fil "interventions de La Riposte"

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 06 Juil 2020, 19:16

Salut camarades,

La direction de la CGT zigzague vers le monde d’après
6 juillet 2020La Riposte
Par Sylvain Roch, CGT UD de Corrèze

https://www.lariposte.org/2020/07/la-di ... de-dapres/

Image

La CGT n’a pas chômé pendant le confinement et sa direction confédérale a eu plusieurs initiatives pour défendre les intérêts des travailleurs. De certaines, en revanche, on s’en serait bien passé !

Il y eu d’abord le « relevé de réunion » du 19 mars, un texte commun avec notamment la CFDT et des organisations patronales, dont le MEDEF. Ce texte, même si le fond ne menait pas à grand-chose, a été un très mauvais signal. Alors que la CGT avait jusque-là refusé clairement les appels à « l’unité nationale », que les militants se battaient sur le terrain pour protéger les salariés contre un patronat cherchant à poursuivre la production à tout prix pour continuer à dégager du profit, voilà que la direction confédérale laisse sortir un texte qui donne l’impression que la CGT, la CFDT et le MEDEF s’y retrouverait ! Ce communiqué est une erreur car il laisse entendre qu’il pourrait y avoir, finalement, une sorte d’unité nationale !

Deux mois plus tard, un autre texte sur l’intervention européenne dans la crise, notamment co-signé par le DGB (syndicat allemand) et la CFDT, fut lui aussi à mettre au passif de la direction confédérale. Ce texte se félicitait des milliards débloqués par la France et l’Allemagne, alors que ces milliards serviront avant tout à protéger les profits des grandes entreprises et qu’à coup sûr on demandera aux travailleurs de les rembourser !

Ces 2 textes ont provoqué des réactions négatives chez beaucoup de militants et soulèvent le problème de la démocratie interne au syndicat. En effet ces 2 signatures apportent la caution de la CGT à des textes dont le fond politique est clairement orienté vers un accompagnement du capitalisme plutôt qu’une volonté de le combattre. Pourtant, ils n’ont fait l’objet d’aucun débat au sein du CCN (le « parlement » de la CGT) ni au sein de la CEC (commission exécutive confédérale).

Pour autant il y a eu aussi de nombreux points positifs !

A commencer par l’accompagnement juridique des camarades pour contrer le patronat, mais aussi la dénonciation systématique des manques de moyens de protection dans les secteurs essentiels comme la santé ou la grande distribution, entre autre. Il y a eu aussi la pétition « plus jamais ça » avec des propositions pour la construction du monde d’après, pétition lancée avec des organisations écologiques et d’autres syndicats. Nous ne rentrerons pas dans le détail des mesures portées par ce collectif sous la dénomination « plan de sortie de crise ». Ce plan souffre indéniablement de nombreux manques. Il a cependant l’avantage de faire converger diverses organisations dans une direction commune, qui consiste ni plus ni moins à passer à une autre forme de société. Chercher à faire prendre conscience que les problèmes environnementaux et sociaux sont liés va également dans le bon sens. Car effectivement, crise sanitaire, crise environnementale et crise économique ont une même origine, le système économique actuel : le capitalisme !

Au-delà des positions communes, la question qui se pose est celle des propositions spécifiques de la CGT. Pour mieux les appréhender, nous nous sommes concentré sur le document intitulé « le progrès social et environnemental c’est possible et urgent ! » rédigé par la direction confédérale. Il donne les grands axes revendicatifs et sociétaux que la confédération propose pour « le monde d’après ». Et il est, finalement, à l’image de ce qu’a fait la direction confédérale pendant la crise sanitaire : une alternance de propositions allant dans le bon sens et d’autres marquant les limites de son programme actuel.

Le piège de la “répartition des richesses”

L’introduction du secrétaire général laisse espérer des propositions en rupture avec le système capitaliste. Il dit par exemple et à juste titre que « cette crise sanitaire donne à voir l’échec du mode de développement capitaliste fondé sur l’exploitation de l’être humain et de la nature ». Plus loin, il ajoute qu’il « faut un autre modèle de société ». Là-dessus nous ne pouvons qu’être d’accord. Ces phrases sont en parfaite harmonie avec le principe de changement de société dont la CGT se réclame. Pour autant les mesures avancées, elles, s’arrêtent systématiquement devant les fondement du capitalisme : la propriété privée des moyens de production.

L’ensemble des propositions est soumis à l’objectif plusieurs fois formulés d’une « juste répartition des richesses », ou de ses variantes : « un juste partage de la valeur ajoutée » ou « un juste paiement de la force de travail ». Jamais le mode de production des richesses, qui détermine pourtant leurs répartitions, n’est attaqué. Cela démontre à nos yeux que la direction confédérale ne veut pas se confronter aux principes fondamentaux du capitalisme. En effet, si on se limite à ces revendications, cela veut dire qu’il y aurait une répartition acceptable des richesses entre les travailleurs et les détenteurs du capital ! La part des richesses qui revient au travail est estimée aujourd’hui à environ 66%. Est-ce que nous devrions nous battre pour atteindre les 70% ? Ou bien les 75% comme dans les années 80 ? Jamais il n’est dit quelle serait cette juste répartition !

