Appel de Lyon à former des comités de lutte

Message par Puig Antich » 14 Fév 2013, 20:14

a écrit : APPEL À LA MOBILISATION

Contre l'accord sur la "compétitivité et la sécurisation de l'emploi" et pour le retrait du projet de loi :




Nous, le Comité de lutte de Lyon, considérons l'accord gouvernement/MEDEF/CFDT sur la "compétitivité et la sécurisation de l'emploi", récemment converti en un projet de loi scélérate, comme une déclaration de guerre au monde du travail.

Il prévoit notamment :
- que les plans sociaux deviennent désormais une simple formalité, et que les recours deviennent, eux, presque impossibles
- que les salarié-e-s perdent toute possibilité efficace de recours individuel face aux licenciements, particulièrement aux Prud'hommes, réduits à l'impuissance
- que des "accords" signés le couteau sous la gorge, entreprise par entreprise, puissent désormais se substituer au contrat de travail, aux conventions collectives, au droit du travail lui-même. Les patron-ne-s auront désormais toute latitude pour baisser les salaires et durcir les conditions de travail, dans des conditions bien pires que celles prévues par les dispositifs Sarkozy / Fillon mis en place ces dernières années.
- de nombreuses dispositions amplifiant la précarité : mise au chômage partiel facilitée, "mobilité volontaire sécurisée", "Contrat Intermittent", etc.
- des attaques contre la sécurité sociale et l'assurance chômage, avec à la clé une individualisation des droits, creusant les inégalités, ainsi qu'un pactole de plusieurs milliards pour les sociétés d'assurance privées ("complémentaires santé").

Il faut donc enclencher la lutte.
Nous saluons à ce titre le travail des syndicalistes dans d'innombrables entreprises afin d'informer et de mobiliser sur cette question. Leur combat est le nôtre.
Nous saluons également le combat de tou-te-s les travailleuses et travailleurs qui luttent contre les licenciements et les baisses de salaire, un combat qui va dans le même sens que notre lutte contre l'accord qui est destiné à les aggraver.

Aucun effort ne doit être épargné pour répondre coup pour coup à cette attaque d'une violence inouïe. C'est pourquoi nous appelons, sur tout le territoire, à la constitution de Comités de lutte ouverts à toutes et à tous, syndiqué-e-s comme non-syndiqué-e-s :

- pour exiger le retrait immédiat et sans conditions de ce projet de loi et de toute autre clause issue de l'accord,

- pour combattre tout plan de suppression d'emplois

- pour organiser et renforcer partout le rapport de force avec le gouvernement, avec le pouvoir capitaliste.


Travailleur/euse-s, ouvrier-e-s, employé-e-s, précaires et privé-e-s d'emploi, étudiant-e-s, lycéen-ne-s, apprenti-e-s,

Organisons-nous et Mobilisons-nous !



Le bloc du comité de lutte : http://comitedelutte69.blogspot.fr/
Puig Antich
 
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Message par artza » 15 Fév 2013, 07:29

Merci pour cette info qui m'aurait bien évidemment échappée.

Pour ma part, cela fait environ 50 ans que je suis opposé à ce genre de démarche.

Je fais allusion au fameux "appel de Nantes" initié par l'OCI qui fut la seule à en connaître l'existence et que ses militants ont depuis oublié.

Bon courage camarades.

Je n'irai pas jusqu'à vous souhaiter le succès, qui ne pourrait que signifier la limitation des objectifs des luttes futures voire leur trahison.
artza
 
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Message par Puig Antich » 15 Fév 2013, 18:36

Les appels ne sont qu'un support, ce qui compte c'est l'activité militante, et, de ce point de vue là, ce qui se passe à Lyon est intéressant, y compris du point de vue de la méthode.

Pour le reste être opposé " par principe " à une forme ou une autre de l'organisation c'est pas très matérialiste. Ce n'est pas parce qu'il existe quarante milles collectifs unitaires de ceci et comités de machin, que tout collectif et tout comité ne sert à rien. D'ailleurs LO elle-même, du haut de sa compréhension supérieure de ce que doit être l'intervention des révolutionnaires, participe à l'occasion à ce genre de structures, en vérité.

