fil "interventions de La Riposte"

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 15 Avr 2020, 17:42

Salut camarades,

Récession, austérité, lutte des classes. Nos tâches politiques.
15 avril 2020 sur le site de La Riposte
Par Greg Oxley, PCF Paris / La Riposte

https://www.lariposte.org/2020/04/reces ... olitiques/

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En 1740, les troupes prussiennes se rassemblaient devant Frédéric le Grand et le Prince Léopold en préparation de l’invasion de Silésie. Un officier de la garde a noté quelques extraits de leur conversation, dont celui-ci :

Frédéric : Mon cher Prince, lorsque vous voyez notre armée rassemblée de la sorte, qu’est-ce qui vous impressionne le plus ?

Léopold : Majesté ! Peut-il être autre chose que la vue de nos troupes, que la régularité et la perfection de leurs mouvements ?

Frédéric : Non, cher parent, ce qui m’impressionne le plus, c’est que nous sommes ici, en parfaite sécurité, en train de regarder 60 000 hommes. Ils sont tous nos ennemis, et chacun d’entre eux est mieux armé et plus fort que nous. Et pourtant ils tremblent en notre présence. Nous n’avons aucune raison d’avoir peur. Voilà, cher Prince, l’effet miraculeux de l’ordre et de la subordination !

[Extrait de C. Hildebrandt : Anecdotes et traits de la vie de Frédéric le Grand. Tome 5, Leipzig, 1829-35.]

*****

La pandémie du coronavirus a eu un impact dévastateur sur l’économie mondiale. Elle est survenue à un moment où le cycle économique amorçait déjà sa descente. En France et en Europe, les taux de croissance étaient déjà faibles (1,2% pour la zone euro) avant l’avènement de la crise sanitaire. Depuis, l’économie de l’Europe et du monde entier a brusquement chuté.

Selon les premières analyses du Fonds Monétaire International, l’économie mondiale se contractera de 3% en 2020. L’économie américaine chutera de 5,9%, ce qui représente la plus forte baisse annuelle depuis 1946. Dans la zone euro, le FMI prévoit une chute de 7,5% du PIB dans les 19 pays concernés. La chute de l’économie européenne sera sans doute la plus forte de toutes les régions du monde. Le taux de croissance de la Chine se ralentissait avant la crise sanitaire. Il ne devrait pas dépasser 1,2% pour l’année en cours, ce qui constituerait la croissance la plus lente depuis 1976. Aucun pays du monde n’échappera à la récession. La valeur totale de la contraction économique à l’échelle mondiale en 2020 serait de l’ordre de 9 milliards de dollars. Cette situation entraîne une détérioration brutale des conditions de vie des travailleurs et une augmentation du nombre de chômeurs. Dans la zone euro, il faut s’attendre à ce que le nombre de chômeurs augmente de 40%. Quant à la durée de la récession, elle est difficilement prévisible, mais ses répercussions économiques et sociales pourraient s’étaler sur plusieurs années, surtout si le virus s’avère difficile à maîtriser dans les pays les plus développés et se répand massivement dans le sous-continent indien, en Amérique latine et en Afrique.

Les capitalistes et leurs représentants institutionnels ne manqueront pas de lancer une offensive encore plus implacable contre les droits et les conditions de vie des travailleurs pour récupérer les pertes de marchés et de profits. Ils essayeront de justifier l’imposition de nouvelles régressions sociales par les circonstances exceptionnelles découlant de la pandémie. En ce qui concerne les finances publiques, les capitalistes réclament déjà des aides financières et des concessions fiscales massives. Macron et la BCE y ont déjà répondu favorablement. Les contribuables payeront la note. L’augmentation des dépenses publiques ira de pair avec une réduction inévitable des recettes fiscales, avec moins de rendement de la TVA et des impôts sur les revenus. Ceci poussera le gouvernement à restreindre encore fortement les dépenses sociales. Les retraites, les allocations sociales – dont les allocations maladie, familiale ou chômage – feront l’objet de nouvelles attaques. Dans les entreprises, pour maintenir et augmenter les marges de profit malgré la baisse d’activité, le patronat cherchera par tous les moyens à faire des économies au détriment de l’emploi, des salaires et des conditions de travail. L’ensemble des injustices et des inégalités qui ont provoqué le mouvement des Gilets Jaunes et les grèves de la dernière période vont s’aggraver. L’impact de la crise sanitaire est particulièrement néfaste pour les couches sociales les plus vulnérables. Ainsi, la tentative de rétablir un « équilibre économique » selon les critères capitalistes finira par détruire l’équilibre social, c’est-à-dire la passivité de la masse de la population sur laquelle repose l’ordre capitaliste.

Ce processus est en cours depuis un certain temps, comme en témoigne l’agitation sociale de ces dernières années. Les effets cumulés de l’accroissement des inégalités, du chômage de masse, de la précarité croissante de l’emploi et de la pression baissière sur les salaires et les retraites ont produit une modification profonde du climat social et idéologique, poussant à l’action des couches de la société précédemment inertes et « apolitiques Les Gilets Jaunes étaient un mouvement qui incorporait diverses tendances politiques, dont certains éléments proches de l’extrême droite. Cependant, généralement perçu dans l’opinion publique comme une contestation massive de l’ordre social existant, le mouvement a bénéficié du soutien de plusieurs millions de citoyens. Ensuite, la France a connu la plus longue grève des transports depuis 1968, en opposition à la réforme des retraites.

L’instabilité sociale de la dernière période a de quoi inquiéter les capitalistes. Matériellement, leur pouvoir provient du fait qu’ils possèdent et contrôlent pratiquement tous les grands leviers de l’économie et que l’État actuel est entre les mains de leurs serviteurs. Et pourtant, malgré leur puissance apparemment inébranlable, les capitalistes sont assis sur un volcan. Pratiquement toutes les fonctions essentielles de la société contemporaine sont assurées par les travailleurs et les travailleuses du pays. Cette position leur confère un pouvoir potentiel infiniment plus grand que celui des capitalistes, pour peu qu’ils en prennent conscience et décident d’en faire usage. Nous n’en sommes pas encore là. Mais l’agitation sociale de la dernière période indique une évolution dans ce sens, et les représentants les plus avisés de l’État et de la classe capitaliste sentent que « le miracle de l’ordre et de la subordination » commence à se dissiper.