Il ne peut y avoir de « juste » répartition de la plus-value entre les capitalistes et les travailleurs. Quoi qu’il arrive, cette répartition sera toujours jugée injuste par une des 2 classes. En fin de compte, elle n’est que le reflet d’un rapport de force dans la lutte de classe : plus le mouvement ouvrier est puissant plus sa part dans la répartition est grande mais à chaque fois qu’il faiblit le capital regagne du terrain !

En fait la direction confédérale espère trouver un équilibre “parfait” entre les revenus des salariés et ceux des bourgeois. Le problème, c’est que cela n’a jamais existé et n’existera jamais ! Cela revient à vouloir trouver le bon équilibre dans l’exploitation des travailleurs par le patronat. Alors que la valeur est exclusivement créé par le travail, le principe fondamental du capitalisme est, justement, qu’elle doit être “réparti” entre salaire et capital. Quel que soit la répartition exacte, la part qui revient au capital sera toujours un accaparement injuste. Comment prétendre que l’on vise à la transformation de la société en restant enfermé dans une répartition de la valeur entre capitaliste et travailleurs ?

Puisque la direction confédérale reste enfermée dans cet objectif de répartition, toutes ses propositions se limitent à trouver « un juste équilibre ». C’est ainsi qu’elle souhaite un renforcement des services publics (ce qui est une bonne chose) mais ne veut jamais s’attaquer frontalement au secteur privé. Par exemple concernant la santé, la confédération défend « une transformation de notre système de santé autour d’un service public englobant l’offre de soins de ville et l’offre hospitalière, assis sur des centres de santé et des établissements à but non lucratif, intégrant les industries de santé ». On parle de « service public » mais la précision « à but non lucratif » démontre que la propriété de ces établissements -ou de ces industries- ne serait pas nécessairement publique. En clair, on ne s’attaque pas au secteur privé ! Et on ne mettrait pas sous gestion directe des salariés et usagers tout un tas d’établissement, notamment le secteur pharmaceutique !

D’ailleurs la partie sur le financement ne laisse aucun doute sur le manque de volonté de s’attaquer à la propriété privée des moyens de production et de financement. Il y aurait bien un « pôle financier public » mais seulement basé sur des institutions existantes (Caisse de dépôt, BPI et banque de France), pas de nationalisation ou socialisation des banques privées ! Ainsi ce « pôle public » accorderait des prêts aux entreprises privées avec des contraintes sociales et environnementales mais laisserait les banques privées continuer d’alimenter les mêmes entreprises sur le seul critère de la rentabilité financière !

Sur la question du travail, s’il est bien dit que « sa finalité ne doit pas être la création de valeur pour l’actionnaire » et que l’on doit « maîtriser son contenu, son organisation et sa finalité », les propositions faites ne s’attachent qu’à donner plus de moyens pour que les salariés maîtrisent mieux le contenu et l’organisation de celui-ci mais jamais sa finalité ! L’une des conséquences de la propriété privée des moyens de production, c’est justement que le capitaliste maîtrise la finalité du travail. Sous le capitalisme, cette finalité est la matérialisation sous forme monétaire de la plus-value extraite du travail. La seule finalité du capitaliste est donc l’accumulation d’un maximum de profits sans se soucier de l’utilité sociale de l’activité qui les génère ! Un changement réel de la société permettrait que la finalité du travail soit la satisfaction des besoins sociaux, dégagé de toute question purement financière !

Dans l’industrie automobile, par exemple, la finalité du travail sous le capitalisme est de produire un maximum de voiture au coût le plus faible (pour pouvoir concurrencer les autres et/ou augmenter ses marges) quelque soit les conséquences environnementale. On peut assez aisément penser que débarrassé du capitalisme, la finalité de l’industrie automobile puisse devenir de produire des véhicules le plus proprement possible en quantité juste nécessaire dans une réflexion de déplacement qui serait le plus collectif possible pour éviter la pollution. La finalité du travail dans ces 2 cas sont totalement différentes : l’une répond aux besoins d’une poignée d’individus cherchant à augmenter leurs profits, l’autre répondrait à l’intérêt général !

Ce texte de la direction confédérale bloque, donc, systématiquement devant le mur de la propriété privée. Elle élabore des « vœux » plus qu’un programme concret de remise en cause des fondements du capitalisme, elle « rêve » de pouvoir pousser les capitalistes à devenir plus justes et à abandonner « gentiment » leur pouvoir ! La direction tient ici clairement une orientation réformiste au sens premier du terme, elle « rêve » de changer le système par des réformes successives qui feraient reculer, pas à pas, le pouvoir capitaliste. Pour essayer de ne pas effrayer, elle évite le fond du problème ! Mais on se demande bien pourquoi une organisation ouvrière aurait peur d’effrayer les éditorialistes bourgeois ou la classe capitaliste ! Si, comme le dit le secrétaire général dans son introduction, il faut un autre modèle de société, alors il faut annoncer clairement comment on s’attaque aux fondements de la société actuelle !

