fil "interventions de La Riposte"

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 14 Août 2020, 19:07

Salut camarades,

Un remarquable article à lire de mon camarade Boris, médecin du peuple et communiste à La Riposte...

Pour un véritable service public du médicament
14 août 2020, sur le site de La Riposte
par Boris Campos, PCF Lorient/La Riposte en Bretagne

https://www.lariposte.org/2020/08/pour- ... edicament/

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Au plus fort de la pandémie, nous avons vécu au rythme du décompte quotidien des victimes du Covid-19. Chaque jour, son lot de nouveaux cas, de nouvelles hospitalisations et de nouveaux décès. À chaque semaine son intervention du directeur général de la santé pour livrer des chiffres bruts, sans aucune mise en perspective, sans aucune analyse, sans aucune réflexion. Imaginez maintenant le même décompte macabre pour ces maladies non émergentes, mais aux statistiques pour le moins effroyables. Le paludisme, par exemple. Cette année, il y aura plus de 200 millions de cas, dont plus de 400 000 mortels. Comme en 2019. Comme en 2018. Et comme les années précédentes. Majoritairement des enfants de moins de 5 ans. À l’issue du confinement, le 11 mai, on aurait pu comptabiliser environ 150 000 mort.es, dont 100 000 enfants de moins de 5 ans. Le lendemain, cela aurait été 151 000 mort.es. Dont 100 700 enfants de moins de 5 ans. Les mort.es s’accumulent ainsi, inexorablement, dans le plus grand silence. Et au premier janvier 2021 les compteurs seront remis à zéro – pour suivre la même courbe silencieuse une année supplémentaire. Pourquoi Jérôme Salomon n’a-t-il jamais pris la parole pour égrener le bilan hebdomadaire du paludisme ? Pourquoi n’y a-t-il pas de plan d’urgence international, de milliards de dollars investis pour financer la recherche contre ce parasite à la hauteur du problème de santé publique qu’il représente ? Parce qu’aux yeux de l’industrie pharmaceutique, un malade est avant tout un client. Et des client.es qui crèvent de faim dans la misère, qui doivent survivre avec moins d’un ou deux dollars par jour, ne sont pas des client.es solvables.

C’est la réalité crue. Quel que soit le secteur d’activité, le moteur de l’économie capitaliste reste le même : la recherche de profit. Il en est de même pour l’industrie pharmaceutique. De ce point de vue, son moteur est une des perles des marchés : des bénéfices astronomiques et des dividendes sans précédent. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, la crise sanitaire actuelle représente une aubaine pour le secteur. Cette fois-ci, les client.es sont solvables. On les compte en millions, voire, potentiellement, en milliards. Comme ils s’engageraient dans une ruée vers l’or, les laboratoires se sont lancés dans une course frénétique pour être le premier à mettre sur le marché une molécule un tant soit peu efficace pour prévenir ou traiter le Covid-19.

Soi-disant afin de “partager les risques”, ils veulent profiter de la crise pour obtenir de l’argent public. Le Directeur Général de Sanofi, Paul Hudson, a fait scandale en annonçant que les États-Unis, qui avaient investi 30 millions de dollars pour soutenir les recherches de son groupe, obtiendraient les vaccins en premier. Ce chantage visait à mettre en concurrence les États entre eux afin de faire monter les enchères d’aides publiques. Pour une firme qui a réalisé un chiffre d’affaires de 36,13 milliards d’euros en 2019, 30 millions de dollars est une somme presque dérisoire. Pourtant, mises bout à bout, ces aides représentent déjà “un pognon de dingue ” ! Sur dix ans, outre les millions américains pour le programme vaccinal, le groupe a bénéficié de la part des pouvoirs publics français d’au moins 1,5 milliard d’euros de crédits d’impôt (Crédit d’Impôt Recherche -CIR- et Crédit d’Impôt compétitivité Emploi -CICE- sans compter d’autres niches fiscales comme le mécénat, l’apprentissage, etc.). Dans la même période, Sanofi a supprimé 40% de ses postes de recherche en France. Comble de l’hypocrisie, au titre de l’exercice 2019, le groupe a versé début mai près de 4 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires !

“La santé est un bien commun”

Voici l’expression que nous avons pu entendre en boucle après les annonces de Paul Hudson. Même le gouvernement s’est cru obligé de réagir en prétendant vouloir que le vaccin soit “extrait des lois du marché”. C’est une expression qui ne mange pas de pain. Pourtant, si on la prend au sérieux, elle est lourde de signification. Il est contradictoire d’imaginer que la propriété d’un “bien commun” puisse être privée. Quel cadre nos sociétés ont-elles créé pour que la propriété d’un bien commun puisse être commune ? Celui des services publics.

Si, à gauche, tout le monde s’accorde à dire qu’il faut préserver et étendre les services publics, peu sont ceux qui répondent à la question : comment ? Concernant l’industrie pharmaceutique, le PCF, la France Insoumise où encore la CGT portent une revendication commune : la création d’un Pôle public du médicament. Le PCF et la France Insoumise ont chacun déposé leur projet de loi en ce sens, respectivement en octobre 2019 et avril 2020. Leurs propositions législatives dessinent les contours d’un dispositif équivalent, où la question de savoir comment sera mise en place une ligne de production publique n’est pas même effleurée. Nous tâcherons cependant de démontrer en quoi cette proposition programmatique de Pôle public du médicament n’est ni possible, ni même souhaitable et pour quelles raisons nous défendons l’idée d’un service public du médicament – obtenu par une attaque directe à la propriété capitaliste : l’expropriation.

Un Pôle public du médicament : ni possible …

Dans un de ses articles[1], Fabien Cohen, membre de la Commission Nationale Santé / Protection sociale du PCF et un des tenants du Pôle public du médicament, affiche l’ambition de “mettre en concurrence le monopole du privé”. Non seulement une telle ambition ne remet pas en cause la règle du jeu, mais elle prétend qu’il est possible de s’y imposer.

Un Pôle public n’aurait certes pas à payer de dividendes. Mais on attendrait de lui de meilleures conditions de travail, des prix plus bas que ses concurrents et des efforts de recherche et développement dans des domaines dictés par les intérêts de santé publique, où la perspective de bénéfices n’est pas celle à laquelle se sont habitués les industriels du secteur. Existe-t-il ne serait-ce qu’un seul exemple d’une entreprise publique qui ait pu rester compétitive, ou bien même seulement viable économiquement, en remplissant ces conditions ?

