"Défense de Léon Trotski"

Message par Blondin » 12 Jan 2013, 22:56

Plusieurs biographies anti trotski ces derniers temps. David North y a répondu dans un ouvrage "Défense de Léon trotski" , notamment à la biographie à charge de Robert Service, avalisé par Harvard, et qui viserait à "achever" Trotski...

Une polémique relativement conséquente semble s'être développé, et l'article ci-dessous fait le compte rendu d'une conférence de David North sur la question ( http://www.wsws.org/francais/News/2012/mar.../trot-m27.shtml )

a écrit :
Réunion à Leipzig sur Léon Trotsky et la défense de la vérité historique
300 personnes pour écouter David North faire la critique de la biographie de Trotsky par Robert Service

Par nos correspondants
27 mars 2012

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David North s’adresse à l’auditoire réuni à Leipzig

Devant un large auditoire attentif, David North, président du comité de rédaction du World Socialist Web Site, a parlé vendredi soir de son livre récemment publié et intitulé « Défense de Léon Trotsky » qui est une critique de la biographie de Trotsky par l'auteur britannique Robert Service, parue en 2009.

La réunion a eu lieu à l’université de Leipzig au terme de la Foire du Livre de Leipzig où la maison d’édition Mehring Verlag a publié l’édition allemande de l’ouvrage de North sur la défense de la vérité historique et de l’héritage de Trotsky. La Foire du Livre de Leipzig est l’une des plus grandes foires du monde. Il y eut beaucoup d’intérêt pour la parution de la publication allemande « Défense de Léon Trotsky » et la controverse internationale soulevée par la révélation des falsifications historiques de Service.

En témoigne la participation à la réunion de vendredi organisée par la maison d’édition Mehring Verlag en coopération avec le Parti de l’Egalité sociale (Partei für Soziale Gleichheit, PSG) et l’Internationale étudiante pour l’Egalité sociale (IEES). Plus de 300 personnes ont rempli l’amphithéâtre où se tenait la réunion.

Le World Socialist Web Site publiera ultérieurement l’intégralité de la conférence donnée par North.

Dans un rapport introductif, Wolfgang Weber, membre du comité exécutif du PSG, a présenté le contexte de la réunion. Il a expliqué que North, dans son livre « Défense de Léon Trotsky », a fait une analyse critique de la biographie de Trotsky par Service qui fut publiée en 2009 par Harvard University Press.

North a décelé une multitude d’erreurs graves commises par le professeur d’Oxford dont de fausses présentations de documents historiques, le recours à des sources douteuses et de nombreuses erreurs factuelles y compris des dates incorrectes et des confusions de noms. North a montré que le livre de Service utilisait le genre de mensonges et de diffamations contre Trotsky lancé à l’origine par la bureaucratie stalinienne et faisait aussi appel à des préjugés antisémites. Le livre de Service est, comme North l’a prouvé, une concoction foncièrement tendancieuse.

Bien que « Défense de Léon Trotsky » ait été publié en 2010 par Mehring, les critiques soulevées par le livre ont été étouffées pendant près d’un an. « Depuis lors, un débat international a commencé et qui est parvenu en fin d’année aux comités de rédaction et dans les pages des principaux journaux en Allemagne, » a dit Weber.

Il y a un an, la maison d’édition Suhrkamp avait annoncé vouloir publier à l'été 2011 une édition allemande de la biographie de Trotsky par Service. Ensuite, toutefois, l’opposition de l’opinion publique à l’encontre du livre de Service, inspirée par la critique de North, se fit jour dans les cercles académiques internationaux et intellectuels.