Emplois précaires et démantèlement hospitalier

En faisant pression depuis des décennies pour rendre les emplois plus « flexibles » et en imposant la généralisation de l’emploi précaire, les gouvernements et le patronat ont grandement augmenté la vulnérabilité des gens. Il fallait augmenter le taux d’exploitation des salariés, accentuer la concurrence entre les travailleurs dans un contexte de chômage de masse, faciliter la suppression d’emplois, affaiblir les syndicats. La doctrine de fond de ces politiques reposait sur l’idée que flexibiliser le marché de l’emploi permettrait aux entreprises d’être plus compétitives afin de relancer la croissance. Dans la crise actuelle, les emplois précaires – CDD, intérim, sous-traitants, – ont disparu en masse. Les travailleurs en question n’ont pratiquement aucun moyen de se défendre. Les petits autoentrepreneurs et autres « ubérisés » se trouvent, eux aussi, subitement sans travail et sans revenu.

Les hôpitaux et les services de santé sont en première ligne de la lutte contre la pandémie. Or, les représentants politiques du capitalisme depuis de nombreuses années ont sabré des lits et des établissements prétendument en surnombre. On paie le prix, aujourd’hui, de cette campagne de démantèlement. Face au coronavirus, les hôpitaux manquent cruellement de personnel et d’équipements. Toute la stratégie des capitalistes et des gouvernements successifs – de droite comme de « gauche » – a eu pour objectif d’augmenter le pouvoir, les profits et les privilèges de la minorité capitaliste, au détriment du reste de la société. Par tranches successives, les secteurs d’activité jusqu’ici sous la coupelle du service public et offrant de potentiel profit important ont été livrés aux capitalistes. La conscience de cette réalité s’empare désormais d’une masse grandissante de citoyens. Malgré les appels insistants à l’« union nationale » de la part du gouvernement, la crise actuelle fait ressortir avec encore plus de netteté la nature de classe de la société. Pour le moment, les mesures de confinement limitent les possibilités de lutte active. Mais, à la sortie de pandémie, on demandera des comptes et on exigera des changements pour répondre à la détresse sociale, pour créer des emplois, augmenter les salaires, réduire la précarité, améliorer la situation dans les hôpitaux et les EHPAD, en finir avec la régression sociale.

Le danger nationaliste et populiste

Ces aspirations vont directement à contresens des objectifs des capitalistes et du gouvernement. Les capitalistes se donnent le droit de défendre leurs intérêts. Les travailleurs, de leur côté, se donnent le droit de défendre les leurs. Et là où les droits sont égaux, c’est la force qui décidera. Il est possible que la soudaineté et la sévérité de la crise économique retarde le conflit, mais, à terme, une confrontation est inévitable.

Ici, justement, nous venons au cœur de la question des perspectives pour la France. Postuler la probabilité d’une confrontation majeure entre les classes dans la période à venir est une chose. Prévoir l’issue de cette confrontation en est une autre. Brosser le tableau d’un avenir fait uniquement de « classe contre classe » serait bien évidemment puéril. Le processus historique est contradictoire. Le flux de colère provoqué par une crise et l’aspiration au changement ne coule pas forcément dans les canaux du progrès et de la révolution. Il peut aussi, dans certaines circonstances, élargir la base sociale de forces réactionnaires et nationalistes. Dans la période à venir, la société deviendra de plus en plus polarisée. Les extrêmes gagneront au détriment du centre.

En effet, les conséquences sociales de la crise actuelle renforceront les tendances nationalistes qui existent en France et dans pratiquement tous les pays européens. Les partisans de l’Union européenne assuraient que le libre commerce et l’ouverture des frontières pouvaient garantir un avenir de progrès économique et social. Dans les faits, l’économie française a été exposée à une concurrence internationale de plus en plus féroce, entraînant la destruction de pans entiers de son infrastructure industrielle et agricole. Les délocalisations se sont accélérées pour aller chercher une main d’œuvre sous-payée à l’étranger. L’Union européenne a prêté main-forte au MEDEF et aux gouvernements successifs dans leur combat pour ronger et détruire les conquêtes sociales du mouvement ouvrier. La mise en concurrence directe des salariés des quatre coins du monde est vécue comme une menace supplémentaire au statut des travailleurs français. En face des ravages de la globalisation capitaliste, la régression sociale et la peur de paupérisation ou de « déclassement » s’expriment dans une résurgence d’idées nationalistes. Le sentiment que le destin de la France est sous l’emprise de forces extérieures aussi puissantes qu’incontrôlables et que le pays est en train d’être étranglé par la main invisible du marché mondial a favorisé l’idéologie souverainiste et protectionniste. La base sociale du Rassemblement National est une expression de la progression du nationalisme. D’autres mouvements hostiles aux « élites » sont parfois teintés de réflexes nationalistes dans une certaine mesure, comme l’était, par exemple, le mouvement des Gilets Jaunes. On retrouve également des courants souverainistes dans la France Insoumise et au PCF. Tout en donnant une nouvelle impulsion à la lutte des classes, la crise actuelle tendra à radicaliser les tendances nationalistes et xénophobes dans la société, d’autant plus que, pour beaucoup, l’arrivée du coronavirus en Europe sera considérée comme la conséquence d’une trop grande exposition du pays aux phénomènes étrangers néfastes.

Le nationalisme est un poison pour la conscience des travailleurs. Il gomme les intérêts antagoniques et inconciliables entre exploiteurs et exploités, tout en semant la méfiance et la haine entre les victimes de l’exploitation selon des critères de nationalité, et souvent, par extension, de couleur ou de religion. Pour le mouvement ouvrier, il constitue un danger extrêmement grave, car il sape les bases de l’action collective et de la solidarité sans lesquelles les travailleurs sont faibles et désarmés. Si la globalisation capitaliste et le libre commerce sont un piège pour les travailleurs, le « souverainisme » et le repli nationaliste le sont tout autant. N’empêche que le nationalisme est une menace grave et potentiellement mortelle. Affirmer que le nationalisme est une impasse n’a rien de rassurant. Après tout, le nazisme était, lui aussi, une impasse, mais il a pu infliger de terribles souffrances à l’humanité avant d’en faire la démonstration. Aujourd’hui, de nombreuses guerres sont en cours, dont certaines aux portes de L’Europe. N’empêche qu’après plusieurs décennies de paix en l’Europe occidentale, les guerres mondiales peuvent sembler appartenir à un passé lointain. Mais le nationalisme contemporain n’est pas moins dangereux pour autant. Il tire sa force, justement, d’une histoire européenne et mondiale marquée par d’innombrables humiliations, exils, persécutions et massacres, nation contre nation. Le nationalisme ravive les vieilles haines, rivalités et ressentiments enfouis dans la conscience collective et les fait rejaillir dans le présent. L’histoire démontre que dès lors que le nationalisme parvient à s’enraciner dans la société, il est très difficile à éradiquer. La lutte contre ce fléau est donc d’une importance absolument vitale.