Dans un monde capitaliste, la compétitivité est définie selon les critères du marché. Une société qui souhaite concurrencer le secteur privé devra se soumettre à ces critères. Les exemples de France Télécom et d’Air France, ou de ce que sont en train de devenir La Poste et la SNCF parlent d’eux-mêmes. La mise en concurrence d’une entreprise publique dégrade les conditions de travail de ses travailleuses et ses travailleurs.

Mais à y regarder de plus près, l’ambition de la concurrence est bien modeste. Pour Fabien Cohen, une des missions de ce Pôle public serait “notamment” de permettre “de stopper l’abandon par les trusts pharmaceutiques des produits financièrement “non rentables””. Le projet de loi du PCF ne s’encombre même pas d’un “notamment” : pour ce qui est de la production, il limite la fonction du Pôle à “assurer la continuité de la production de médicaments essentiels pour lesquels il existe des tensions d’approvisionnement”(Art. L. 5111‑1‑A.-I-4). Autrement dit, le Pôle public serait voué à “concurrencer” le privé précisément là où il n’y a pas de concurrence, dans les secteurs que ce dernier souhaite de toute façon abandonner puisqu’il n’y fait pas suffisamment de profits. Les firmes pourraient alors abandonner totalement une production sans la crainte de scandale pour défaut d’approvisionnement puisque le public se donnerait pour mission de prendre le relais. En fin de compte, cela reviendrait à prendre une part active à la socialisation des pertes pour mieux laisser les capitalistes privatiser les profits.

Un Pôle public du médicament : … ni souhaitable

Mais admettons le Pôle public parvienne malgré tout à concurrencer le secteur privé sur des secteurs “rentables” : cela signifierait que le Pôle public gagnerait des parts de marché au détriment du secteur privé. Il y aurait en conséquence une diminution des bénéfices du secteur privé et, donc, des restructurations de celui-ci pour redevenir compétitif. In fine, cela aboutirait à une accélération du processus actuel : des fermetures de centre de recherche, des délocalisations et des licenciements. Un objectif diamétralement opposé aux intérêts des salariés du privé. On pourrait promettre d’embaucher les licenciés dans le secteur public, mais dans quelle mesure cela serait à leur avantage puisque le secteur public serait devenu compétitif en calquant sa gestion sur le privé ? Et puis, que proposer maintenant aux salariés en lutte dans les laboratoires privés ? Nous leur proposons de lutter pour que l’État crée une entreprise visant à concurrencer la leur !

Il est illusoire de croire que le secteur public puisse concurrencer efficacement le privé dans l’arène du libre marché, sauf s’il accepte de le prendre pour modèle. Et même en admettant l’hypothèse que cela puisse être le cas, la concurrence public-privé se ferait en définitive au détriment de l’ensemble des salariés. Pour souligner une dernière aberration : la constitution de lignes de productions publiques nécessiterait l’achat d’outils productifs (au secteur privé, mais passons) pour détruire ceux du secteur privé. Pourquoi diable s’acharner à vouloir créer une filière publique de toutes pièces quand il serait possible d’exproprier les capitalistes et prendre le contrôle des outils de production et du savoir-faire déjà existants ?

Pour un service public du médicament !

Afin d’intégrer tout ou partie d’un secteur privé à un secteur public, nous ne voyons que deux options possibles, l’une légale, l’autre révolutionnaire.

La voie légale n’est rien d’autre que le rachat. Thierry Bodin, secrétaire CGT Sanofi, rappelle que “la constitution actuelle nous imposerait d’indemniser les actionnaires en cas de nationalisation. Au regard du coût exorbitant de l’entreprise, cette solution semble difficile.” Dans le même entretien, il explique pourtant que la production publique de principes actifs française est, à l’heure actuelle, quasi nulle. Démarrer des lignes de productions publiques demanderait par conséquent un investissement massif – et donc un coût, là aussi, exorbitant. Mais peu importe : au fond la question n’est pas celle du coût de l’entreprise. Là où les tenants du Pôle public excluent de racheter, nous excluons de payer. Un euro d’argent public dépensé pour faire l’acquisition des laboratoires privés serait un euro de trop.

Les communistes ont la prétention d’être des militants révolutionnaires, car ils défendent le droit de la majorité à s’approprier, sous la contrainte s’il le faut, l’outil productif qui permet à une minorité de s’enrichir sur son dos. Les communistes ont l’insolence de penser que la santé publique passe avant le droit à la propriété capitaliste. Ils considèrent que la fortune accumulée par les grands actionnaires n’est pas légitime : elle repose sur l’exploitation du travail salarié. Ce sont les salariés qui créent les richesses, c’est à elles et eux qu’elles doivent revenir.

Et puis que parle-t-on de racheter ? L’histoire de Sanofi, troisième groupe pharmaceutique mondial, leader mondial dans les vaccins, est typique de ces géants industriels issus de la fusion de groupes publics et de groupes privés ayant profité des commandes et du soutien des pouvoirs publics. La firme a bénéficié pour son développement de la recherche publique. Son chiffre d’affaires, comme toutes les ventes de produits pharmaceutiques sur le territoire français, elle le doit avant tout à la Sécurité Sociale et aux agences publiques étatiques qui fixent les prix des médicaments. Ces agences garantissent non seulement un prix, mais aussi un volume de vente. Les investisseurs se targuent de prendre des risques, mais de quels risques peuvent-ils se prévaloir lorsque les autorités publiques se portent garantes de leurs chiffres d’affaires ? Et n’ont-ils pas profité de salarié.es formé.es par un système éducatif public ? Ou encore le public ne leur épargne-t-il pas de supporter les “coûts” de la recherche fondamentale ?

Le programme historique des communistes propose une alternative en rupture avec le cadre légal actuel. Niant la légitimité de la propriété capitaliste, assumant que le droit à une vie décente est supérieur à celui de la propriété sur un outil de travail, nous proposons l’expropriation comme moyen d’obtenir l’extension du secteur public. Cette expropriation ne serait compensée par aucune forme d’indemnisation des grands actionnaires. Il s’agit d’une attaque directe à la propriété capitaliste des moyens de production, qui devra être exercée sous la contrainte, par la mobilisation des salariés et de la population. C’est la voie révolutionnaire.