Mais bref, qu'importe la façon dont on milite, l'important c'est qu'on fasse reculer l'adversaire de classe. De ce point de vue là, bon courage à vous aussi, véritablement et sans ton professoral.
Puig Antich
 
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Message par Puig Antich » 15 Fév 2013, 22:29

Euh, en fait je viens de relire ta dernière phrase que j'avais survolé, et je comprends pas trop ce que tu veux dire, si tu veux expliquer, ce serait sympa, puisque visiblement si je te suis bien on est des traîtres en puissance ?

Alors soit t'es un fieffé sectaire, soit il faut que tu expliques politiquement pourquoi faire campagne pour le retrait de cette loi c'est " préparer une trahison ". Soit tu n'explique pas, et alors t'es juste insultant, de manière gratuite.
Puig Antich
 
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Message par abounouwas » 16 Fév 2013, 17:40

plutôt que d'appeler à la formation d'un énième comité de lutte, autant faire passer l'idée que ce qu'il faut aux travailleurs c'est un parti.
vu que les énergies sont peu nombreuses en ces temps de recul, autant les utiliser à bon escient et ne pas les gaspiller.
ensuite, on peut toujours s'agiter, ça réchauffe.
abounouwas
 
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Message par pelon » 16 Fév 2013, 18:46

Oui, bien sûr, il faut un Parti et tous les militants révolutionnaires devraient l'avoir en tête. Maintenant, les circonstances pourraient justifier la formation de comités de lutte et même un comité central des luttes. Mais ces comités seraient dirigés par des travailleurs en lutte, précisément, contrôlés par l'AG. Encore faudrait-il que les luttes existent. Ce n'est pas l'existence d'un comité qui détermine la lutte. Sinon, il faudrait en créer partout.
Pour le moment, des vraies grèves je n'en vois pas beaucoup à part à PSA Aulnay, où plusieurs centaines de travailleurs sont en grève totale depuis un mois. Ailleurs on voit parfois des grèves de quelques heures par semaine. Donc le problème ce n'est pas l'absence de pistons, c'est le manque de vapeur. Il faut que les révolutionnaires fassent le travail dans les entreprises où ils sont présents pour que des luttes se développent. Comment croire que ce qui est si difficile aujourd'hui dans les boites peut être résolu par des comités extérieurs ?
pelon
 
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Message par Puig Antich » 16 Fév 2013, 20:03

a écrit : plutôt que d'appeler à la formation d'un énième comité de lutte, autant faire passer l'idée que ce qu'il faut aux travailleurs c'est un parti.


C'est ce que je dis tout le temps, ainsi que l'orga dans laquelle je milite, et si il suffisait suffisamment de fois de le répéter en conclusion de tous les tracts, articles, discussions, n'importe lequel des groupes ou petits groupes communistes qui sont champions pour répéter : " il faut un parti " l'aurait déjà construit, ce parti.

a écrit :Pour le moment, des vraies grèves je n'en vois pas beaucoup à part à PSA Aulnay, où plusieurs centaines de travailleurs sont en grève totale depuis un mois. Ailleurs on voit parfois des grèves de quelques heures par semaine. Donc le problème ce n'est pas l'absence de pistons, c'est le manque de vapeur. Il faut que les révolutionnaires fassent le travail dans les entreprises où ils sont présents pour que des luttes se développent. Comment croire que ce qui est si difficile aujourd'hui dans les boites peut être résolu par des comités extérieurs ?



La réponse est bien simple : ce qui est difficile dans les boîtes ne peut pas être résolu par des comités extérieurs. D'ailleurs dans son " qui sommes-nous ", le comité en question est tout à fait clair sur ce point :

a écrit :  Notre comité ne vise pas à se substituer à l'action syndicale d'entreprise. Il est ouvert à tous ceux, toutes celles qui souhaitent agir pour l'abandon (du projet de loi). 
Trop souvent par le passé, nous avons été divisés, chacun agissant de son côté : notre ambition, avec cette proposition, c'est l'union, sur des bases simples, des mots d'ordre clairs et évidents.