La CGT a raison de dire que la crise sanitaire révèle encore plus clairement l’incapacité du capitalisme à permettre à la grande majorité de la population à vivre dignement et à la planète de ne pas dépérir. Mais il faut désigner clairement ce qu’il faut renverser et les principes fondamentaux qui en sont la cause ! Pour être crédible et audible pour les travailleurs, il faut s’attaquer frontalement à la propriété capitaliste. Ce texte ne le fait pas, c’est un réel problème. Le temps nous est compté. La CGT est, à ce jour, la seule organisation des travailleurs en capacité de lutter à grande échelle. Pour cela, il lui faut une orientation clairement révolutionnaire et renouer avec ses objectifs initiaux qui était l’abolition du salariat grâce à la réappropriation sociale des moyens de production !


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2488
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par com_71 » 06 Juil 2020, 21:56

Trotsky a écrit :A l'époque de l'impérialisme décadent, les syndicats ne peuvent être réellement indépendants que dans la mesure où ils sont consciemment dans l'action des organes de la révolution prolétarienne. Dans ce sens, le programme transitoire adopté par le dernier Congrès de la IVème internationale est non seulement le programme d'activité du parti mais, dans ses lignes essentielles, également le programme de l'activité syndicale.


https://www.marxists.org/francais/trots ... 00800.html
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6002
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 07 Juil 2020, 15:12

Salut camarades,

Stains : la fresque en hommage à Georges Floyd et Adama Traoré vandalisée !
Le 7 juillet 2020 sur le site de La Riposte
Par Rafik B, PCF Saint-Denis

https://www.lariposte.org/2020/07/stain ... andalisee/

Image

Dans la nuit du vendredi à samedi dernier, la fresque peinte à Stains en hommage à Georges Floyd et Adama Traoré a été souillée par des tags diffamatoires et hors de propos. Pour avoir inauguré cette fresque, le maire PCF Azzédine Taïbi a quant à lui subi des pressions et des menaces physiques, y compris sur son téléphone personnel. Auparavant, alors qu’il était déjà sous la pression du syndicat Alliance, il avait été mis en demeure par le préfet de Seine Saint-Denis de faire retirer le mot « policières » de la phrase d’hommage « Contre le racisme et les violences policières ». Le ministre de l’Intérieur lui-même avait attisé les flammes en faisant mine de dénoncer un amalgame entre le racisme et les violences policières. Cette mise en demeure préfectorale était en l’état examinée par le conseil juridique du maire pour en vérifier sinon la légitimité, du moins la légalité.

Dans ce statu quo, des forces réactionnaires dont le lien avec le syndicat policier restent à définir ont préféré passer à l’offensive et marquer leur territoire de la plus vile et lâche des manières.

Mais c’est prendre les banlieues populaires pour ce qu’elles ne sont pas. Ni victimes ni impulsifs, les collectifs citoyens des quartiers populaires savent s’organiser pour faire face à ce genre de provocations. En ce sens, la réaction du maire a été exemplaire, lui qui a décidé de porter plainte contre X pour la dégradation de la fresque. En outre, il a demandé au collectif auteur de la fresque d’envisager le moyen de réparer les dégradations subies.

Contrairement à une idée trop longtemps répandue, les quartiers populaires ne sont pas des déserts politiques. Fruits de décennies de luttes et d’apprentissages, les collectifs antiracistes ont su s’implanter dans les banlieues et quartiers populaires, tout en élargissant leurs bases de soutien sur le plan national. Les manifestations post-confinement en furent un exemple éclatant, elles qui ont réuni personnes blanches et non blanches autour d’un seul et même slogan : justice et vérité pour Adama et fin aux violences policières.

C’est peut-être cette belle unité de la classe ouvrière en voie de reconstruction qui met à mal la morgue de la classe dirigeante et de ses représentant.e.s politiques. Ces dernièr.e.s, qui ont intérêt à « diviser pour mieux régner », voient peu à peu se dresser en face une unité d’action et de revendication qu’ils n’ont pas vue depuis longtemps. La méfiance populaire déjà latente vis à vis de l’establishment capitaliste a été fortement aggravée par le traitement policier et journalistique des gilets jaunes. Habitué.e.s à voir les violences policières et la condescendance des médias uniquement lors des émeutes de banlieues populaires, les militant.e.s à la chasuble fluorescente ont subi la violence de mise depuis des décennies dans les banlieues populaires.

La communauté d’intérêt devient manifeste entre les travailleur.se.s de toutes origines. Certes, le racisme ordinaire existe malheureusement encore chez de nombreux.ses travailleur.se.s blanc.he.s ou perçu.e.s comme tel.le.s, et les réflexes d’autodéfense sont encore trop vifs chez des militant.e.s de banlieue populaire depuis trop longtemps habitué.e.s à la relégation dans le débat public. La notion de “privilège blanc” mériterait d’être dépassée. Dans le fond, les personnes blanches de la classe ouvrière n’ont que le privilège de se faire exploiter dans de moins mauvaises conditions. Et quand bien même : une personne qui a le “privilège” d’être blanche ne signifie pas pour autant qu’elle occupe une position de pouvoir. Les personnes qui détiennent le pouvoir économique et occupent les positions de pouvoir institutionnelles : c’est contre elles que nous devons unir nos forces. Gageons que ce genre d’épreuve telle que connaît la ville de Stains renforcera davantage l’unité de classe qui effraie tant le camp d’en face.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2488
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par com_71 » 08 Juil 2020, 00:00

La communauté d’intérêt devient manifeste entre les travailleur.se.s de toutes origines. Certes, le racisme ordinaire existe malheureusement encore chez de nombreux.ses travailleur.se.s blanc.he.s ou perçu.e.s comme tel.le.s, et les réflexes d’autodéfense sont encore trop vifs chez des militant.e.s de banlieue populaire depuis trop longtemps habitué.e.s à la relégation dans le débat public.