Cela ne se fera pas sans obstacle. On peut déjà anticiper un des arguments des tenants de la voie légale : Sanofi, par exemple, est une multinationale, détenue à plus de 60% par des capitalistes étrangers et dont la production est répartie sur 32 pays. Nous ne pourrions que nous approprier les sites situés sur le territoire français. Les capacités de production seraient-elles suffisantes ? Probablement pas. Mais cela constituerait une bonne base de départ. On prend ce qui existe et on complète avec ce dont on a besoin.

Une telle mesure serait une déclaration de guerre contre les marchés financiers. La classe dirigeante réagirait notamment par une fuite massive de capitaux, à laquelle il faudrait s’opposer, que ce soit des capitaux français ou étrangers. En prenant l’initiative de dévoiler tous les documents relevant du secret des affaires, nous dévoilerions leur cynisme, leurs magouilles et leurs corruptions. Nous convaincrions les derniers hésitants que les grands actionnaires ne méritaient aucune indemnisation. En prenant en même temps l’initiative de dévoiler tous les brevets et secrets industriels, les peuples du monde pourraient distinguer nos intentions réelles de la propagande de leurs gouvernements. En mettant en place un dispositif sécurisé pour recueillir les fuites de “lanceurs d’alertes” et en leur garantissant, si besoin, une sécurité physique et une assistance matérielle d’urgence, nous aurions la garantie d’un flux de “PharmaLeaks” international. Les pouvoirs publics commettraient alors cet affront impardonnable : donner libre accès à ces connaissances à l’ensemble de l’humanité[3]. Nous pourrions produire et exporter des médicaments à bas coût. Nous pourrions proposer, par exemple, le Sofosbuvir, un médicament contre l’hépatite C, à un prix proche de son coût de fabrication (moins de 200 euros) plutôt que de son prix de vente (près de 30 000 euros la cure en France). Les gouvernements qui refuseraient au motif que cela contreviendrait aux règles du marché auraient à faire face à la pression de leurs populations respectives. En acceptant d’importer ou même en se lançant dans une production nationale, ils contribueraient à assécher les sources de profits des multinationales. Nous encouragerions la classe ouvrière de tous les pays à nous emboîter le pas : ce ne serait que lorsque d’autres pays suivraient qu’une véritable coopération internationale deviendrait possible, libérée de la concurrence et de l’impératif de profit immédiat.

La propriété commune d’un bien commun est-elle suffisante ?

Les exemples de nationalisation du passé ne sont pas des exemples à suivre. Bien souvent, ces nationalisations ont permis de socialiser les pertes pour, lorsque l’entreprise était de nouveau florissante, la privatiser à nouveau. De plus, la gestion actuelle des services publics démontre que la question de la propriété n’est pas une garantie en soi de démocratie sur le lieu de travail.

La société capitaliste souhaite faire de nous des consommateurs passifs. Mais nous sommes avant tout des producteurs de richesses. En tant que tels, nous devons éviter le piège du « consom’acteur ». Nous ne voulons pas choisir ce que nous consommons : nous voulons choisir ce que nous produisons. Et c’est particulièrement le cas pour les produits pharmaceutiques.

Cela implique d’étendre les droits démocratiques de la vie civile aux lieux de production et des administrations publiques. Cela passe effectivement par de “nouveaux droits” pour les travailleuses et les travailleurs. Le premier de ces droits serait posé : un droit de propriété égal pour tous. Pour ensuite assurer une maîtrise collective de l’outil de travail, il faudra créer un cadre permettant l’intervention et un contrôle direct de la production par les premier.es concerné.es. Cela demande une transformation de toutes nos structures institutionnelles. Enfin, pourquoi ce qui serait vrai pour l’industrie pharmaceutique ne le serait-il pas pour les autres secteurs clés de l’économie ? Une gestion démocratique de l’économie permettrait une planification harmonieuse de la production, afin de répondre aux réels besoins de la société et de partager le temps de travail. C’est le programme avec lequel nous devrions renouer.

[1] “Une politique industrielle du médicament par la mise en place d’un Pôle public du Médicament en France et en Europe”, dans Les cahiers de santé publique et de la protection sociale, n°16, p.63

[2] Aussi incroyable que cela puisse paraître, pour Fabien Cohen, le “point central” du financement du Pôle public “serait qu’il puisse être propriétaire des brevets qu’il a financé et qu’il puisse les commercialiser ou encore fabriquer les produits issus de cette recherche”. Drôle de façon de concevoir le médicament comme “un bien commun universel” !


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 14 Août 2020, 22:08

Salut camarades,

L’héritage juif révolutionnaire, ou les fils de la Révolution !
14 août 2020, sur le site de La Riposte
Laurent Gutierrez, PCF 21/La Riposte en Côte d’Or

https://www.lariposte.org/2020/08/lheri ... evolution/

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En voilà un titre qui pose une problématique politique…

J’avais lu la vie de Pierre Goldman, égérie du gauchisme dans les années 70, l’histoire du Bund, le ghetto de Varsovie, des biographies et « vies » des dirigeants bolchéviks comme Radek, comme Rosenfeld dit Kamenev, ou Apfelbaum dit Zinoviev, ou encore Uritsky, Volodarski, Sverdlov (Yankel) et Nakhamkes (Steklov) et bien sûr Lev Davinovitch Bronstein, connu du monde sous le nom de Léon Trotsky. Avec l’histoire les résistants de la MOI, de nombreux dirigeants et militants du PCF, et la sordide vérité des camps nazis racontée à travers des témoignages terribles et émouvants, une question surgissait : pourquoi tant de juifs dans le mouvement révolutionnaire ?