Au-delà des citoyens qui ont été contaminés la propagande d’éléments consciemment chauvins et racistes, les ressorts des réflexes nationalistes dans la population sont multiples. La conscience nationale a de profondes racines historiques. Nous savons que Marx et Engels, dans le Manifeste Communiste de 1848, ont affirmé que les travailleurs « n’ont pas de patrie ». La classe des travailleurs est effectivement une classe internationale aux intérêts communs dans la lutte contre l’exploitation et les injustices du capitalisme. Les organisations qui prétendent défendre les intérêts des travailleurs dans un pays donné devraient donc chercher à développer des liens organisationnels et des dispositifs de solidarité avec des luttes dans d’autres pays et combattre toute tentative de dresser les travailleurs les uns contre les autres selon des critères de nationalité, de couleur ou de religion.

Cependant, il est évident que même le plus internationaliste des citoyens ne peut pas être indifférent au sort du pays dans lequel il vit et il travaille, ni au sort de sa langue et de ses racines culturelles. Les travailleurs voient que « chez eux », il manque plusieurs millions d’emplois, que la pénurie d’emplois tend à rabaisser les salaires et miner les « acquis » du passé, qu’il manque de logements, que les systèmes de santé, de sécurité sociale et de retraites sont sous pression et se dégradent, que les industries locales, exposées à la concurrence mondiale font faillite ou partent à l’étranger. Ils ont l’impression que l’économie et la société de leur pays sont malmenées par de puissantes forces extérieures que personne ne maîtrise. En réaction, il est inévitable que s’installe une volonté de reprendre le contrôle de la situation, de ramener l’organisation sociale sur une base territoriale plus facilement gérable, de rétablir, en un mot, la « souveraineté nationale ». Ce phénomène n’est pas, bien évidemment, limité à la France. Il y a une montée en puissance de tendances souverainistes dans pratiquement tous les pays d’Europe. Au Royaume-Uni, le vote en faveur du « brexit » en est une expression, pour ne citer qu’un exemple parmi bien d’autres.

Ce qui sous-tend le réflexe nationaliste, en plus des conséquences négatives de la globalisation, c’est l’absence d’une alternative au système capitaliste dans le programme du mouvement ouvrier. À celui qui dira que ce sont les capitalistes, et non pas les « immigrés », qui détruisent l’emploi, on rétorquera que les capitalistes sont effectivement aux commandes et qu’il faut bien faire avec. Que le programme du mouvement ouvrier n’ouvre aucune perspective de rupture avec le système capitaliste et que même les soi-disant réformistes sont en réalité des « réformistes sans réformes » ne peut que favoriser la progression des tendances nationalistes. Si aucune transformation de la société permettant de créer des emplois et répondre aux besoins de tous n’est envisageable, il ne reste plus qu’une lutte pour savoir qui s’en sortira et qui ne s’en sortira pas. Ainsi s’installe la notion de « priorité nationale » véhiculée par les nationalistes. Pour faire reculer le nationalisme, il est indispensable que le mouvement ouvrier se libère de son carcan réformiste et ouvre aux travailleurs la perspective d’une transformation révolutionnaire de la société.

L’absence de cette perspective laisse la place au « populisme » qui se caractérise par la dénonciation, au nom du « peuple », du pouvoir des « élites ». Le populisme exploite le ressentiment populaire contre les puissants et contre les institutions à des fins politiques et électorales, mais n’offre pas d’alternative à l’ordre social existant. Par ailleurs, la désignation facile des « élites » sert à cacher la vraie cause des inégalités sociales. Les privilèges et le pouvoir des riches et des « haut placés » en général sont dérivés, d’une façon ou d’une autre, de l’emprise de la classe capitaliste sur l’économie et sur l’ensemble de l’organisation sociale existante. Fixer l’attention sur les « élites » protège le capitalisme dont elles ne sont qu’une émanation. Les élites profitent du système, mais le système lui-même ne disparaîtra que lorsque la propriété et le contrôle de l’appareil productif, commercial et financier des grands capitalistes seront supprimés. Les élites chuteront avec la classe qu’elles défendent.

Le parlementarisme et la démocratie bourgeoise en général ne peuvent acquérir une stabilité que dans la mesure où toutes les classes sociales y trouvent leur compte. Mais lorsque l’équilibre entre les classes cède la place à une politique de régression sociale pour protéger les profits et le pouvoir d’une minorité, le régime parlementaire commence à paraître, aux yeux de ceux qui subissent cette régression, comme un système encombrant et inefficace dans lequel on ne voit plus qu’un repère de « planqués » parasitaires, dissociés du peuple et ne servant que leurs intérêts propres. Le système capitaliste de nos jours, ne pouvant plus exister qu’en imposant une régression sociale permanente, est en train de saper les bases économiques et sociales du parlementarisme. L’émergence de puissantes tendances populistes dans pratiquement tous les pays d’Europe s’explique par ce processus et par les changements qu’il suscite dans la psychologie des masses. Par la même occasion, l’impuissance du parlementarisme, qui ne satisfait ni les capitalistes ni les travailleurs, favorise l’émergence de tendances bonapartistes dans le régime politique. Ici, nous ne parlons pas du bonapartisme de la phase ascendante du capitalisme, mais de celui de sa décadence réactionnaire.

Affaiblissement du mouvement ouvrier

Le mouvement ouvrier doit affronter l’offensive de l’État et de la classe capitaliste dans une position plus faible que dans le passé. Il y a des causes objectives qui ont contribué à l’affaiblissement des organisations syndicales et des partis de gauche au cours des dernières décennies. Parmi elles, il y a la transformation du paysage industriel. Historiquement, la force du syndicalisme s’est développée en fonction de l’industrialisation du pays, et notamment avec la création de grandes concentrations de travailleurs dans l’industrie lourde comme la sidérurgie, les charbonnages, les chemins de fer, les industries portuaire et aéroportuaire, l’énergie, l’automobile et l’aviation. Le démantèlement de bon nombre de ces concentrations et la dislocation des communautés qui les entouraient ont largement détruit les anciens bastions de la CGT et du PCF. L’évolution de la division internationale du travail et la spécialisation de la production ont engendré un recours massif à la sous-traitance dans les grandes entreprises, divisant et affaiblissant la force de travail. Le chômage de masse, la généralisation des emplois précaires et la modification profonde de l’organisation du travail liée au développement de la technologie (informatique, intelligence artificielle, robotisation, etc.) ont énormément compliqué la tâche des syndicats. Mais malgré toutes ces difficultés, la CGT est une force très importante de plusieurs centaines de milliers d’adhérents et dont les réserves de soutien dans la société vont bien au-delà de ses effectifs propres. Elle constitue l’élément central et prépondérant du mouvement ouvrier français.

