a écrit :Neuves-Maisons (54), des familles grelottent en HLM
Pour le troisième hiver consécutif, des locataires du HLM de la rue Cumène déplorent une brusque chute des températures... à l'intérieur. Dans certaines chambres, le thermomètre ne dépasse pas 6°C malgré un chauffage, obsolète, poussé à fond.
L’association de défense des locataires a procédé à des relevés très éloquents. Photo Denis MOUSTY
« Ferme vite la porte, pour retenir la chaleur ! » C’est un réflexe. Myriam Khalaf calfeutre son salon, comme seul bastion domestique où elle peut encore espérer une température vivable. C’est là qu’elle et ses voisines accueillent les bénévoles de Consommation logement cadre de vie (CLCV), une association de défense de locataires. C’est là qu’elles résument leur liste de doléances en une phrase : « Il fait froid chez nous. » Un slogan familier à ce bloc HLM, le bloc du Houx, où elles traversent un troisième hiver glacial. « Mais celui-ci est probablement pire que les précédents. »
À Neuves-Maisons, dans les bâtiments de la rue Cumène, on scrute les sols d’un œil noir, sols où est intégré le chauffage. À 15 h 30, hier, les relevés de températures effectués trahissaient donc un confortable 18° au salon (« la seule pièce où la dalle fonctionne encore, et surtout où les baies vitrées nous donnent de la chaleur… en journée »), mais un 9,2° saisit le visiteur aussitôt qu’il accède au couloir. Au passage, dans la pièce-cagibi, on dégringole à -2°… « On a déjà vu du lait geler dans ce type de local », se navre Bernard Michel, de la CLCV, en braquant son thermomètre électronique.
Système obsolète
Dans la chambre du petit, on stagne à 9°, et on descend à 6° dans celle de l’aîné. « L’année dernière, mon cadet, épileptique, avait même dû être transporté aux urgences en état d’hypothermie ! », rappelle Mme Khalaf. « Et voilà qu’un an plus tard, on se retrouve dans la même situation ! C’est honteux. Et encore, là, on est dans l’après-midi, mais ça va continuer de s’effondrer jusque tard dans la nuit ! »
Car le chauffage, obsolète, de cet ensemble HLM a cela d’original qu’il fonctionne par résistances électriques au sol. Celles-ci se chargent entre 22h et 6h du matin (heures creuses), avant d’irradier leur chaleur tout au long de la journée… théoriquement. Dans la pratique, quand les grands froids s’installent, le système fait la démonstration de son inefficacité. Ce que même Batigère, le bailleur social, ne peut nier. Tout en tentant de temporiser.
« Par contrat, nos locataires sont avertis à leur arrivée que nous ne nous engageons à leur fournir que 14° de chauffage de base », précise Christophe Sourdot, chargé de gestion locative pour Batigère. « Pour arriver à 19°, ils doivent donc avoir recours à leurs convecteurs électriques si nécessaire. » Mais l’argument a deux limites d’importance. D’abord - et M. Sourdot ne le nie pas - par grand froid, les 14° livrés ne suffisent pas forcément à « atteindre » 14°. Surtout quand on part de -10°… Ensuite, le recours aux convecteurs électriques se traduit par de spectaculaires hausses de factures individuelles d’électricité.
« Résultat, on paie 85 € par mois de charges, et ça ne chauffe pas. Et en plus il faut ajouter des sommes folles en électricité ! Mais nous, on est des gens qui galèrent, comment voulez-vous qu’on paie ça ? » Et sa voisine, Ouwassila Ouali, de renchérir, avec sa petite fille emmitouflée dans les bras : « Quand tombe la nuit, qu’il n’y a plus rien dans les résistances et qu’il fait encore plus froid dehors, on empile les chaussettes et les peignoirs pour tenter de résister. Et bien sûr, la petite est malade en permanence ! »
Des travaux ont été évoqués à l’horizon 2014. Les locataires s’y accrochent comme à une planche de survie. « Mais d’ici là, comment on va tenir ? »
« On est sur le pont », promet Batigère, qui faisait procéder hier, elle aussi, à des relevés thermiques. « On va tenter de mettre à jour les failles techniques. » Les locataires, eux, ont une suggestion : la suppression des charges, en compensation des factures d’électricité. « Pas question ! », leur a-t-il été répondu. De quoi refroidir des relations déjà… glacées.
Lysiane GANOUSSE
j'attends ma prochaine facture de gaz avec angoisse, les proprios ne font rien qu'encaisser le pognon. Il est urgent que ça change