Alors, je prends la problématique par un petit bout de la question posée. Léon Trotsky écrivait en avril 1939, au seuil de la Guerre Mondiale : « Les juifs, par exemple, sont souvent à moitié étrangers, pas tout à fait assimilés : ils adhèrent volontiers à toute tendance nouvelle, critique, révolutionnaire ou à moitié révolutionnaire, que ce soit en politique, en art ou en littérature. Une tendance révolutionnaire nouvelle, qui va contre le courant général dominant de l’histoire à un moment donné, se cristallise d’abord autour d’hommes qui sont plus ou moins coupés de la vie nationale, dans quelque pays que ce soit : et c’est précisément pour eux qu’il est le plus difficile de pénétrer dans les masses. Bien entendu, nous devons critiquer la composition sociale de notre organisation et la modifier, mais nous devons aussi comprendre qu’elle n’est pas tombée du ciel, qu’elle est déterminée, au contraire, aussi bien par la situation objective que par le caractère de notre mission historique en cette période. »

Dans l’histoire du « trotskisme » en France – et cela vaut aussi pour l’ensemble du mouvement communiste issu de la Révolution d’Octobre, dont le « trotskisme » fait partie intégrante – un fait est à relever : à savoir la place importante des Juifs dans le mouvement. Âmes damnées des « pogroms » de l’Est, ils furent des cadres solides, des internationalistes sincères.

« Maman » s’appelait Luxemburg. Elle était cousine à la grande Rosa en Allemagne, mais avez-vous entendu parler d’elle ? Maurice et Charly Najman, anciens leaders « pablistes » intimes de Michel Raptis, autrement dit « Pablo », étudiants et lycéens de 1968 à 1978, engagés dans les Comités Vietnam, racontaient que leur mère Solange leur chantait avec un certain accent yiddish. À Lodz, en Pologne, elle faisait la grève, et sa grande amie de l’époque était une cousine de Léon Trotsky.

Les parents de Daniel Gluckstein (responsable du POID, ex-membre de la Ligue Communiste passé aux “Lambertistes”) ont croisé ceux des frères Najman dans les ghettos de Lotz et Radom. Ce sont des militants du Bund, le Parti Socialiste Révolutionnaire juif. Henri Weber, sénateur socialiste, est cofondateur de la LCR (devenu le NPA). Ses parents, horlogers juifs, étaient de Czanow en Haute Silésie. La famille Krivine, Alain, Hubert, Jean-Marie, est arrivée en France au début du siècle, fuyant les pogroms de Russie. « Barta », de son vrai nom David Korner, est né en 1914, à Buhuşi en Roumanie, dans une famille de petits commerçants juifs. Il sera le fondateur de ce que sera un jour le journal Lutte Ouvrière, et d’une organisation, l’Union Communiste. Il a dit dans une interview : « J’ai eu cet énorme avantage d’être né dans un pays où les révolutionnaires peuvent exister psychologiquement (…) Une société avec une véritable haine des possédants… ». Il s’est plus tard éloigné plus d’« Hardy », (Robert Barcia), le vrai fondateur de Lutte Ouvrière.

Pierre Frank, fondateur, avec Ernest Mandel le dirigeant belge de la IVe Internationale, (israélite lui aussi) du PCI (précurseur de la LCR), est né à Paris en 1905. Ses parents, venant de Vilnius en Lituanie, étaient des artisans tailleurs juifs. Après la Révolution de 1917, ils l’emmènent aux meetings du Parti Communiste. Puis il y ira seul, pour convaincre ses camarades…

Pierre Lambert de son vrai nom Pierre Boussel, est né le 20 juin 1920, à Paris, de parents juifs russes fraîchement débarqués, dans une misère noire. Il vivait à Montreuil. Ses copains adhéraient à Hachomer Hatzaïr, « la jeune garde ». Lui préféra les Jeunesses Communistes.

Ces exemples pourraient se multiplier, ils sortent tous du « monde juif révolutionnaire ». Dans les années 70, l’humour résumait bien cette situation : « pourquoi ne parle-t-on pas Yiddish au Bureau Politique de la Ligue communiste ? » Parce qu’à part Michaloux, Weber, Krivine,.. Frank… Daniel Bensaïd lui, est séfarade.

Il est vrai qu’à part Alain Krivine, beaucoup sont passés par Hachomer Hatzaïr. C’est l’une des racines de LO, forgée au « kibboutzisme ». Cela se voit par exemple dans l’itinéraire de Michel Rodinson, directeur de l’hebdomadaire de LO.Ils y faisaient de l’entrisme en force et recrutaient à tout va… L’Hachomer, une sorte de scoutisme sioniste de gauche avait une atmosphère « militaro » qui séduisait beaucoup…

Pour Charly Najman : « Le messianisme trotskiste est le fruit d’une rencontre entre la mystique juive et la mystique révolutionnaire ». Daniel Bensaïd disait que « l’idée révolutionnaire se rattache à une tradition. »

Mais avons-nous oublié qu’aux origines du PCF, à son congrès fondateur de Tours, que c’est le camarade Boris Souvarine qui sera l’un des tenants majeurs du ralliement au Komintern et à la création de la SFIC (Section Française de l’Internationale Communiste) en 1920. De son nom Boris Lifschitz, né le 5 novembre 1895 à Kiev, issu d’une famille juive, il est le fils de Kalman Lifschitz, ouvrier joaillier, et de Mina Steinberg. En 1897, la famille Lifschitz quitte la Russie pour la France. Elle obtient la nationalité française par naturalisation en 1906. Militant communiste, exclu du PCF en 1924, Souvarine est dès les années 1920 l’un des plus grands critiques du stalinisme, auteur en 1935 d’une biographie pionnière de Staline.

En France, dans les années 30, la communauté juive est dominée par le PCF, « des chorales, un théâtre juif, des écoles en langue yiddish, une université populaire, des conférences, un club sportif » … Tout cela disparaîtra tragiquement dans les camps de concentration fascistes.

Les animateurs de la Kulturliga travaillaient avec la MOE qui deviendra la MOI en 1932… En 1937, le PCF organise un congrès mondial de la culture juive où défilèrent figures culturelles et artistes de premier plan.

N’oublions pas Thomas Elek, né à Budapest et fusillé par les nazis, et dont “L’Affiche Rouge”, collée en 15000 exemplaires sur les murs de Paris, porte un bien triste témoignage, à côté de Manouchian. Ce sont donc les enfants de la Shoah, qui en France ont largement structuré le mouvement communiste, y compris sa composante « trotskiste ». Parmi ces milliers de jeunes qui se sont tournés vers l’extrême gauche dans les années 60, et qui précédemment, plus nombreux encore ont rejoint les PCF, il y avait un nombre important de camarades juifs. En Israël, on retrouvait la trace de cette tradition révolutionnaire, comme en témoignent certains scores du Parti Communiste israélien.