Aux facteurs liés aux changements sociaux et économiques dans l’affaiblissement de la gauche s’ajoutent les conséquences néfastes des orientations politiques du PS et du PCF au cours de plusieurs décennies, qui les ont très largement discrédités aux yeux des travailleurs. À l’épreuve du pouvoir, les dirigeants des partis qui ont été créés à l’origine pour défendre les intérêts des travailleurs ont capitulé face aux pressions capitalistes, au point d’adopter des politiques de régression sociale. En 1981, au moment de leur arrivée au pouvoir, le Parti Socialiste et le PCF disposaient d’une base sociale massive et enthousiaste. Les deux partis étaient théoriquement « révolutionnaires » selon leurs statuts respectifs, mais dans les faits, le Programme Commun était un programme limité à des réformes sociales qui pouvaient créer, certes, des désagréments passagers aux capitalistes, mais qui laissaient l’essentiel du pouvoir économique entre leurs mains. La nationalisation des banques et de quelques groupes industriels n’avait aucun contenu socialiste, puisque la hiérarchie patronale et les critères de rentabilité et de concurrence sont restés les mêmes.

Face aux pressions capitalistes, il n’a fallu que quelques mois pour que gouvernement proclame une « pause » dans la mise en œuvre de son programme. Peu de temps après, à partir de l’été 1982, il a adopté une politique de casse industrielle et de contre-réforme. La direction du PCF a soutenu, au niveau ministériel et à l’Assemblée Nationale, l’intégralité de la politique d’austérité et n’a finalement quitté le gouvernement qu’en juillet 1984, sous la pression de la base du parti. De nouveau au pouvoir ensemble, de 1997 à 2002, le PS et le PCF ont appliqué une politique de privatisations de grande envergure. Le gouvernement du « socialiste » François Hollande (2012-2017) était quant à lui exclusivement au service du capital financier.

L’expérience des gouvernements de « gauche » a démoralisé et désorienté les travailleurs qui avaient cru au « changement ». Les dirigeants qui devaient défendre leurs intérêts se sont retournés contre eux, une fois au pouvoir. L’enthousiasme débordant du début des années 80 a fait place à un défaitisme passif, une indifférence politique. Ce n’est pas par hasard que l’extrême droite, sous la forme du Front National, a pris son essor à partir du moment où le gouvernement socialiste-communiste s’est retourné contre sa propre base sociale. Les effectifs militants du PS et du PCF se sont effondrés. Durant la période de participation gouvernementale de 1997 et 2002, certaines privatisations ont été réalisées directement par un ministre PCF, la direction du parti allant jusqu’à prétendre que l’ouverture du capital aux investisseurs privés et aux salariés était une forme d’« appropriation sociale » des moyens de production ! Sur la même période, les effectifs du parti sont passés de plus de 250 000 à 100 000. Aujourd’hui, le PCF a environ 50 000 adhérents.

Une masse importante des travailleurs a tiré la conclusion que les partis traditionnels de la gauche, loin de représenter une alternative au système capitaliste, font eux-mêmes partie du système, et même si les militants de ces partis ne sont pas des agents conscients du système, ils n’ont pas d’alternative à proposer. Des convictions de cet ordre étaient très présentes dans les idées des Gilets Jaunes. La politique réformiste de la direction du PCF a réduit son attrait pour la nouvelle génération de militants. Son implantation dans la CGT s’est largement effritée. Malgré les attaques répétées contre les droits et les conditions de vie des travailleurs et de la jeunesse, le parti n’a pas vu un renforcement significatif de ses effectifs. Cependant, dans le contexte économique et social qui nous attend, le PCF pourrait commencer à regagner du terrain. Mais cela dépend en grande partie de ses orientations politiques.

La France Insoumise a connu, elle aussi, un déclin, à partir d’une base militante bien plus faible que le PCF. Son programme est une version édulcorée du réformisme du PS avant son virage à droite en 1982-1983. L’approche politique de Mélenchon est une forme de populisme de gauche. Le peuple d’un côté, les élites de l’autre. Mais on cherchera en vain, dans le programme de la France Insoumise, des mesures décisives contre la classe capitaliste. Malgré un succès relatif sur le plan électoral, les structures internes de ce parti sont fragiles et très peu implantées dans les milieux populaires.

Syndicalisme, politique et Gilets Jaunes

La position du mouvement ouvrier de nos jours constitue un changement important par rapport à la situation qui existait dans le passé. Après les guerres de 1914-18 et de 1939-45, en 1968, et ensuite lors de la chute des dictatures en Grèce, au Portugal et en Espagne, la première vague de la révolution a toujours porté vers le pouvoir les partis de gauche qui dans la période précédente ne s’étaient pas totalement discrédités et qui représentaient une tradition politique importante. Lors de la grève générale de 1968 – dans le contexte de l’essor industriel des « trente glorieuses » avec un taux de chômage très faible – le PCF et la CGT étaient en position de capter et d’encadrer l’immense majorité des forces sociales en mouvement. Ce n’est plus le cas. Le mouvement des Gilets Jaunes de 2018-2019 était un mouvement militant massif qui s’est pourtant déroulé en dehors des organisations traditionnelles des travailleurs. Cependant, malgré son déclin, le PCF est toujours le plus grand parti de France en termes d’effectifs militants. La CGT est de loin la plus importante des structures syndicales avec une capacité de mobilisation et un enracinement social incomparablement plus important que toutes les autres structures réunies. Ainsi, la prochaine fois que le capitalisme provoque un conflit de classe aussi aigu et massif que celui de 1968, le PCF, et surtout la CGT, y occuperont une place importante, mais, cette fois-ci, en parallèle avec un mouvement massif d’« action directe » en dehors de leurs structures et sur lequel ils n’auront aucune prise.