L’auditoire

L’historien de l’université de Stanford, Bertrand Patenaude, avait publié en juin 2011 un article dans la prestigieuse publication universitaire américaine l’American Historical Review dans lequel il avait écrit que la critique de North était précise et pleinement justifiée. Il avait conclu sa critique par un jugement sans appel : « North qualifie la biographie de Service de ‘travail bâclé.’ Des mots forts mais entièrement justifiés. Les Presses de l’Université d’Harvard ont apposé leur marque sur un livre qui ne répond pas aux critères élémentaires d’un travail d’historien. »

« En juillet 2011, 14 historiens et spécialistes des sciences politiques d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse ont écrit une lettre à la maison d’édition Suhrkamp, » a poursuivi Weber. « Font partie des auteurs et des signataires de la lettre le professeur Hermann Weber, doyen des chercheurs allemands sur le communisme et le stalinisme et d’autres experts de renommée internationale. Sur la base de la critique formulée par North et Patenaude à l’encontre de Service, ils ont fortement recommandé à Suhrkamp de ne pas publier l’édition allemande de la biographie. »

Suhrkamp a suspendu la publication prévue et a demandé à un autre expert d’examiner les allégations. Finalement, Suhrkamp a décidé de procéder à la publication du livre en 2012 sans en expliquer le retard de plus d’un an.

Les comités de rédaction d’un grand nombre de journaux allemands ont fait état de la polémique a expliqué Weber. « Il est significatif de noter que Junge Freiheit, l’organe ‘intellectuel’ de l’extrême droite en Allemagne, fut parmi les premiers à réagir. Son chroniqueur, le Dr Stefan Scheil, s’est félicité de la prochaine publication du livre de Service par Suhrkamp. Il a loué Service pour son intention avouée « d’achever Trotsky et de terminer le travail commencé il y a 72 ans par les assassins staliniens du dirigeant révolutionnaire. »

Les journaux allemands à grand tirage, dont le Frankfurter Allgemeine Zeitung, le Neue Zürcher Zeitung, le Frankfurter Rundschau et le Berliner Zeitung, ont publié des articles sur la controverse qui, soit se ralliaient à Service et à Suhrkamp, soit n'abordaient pas les critiques faites par North et les historiens qui ont signé la lettre adressée à la maison d’édition allemande.

North a commencé son exposé par une question qui a captivé l’auditoire : la lutte de Trotsky pour un front uni des deux partis ouvriers de masse allemands, le Parti communiste et le Parti social-démocrate, dans le but d’empêcher le triomphe des nazis.

« Entre 1931 et 1933, » a expliqué North, « Trotsky avait cherché à éveiller les sections ouvrières politiquement les plus conscientes de la classe ouvrière allemande et de l’intelligence socialiste au péril énorme posé par le fascisme et au besoin urgent d’unir la lutte du prolétariat afin d’empêcher une victoire nazie… Personne d’autre n’avait écrit avec une telle prescience, une telle précision et une telle passion sur les événements allemands et leur portée historique mondiale. »

North a ensuite décrit l’influence que les écrits de Trotsky sur le fascisme ont eu sur sa propre génération – celle des travailleurs et des étudiants qui furent radicalisés dans les années 1960. « Les écrits de Trotsky ont clairement montré, » a-t-il dit, « que la victoire du fascisme était évitable. La montée d’Hitler aurait pu être évitée… Le fascisme, forme la plus barbare du règne bourgeois, est arrivé au pouvoir suite à l’échec et aux trahisons de la direction politique de la classe ouvrière. »

« En fait, les écrits de Trotsky sur l’Allemagne ne sont qu’une partie de son héritage politique extraordinaire » a poursuivi North. Trotsky « doit être défendu contre les mensonges et les falsifications qui se poursuivent sans relâche 70 ans après sa mort précisément parce qu’il a joué un rôle tellement central dans l’histoire du siècle dernier. Tous les événements clé des quatre premières décennies du vingtième siècle se reflètent dans l’oeuvre de sa vie. »