Et en français, elle donne quoi cette phrase ? :lol:
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6002
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Byrrh » 08 Juil 2020, 05:26

Image
Byrrh
 
Message(s) : 1292
Inscription : 10 Avr 2017, 20:35

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Cyrano » 08 Juil 2020, 13:15

Byrrh! :D :D :D

Pour savoir ce que ça donne en français, faut demander à l'auteur-re-trice-e-eur-r-e de prononcer ce charabia de snobs. J'ose espérer que le snobisme n'agit que sur la forme, pas sur le fond... Quoique...
Cyrano
 
Message(s) : 1507
Inscription : 03 Fév 2004, 17:26

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 11 Juil 2020, 11:47

Salut camarades,

Vidéo de La Riposte - Le stalinisme : partie n°2

"La Révolution russe et la montée du stalinisme des années 20"

La Riposte s'efforce de défendre les idées du communisme.

Malheureusement, elles recouvrent dans l'esprit d'un nombre important de personnes un caractère négatif, l'histoire en a perverti ce terme. Pourtant le communisme est la seule réponse viable aux défis que l'humanité rencontre.

Le capitalisme sous quelques formes qu'il prend ne peut résoudre les grandes problématiques, au contraire il précarise l'humanité (concurrence, crises économiques, austérité, exploitation des travailleurs, désastres écologiques...). Tenter d'aménager le capitalisme à l'aide de plâtrage social revient à vouloir nettoyer une une plaie nécrosée à l'aide d'eau savonneuse.

C'est la raison pour laquelle La Riposte mène un travail de réhabilitation de l'idée communiste. Comprendre les raisons du développement du stalinisme est fondamental pour mener à bien ce travail...


A voir camarades !

https://www.youtube.com/watch?v=GWIlpTeWsOA

Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2488
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 15 Juil 2020, 14:50

Salut camarades,

« Tout simplement noir » : une bonne idée de départ mais qui rate malheureusement sa cible.
15 juillet 2020, sur le site de La Riposte
Par Rafik B, PCF Saint-Denis

https://www.lariposte.org/2020/07/tout- ... -sa-cible/

Image

Cette comédie signée Jean-Pascal Zadi et John Wax sorti le 8 juillet dernier commence par une scène qui donne le ton à l’ensemble du film. Le personnage campé par Jean-Pascal Zadi, qui porte son propre nom dans le film, est un acteur raté et un militant quelque peu déboussolé de la cause noire qui veut organiser une marche le 27 avril, jour anniversaire de l’abolition de l’esclavage en France. Dans son appartement et face caméra, derrière laquelle on devine en fait une équipe de télévision faisant un reportage sur lui, il tente maladroitement de briser la glace avec les techniciens avant d’enchaîner sur son discours d’appel à la manifestation. Son propos est empreint de fierté de l’homme noir (l’homme au sens masculin) blessé par l’Histoire et qui ne doit plus se laisser dominer. Et pendant son discours, dans une sorte de clin d’œil ironique fait au public, sa conjointe blanche rentre dans l’appartement et lui donne une série de consignes pour la gestion du foyer avant de repartir aussitôt. Devant l’air décontenancé du militant pris dans ses propres contradictions et qui tente dans la foulée de se donner l’air de l’homme qui sait ce qu’il a à faire, on devine le passionné dont les idées reposent sur une littérature visiblement mal digérée.

S’ensuit après la scène d’ouverture une série de rencontres avec des personnalités noires reconnues (jouant aussi leurs propres personnages dans la vraie vie) que Jean-Pascal Zadi tente avec un succès inégalé de faire adhérer à son projet de marche. Et c’est là une des faiblesses principales du film, à savoir le manque de distance entre la vie réelle et la fiction, ce qui nuit à la fois à décrire la réalité de ce que vivent les personnes noires en France et d’embarquer le spectateur dans la fiction. Par exemple, on est franchement gêné lors d’une scène où le militant redevenu momentanément acteur en recherche de rôle passe un casting avec Mathieu Kassovitz pour un film de révolte d’esclaves, et où le réalisateur de La Haine va d’une manière très humiliante et abjectement raciste lui signifier qu’il n’est pas « assez noir » pour son film. Dans d’autres scènes, Jean-Pascal Zadi rencontrera le comique Fary qui voit en lui une aubaine pour son propre projet de film et qui se sert visiblement de sa notoriété sur les réseaux sociaux (et aussi de sa naïveté, il faut bien le dire) pour servir ses propres intérêts. Entre les deux types de scène, il y a véritablement un mélange des genres où le dramatique se confond tragiquement avec le comique. Certes, il est possible de faire rire sur des atrocités de l’Histoire, comme l’a fait le génial Roberto Benigni dans son film « La vie est belle », et où le réalisateur italien joue le rôle d’un Juif pendant la Seconde Guerre mondiale qui va faire croire à son jeune fils que les camps de la mort dans lesquels ils se trouvent sont en réalité un parc d’attractions, afin de l’aider à passer cette épreuve terrible. Or, dans le film de Benigni, où on hurle littéralement de rire, on ne confond jamais le comique de situation avec le tragique du contexte, ce que n’a pas réussi à faire à sa mesure bien évidemment le réalisateur de « Tout simplement noir ».