Je pense à d’autres camarades d’origine juive, qui s’appellent Chorowitz, Cyroulnik, Glichtzman et Feldhandler. Leurs familles, d’origine juive, avaient émigré en France dans les années 1920 et 1930 pour fuir la misère et l’antisémitisme. Elles venaient de Pologne, de Russie, de Lituanie. Elles ont été plongées dans l’horreur de la Shoah. Nés dans la France de l’après-guerre, ils ont nourri une profonde colère et, pour certains, une soif de vengeance. Qu’est-ce qu’on fait de toute cette colère, quand on a vingt ans, dans les années 1960-70, et qu’on a envie de changer le monde ? Eux aussi sont devenus des militants marxistes révolutionnaires.

Ici, pour montrer que ce phénomène n’est pas que français, je citerai, bien sûr, notre cher camarade, Edward « Ted » Grant, de son vrai nom Isaac Blank, né le 9 juillet 1913 dans une famille anglophone et juive, en Afrique du Sud. Ted Grant est mort le 20 juillet 2006, en Grande-Bretagne.

Pour conclure, je voudrais rappeler la chanson révolutionnaire Zog nit keynmol (Ne dis jamais), écrite en yiddish en 1943 par Hirsh Glick, ce jeune juif détenu au ghetto de Vilnius où il apprend le soulèvement du ghetto de Varsovie contre les nazis. La mélodie est du russe Dmitry Pokrass écrite en 1935… Traduite du Yiddish !

Ne dis jamais que c’est ton dernier chemin
Bien que les cieux de plomb cachent le bleu du jour
Car sonnera pour nous l’heure tant attendue
Nos pas feront retentir ce cri : nous sommes là !
Du vert pays des palmiers jusqu’au pays des neiges blanches
Nous arrivons avec nos souffrances et nos douleurs
Et là où est tombée la plus petite goutte de sang
Jailliront notre héroïsme et notre courage
Le soleil illuminera notre présent
Les nuits noires disparaîtront avec l’ennemi
Et si le soleil devait tarder à l’horizon
Ce chant se transmettra comme un appel
Ce chant n’a pas été écrit avec un crayon, mais avec du sang
Ce n’est pas le chant d’un oiseau en liberté :
Un peuple entouré de murs qui s’écroulent l’a chanté, l’arme à la main
Aussi ne dis jamais que c’est ton dernier chemin
Bien que les cieux de plomb cachent le bleu du jour
Car sonnera pour nous l’heure tant attendue
Nos pas feront retentir ce cri : nous sommes là !


Fraternellement,
GdM
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 19 Août 2020, 14:30

Salut camarades,

Il y a 80 ans, l’assassinat de Léon Trotski
19 août 2020, sur le site de La Riposte
Par Greg Oxley - PCF/La Riposte

https://www.lariposte.org/2020/08/il-y- ... n-trotski/

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Sur la photographie - Trotski, Lénine, Kamenev

Le 20 août 2020 marque le 80e anniversaire de l’assassinat de l’internationaliste révolutionnaire Léon Trotski. Avec Vladimir Ilitch Lénine, Trotski était le principal dirigeant et représentant international de la révolution russe de 1917. C’est lui qui, le 7 novembre (le 25 octobre sur le calendrier occidental), annonce au nom du Comité militaire révolutionnaire le renversement du Gouvernement Provisoire et dirige la défense de Petrograd contre l’offensive des Cosaques contre-révolutionnaires. Au gouvernement soviétique, il occupe le poste de Commissaire aux Affaire Etrangères et prône la fin du carnage impérialiste commencé en 1914. C’est Trotski toujours qui mène les négociations de Brest-Litovsk au nom du Gouvernement Soviétique pour mettre fin aux hostilités. En tant que Commissaire du Peuple à la Guerre, Trotski a joué un rôle décisif dans la défense de la République Soviétique, pendant la guerre civile et dans la défaite de l’intervention militaire d’une large coalition de puissances étrangères, dont la France, pour les dirigeants desquelles il était nécessaire de noyer la révolution dans le sang.

Résolument internationalistes, Lénine et Trotski comprenaient et expliquaient franchement aux travailleurs du monde entier que la démocratie soviétique ne pouvait pas se maintenir sans l’extension internationale de la révolution socialiste, et notamment dans les pays les plus économiquement et socialement avancés de l’Europe occidentale. L’épuisement de la révolution dans un pays arriéré et dévasté par des années de guerre et de blocus économique a acculé le régime révolutionnaire à faire des concessions aux intérêts capitalistes dans le cadre de la Nouvelle Politique Economique (NEP). Il fallait gagner du temps dans la perspective de victoires révolutionnaires possibles au-delà de ses frontières. Mais les défaites subies en Europe, et notamment celle de la tentative révolutionnaire de 1923 en Allemagne, ont inauguré une période de contre-révolution et de stabilisation capitaliste à l’Ouest, condamnant la révolution russe à l’isolement et à l’épuisement qui ont préparé le terrain au développement de la contre-révolution bureaucratique. Au cours des années 20, Trotski s’est battu vaillamment pour défendre la démocratie soviétique et une politique révolutionnaire internationaliste, face à l’émergence du régime bureaucratique incarné par Staline, qui a ordonné son exil à Alma-Ata (Kazakhstan) en janvier 1928. En Turquie (à partir de février 1929), et puis successivement en France, en Norvège et finalement au Mexique, Trotski n’a jamais abandonné ce combat. Tout au long de ces années d’exil et jusqu’au jour de son assassinat, les écrits et les discours de Trotski constituent un véritable trésor théorique, historique et programmatique et méritent d’être étudiés par tous ceux qui, de nos jours, souhaitent un dénouement révolutionnaire de l’impasse dans laquelle le capitalisme a mené l’humanité.

Les « procès de Moscou » sont souvent cités, à juste titre, pour illustrer la nature contre-révolutionnaire du régime stalinien. Entre 1936 et 1939, pratiquement tous les membres du Comité Central de l’époque de Lénine vivant en URSS – dont par exemple Zinoviev, Kamenev, Smirnov Piatakov, Sojoknikov, Toukhatchevski, Boukharine, Rykov et Rakovsky – ont été massacrés. Mais les victimes de ces « procès », dont les noms et les parcours nous sont connus, ne doivent jamais faire oublier les centaines de milliers de communistes « de base » qui ont été fusillés dans les camps de concentration du régime stalinien. Il fallait, du point de vue du régime stalinien, exterminer en masse tous les éléments révolutionnaires au sein de la société, ainsi que leurs parents, leurs enfants, leurs amis et même, dans bien des cas, des individus dont le seul « crime » étaient d’être des voisins ou de vagues connaissances des condamnés.