North a aussi traité du rôle joué par Trotsky dans la Révolution russe et l’importance de l’Opposition de Gauche qu’il avait fondée en opposition au stalinisme. « Rien n’est historiquement plus absurde et politiquement indéfendable que l’affirmation que le conflit entre Staline et Trotsky est simplement une lutte subjective entre deux individus pour le pouvoir personnel, » a déclaré North. « La lutte qui a éclaté au sein du Parti communiste soviétique vers le milieu des années 1920 a été celle entre deux programmes irrémédiablement différents – le pseudo-socialisme nationaliste de la bureaucratie soviétique dirigé par Staline contre l’internationalisme socialiste de l’Opposition de Gauche dirigée par Trotsky. L’issue de cette lutte fut déterminée par le sort de la révolution socialiste au vingtième siècle et finalement par celui de l’Union soviétique même. »

C’est dans ce contexte que North a traité du rôle de la falsification historique, à commencer par la campagne de Staline contre Trotsky en 1923 qui avait culminé dans les procès truqués qui s'étaient déroulés à Moscou entre août 1936 et mars 1938 et durant lesquels les principaux dirigeants du Parti bolchévique furent condamnés et exécutés sur de fausses accusations.

« Les mensonges du régime soviétique ne furent pas simplement le résultat de la personnalité pathologique de Staline, » a-t-il dit. « Ils étaient plutôt enracinés dans les intérêts matériels de la bureaucratie et dont Staline était le principal représentant… La bureaucratie stalinienne a recouru aux mensonges les plus impudents et les plus monstrueux pour masquer ses trahisons des principes de la Révolution d’octobre et pour dissimuler la contradiction de plus en plus flagrante entre les objectifs véritables du socialisme et la défense par la bureaucratie de ses propres intérêts matériels en tant que caste privilégiée. »

En expliquant pourquoi il était de nos jours encore nécessaire de répondre aux mensonges concernant le rôle historique de Léon Trotsky, North a dit que la campagne contre Trotsky était fondée sur deux facteurs liés de nature historique et politique. Pour ce qui est de la perspective historique, les politiciens, les universitaires et les journalistes bourgeois ont réagi à l’effondrement de l’Union soviétique en 1991 en affirmant que la Révolution d’octobre de 1917 était vouée à l’échec dès le départ. A cette fin, ils ont minimisé la lutte de Trotsky contre le stalinisme. En aucun cas, Trotsky ne pouvait être présenté comme une alternative viable à Staline.

Avec l’intensification de la crise économique et sociale du capitalisme et des guerres impérialistes contre l’Afghanistan, l’Irak et les autres pays, un élément politique est venu s’y ajouter – la crainte que, comme ce fut le cas durant les années 1960, les écrits de Trotsky ne jouent un rôle important dans la radicalisation d’une nouvelle génération de jeunes.

« La nouvelle ère de guerre préventive a créé un nouveau genre littéraire : la biographie préventive ! » a dit North. Au cours d’une période d’un peu plus de cinq ans, trois « biographies préventives » de Trotsky, du même genre, sont apparues, écrites par Ian Thatcher, Geoffrey Swain et Robert Service.

North a traité de certaines des falsifications contenues dans ces livres. Il a décrit la confrontation avec la maison d’édition Suhrkamp et a pris parti contre les articles élogieux à l’égard de Service et publiés par le journal ultra-droitier Junge Freiheit ainsi que par le Neue Zurcher Zeitung et le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il a montré qu’ils défendaient Service – en dépit de toutes les erreurs, falsifications et violations des normes académiques –


et ce exclusivement sur la base d’un accord avec ses convictions idéologiques et politiques.

North a conclu en faisant remarquer que 20 ans après la dissolution de l’Union soviétique, le capitalisme se trouve dans une crise profonde. « La défense de l’héritage historique de Trotsky contre la falsification historique, » a-t-il dit, « est un élément essentiel de l’éducation politique de la classe ouvrière et de sa préparation aux exigences d’une nouvelle époque de luttes révolutionnaires. »

Une discussion animée s'est tenue après le discours de North. Un bon nombre de participants ont exprimé leur gratitude pour sa conférence et ont dit vouloir rester en contact avec le PSG et l’IEES.