L’autre travers du film est l’angle quasi-exclusivement bourgeois du point de vue. On navigue en réalité dans la sphère du jet set noir de France, mélangé au reste du showbiz hexagonal au sein duquel il est comme coopté. Les quelques personnes militantes de terrain sont peu mises en valeur, et la majorité des opinions que l’on entend sont celles de journalistes, de stars du rap et d’acteurs noirs célèbres. C’est comme si la voie de la réussite pour une personne noire en France est celle de la réussite individuelle et que le combat collectif pour une cause commune relève de l’anecdotique.

Les bons côtés du film, car il y en a, c’est de faire prendre conscience qu’être une personne noire en France ou ailleurs ne signifie pas parler pour toutes les personnes noires, et que le point de vue que l’on porte est nourri par sa propre histoire, sa propre trajectoire et son propre milieu social. Par ailleurs, on voit aussi que pour faire réussir une cause, il ne faut pas uniquement brandir un drapeau sans défendre des objectifs de lutte concrets. Dans le passé, ce qui a donné le succès que l’on sait aux luttes de Martin Luther King, de Mandela et de beaucoup d’autres, c’était la poursuite d’objectifs de lutte précis (la fin de la ségrégation raciale pour Martin Luther King, la fin de l’Apartheid pour Mandela). Et dans le présent, ce qui donne du souffle à la lutte du Comité Adama c’est l’avancée du combat judiciaire grâce au travail inlassable des personnes militantes en tête desquelles se dresse Assa Traoré. Et ce qui manquait visiblement au personnage dans le film, c’était un objectif de lutte mis à part la réussite de sa marche. Comme une leçon de militantisme pour les communistes que nous sommes, à savoir qu’il n’est pas efficace de se battre pour une cause sans définir des objectifs précis dont la conquête nous fera réaliser que nous sommes sur le bon chemin.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2488
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par com_71 » 15 Juil 2020, 14:58

Gayraud de Mazars a écrit : Dans le passé, ce qui a donné le succès que l’on sait aux luttes de Martin Luther King, de Mandela et de beaucoup d’autres, c’était la poursuite d’objectifs de lutte précis (la fin de la ségrégation raciale pour Martin Luther King, la fin de l’Apartheid pour Mandela).


Et, pour ces luttes, il faudrait aussi évoquer les échecs, les impasses, les déceptions... que l'on sait - ou que l'on ne veut pas savoir ! -.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6002
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 18 Juil 2020, 17:31

Salut camarades,

Il y a presque 14 ans, le 20 juillet 2006, disparait le camarade Ted Grant... En cette date anniversaire de la mort du grand dirigeant et militant marxiste qu'il fut, cet hommage de notre camarade Greg Oxley à Ted Grant (1913 - 2006)...

Hommage à Ted Grant (1913-2006)
25 juillet 2006, sur le site de La Riposte
Par Greg Oxley

https://www.lariposte.org/2006/07/homma ... 1913-2006/

Image

Le 20 juillet 2006, le marxiste et militant révolutionnaire Ted Grant est décédé, quelques jours après son 93ème anniversaire. Ainsi disparaît un homme qui fut le plus grand théoricien marxiste de sa génération. Il a consacré sa vie entière à la cause de la classe ouvrière et à la défense des idées du socialisme scientifique.

Ted a vécu une existence longue et active, dont il est difficile de rendre compte en quelques paragraphes. Je vais tout de même essayer d’en retracer les étapes et les accomplissements principaux.

Ted Grant est né en Afrique du Sud, en 1913. A l’âge de 15 ans, il adhère aux idées du marxisme. Il en avait fait connaissance grâce à un jeune communiste sud-africain du nom de Ralph Lee (Raphaël Lévy). Lee avait adhéré au Parti Communiste sud-africain en 1922, mais en avait était exclu dès la première vague d’« épurations » staliniennes.

A l’époque, l’Internationale Communiste, formée en 1919, subissait les conséquences de la dégénérescence bureaucratique de l’Etat soviétique. Léon Trotsky et l’Opposition de gauche menaient la lutte pour défendre l’internationalisme révolutionnaire contre la théorie stalinienne du « socialisme dans un seul pays ». Mais la défaite de la révolution chinoise (1925-1927) a scellé le sort de l’Opposition, qui fut exclue de l’Internationale en 1927. L’année suivante, Trotsky a été déchu de sa citoyenneté et expulsé d’URSS.