On peut penser que la méfiance à l’égard du syndicalisme de la part des Gilets Jaunes était en partie due à leur inexpérience, mais il faut reconnaître qu’elle tenait aussi, précisément, à une « expérience » indirecte des résultats concrets du syndicalisme dans une époque de régression sociale. Ce n’est pas parce qu’ils n’étaient pas syndiqués que leur opinion sur l’utilité des syndicats ne reposait sur rien. Ils ont vu que les innombrables manifestations et grèves sporadiques organisées par les syndicats et de longues années de lutte « contre l’austérité » n’ont pas empêché la détérioration des conditions de vie. Les syndicats – et surtout la CGT – offrent aux travailleurs le cadre organisationnel d’actions défensives, face à la rapacité patronale et les politiques rétrogrades des gouvernements. La CGT constitue la colonne vertébrale du mouvement ouvrier français. Sans organisation, les travailleurs sont complètement à la merci des employeurs. Mais le syndicalisme a ses limites, surtout à notre époque, où la machinerie gouvernementale et les mécanismes du système capitaliste sont entièrement et implacablement tournés contre les intérêts des travailleurs et du progrès social. Même si les syndicats les plus combatifs étaient beaucoup plus forts qu’ils ne le sont actuellement, l’action syndicale ne pourrait en aucun cas résoudre les problèmes créés par le capitalisme. Même la grève générale, ultime expression de la puissance syndicale, ne peut que gêner le fonctionnement du capitalisme et paralyser temporairement certains secteurs d’activité. La grève générale ne deviendrait une menace sérieuse pour la survie du capitalisme que si elle formait la composante d’une offensive politique pour la prise du pouvoir des travailleurs. Les Gilets Jaunes ont cru pouvoir faire mieux que ce dont les syndicats étaient capables par l’action directe – blocage des autoroutes, assauts contre les « lieux du pouvoir », etc. Mais le mouvement des Gilets Jaunes n’a obtenu aucune concession tangible. Pour lutter, il faut définir des objectifs, élire des représentants, en un mot, s’organiser.

Pour un programme révolutionnaire

À notre époque, le capitalisme ne peut exister sans remettre constamment en cause les conquêtes sociales du passé. Les services publics doivent être transformés en autant de marchés et sources de profit. La position des travailleurs doit être rendue plus précaire, plus vulnérable. Les dépenses sociales doivent être réduites pour que les ressources de l’État profitent davantage aux capitalistes. Tout ce qui fait obstacle à la loi du profit doit être balayé. On peut tenter de résister à ce processus, mais, tant que le système reste intact, toute tentative sérieuse d’effectuer un transfert de richesses au détriment des capitalistes finit par se retourner contre ceux qui sont censés en bénéficier. Une réduction importante des profits dans une économie capitaliste est en fin de compte contre-productive, puisque les capitalistes ne maintiennent pas des activités qui ne sont pas assez rentables. Sous le capitalisme, ce qui n’attire pas le capital tombe. C’est précisément cette réalité qui a poussé les réformistes à la tête du PS et du PCF à abandonner leurs projets de réformes sociales, lorsqu’ils se sont trouvés aux commandes de l’appareil gouvernemental. La conclusion qui découle de cette réalité est que la lutte contre la régression sociale, contre le chômage de masse, la précarité de l’emploi, pour des services publics dignes de ce nom, et contre toutes les injustices et inégalités engendrées par le capitalisme ne peut être victorieuse que s’il passe par la suppression de la mainmise capitaliste sur l’économie et sur l’État. Réformes sociales et révolution sont indissociables. C’est de cette vérité objective – et de sa traduction dans une plateforme programmatique générale – que nous devons convaincre les militants de la CGT, du PCF, les Gilets Jaunes et tous ceux qui sont engagés d’une façon ou d’une autre dans la lutte contre le système.

L’expropriation des capitalistes ouvrira la voie à la mise en place d’une nouvelle organisation sociale, fondée sur la propriété publique et la gestion démocratique des ressources naturelles, productives et financières de la Nation, dans l’intérêt du bien commun et de l’égalité sociale. Nous appelons cette forme de société le socialisme ou le communisme – à ne pas confondre avec les régimes oppressifs qui en URSS et dans le Bloc de l’Est, ont jadis usurpé et dénaturé ces dénominations. La socialisation des moyens de production est l’unique moyen de résoudre les problèmes posés à l’humanité, y compris les problèmes majeurs qui sont d’ordre environnemental et écologique. Mais sans la démocratie la plus complète possible à tous les niveaux de l’organisation économique, sociale et administrative de la société, il est impossible de qualifier une société de socialiste ou communiste.

Perspectives et tâches

La grève des transports de l’hiver 2019-2020, survenue dans la foulée des mobilisations des Gilets Jaunes, marquait la fin d’une période d’atonie relative du mouvement syndical. Mais les événements de la dernière période n’étaient que la phase initiale de la radicalisation. La menace sanitaire du coronavirus a rendu le processus moins visible, mais ne l’a certainement pas interrompu. La prochaine grande vague de luttes aura, le moment venu, un caractère plus explosif, d’autant plus que la faiblesse électorale de la « gauche » ne favorise guère l’illusion d’une solution possible par la voie parlementaire.

La question centrale de notre époque est celle du programme du mouvement ouvrier, dans ses composantes syndicales et politiques. Si le mouvement ouvrier n’ouvre pas la perspective d’un renversement du pouvoir capitaliste en faisant de l’expropriation de la classe capitaliste l’axe central de son programme, le capitalisme réglera la crise à sa manière.

Ne pas prendre le pouvoir laissera la société dans une impasse et condamnera le mouvement ouvrier à une grave défaite. Clairement, entre l’adoption d’un programme révolutionnaire et la réalisation de la révolution elle-même, il y aura du chemin à faire pour convaincre les travailleurs de sa validité. Mais, d’une part, sans programme et sans direction, une révolution est exclue ; d’autre part, l’adoption du programme permettra de mieux combattre le capitalisme et reléguer à l’arrière-plan l’extrême droite nationaliste. Présenter aux travailleurs une perspective d’un changement révolutionnaire est indispensable pour discréditer le « changement » fallacieux que le nationalisme fait miroiter aux victimes du capitalisme.

En résumé, la récession actuelle mais nous savons d’ores et déjà qu’elle sera probablement la crise la plus grave du système capitaliste depuis 1945, et possiblement plus grave que la Grande Dépression des années 1930. En France, comme dans toute l’Europe, les capitalistes, dont les profits et les marchés sont menacés, deviendront encore plus implacables dans leur combat contre tout ce qui fait obstacle à la soumission au capitalisme de tous les aspects de la vie économique, sociale et politique.

En face de cette offensive, les travailleurs n’auront pas d’autre choix que d’y résister de toutes leurs forces. La crise produira une accélération du processus de radicalisation des travailleurs et des couches intermédiaires de la société, dont l’exaspération et l’aspiration au changement étaient déjà évidentes dans la période précédente. En parallèle avec ce processus, la crise donnera une nouvelle impulsion aux tendances nationalistes et xénophobes. L’exacerbation des antagonismes entre les États, au sein de l’Union européenne et à l’échelle mondiale, contribuera, elle aussi, à renforcer les tendances nationalistes. L’impuissance du parlementarisme tendra à accentuer les aspects bonapartistes du régime gouvernemental.