(Article original paru le 19 mars 2012)
Blondin
 
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Message par Zorglub » 13 Jan 2013, 11:55

Ton lien est amputé d'un 't' et d'un ':' protocolaires.
Zorglub
 
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Message par Gaby » 13 Jan 2013, 13:06

(Blondin @ samedi 12 janvier 2013 22:56 a écrit : avalisé par Harvard

Qu'est ce que ça peut bien vouloir dire ?
Gaby
 
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Message par Blondin » 13 Jan 2013, 15:30

En lisant l'article posté tu liras ceci

a écrit :Dans un rapport introductif, Wolfgang Weber, membre du comité exécutif du PSG, a présenté le contexte de la réunion. Il a expliqué que North, dans son livre « Défense de Léon Trotsky », a fait une analyse critique de la biographie de Trotsky par Service qui fut publiée en 2009 par Harvard University Press.


et encore ceci:

a écrit :L’historien de l’université de Stanford, Bertrand Patenaude, avait publié en juin 2011 un article dans la prestigieuse publication universitaire américaine l’American Historical Review dans lequel il avait écrit que la critique de North était précise et pleinement justifiée. Il avait conclu sa critique par un jugement sans appel : « North qualifie la biographie de Service de ‘travail bâclé.’ Des mots forts mais entièrement justifiés. Les Presses de l’Université d’Harvard ont apposé leur marque sur un livre qui ne répond pas aux critères élémentaires d’un travail d’historien. »


Si j'ai trouvé l'article intéressant, faisant un point sur cette polémique, les auteurs du site ne sont pas, apres exploration de leur site, des "amis" de LO.
Blondin
 
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Message par Blondin » 13 Jan 2013, 15:35

Blondin
 
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Message par Gaby » 13 Jan 2013, 15:36

Ça n'a pas de sens, ça ne fonctionne pas comme cela. Les éditeurs universitaires n'ont pas vraiment de ligne éditoriale si précise.
Gaby
 
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Message par Blondin » 13 Jan 2013, 16:06

Le tampon Harvard sur un livre peut donner le sentiment au lecteur du sérieux scientifique de l'ouvrage, d'un auteur qui produit une oeuvre impartiale ou au moins honnète. Et la plupart des lecteurs ne savent pas plus que moi ce que signifie avoir ce tampon de la Presse des Universités d'Harvard. C'est néanmoins un signe de légitimation de l'oeuvre. Non?
Blondin
 
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Message par Gaby » 13 Jan 2013, 16:51

Je ne sais pas si les historiens se positionnent en des termes d'impartialité ou d'honnêteté : il s'agit d'idéaux à poursuivre, même si c'est bien difficile. Et je pense que ceux qui les critiquent sur ce terrain ne font pas plus oeuvre scientifique que d'autres, puisqu'ils spéculent sur les motivations cachées ou inconscientes des auteurs, ce qui n'a pas toujours grand intérêt. Ce que je sais en revanche, c'est que n'importe quelle maison d'édition universitaire va avoir de bons et de mauvais bouquins, placés différemment sur le spectre politique (ce qui ne correspond pas toujours à la qualité d'ailleurs), c'est assez inévitable. La Harvard University Press a sans doute proposé un contrat à ce professeur, Service, parce qu'il enseigne à Oxford, qu'il est prolifique (11 bouquins... ce qui n'est pas toujours signe d'application...) et qu'il vend quand même quelques exemplaires (un bouquin réédité, c'est bon signe). Mais bon, je ne tiens pas particulièrement à les défendre, c'est juste pour dire que c'est une drôle de charge pour une organisation qui peut publier aussi bien des gauchistes que des conservateurs... Une maison d'édition universitaire, ce n'est pas une collection engagée.
Gaby
 
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