'arriva pas à présenter, que ce soit dans les pages de ses publications, ou lors du long procès de Minnéapolis, la politique révolutionnaire en cas de guerre impérialiste.

La tâche principale des sections dans les pays impérialistes était d'avancer une politique de défaitisme révolutionnaire. Sans souhaiter la victoire de l'ennemi (en l'occurrence, Hitler), cette politique consiste à refuser tout compromis de classe pendant la guerre, à montrer la nécessité de poursuivre la lutte des classes, quelque soient les conséquences pour la guerre.

Comme l'expliqua Trotsky en mars 1938, “Le défaitisme, c’est la politique de classe du prolétariat qui considère, y compris en temps de guerre, que son ennemi principal est dans son propre pays impérialiste. Le patriotisme, en revanche, est une politique qui situe l’ennemi principal hors de son propre pays.
“L’idée du défaitisme est en réalité la suivante : mener une lutte révolutionnaire intransigeante contre sa propre bourgeoisie en tant qu’ennemi principal, sans se préoccuper que cette lutte puisse aboutir à la défaite de son propre gouvernement.
“Dans le cas où elle résulte d’un mouvement révolutionnaire, la défaite de son propre gouvernement constitue un moindre mal. Lénine n’a jamais dit et n’a jamais voulu dire autre chose. Il n’est même pas possible de parler d’une autre espèce de ‘contribution’ à la défaite.
“Faut-il renoncer au défaitisme révolutionnaire dans les pays non-fascistes? C’est là le noeud de la question; c’est là-dessus que l’internationalisme révolutionnaire tient bon, ou s’effondre.” (1)

Selon ces critères — les seuls qui comptaient pour Trotsky — le SWP n’a pas mené une politique d’internationalisme révolutionnaire pendant la guerre. Comme le montre la lecture de sa presse, il n’a jamais mis en avant cette politique.

Dans sa déclaration toute suite après l’entrée des Etats-Unis en guerre, le SWP dénonçait et rejetait cette guerre impérialiste, mais n’abordait pas la question de l’action ouvrière en temps de guerre et la “menace” qu’elle pouvait présenter pour la conduite d’une guerre qui se présentait comme étant celle de “la démocratie contre le fascisme” :

“Aujourd’hui, notre programme contre l’hitlérisme et pour un gouvernement ouvrier et paysan n’est le programme que d’une petite minorité. L’écrasante majorité soutient, de façon active ou passive, le programme de guerre du gouvernement Roosevelt. En tant que minorité, nous devons nous soumettre dans l’action à cette majorité. D’aucune façon nous sabotons la guerre ou nous gênons les forces militaires. Les trotskystes vont à l’armée avec leur génération. Nous acceptons les décisions de la majorité. Mais nous gardons nos opinions et nous insistons sur notre droit de les exprimer.” (2)

Le SWP s’est appuyé de façon unilatérale — et donc fausse — sur la volonté des révolutionnaires de ne pas se couper des masses en refusant la conscription. Il ne faut pas seulement rester en contact avec les travailleurs, il faut aussi mener une agitation autour d’une politique refusant tout compromis avec la bourgeoisie en guerre, même si cela est conçue comme le “sabotage” de la guerre menée par l’impérialisme nord-américain.

Pire, ces camarades ont souvent déclaré, comme Cannon lors du procès de Minnéapolis, que “Nous considérons que Hitler et l’hitlérisme sont l’ennemi principal de l’humanité” (3) et non plus que “l’ennemi principal est chez nous”, comme le proclamait le Manifeste de 1940.

De là, il n’y avait qu’un petit pas qui conduisit leur journal à expliquer en mars 1941, avant même l'entrée en guerre : “La véritable solution est de transformer la guerre impérialiste en guerre contre le fascisme.” (4)

En cherchant à s’appuyer sur la conscience des travailleurs nord-américains, le SWP — et Cannon en tête — ont cédé aux pressions nationales. Certes, ils n’ont pas cédé au chauvinisme, mais ils ont commis une série d’erreurs qui ont limité leur différenciation à la fois du chauvinisme et du pacifisme.

Ces camarades ont complètement sous-estimé la nécessité de montrer, dès le début de la guerre :

• une opposition révolutionnaire à la conscience des masses et de leur dirigeants chauvins (y compris le PC, devenu foncièrement patriote après l’attaque de l’URSS par l’Allemagne). Cette action était indispensable pour rassembler la poignée de militants internationalistes.

• la nature de la politique défaitiste de l’Internationale. Cette tâche était encore plus importante étant donné la relative liberté dont jouissait le SWP.

• la nécessité de poursuivre une campagne d’agitation dans les entreprises et dans les casernes. Cette campagne devait montrer la nécessité d’une confrontation avec les intérêts des impérialistes américains, et de leurs forces armées. Il fallait refuser toute baisse des salaires ou des conditions de travail, refuser “l’effort de guerre”.

L’incapacité du SWP à défendre cette politique a représenté une défaillance importante qui allait de paire avec son incapacité — ou son refus — de jouer un rôle organisationnel et politique central dans la vie de l’Internationale pendant et après la guerre.

En janvier 1942, le trotskyste mexicain Grandizo Munis soulèva une série de critiques à l’encontre de la politique du SWP, généralement ultra-gauches, soutenant que le défaitisme impliquait le sabotage individuel. Cannon arriva à balayer la majorité des critiques de Munis, mais celle de la nature révolutionnaire du défaitisme n’apparaît pas dans sa réponse. (5) Pour une fois, mais pour de mauvaises raisons, l’ultra-gauche Munis avait visé juste.

L’erreur du SWP fut moins grave que celle de la section française “officielle” en 1940 et 1941 (cliquez ici), mais cette erreur ne fut pas corrigée, ni à l’époque ni après. Et même si elle n’était pas encore “érigée en système” comme disait Trotsky, elle se répétera, de façon encore plus nette, lors de la guerre de Corée, en 1950.

NOTES
1 L. Trotsky, Oeuvres, t20, p217-218
2 J. P. Cannon, The Socialist Workers Party in World War II, p209
3 J. P. Cannon, Socialism On Trial, p52
4 Militant 15.3.41
5 Pour les deux articles, voir J. P. Cannon, Socialism on Trial, p117-178

Vérié
 
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Message par com_71 » 28 Mai 2009, 20:21

(Cannon a écrit :
"Nous pensons que l'hitlérisme ne peut être détruit que par la voie d'une guerre conduite sous la direction des travailleurs."


S'agit là vraiment d'un pronostic sur le cours futur de la guerre ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par volia » 29 Mai 2009, 06:19

(com_71 @ jeudi 28 mai 2009 à 21:21 a écrit :
(Cannon a écrit :
"Nous pensons que l'hitlérisme ne peut être détruit que par la voie d'une guerre conduite sous la direction des travailleurs."


S'agit là vraiment d'un pronostic sur le cours futur de la guerre ?

Je ne comprend pas ta remarque, peux-tu expliquer un peu ?
Tu veux dire que pour Canon c'est une remarque générale et non pas un pronostic ?

volia
 
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Message par com_71 » 29 Mai 2009, 16:54

Un pronostic sur quoi ? Il ne dit pas une guerre entre qui et qui, d'une part, et d'autre part les USA ne sont pas encore entrés en guerre.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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