Devant nous s’ouvre une perspective favorable dans laquelle le militantisme révolutionnaire sera plus porteur que par le passé. Chez la couche la plus politiquement consciente et militante de la jeunesse et des travailleurs, l’impact de la crise posera la question du changement d’ordre social de façon plus impérieuse et fera porter un regard critique plus sévère sur les idées et les comportements des dirigeants du mouvement ouvrier. Il faut utiliser les occasions qui se présentent pour élargir l’audience des idées révolutionnaires. Au mouvement ouvrier – le PCF et la CGT, en particulier – de s’élever à la hauteur de cette situation. La lutte quotidienne pour le progrès social doit être liée, désormais, à l’objectif de la conquête du pouvoir par les travailleurs.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Gayraud de Mazars
 
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par com_71 » 15 Avr 2020, 18:21

Greg Oxley a écrit :...l’impact de la crise posera la question du changement d’ordre social de façon plus impérieuse et fera porter un regard critique plus sévère sur les idées et les comportements des dirigeants du mouvement ouvrier. Il faut utiliser les occasions qui se présentent pour élargir l’audience des idées révolutionnaires. Au mouvement ouvrier – le PCF et la CGT, en particulier – de s’élever à la hauteur de cette situation. La lutte quotidienne pour le progrès social doit être liée, désormais, à l’objectif de la conquête du pouvoir par les travailleurs.


Dialectique de l'absurde ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 16 Avr 2020, 23:50

Salut Com,

"Dialectique de l'absurde" ! Je n'ai pas tout compris mais cela n'est pas très grave camarade !

Au moins nous avons à La Riposte, à tes yeux, de rester dans le cadre de la dialectique de Hegel sans doute, et pourquoi pas comme marxistes, du matérialisme historique, mais ne mélangeons pas tout, la révolution socialiste a d'autres chats à fouetter que des querelles de chapelles stériles !

Fraternellement,
GdM
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Zorglub » 17 Avr 2020, 09:33

Salut GdM,
On ne parle pas de querelles stériles, mais justement de défendre la marxisme, en rappelant que le PCF et la CGT, déjà faillis, ne pourront qu'accoucher d'une souris.
Et en oubliant pas de remettre la dialectique avec la tête à l'endroit. ;)
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 17 Avr 2020, 10:14

Salut camarades,

COVID : les leçons d’une pandémie – 1/3

https://www.lariposte.org/2020/04/covid ... demie-1-3/

COVID : les leçons d’une pandémie – 2/3
16 avril 2020, sur le site de La Riposte
Par Boris Campos, PCF Lorient

https://www.lariposte.org/2020/04/covid ... demie-2-3/

La pandémie de COVID 19 s’étend inexorablement à travers le monde. Plus de la moitié de l’humanité vit confinée et les décès se comptent par dizaine de milliers. Une profonde récession mondiale se profile, dont nous savons d’ores et déjà que les conséquences se feront ressentir sur la décennie à venir – au moins. Nous ne saurions nous contenter d’une explication qui voudrait en réduire l’origine au pangolin ou à la chauve-souris, à un simple hasard de l’évolution. Cette crise trouve ses racines profondes dans les logiques propres à un mode de production qui détruit la planète et pille ses ressources, un mode de production qui influence les deux variables de l’équation d’une catastrophe : il augmente à la fois le risque de phénomène naturel extrême et la vulnérabilité de millions de personnes à ces phénomènes.

Un mode de production qui augmente le risque épidémique

Certains risques de phénomènes naturels extrêmes (incendies, cyclones, sécheresses, etc) augmentent avec le dérèglement climatique. Pour ce qui est du risque de pandémie, un article du monde diplomatique nous rappelle que ses racines sont pour partie identiques à celles du dérèglement climatique : la déforestation massive, conséquence d’une agriculture intensive et d’un modèle industriel extractiviste.

La surexploitation des forêts entraîne une modification des écosystèmes. Le paysage modelé par l’activité humaine peut favoriser le développement d’un vecteur de maladies, comme les moustiques, qui prolifèrent grâce aux eaux stagnantes liées à la moindre absorption des eaux de pluies. Il peut aussi amener à la diminution de la population d’une espèce prédatrice d’un vecteur. C’est ce qui a été observé aux Etats-Unis : la diminution de la population d’opossums a eu pour conséquence l’augmentation de la population de tiques, dont ils sont des prédateurs. Or, les tiques sont le vecteur de la maladie de Lyme. Enfin, les animaux menacés d’extinction, à la recherche de nourriture ou d’un nouvel habitat, se rapprochent des espaces de vie occupés par des humains. Le risque de contact est donc démultiplié -et avec lui, le risque que le virus franchisse la barrière inter-espèce et s’adapte à un nouvel hôte : l’être humain. C’est ce qu’il s’est produit pour le virus Ebola, qui circulait à l’origine parmi les chauves-souris, pour citer seulement le plus connu.

L’élevage intensif, pour sa part, mène à la concentration de milliers d’animaux sur des sites uniques. Ce sont des conditions idéales pour la transmission rapide d’un virus et à sa mutation vers de nouvelles souches, dont l’une d’elle pourrait devenir transmissible à notre espèce. Le virus de la grippe aviaire est l’illustration la plus connue : elle fait des ravages parmi les élevages de volailles. H5N1 en est la souche transmissible à l’homme.

Pour ce qui est du COVID 19, il semblerait que son origine soit lié au marché d’animaux vivants de Wuhan, en Chine. Les conditions du très lucratif trafic d’animaux sauvages sont propices à la transmission de microbes entre espèces qui ne se seraient jamais croisées dans la nature. C’est en tout cas un tel trafic qui avait permis l’adaptation du SARS-CoV-1, le coronavirus responsable de l’épidémie de SRAS en 2002-2003.

Chacun de ces éléments augmente le risque d’émergence d’un microbe nouvellement adapté à notre organisme. Ils ont un point commun : la marchandisation du vivant et des ressources de la planète. L’exploitation capitaliste de la nature augmente le risque de pandémie.

Un mode de production qui augmente la vulnérabilité de la population

Le microbe peut se montrer plus ou moins mortel pour son nouvel hôte. Mais la mortalité au cours d’une pandémie n’est pas simplement définie par les caractéristiques intrinsèques, la capacité à tuer du microbe transmis. De nombreux facteurs entrent en jeu : la capacité de résistance de l’organisme infecté (un individu en pleine possession de ses moyens physiques et psychiques aura probablement plus de chance de survie qu’un individu déjà affecté par d’autres maladies) et la capacité collective d’une société à faire face à l’émergence du nouveau microbe (stratégie collective de lutte contre l’infection, capacité de soins, niveau de connaissance, capacité d’ajustement de la production pour faire face à des besoins exceptionnels, etc). C’est pourquoi le taux de mortalité d’une pandémie n’est pas juste une statistique : il interroge l’organisation d’une société.