En fait on se propose tout simplement pas par ce comité de résoudre la question des grèves d'entreprise. On se propose deux choses :
- avoir un instrument pour informer et populariser la nécessité de la lutte contre ce projet de loi parmi l'ensemble de la population, des salariés, et pas seulement ceux/celles des entreprises touchées dès aujourd'hui par restructurations et licenciements.
- proposer un plan de bataille, une méthode, une perspective différente - dans cette lutte - que celle que proposent les états-majors syndicaux ( journées d'action + entrevus avec les parlementaires).

// Après, sur le fond, je suis d'accord avec pelon, le jour où la lutte sera générale, l'existence de ce type de structures se posera différemment, et elles se dissoudront dans l'organisation et la coordination plus globale du mouvement.
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Message par Jacquemart » 16 Fév 2013, 20:23

[MODE VACHARD ON]Ca me rappelle un peu le stand NPA de la fête de LO, qui explique qu'il est là pour unifier les trois autres stands des différents courants du NPA qui viennent séparément. Sauf qu'au bout du compte, ça fait quand même quatre stands au lieu de trois.[/MODE VACHARD OFF]

Toute plaisanterie mise à part, j'ai bien peur que la démarche souffre d'un double défaut dès le départ. Et d'une, il n'y a pas aujourd'hui le moindre mouvement général d'opinion pour partir en bagarre contre cette loi. Et de deux, croire qu'un minuscule petit groupe inconnu (ce n'est pas de l'insulte, c'est de la politique ;) ) peut avoir la légitimité pour être reconnu par qui que ce soit comme un cadre unitaire dans une bagarre d'ampleur sur ce genre d'objectifs, c'est cracher en l'air et croire qu'il pleut.

Soit il n'y a pas d'agitation dans l'opinion autour de cette loi, et alors les faibles forces des révolutionnaires (je compte LO au rang de ces faibles forces) seront bien mieux employées à faire progresser des convictions qui touchent au coeur même du fonctionnement du système, telles le contrôle des salariés sur l'économie ou l'interdiction des licenciements. Soit il y a une vraie réceptivité et des chances que démarre une bagarre généralisée contre cette loi. Auquel cas le devoir des révolutionnaires serait, tout en prenant part à cette lutte, non d'y être les champions de l'unité (sur cet objectif certes légitime, mais bien platement réformiste) mais ceux d'une radicalisation sur des objectifs plus tangibles - d'où la remarque polémique, mais pas insultante, d'Artza (en tout cas telle que je l'ai comprise).

Tout ça me rappelle une lettre où Trotsky expliquait que les révolutionnaires peuvent militer partout, y compris dans les églises si les travailleurs les fréquentent. Mais qu'il serait tout de même un peu étrange de vouloir construire nous-mêmes des églises pour y attirer les travailleurs, et les influencer ensuite. Je crois que ce qui est vrai des églises l'est aussi des campagnes sur des objectifs réformistes.
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Message par Puig Antich » 16 Fév 2013, 20:38

a écrit :Toute plaisanterie mise à part, j'ai bien peur que la démarche souffre d'un double défaut dès le départ. Et d'une, il n'y a pas aujourd'hui le moindre mouvement général d'opinion pour partir en bagarre contre cette loi. Et de deux, croire qu'un minuscule petit groupe inconnu (ce n'est pas de l'insulte, c'est de la politique wink.gif ) peut avoir la légitimité pour être reconnu par qui que ce soit comme un cadre unitaire dans une bagarre d'ampleur sur ce genre d'objectifs, c'est cracher en l'air et croire qu'il pleut.


Bah, après, c'est plusieurs groupes qui sont à l'initiative, mais surtout ce qu'on constate c'est qu'il y a un public de syndicalistes ou autres qui sont intéressés par l'initiative.

a écrit :Tout ça me rappelle une lettre où Trotsky expliquait que les révolutionnaires peuvent militer partout, y compris dans les églises si les travailleurs les fréquentent. Mais qu'il serait tout de même un peu étrange de vouloir construire nous-mêmes des églises pour y attirer les travailleurs, et les influencer ensuite. Je crois que ce qui est vrai des églises l'est aussi des campagnes sur des objectifs réformistes.



Je suis bien d'accord avec Trotsky pour le coup.