Malgré les calomnies de Staline et de la bureaucratie, Trotski reste l’une des plus grandes figures historiques du mouvement ouvrier international. En 1940, Staline – en alliance, à l’époque, avec Hitler, et avec, à la clé, le partage et la « disparition » de la Pologne – ne pouvait se permettre de laisser Trotski en vie plus longtemps. Après une première tentative d’assassinat en mai 1940, avec l’entrée nocturne d’un groupe d’hommes armés jusqu’à dans la chambre de Trotski et de sa femme Natalia, et pendant laquelle son petit-fils, âgé alors de 14 ans, a reçu une balle de mitraillette dans son pied, une nouvelle tentative a été organisée au mois d’août.

Le petit-fils en question, Esteban (Sieva) Volkov, qui vit encore à Coyoacan, non loin de l’ancienne maison de son grand-père, nous a expliqué qu’après cette première attaque, certaines choses ont été modifiées dans la maison. « On a installé une porte métallique, de nouvelles fenêtres et des tours de surveillance pour les gardes. Trotski était un peu sceptique quant à l’utilité réelle de tout ce travail. Il était persuadé que la prochaine attaque ne serait pas du même genre. Et il avait raison. Personne n’aurait pu imaginer que « Jackson » [Ramon Mercader], le compagnon de Sylvia Ageloff [une secrétaire], et qui ne s’intéressait pas à la politique – un homme d’affaires généreux, qui sympathisait avec les gardes, etc. – était en réalité un agent de la police secrète de l’URSS. Et finalement, c’est lui qui est parvenu à accomplir la volonté de Staline.

Le 20 août, je revenais de l’école par la rue de Vienne, une rue assez longue, et lorsque j’arrivais à trois intersections de la maison, j’ai remarqué que quelque chose se passait. Je me suis mis à courir ; j’étais angoissé. Plusieurs officiers de police se tenaient devant la porte, qui était ouverte. Une voiture était là, mal garée. En entrant, j’ai vu Harold Robbins, l’un des gardes, qui tenait un revolver et était très agité. Je lui demandai : « Que se passe-t-il ? ». Il me répondit : « Jackson, Jackson… ». Je n’ai pas compris immédiatement, et continuais à marcher. Je vis alors un homme, tenu par deux policiers et dont le visage ruisselait de sang, criant et en larmes… C’était Jackson.

En entrant dans la maison, je réalisais ce qui venait de se passer. Natalia et les gardes étaient là. Je me souviens de ce détail : même à cet instant, malgré son état, Trotski a refusé que son petit-fils assiste à la scène. Cela montre la grande qualité humaine de cet homme. De même, il eut la présence d’esprit de recommander de ne pas tuer Jackson, disant qu’il était plus utile vivant. Mais les gardes ont tout de même frappé Jackson… »

Dans cette même maison, aujourd’hui, le Musée Léon Trotski, quelques mois avant son assassinat, plus exactement le 27 février 1940, Trotski avait rédigé quelques lignes dans son journal, auxquelles on fait souvent référence sous la désignation de « testament ». Les voici :

« Ma haute (et sans cesse montante) pression sanguine trompe mon entourage sur mon réel état de santé. Je suis actif et capable de travailler, mais l’issue est manifestement proche. Ces lignes seront publiées après ma mort.

Je n’ai pas besoin de réfuter une fois de plus ici les stupides et viles calomnies de Staline et de ses agents : il n’y a pas une seule tâche sur mon honneur révolutionnaire. Je ne suis jamais entré, que ce soit directement ou indirectement, dans aucun accord en coulisse, ou même négociation, avec les ennemis de la classe ouvrière. Des milliers d’opposants à Staline sont tombés victimes de semblables fausses accusations. Les nouvelles générations révolutionnaires réhabiliteront leur honneur politique, et agiront avec les bourreaux du Kremlin selon leurs mérites.

Je remercie chaleureusement les amis qui me sont restés loyaux à travers les heures les plus difficiles de ma vie. Je n’en nommerai aucun en particulier faute de pouvoir les nommer tous. Cependant, je me crois justifié à faire une exception pour ma compagne, Natalia Ivanovna Sedova. En plus du bonheur d’être un combattant pour la cause du socialisme, le destin m’a donné le bonheur d’être son époux. Durant les presque quarante ans de notre vie commune elle est restée une source inépuisable d’amour, de grandeur d’âme et de tendresse. Elle a subi de grandes souffrances, surtout dans la dernière période de notre vie. Mais je trouve quelque réconfort dans le fait qu’elle a connu aussi des jours de bonheur.

Pendant quarante-trois années de ma vie consciente, je suis resté un révolutionnaire ; pendant quarante-deux de ces années, j’ai lutté sous la bannière du marxisme. Si j’avais à tout recommencer, j’essaierais certes d’éviter telle ou telle erreur, mais le cours général de ma vie resterait inchangé. Je mourrai révolutionnaire prolétarien, marxiste, matérialiste dialectique, et par conséquent un athée irréductible. Ma foi en l’avenir communiste de l’humanité n’est pas moins ardente, bien au contraire elle est plus ferme aujourd’hui qu’elle n’était au temps de ma jeunesse.