Au sixième congrès de l’Internationale, une copie de la Critique du projet de programme de l’Internationale Communiste, dans lequel Trotsky expliquait les positions de l’Opposition, est tombée entre les mains du militant communiste américain James Cannon. A son retour aux Etats-Unis, Cannon a fondé The Militant. C’est en lisant ce journal, qu’ils ont trouvé dans une librairie de gauche de Johannesburg, en 1929, que Ralph Lee et Ted Grant ont fait connaissance avec les idées de l’Opposition.

Ted a quitté l’école à 15 ans, puis a trouvé un emploi dans une compagnie de commerce maritime. Il consacrait son temps libre à l’étude des classiques du marxisme. En 1934, l’Opposition de gauche sud-africaine a pris forme à Johannesburg. Ted, avec Ralph et Millie Lee, fut parmi ses membres fondateurs. Mais peu de temps après, Ted décida de quitter l’Afrique du Sud et de s’installer en Grande-Bretagne. Lors de son voyage, il passa par la France, où lui et le camarade qui l’accompagnait, Sid Frost, ont rencontré Léon Sédov, le fils de Léon Trotsky, qui était une figure centrale de l’Opposition. Il arriva à Londres vers la fin de 1934.

Ted s’est immédiatement lancé dans l’activité politique. Il a participé à la célèbre « bataille de Cable Street », où 100 000 travailleurs britanniques ont dressé des barricades pour barrer la route à une manifestation de l’Union Britannique des Fascistes, dirigée par Sir Oswald Mosley. Les 7000 « chemises noires » ont été mises en déroute et ne se sont jamais relevées de cette magnifique riposte ouvrière.

Ted appartenait à une organisation, connue sous le nom de « Groupe Militant ». Elle n’était pas très grande, mais était très active, et ses militants faisaient preuve de beaucoup d’enthousiasme. Ses points forts étaient à Londres et à Liverpool. Ted disait toujours que cette période appartenait à la « préhistoire » du trotskisme britannique. Le travail n’a été mis sur une base politique et organisationnelle vraiment solide qu’à partir de la formation de la Workers International League (WIL), à la fin de 1937.

L’année 1938 a vu la création de la IVe Internationale. Pendant les années 30, l’appareil stalinien menait une politique de répression, de purges et d’exécutions contre les membres de l’Opposition, en Russie comme dans le reste du monde. La dégénérescence bureaucratique de l’Internationale Communiste avait atteint un point de non-retour. Face à la dictature stalinienne, au fascisme qui s’étendait en Europe et à la perspective d’une nouvelle guerre mondiale, il fallait hisser le drapeau de l’internationalisme et du socialisme pour préparer l’avenir. La WIL ne fut pas admise dans la IVe Internationale en 1938, car elle refusait « l’unité » artificielle – sans accord sur le programme, l’orientation et les perspectives – avec les autres groupements se réclamant des idées de Trotsky, unité qu’exigeait Cannon d’une façon purement bureaucratique.

La WIL n’avait pas tort de se tenir à l’écart. L’unité sans principes des groupements rassemblés par Cannon n’a pas fait long feu, et la section « officielle » de la IVe Internationale en Grande-Bretagne n’aboutit à rien. Malgré les difficultés exceptionnelles de l’époque, la WIL, à l’inverse, connut une croissance régulière de ses effectifs et de ses moyens d’action. La façon dont elle a mené son travail pendant la deuxième guerre mondiale mériterait à elle seule un article, et nous y reviendrons. La WIL a mené un travail exemplaire dans le mouvement ouvrier comme dans les forces armées. La lutte des classes n’a pas cessé pendant la guerre. A partir de 1943, surtout, un important mouvement de grève s’est développé, notamment dans les charbonnages. 120 000 mineurs ont fait grève dans le Yorkshire, 100 000 au Pays de Galles, et plusieurs milliers dans d’autres régions minières.

La Parti Communiste s’opposait catégoriquement au mouvement de grève, au nom de « l’union nationale » avec le gouvernement de Churchill, « allié » de Staline. Dans sa propagande, il imputait les grèves à l’agitation des « trotskistes », qu’il assimilait aux fascistes. Mais en réalité, même si la WIL soutenait les grèves, elle n’en était pas la cause. Les grèves exprimaient la colère croissante des travailleurs face aux profiteurs capitalistes et à la politique réactionnaire du gouvernement. Les années 1943 et 1944 ont vu le plus grand mouvement de grève depuis la grève générale de 1926. Dans ce contexte, la WIL, dont Ted était le secrétaire national, a pu étendre son influence dans les syndicats et recruter une nouvelle couche de militants ouvriers expérimentés. La WIL a également gagné une influence importante dans les forces armées, et notamment dans les « parlements de soldats » qui existaient dans la 8e armée, en Libye et en Egypte, ainsi que dans la Royal Air Force.