Sans prétendre à l’exhaustivité, nous souhaitons mettre en relief les questions politiques posées par les facteurs de vulnérabilité qui nous semblent peser le plus lourds dans la balance.

Une plus grande vulnérabilité des couches populaires : les pauvres mourront en plus grand nombre.

La létalité du virus est beaucoup plus importante chez les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies chroniques, en particulier de diabète, d’obésité, de problèmes cardiovasculaires ou respiratoires. Or, ces facteurs de risque sont inégalement répartis dans la population : ils concernent plus fréquemment les plus pauvres d’entre nous. Pour ne prendre que l’exemple de l’obésité (à laquelle s’associe volontier d’autres facteurs de risques), plus de 80% des patients hospitalisés en réanimation en France étaient en surpoids d’après un article du Monde du 7 avril. Or, l’obésité touche deux fois plus fréquemment les ouvrier.e.s, les employé.e.s, les petits commerçants et agriculteurs que les couches les plus aisées.

C’est un fait dont on ne prend pas suffisamment la mesure : l’espérance de vie des pauvres est plus courte que celle des riches. Et c’est peu de le dire : 13 années d’espérance de vie séparent les 5% les plus riches des 5% les plus pauvres. A cela s’ajoute un écart d’espérance de vie en bonne santé, de 10 ans si l’on compare les catégories cadres et ouvriers. Il n’y a pourtant aucune fatalité dans ces inégalités majeures. Leur origine n’a bien évidemment rien de génétique : elle est sociale. Les conditions de vie et de travail, le niveau de revenus, les difficultés d’accès à l’éducation, la malbouffe, pour ne citer que les déterminants les plus évidents, réduisent l’espérance de vie en bonne santé. Si l’on parle en terme de population et non d’individu, les personnes âgées appartenant aux couches populaires sont plus affectées par ces maladies chroniques. Elles sont donc plus vulnérables en cas d’infection par le coronavirus -et donc plus à risque de mort prématurée.

Les maladies chroniques sont les conséquences à plus ou moins long terme d’expositions à un ou plusieurs risques. Mais il faut rappeler qu’au cours même de la crise on observe une plus forte exposition des précaires au risque de transmission du coronavirus. De par leur métier d’abord : le télétravail ne concerne pas ou peu les “activités essentielles à la nation”. Au passage, cette question touche aussi à celle du genre. Aides soignantes, infirmières, aides à domicile, métiers du nettoyage, caissières : les métiers actuellement à risque, vitaux pour le fonctionnement de la société dans son organisation actuelle, sont précaires et en grande partie occupées par des femmes. La surexposition des couches populaires au risque de coronavirus s’explique ensuite de par leur lieu de vie. Le confinement dans les quartiers populaires n’est en rien comparable à celui des bourgeois et à ceux qui ont pu quitter les grandes métropoles pour se rendre dans leur résidence secondaire. Et ceux qui ont fui l’île de France n’auront pas à éventuellement être hospitalisé dans les hôpitaux saturés de la capitale.

Au Etats Unis, les données montrent qu’être noir.e est un facteur de risque de forme grave de coronavirus. La génétique pourrait être une partie de l’explication. Mais une partie seulement : les populations afro-américaines cumulent les facteurs de risque liés à la pauvreté (comorbidité plus fréquentes, postes de travail précaire et plus exposés, confinement dans des conditions dégradées). Nous n’aurons pas de telles données en France. Mais ici comme ailleurs, l’autopsie politique de cette pandémie ne peut faire l’impasse sur les questions de classe, de genre et de race comme cause de décès. Pour lutter contre les inégalités de santé, nous devons lutter contre les inégalités sociales – et donc contre le système qui les produit


Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 17 Avr 2020, 10:21

Salut camarades,

La suite et fin de l'article...

COVID : les leçons d’une pandémie – 3/3
17 avril 2020 sur le site de La Riposte

https://www.lariposte.org/2020/04/covid ... demie-3-3/

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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 19 Avr 2020, 10:33

Salut camarades,

Coronavirus : un révélateur des conséquences de l’abandon de l’hôpital et de l’industrie
Le dimanche 19 avril 2020, sur le site de La Riposte
Par Manuel Joriatti, PCF Nord (59)

Loin d’être un cas à part, le duo Macron-Philippe ne fait que prendre la suite d’une longue liste de dirigeants qui ont les uns après les autres diminué considérablement la couverture hospitalière du pays, tout en laissant le fleuron industriel sanitaire se délocaliser pour satisfaire la soif de profits des actionnaires. Derrière ces équipes dirigeantes se cache un système capitaliste qui profite à une caste ultra minoritaire dans le pays et dont le pouvoir et la fortune tiennent à cet appareil d’état à sa solde et au capital qu’elle détient....

https://www.lariposte.org/2020/04/coron ... industrie/

Image

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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par com_71 » 19 Avr 2020, 10:59

Je vais aller lire, mais "fleuron industriel sanitaire", je sais déjà que je vais trouver de l'infection nationaliste.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 19 Avr 2020, 16:45

Salut com,

com_71 a écrit :Je vais aller lire, mais "fleuron industriel sanitaire", je sais déjà que je vais trouver de l'infection nationaliste.


A La Riposte en théorie, par internationalisme prolétarien, on reste immunisé de l'infection nationaliste... Le reste, c'est du bon sens... Nous combattons le "produire français" véhiculé par Georges Marchais à l'époque et qui trouve encore au PCF des affidés...

Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 26 Avr 2020, 10:56

Salut camarades,

La répression s’aggrave en Amérique Latine
Le dimanche 26 avril 2020, sur le site de La Riposte
Par JS.B, PCF 92

https://www.lariposte.org/2020/04/la-re ... ue-latine/

Image

L’Amérique Latine semble depuis quelques mois retomber sous le joug des dictatures à la botte de l’impérialisme de Washington. Mais cela ne signifie en rien l’étouffement des conflits sociaux, qui restent plus vivaces que jamais. Exemples ici en Colombie et Haïti

En Colombie, un conflit social aux accents de guerre civile.

Le 21 novembre de l’année dernière, en Colombie, s’est déclenchée une grève générale. Initialement lancée par les syndicats pour lutter contre les réformes néolibérales, elle est devenue une lutte contre la corruption et la collusion entre le gouvernement et les paramilitaires.

