ça commence bien avant l'université :
combat ouvrier a écrit :Martinique : Mini-entreprises, maxi manipulation
Depuis mars 2014, dans plusieurs établissements scolaires de l’académie, se développent de nouvelles pratiques pédagogiques : les mini-entreprises. Ces mini-entreprises (mini-sociétés anonymes dotées de mini-PDG) réunissent des jeunes, qui y proposent des activités diverses : fabrication de bijoux, vente de pizzas, lavage de voitures, etc. Il s’agit d’initiatives parrainées et encadrées par une organisation nommée « Entreprendre Pour Apprendre (E.P.A.) France». L’implantation d’une représentation de cette fédération en Martinique a été rendue possible grâce à la collaboration très étroite entre la rectrice de l’académie et la Chambre de Commerce de Martinique où est installé le siège de la filiale EPA Martinique et où s’est tenue le jeudi 19 mars 2015 une assemblée générale. Les buts avoués de la fédération EPA, qui appartient au réseau mondial «Junior Achievement Worldwide», réseau né aux États-Unis en 1919, est de préparer les jeunes au monde professionnel. Et l’un de ses dirigeants, Jérôme GERVAIS, lié à la société ADECCO, leader mondial de l’intérim, précise qu’il s’agit de cette manière «de rapprocher davantage le monde de l’éducation du monde de l’entreprise».
Le public concerné comprend autant les jeunes, puisqu’il va du primaire au supérieur (de 8 à 25 ans), que les enseignants. EPA France est soutenu par le MEDEF (le grand patronat français), la CGPME (le petit et moyen patronat français), bien connus pour leurs offensives permanentes pour obtenir des différents gouvernements que le code du travail et les quelques dispositions qu’il contient soient réduits à néant. Parmi les soutiens de cette fédération, on trouve également la Hong Kong and Shanghai Banking Corporation (HSBC), une banque qui est impliquée via sa filiale suisse dans un scandale de fraude fiscale portant sur plus de 180,6 milliards d’euros en 5 mois (novembre 2006 à mars 2007). De beaux parrains pour les jeunes que certains veulent encourager à accéder à l’échelle des affaires ! Et la listes des soutiens est encore longue. La création et le développement des mini-entreprises dans les établissements scolaires constituent une offensive des milieux économiques et patronaux pour investir l’École, avec la bénédiction du ministère de l’Éducation nationale.
Le véritable objectif visé est d’éradiquer tout esprit critique, toute conscience de classe, et de donner aux jeunes, mais également à leurs enseignants, une «vision positive» de cette société et du système capitaliste après un formatage idéologique. Que cette filiale EPA Martinique soit domiciliée à la CCIM, structure présidée par Manuel Baudoin, que le Conseil régional de Martinique soit impliqué au plus niveau via le président de sa Commission Éducation, Daniel Robin, membre éminent du MEDEF Martinique, ne sont pas des actes neutres. Tout cela révèle la soumission des responsables des dirigeants politiques, actuels et passés, au capitalisme et au marché ; ils œuvrent pour que ce dernier imprime sa marque dans l’organisation de l’école.
«Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes » a fort justement dit Karl Marx. Autrement dit, la classe des capitalistes, «qui est la puissance matérielle dominante» de la société actuelle est aussi «la puissance dominante spirituelle» et cherche à imposer partout et par tous les moyens, ses choix économiques, ses valeurs, ses principes à toute la société. Ces valeurs et choix économiques doivent être dénoncés car tout cela se développe au détriment du rôle de l'école dans le développement d'une vraie culture générale qui n'a rien à voir avec l'appât du gain.