James Cannon ne pouvait que reconnaître la supériorité politique et organisationnelle de la WIL par rapport à la section officielle de l’Internationale, qui avait passé toute la période de la guerre à stagner dans un retranchement pacifiste stérile, ce qui la coupait irrémédiablement des travailleurs. En mars 1944, une fusion entre les groupes eut lieu – cette fois-ci sur la base des positions de la WIL. Cette fusion donna naissance au RCP (Parti Communiste Révolutionnaire), un nom choisi pour se distinguer de la politique d’« union sacrée » défendue par le Parti Communiste britannique. Lors du congrès fondateur du RCP, une nouvelle grève de 100 000 mineurs éclata. Des mouvements de grèves se multipliaient dans d’autres secteurs de l’économie. La grève des « apprentis ouvriers » prit une grande ampleur. Les services secrets britanniques (MI5) ont organisé une série de rafles dans les locaux du RCP, à Londres et dans d’autres régions. De nombreux dirigeants de l’organisation furent arrêtés, inculpés et incarcérés pour « implications dans des grèves illégales ». Mais grâce à une campagne nationale particulièrement vigoureuse menée par le RCP, le procès a donné lieu à un acquittement et les détenus ont dû être libérés sur-le-champ.

A la fin de la deuxième guerre mondiale, en 1945, Ted Grant avait 32 ans. Il était un révolutionnaire expérimenté et éprouvé. Et pourtant, s’il fallait déterminer la période la plus importante de sa vie, du point de vue de l’histoire du mouvement marxiste, je dirais sans hésiter que c’est l’après-guerre. L’issue de la guerre a débouché sur un contexte international auquel personne – pas même Léon Trotsky, assassiné par un agent de Staline en 1940 – ne s’attendait. Pour permettre à la nouvelle génération de militants révolutionnaires de comprendre l’époque, d’en dégager des perspectives et s’y orienter correctement, il fallait être capable d’appliquer la méthode du marxisme à cette nouvelle donne. Malheureusement, sans Trotsky, les dirigeants de la IVe Internationale n’en étaient pas capables. Ils répétaient, tels des perroquets, les perspectives et hypothèses formulées par Trotsky avant sa mort, et ne voulaient pas tenir compte des réalités.

Les Etats-Unis émergeaient de la guerre avec un appareil industriel non seulement intact, mais considérablement renforcé. Ceci leur permettait, par le biais du Plan Marshall, d’accélérer la reconstruction des économies dévastées du continent européen. Comme Ted l’expliquait alors, la perspective qui se dessinait, dans les pays industrialisés, était celle d’une période de croissance économique et d’une stabilité relative des rapports de classe, en même temps qu’une consolidation du stalinisme en URSS. Mais les chefs de l’Internationale ne voulaient rien savoir. Ernest Mandel, par exemple, insistait sur l’idée que le capitalisme britannique ne « connaîtrait plus jamais d’essor économique ». La direction de la IVe Internationale avançait l’idée que le capitalisme ne pourrait plus gouverner que par la dictature militaire. Elle prétendait également que l’URSS avait était été tellement affaiblie par la guerre qu’une « simple pression diplomatique » suffirait à « la détruire à court terme ».

L’abolition du capitalisme et l’établissement de régimes de type staliniens, en Chine et en Europe de l’Est, les laissaient tout aussi perplexes. Dans un premier temps, ils nièrent le fait que, dans ces pays, le capitalisme avait été aboli. Puis, dans une volte-face de 180°, ils se mirent à attribuer à certains d’entre eux un certificat « socialiste ». Ils considéraient, par exemple, que le régime dictatorial de Tito était une authentique « démocratie ouvrière ». Ces analyses erronées, et les innombrables soubresauts absurdes qu’elles engendraient, ne pouvaient que semer la confusion et la démoralisation dans les rangs de l’Internationale, la condamnant à l’impuissance et à une longue série de conflits internes, d’exclusions – dont celle de Ted et de son organisation – et de scissions.

Les écrits Ted Grant au cours de cette période conservent aujourd’hui toute leur validité. Ils sont, à côté des textes et résolutions des quatre premiers congrès de l’Internationale Communiste (1919-1923) et du premier congrès de la IVe Internationale (1938), un témoignage de la supériorité du marxisme comme méthode d’analyse. Les plus importants des écrits de Ted ont été publié par les éditions Wellred, en anglais, il y a de cela quelques années, dans un livre intitulé The Unbroken Thread. Les idées qu’il a défendues contre les dirigeants de la IVe Internationale sur les questions du « guérillérisme », du terrorisme, du Tiers-mondisme, du Titoisme, du Maoïsme, du Keynésianisme et de toutes les autres manifestations idéologiques du déclin et de la désintégration de la IVe Internationale, sont résumées dans son texte Le Programme de l’Internationale, publié en en mai 1970.

Ted expliquait que la longue période de croissance – les « trente glorieuses » – ne pouvait pas durer indéfiniment. Et effectivement, en 1973-74, il y eut la première récession mondiale depuis la fin de la guerre. Le chômage de masse et l’inflation galopante, inconnus en Europe depuis les années 30, minèrent le niveau de vie des travailleurs. En Grande-Bretagne et à travers l’Europe, des mouvements sociaux de grande ampleur se sont produits. J’étais lycéen à l’époque, à Ellesmere Port. Les manifestations et grèves provoquées par le blocage des salaires et les lois anti-syndicales imposées par le gouvernement conservateur d’Edward Heath m’avaient incité, avec quelques amis, à organiser une section du National Union of School Students, un syndicat lycéen qui venait de se créer. C’est à cette époque que j’ai rencontré Ted Grant. Son organisation, la Militant Tendency s’était résolument orientée vers les organisations de la classe ouvrière, et avait réussi à s’y établir comme la tendance majoritaire dans l’organisation de jeunesse du Parti Travailliste, le LPYS (Labour Party Young Socialists).

