CITATION
EXTRÊME GAUCHE Une revendication de la LCR
Aux régionales, LO pourrait soutenir la gauche contre le FN
Elsa Freyssenet
[23 septembre 2003]
Prudemment, Lutte ouvrière bouge. Dans les négociations électorales engagées avec la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) d'Alain Krivine et Olivier Besancenot, l'organisation d'Arlette Laguiller vient de clarifier une question à valeur symbolique : «S'il y a un risque de victoire du FN contre une liste de gauche (au second tour des régionales de mars 2004), nous pouvons envisager d'appeler à voter pour la liste de gauche, au cas par cas», a écrit LO dans un courrier daté du 16 septembre. Cette précision, manquante dans les précédents écrits de Lutte ouvrière, répond à une demande de la LCR.
Signe d'ouverture propre à faciliter un accord LO-LCR, désir de désamorcer les accusations de «sectarisme» venues de la gauche parlementaire ou prise de conscience d'un risque réel dans certaines régions comme Paca ? Toujours est-il qu'une telle éventualité n'avait pas été «envisagée» par LO depuis plusieurs années. «Il nous est déjà arrivé d'appeler à voter à gauche pour battre le FN, mais à une époque où les médias ne se souciaient pas de ce que nous faisions», explique Arlette Laguiller. Au sein de son parti, on date les dernières consignes de vote d'entre-deux tours aux législatives de 1997 : dans le cas d'un «duel entre un candidat du Front national et un candidat du Parti communiste ou du Parti socialiste», les électeurs étaient appelés à «ne pas laisser le FN l'emporter».
Concernant les régionales de mars prochain, LO se ménage des marges de manoeuvre. Une éventuelle consigne de vote ne concernerait en effet que les seules régions où il y aurait «un risque de victoire» du FN et, ajoute Arlette Laguiller, «sous réserve d'inventaire» de la gauche locale. Deux conditions qui, en fonction du contexte, peuvent nourrir de longs débats politiques. «Tout sera affaire d'appréciation», reconnaît l'un des négociateurs de la LCR, François Sabado. Une incertitude insuffisante pour assombrir le moral de ce dirigeant de la LCR qui, à l'instar d'Alain Krivine et Olivier Besancenot, est favorable à un accord avec LO.
Après les échanges de lettres qui avaient débroussaillé le terrain, les deux organisations se sont rencontrées vendredi et ont convenu avoir la «volonté d'aboutir» à une telle alliance pour les régionales et les européennes. «Nous avons suffisamment de convergences pour mener une campagne commune», explique Arlette Laguiller pour la première fois depuis les européennes de 1999. Sur le fond, les deux partis sont facilement tombés d'accord pour faire campagne «contre la droite, contre le Medef et contre les licenciements» et refuser le projet de Constitution européenne qui, selon Arlette Laguiller, «ne nous convient pas du tout parce qu'il ressemble aux Constitutions bourgeoises des Etats nationaux». Des propositions de plate-forme électorale doivent maintenant être rédigées.
Sur les aspects tactiques et pratiques, LO et la LCR en sont restées aux principes généraux. La répartition des têtes de liste se fera à «égalité». Député européen et conseillère régionale d'Ile-de-France, Arlette Laguiller avait déclaré vendredi sur RTL que «les deux mandats l'intéressaient». Dimanche, elle relativisait cependant ce qui pouvait paraître comme une déclaration de candidature prématurée : «Tant moi-même que Krivine ou Besancenot seront dans la course de ces élections, mais je ne sais pas dans quel ordre.» Cela pourrait avoir son importance, notamment aux européennes. Avec la régionalisation du mode de scrutin, défavorable aux petits partis, Alain Krivine ne voit que deux grandes régions où l'extrême gauche pourrait obtenir un élu : l'Ile-de-France et le Nord.
[/quote]