Natacha vient juste de venir à la fenêtre de la cour et de l’ouvrir plus largement pour que l’air puisse entrer plus librement dans ma chambre. Je peux voir la large bande d’herbe verte le long du mur, le ciel bleu clair au-dessus du mur et la lumière du soleil partout. La vie est belle. Que les générations futures la nettoient de tout mal, de toute oppression et de toute violence, et en jouissent pleinement. »


Fraternellement,
GdM
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 20 Août 2020, 09:59

Salut camarades,

De la crise sanitaire au désastre social
20 août 2020, sur le site de La Riposte
Par Jean B

https://www.lariposte.org/2020/08/de-la ... re-social/

Image

Depuis la sortie du confinement au mois de mai, une cascade de plans sociaux s’est abattue sur le pays, venant aussi bien de « géants français » que de multinationales, qu’ils aient ou non obtenus des subsides de l’État pour s’implanter ou rester sur le territoire. Le gouvernement lui-même anticipe la destruction de 800 000 emplois dans ces grandes entreprises, soit 3% des emplois en France avant la crise du COVID – et ces chiffres ne tiennent même pas compte des PME ! Au plus fort de la crise sanitaire et durant le confinement, de nombreux pays du continent européen ont eu recours à des dispositifs de protection sociale, notamment par des mesures de chômage partiel. Cette protection a permis d’éviter aux salariés concernés la descente brutale dans la misère qui a frappé ceux du secteur informel. En France, l’UNEDIC estime que le coût global de l’activité partielle pour mars et avril avoisinerait 12,9 milliards d’euros. Ces dépenses publiques ne devraient cependant pas empêcher le taux de chômage de passer au-dessus des 10% à la fin de l’année, selon la Banque de France.

Argent public contre suppression d’emplois : l’exemple de l’aéronautique

En réponse à ces prévisions, Édouard Philippe a fièrement annoncé des plans d’aides massives. La filière aéronautique en sera largement bénéficiaire : 15 milliards d’euros lui seront dévoués, dont 1 milliard pour Airbus (en dette et en fonds propres), avec une première levée de fonds de 500 millions d’euros en capital, mobilisable dès le mois de juillet 2020. Cela n’empêche pas l’avionneur européen de prévoir la suppression de 15 000 postes – dont 5000 emplois en France (sur un total de 25 000 salariés). Au-delà de ces suppressions d’emplois, c’est toute une chaîne de sous-traitants qui est impactée et chacun y va de ses annonces : 245 emplois chez Sogeclair Aerospace, 3300 emplois chez Daher (tous les intérimaires et 1300 emplois en CDI). D’autres jouent la carte du chantage à l’emploi, comme chez Derichebourg, où le patron demande notamment l’abandon de l’indemnité de transport pour tous les salariés pour éviter un PSE immédiat qui pourrait toucher jusqu’à 700 salariés sur un total de 1600. La CCI d’Occitanie juge la situation extrêmement critique pour la filière aéronautique. Son président,Alain di Crescenzo, table sur une baisse d’activité de 50 % cette année, de 33% l’année prochaine et de 20 à 25% en 2022, avec le risque de 80 000 suppressions emplois directs et indirects.

Chez Air France, 7580 emplois parmi les hôtesses et stewards et de 2 000 à 2 500 postes de pilotes sont menacés. Selon Les Echos «la filiale du groupe la plus impactée serait toutefois Hop, où près d’un millier d’emplois seraient menacés, sur un total de 2 751 salariés». Ces destructions d’emplois auraient lieu alors que le groupe Air France-KLM a déjà obtenu 7 milliards d’euros d’aides de l’État français et entre 2 à 4 milliards d’euros de l’État néerlandais. Chez ADP, c’est 200 millions d’euros d’économies qui sont prévus par la suppression de 700 à 1000 postes, la réduction des acquis sociaux et la diminution des salaires.

Secteur automobile : Renault, le roi des escrocs

Les prévisions actuelles du marché automobile font état d’une baisse du marché en 2020 d’au moins 20% au plan mondial et probablement de 30% en Europe, selon le gouvernement français. En France, le secteur représente environ 400 000 emplois. Cinq milliards d’euros ont été promis à Renault sans aucune garantie de sauvegarde de l’emploi. Le groupe ne s’en est pas privé : dans le cadre d’un plan d’économies de plus de 2 milliards d’euros sur trois ans, Renault a annoncé le 29 mai la suppression d’environ 15 000 emplois dans le monde, dont 5000 en France et en Allemagne, 1700 en Grande-Bretagne et 1600 en Espagne, sur un total d’environ 45000 salariés. En outre, le constructeur prévoit 800 millions d’euros de réduction de coûts dans l’ingénierie par « l’optimisation de l’utilisation des centres de recherche à l’étranger et de la sous-traitance » et une réorganisation des activités de son techno-centre à Guyancourt dans les Yvelines. Enfin, des économies de 700 millions d’euros sont prévues dans le marketing.

Les annonces du groupe ont soulevé la colère des salariés de plusieurs sites. Au Brésil, des accords passés avec le Ministère du Travail devaient garantir la pérennité des emplois ou au moins la négociation des licenciements avec les syndicats en échange de subventions publiques. Les subventions ont été versées, la parole de Renault n’a pas été tenue. Mais la lutte a fini par payer : le 5 août, le Tribunal du Travail a donné raison au Syndicat des métallurgistes de Curitiba (SMC). Le Tribunal a ordonné l’annulation des 747 licenciements prévus dans l’usine São José dos Pinhais à Curitiba dans l’État du Parana.

Des milliers de salariés sont entrés en lutte en Espagne lorsque Nissan, qui appartient au groupe Renault, a présenté un plan social de 3000 suppressions de postes, ce qui entraînait la perte d’environ 22 000 emplois indirects. En Catalogne, où l’économie est fortement touchée par le COVID 19, la lutte a été massive et combative. Au bout de 95 jours de grève, les salariés ont interrompu le mouvement après avoir obtenu la réindustrialisation du site et le report d’un an de la fermeture et donc des licenciements.

Renault n’est bien évidemment pas la seule entreprise à se lancer dans de profondes restructurations. Valeo, équipementier automobile de premier plan, a supprimé 12 000 postes dans le monde au premier semestre 2020, dont 4000 en Europe et près de 2000 en France. Cela représente 10,5% des effectifs du groupe. De plus, Valeo voudrait appliquer « un accord de performance collective » lui permettant de rogner les coûts salariaux de 10 % en France, le tout avec la participation de certains syndicats.