Je me souviens encore de la petite réunion publique à laquelle j’ai assisté – au printemps de 1973, me semble-t-il – dans le siège du Parti Travailliste, à Chester. Ted était un orateur exceptionnel. Il avait une connaissance solide de l’histoire et de l’actualité du mouvement ouvrier international, et expliquait les idées du marxisme d’une manière claire et percutante. Sa conviction, sa confiance inébranlable dans les perspectives qu’il développait et dans la capacité de la classe ouvrière à changer la société, étaient contagieuses. La réunion fut mémorable pour une autre raison. La salle était assez sombre, et il n’y avait pas d’ampoule au plafond. Au début de la soirée, cela ne posait pas de problème, mais nous nous sommes rapidement trouvés dans une obscurité quasi-totale. On ne discernait plus que la vague silhouette de l’orateur, qui ne nous voyait pas davantage. Mais cela ne l’a pas perturbé pour autant.

Ted et la Militant Tendency accordaient une importance primordiale à l’étude et à la discussion théoriques. Ceci nous donnait un avantage colossal dans le développement de nos idées et dans tous les aspects de notre activité. « Il n’y a pas d’action révolutionnaire sans théorie révolutionnaire », disait-il. Ce qui a fait le succès de cette organisation, c’était, d’une part, son attitude sérieuse en matière de théorie, de programme, de perspectives, d’organisation – et, d’autre part, son orientation vers les organisations traditionnelles de la classe ouvrière.

A partir de 1973, le Militant commençait à capter l’attention de militants individuels et de groupes révolutionnaires à l’étranger. Sa campagne de solidarité et de lutte contre la dictature franquiste, en Espagne, lui a permis de développer une organisation révolutionnaire clandestine, en Espagne, qui après la chute de Franco a connu un développement impressionnant, et publie aujourd’hui El Militante. Il a également pu établir une organisation en Irlande. D’autres contacts ont été pris en Allemagne, en Suède et en Italie. Mais la plus grande section de l’organisation internationale qui prenait forme restait la section britannique. Au moment de mon adhésion, en 1973, il y avait environ 250 adhérents. Vers la fin des années 80, il y en avait près de 7000, avec quelques 200 permanents, une base sociale massive à Liverpool, de nombreux élus locaux et deux députés travaillistes à la Chambre des Communes (le Parlement britannique).

A partir de 1990, l’irresponsabilité de plusieurs collaborateurs de Ted a détruit une partie de ce qui avait été accompli en Grande-Bretagne. Un certain nombre de dirigeants du Militant se sont convaincus qu’ils n’avaient plus besoin de s’orienter vers le mouvement travailliste et sa base syndicale massive. Ils considéraient également qu’une attitude trop insistante, à l’égard de la théorie et des méthodes de travail, constituaient un obstacle au développement du « parti révolutionnaire de masse », envisagé désormais comme un objectif à très court terme. Ted Grant et Alan Woods, en particulier, se sont opposés à cette dérive ultra-gauchiste, ce qui a entraîné leur exclusion et une scission. Le Militant a donc cessé d’exister au profit du journal d’un « Parti Socialiste » lancé dans l’indifférence générale. Cette aventure sectaire a abouti à un véritable effondrement de l’organisation britannique, dont les effectifs n’ont cessé de chuter.

Bien que minoritaire en Grande-Bretagne, la plateforme de Ted Grant et Alan Woods était largement majoritaire dans l’organisation internationale, et Ted ne fut pas perturbé outre mesure par ce revers. C’était tout à fait dans sa nature. Rien ni personne ne pouvait ébranler sa confiance dans l’avenir du mouvement marxiste. Cette confiance, il l’a gardée jusqu’à son dernier souffle. Il faut juste se remettre au travail, disait-il, rétablir les orientations et les bases théoriques du mouvement, et les désagréments occasionnés par la scission seront rapidement surmontés.

Encore un fois, il n’avait pas tort. Le mouvement international marxiste qui s’est construit sur les épaules de cet homme impressionnant n’a jamais été plus fort qu’aujourd’hui. Il est implanté dans près d’une trentaine de pays, du Pakistan aux Etats-Unis, en passant par pratiquement tous les pays de l’Europe occidentale et plusieurs pays latino-américains. Son autorité politique n’a jamais été aussi si grande.

C’est là un témoignage vivant de la grandeur et de l’accomplissement de cet homme. Ted Grant conservera à tout jamais, dans nos coeurs et dans l’esprit révolutionnaire qui nous anime, la place qui revient à l’un des plus grands représentants de la pensée et de l’action marxistes dans l’histoire du mouvement ouvrier. Il a donné toute sa vie, chaque fibre de son être, à la défense des opprimés de ce monde. Il mérite notre respect et notre gratitude. Mais avant tout, nous lui offrons notre engagement, nous aussi, de consacrer notre énergie, notre dévouement et notre vie à la grande cause du socialisme international.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2488
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

PrécédentSuivant

Retour vers Presse et communiqués

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 22 invité(s)

cron