Mais, par ailleurs, un objectif réformiste, c'est un objectif qui vise une réforme positive, et ce genre d'objectifs est tout à fait admissible pour les révolutionnaires.

Seulement, là, nous ne sommes pas dans ce cas de figure, mais dans un objectif défensif.

Comment lutter pour " l'interdiction des licenciements " si tu es incapable de protéger la possibilité de contester un licenciement, même dans le cadre du droit bourgeois du travail ?

Comment lutter contre les plans de suppression d'emploi, si tu es incapable même de protéger le droit des salariés à ne pas être licenciés pour " motif personnel " au lieu du " motif économique " qui ouvre le droit à indemnisation ?

Le mot d'ordre : interdiction des licenciements, ne répond pas par lui-même à ces questions. Plaqué comme ça, il apparaît au mieux comme irréaliste. Au pire, c'est lui qui est bien utile aux réformistes avec leur loi " d'interdiction des licenciements boursiers ", qui peut devenir surtout une diversion sur les attaques qui passent par ailleurs.

En tous cas ce n'est pas un plan de bataille réaliste. Après, oui, si demain il y a une explosion générale, il faudra aller bien plus loin. Mais d'abord, quand on est groggy, il faut se relever, reprendre sa place sur le ring, si on veut mettre une droite à l'adversaire.
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Message par pelon » 16 Fév 2013, 23:41

Tu ne comprends pas, je crois, le raisonnement. Bien entendu, si la volonté des travailleurs de se battre contre le projet "compétitivité entreprise" se faisait entendre, même de manière minoritaire, il faudrait s'en saisir. Je ne pense pas que LO ignore superbement les mouvements de masse parce qu'ils sont réformistes. On a milité y compris dans d'autres milieux que la classe ouvrière, les étudiants par exemple, à chaque fois qu'il y avait une un mécontentement capable d'entrainer des mobilisations.
L'accord crapuleux voté par certains syndicats et peu combattu par les autres mériterait mille fois d'être balayé par les travailleurs. Si la bagarre pouvait commencer là-dessus, ce serait une excellente chose. Pour le moment, il y a évidemment, chez les travailleurs qui sont les plus politisés, la conscience que c'est une saloperie contre eux. Le problème n'est pas là.

a écrit :Comment lutter contre les plans de suppression d'emploi, si tu es incapable même de protéger le droit des salariés à ne pas être licenciés pour " motif personnel " au lieu du " motif économique " qui ouvre le droit à indemnisation ?

Le problème ne se pose pas comme cela. La plupart des luttes qui se mènent aujourd'hui, et pas au niveau qu'il faudrait pour vaincre, ont pour objet les licenciements, les fermetures d'entreprises. Et même contre ces attaques, la plupart du temps, les travailleurs pensent que c'est cuit et ne se battent même pas. Ce n'est pas une question de raisonnement, c'est une question de démoralisation due à une longue période de recul dans une contexte de crise économique. Cela peut changer très vite et on ne sait pas ce qui sera l'étincelle. Si c'était l'accord-compétitivité il ne faudrait pas faire la fine bouche. On ne trouve pas que l'objectif n'est pas suffisamment élevé pour se battre contre. On fait et on fera de la propagande contre cet accord qui deviendra peut-être la loi. Dans un bulletin d'entreprise, qui touche je te le rappelle plusieurs centaines de milliers de travailleurs nous écrivions :
a écrit : Conserver son emploi ne veut même plus dire conserver son salaire. Les accords de flexibilité qui ont été signés entre le patronat et la CFDT, la CGC et la CFTC, et que le gouvernement soi-disant « socialiste » veut transposer dans la loi, autorisent la baisse des salaires au gré des fluctuations du marché. Il suffira qu'une entreprise prétexte des difficultés pour qu'elle impose une baisse du temps de travail et une baisse du salaire.

Et les patrons ne s'en priveront pas, parce qu'avec la crise les affaires ralentissent. Ou les travailleurs forceront le grand patronat à revoir ses profits à la baisse, ou ce sont les salaires qui baisseront. Si les travailleurs ne se font pas respecter, le patronat les fera reculer.
Mais la propagande, et celle ci est plutôt bien comprise, n'est pas toujours suffisante pour déclencher la grève générale.
pelon
 
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