Parmi les profiteurs de cette manne d’argent public, on pourrait aussi citer le cas de Daimler-Benz, propriétaire de Mercedes et de Smart. Le groupe possède une usine de 1400 salariés à Hambach, en Moselle. Autour d’elle, ce sont 500 fournisseurs et sous-traitants – et donc quantité d’emplois indirects – qui dépendent de son activité, à tel point que la commune est surnommée « Smartville ». Le site est largement financé par des fonds publics de diverses sources, dont l’Union Européenne. En 2015, sous la pression d’un chantage à l’emploi et la menace d’une délocalisation possible, les salariés ont dû accepter de passer aux 39h payées 37 en échange d’une promesse de non-licenciement jusqu’en 2020. Cela n’aura été qu’un court répit. Malgré les concessions des salariés, le groupe avait prévu de délocaliser Smart vers la Chine en 2022. Avec la crise précipitée par la pandémie, le chiffre d’affaires de Daimler a chuté de 29% au premier semestre 2020. En réaction, le constructeur prévoit de réajuster le plan d’économies annoncé en 2019 pour monter à 20 000 suppressions de postes… et de vendre son usine d’Hambach.

État devrait prendre ses responsabilités et, à minima, nationaliser les entreprises où elle a déjà des participations. Mais de par sa nature capitaliste, il ne le fera pas. Le vote par le PCF portant sur plus de 400 milliards d’euros de fonds destinés à la relance est une erreur. Ces fonds vont aller directement dans les caisses des capitalistes et des banques via divers canaux et n’empêcheront pas des suppressions d’emplois massifs. Pour éviter cela, il n’y a pas d’autre chemin que la lutte. Seules des grèves massives et radicales, avec occupations d’usines comme en 1968 ou 1995, pourraient mettre un terme au massacre social qui s’annonce. Et nous devrons aller au bout de la démarche par l’appropriation sociale des outils de travail. Nous devons nous organiser à travers le PCF, et les syndicats combatifs pour avancer vers cet objectif révolutionnaire.


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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par com_71 » 20 Août 2020, 10:36

Nous devons nous organiser à travers le PCF, et les syndicats combatifs pour avancer vers cet objectif révolutionnaire.


Doit-on comprendre que le PCF est "combatif" ? D'ailleurs, il n'y a pas de "syndicat combatif".
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 24 Août 2020, 09:13

Salut camarades,

France et Turquie en proie aux rivalités impérialistes
article publié sur le site de La Riposte
Le lundi 24 août 2020, par Gauthier Hordel, PCF Rouen

https://www.lariposte.org/2020/08/franc ... rialistes/

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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 04 Sep 2020, 06:46

Salut camarades,

Réautorisation des néonicotinoïdes : une décision lourde de conséquences
Le 4 septembre 2020, sur le site de La Riposte
Par Rafik B, PCF Saint-Denis

https://www.lariposte.org/2020/09/reaut ... sequences/

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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Cyrano » 04 Sep 2020, 17:06

M'en fout, pendant ce temps notre apiculteur n'a jamais eu autant d'abeilles ni autant de miel! Miam!
L'année dernière il avait eu aussi une excellent récolte.
Comprenne qui peut.
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Plestin » 04 Sep 2020, 17:53

La question de l'impact environnemental des insecticides néonicotinoïdes dépasse largement la seule question des abeilles, on le voit d'ailleurs dans l'article où il est aussi question des vers de terre et des animaux qui s'en nourrissent.

Par ailleurs, la "disparition des abeilles" souvent évoquée par la presse est un phénomène pas si évident que ça, du moins en Europe, et quand on constate des effondrements de colonies d'abeilles, les néonicotinoïdes sont loin d'être le seul facteur en jeu ; ce serait juste un facteur parmi d'autres mais, en effet, comme des facteurs il y en a beaucoup, lorsqu'ils se cumulent l'effet délétère sur une colonie est maximal quand on en rajoute un. Parmi les autres facteurs : des maladies (à champignons notamment), l'acarien parasite Varroa destructor, les frelons asiatiques ou pas, le climat, la sélection de certaines variétés d'abeilles productives mais fragiles, la façon dont les ruches sont déplacées, d'autres insecticides que les néonicotinoïdes, certains insecticides même "bio" anti-parasites des ruches dont on n'est pas si sûr qu'ils n'ont pas un effet sur les abeilles etc., sans compter les déclarations abusives sur l'ampleur du phénomène de disparition des abeilles destinées à ce que la filière touche davantage d'aides et de subventions publiques...

Par contre, il est clair que les grandes filières agricoles se fichent de tout ça et voient uniquement midi à leur porte.
Plestin
 
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Cyrano » 05 Sep 2020, 09:11

Bonnes remarques de Plestin.
L'article de La Riposte m'agace car il va dans le sens du vent en répétant que les abeilles se meurent à cause des méchants agriculteurs qui répandent leurs saloperies. Ça, pas de problème, durant un repas, on a un public tout conquis.

Je vois parfois dans des manifs des crétins qui portent une pancarte avec "Sauvons les abeilles! Interdisons les pesticides". Et si tu leur dis, les pesticides bio aussi, pouac, les yeux tournent dans l'orbite, quoi? Y'a pas de pesticides en agriculture bio.
Ou bien, dans le même genre, l'opération "On veut des coquelicots" soutenue par Charlie Hebdo. Qu'ils sortent de leur ville, ils verront des coquelicots.
Ou bien, un souvenir lointain: Olivier Besancenot à Porto-Allegre, au Forum Social Mon-dial, en 2001. Mon-dial, pas berrichon ni français, mais mon-dial. Olivier parlait à des paysans qui avaient un stand en leur disant qu'ils produisaient de bonnes choses alors que «chez nous, on nous sert la mort dans nos assiettes.» Quand on voyait les bonnes petites joues d'Olivier, il semblait bien que la mort servie dans son assiette lui allait bien.
Même genre d'opportunisme, de petite démagogie. On bavasse n'importe quoi, du moment que ça mousse.

Je recommande la lecture de la revue Science & Pseudo-Science, ça évite de proférer des bêtises trop énormes qui ne sont que du snobisme politique. Dans le numéro 316 (juin 2016), on trouve un excellent article qui fait vraiment le point sur le sujet. Chance, cet article a été mis en ligne:
https://www.afis.org/Insecticides-et-ab ... necessaire

Pour Gayraud: que tes amis lisent ça et ils pourront alors causer un peu plus posément. Et pour ce qui est du "labour", ce sont des malins, ils ont déjà une idée très arrêtée sur le sujet, moi pas. Et mes amis paysans attendent de voir ce que ça donne. Si c'est probant, pas de problème, ça fera moins de boulot.

Au moyen-âge, un épi de blé te donnait de 4 à 10 grains. Aujourd'hui, on a 40 grains dans les rendements élevés.
Cyrano
 
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