Les réformes visent à minimiser le rôle de l’État, à précariser les salariés et les retraités et à baisser les impôts des sociétés. Il est prévu que les jeunes soient payés 75% du salaire minimum, lequel disparaîtrait. Il est question de mettre en place des contrats à l’heure. Le droit à la retraite est remis en cause et le système de retraites est en voie de privatisation. À tous ces problèmes s’ajoute celui de la corruption. Tout cela se passe dans un contexte d’un large soutien populaire au traité de paix avec les FARC, détricoté par le président de droite Ivan Duque qui, comme l’ancien président Uribe, mène une politique d’extrême droite. Cela a provoqué une reprise des armes par une partie des FARC. Par ailleurs, les manifestants réclament la dissolution de la police anti-émeute (ESMAD).

La Colombie est l’un des pays les plus violents contre les militants, qu’ils soient indigènes, afro-colombiens ou issus d’ONG pour les droits de l’homme où LGBTI. Tous subissent arrestations et perquisitions arbitraires, allant même jusqu’à des assassinats perpétrés par les militaires ou des paramilitaires.

Le 27 novembre de la même année, une nouvelle grève de 24 heures a eu lieu en réponse au vrai-faux dialogue lancé par le président. Le 19 décembre, une nouvelle journée massive de manifestations a eu lieu, aussi bien à Bogota qu’à Cali ou Medellin, à l’appel des étudiants. Selon la Banque mondiale, le pays serait le deuxième pays plus inégalitaire du continent, après le Honduras. Le président Duque est aujourd’hui l’un des présidents les plus détestés du continent avec les présidents Pinera, au Chili, avec Jovenel Moïse en Haïti et le putschiste hondurien Hernandez. Malgré toutes ces mobilisations, le résultat est faible. Si le plus grand budget de l’éducation nationale fa été adopté grâce à elles, la majeure partie des contre-réformes a été mise en application.

En Haïti, une décennie perdue sous le signe de la corruption et de l’impérialisme.

Depuis le 17 février 2019 se déroule une révolte contre le pouvoir de Jovenel Moise, président d’Haïti depuis 2017. Cette révolte est qu’elle vise la corruption endémique qui touche tous les aspects de la société et tous les niveaux de l’État. Le pays ne s’est jamais remis du tremblement de terre de 2010, le plus puissant depuis 1770. À partir de cette date, Haïti, déjà sous le coup d’une occupation des forces de l’ONU, sous couvert d’opération de maintien de la paix après le coup d’État de 2004 contre le président démocratiquement élu, Jean-Baptiste Aristide, va connaître une série d’incidents graves. Plusieurs massacres dans les quartiers populaires considérés comme des bastions d’Aristide ont eu lieu. L’épidémie du choléra, inconnue dans le pays depuis le 19e siècle, aurait été importée par des soldats népalais, causant la mort de près de 10 000 personnes au cours d’une décennie. Lors du séisme, la MINUSTAH (Mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti) a été d’une totale inutilité dans la gestion de crise, que ce soit dans le domaine sécuritaire ou sanitaire.

Haïti est a été le théâtre d’un véritable show humanitaire concernant les Marines américains. Pendant les premières heures du tremblement de terre, l’aéroport a été mis sous tutelle militaire. Dix milliards de dollars (7,2 milliards d’euros) ont été recueillis pour reconstruire Port-au-Prince et d’autres zones sinistrées. Mais le pays demeure vulnérable aux cyclones (tel que Matthews, en 2016) et une grande pauvreté y règne toujours.

L’assemblée générale des Nations Unies a adopté deux résolutions fondamentales. La résolution 43/131 du 8 décembre 1998 établit le principe de subsidiarité, exigeant aux États de favoriser l’accès aux victimes pour les secours internationaux. La seconde résolution 45/100 du 14 décembre 1990, institutionnalise l’humanitaire privé, établissant un droit de passage des ONG dans un pays sinistré. C’est ce que l’on appelle le droit d’ingérence.

L’incompétence des ONG et de l’ONU est décrite comme ceci par Chelsea Clinton en 2015: « Il n’y a aucune responsabilité au sein de l’ONU ou du système humanitaire international […] Le Bureau de l’Envoyé spécial (pour Haïti) – c’est à dire toi Papa – doit avoir l’autorité sur les Nations Unies et leur myriade d’agences, ce qui, je crois, te donnerait l’autorité adéquate sur la plupart des ONG internationales ». 80% des fonds venant des États-Unis retournent d’une façon ou d’une autre dans les poches nord-américaines. Seulement 2.6% des fonds de l’Agence américaine d’aide au développement (USAID) sont allés à des agences et entreprises haïtiennes. La branche américaine de la Croix Rouge a recueilli 488 milliards de dollars et n’a construit que 6 maisons, tandis que l’ONG Oxfam a sombré dans un scandale ou des membres de l’association ont été convaincus de délits sexuels et détournements de mineurs.

Le chanteur Sweet Micky, alias Michel Martelly, ancien milicien duvaliériste chez les « tontons macoutes », devient président avec l’aide des États-Unis en 2011. Il est soutenu par l’ancien porte-parole de l’ambassade américaine Stanley Schager, qui a joué un rôle clé dans le coup d’État de 1991 qui a renversé Aristide. Martelly se trouve à la tête d’un vaste système de corruption. Dès 2012, il est accusé d’avoir reçu un pot de vin d’un entrepreneur et sénateur dominicain, Félix Bautista, qui s’est vu accorder des contrats portant sur près de 200 millions de dollars, sans appels d’offres publics, pour la reconstruction après le séisme. Durant tout son mandat, de nombreuses manifestations contre la corruption se sont déroulées pour dénoncer le détournement des dons pour la reconstruction. Le rapport de la Cour des comptes haïtienne, paru en 2019, a montré que tous les Premiers ministres de la période Martelly ont détourné de l’argent du fonds Petrocaribe censé aider Haïti à se relever. Au total, ce sont près de 4 milliards de dollars qui ont été détournés.

Le 9 septembre 2018, lors des manifestations contre cette corruption massive, principalement à Port-au-Prince, mais aussi dans les grandes villes du pays comme Cap-Haïtien, la réponse gouvernementale a été brutale. Du 13 au 18 novembre 2018, dans La Saline, un quartier pauvre de la capitale, une mission punitive a été lancée, produisant un véritable massacre. Le rapport des Nations unies corrobore les accusations formulées par des organisations haïtiennes. Un représentant du pouvoir exécutif serait impliqué dans le massacre dans lequel 71 personnes ont trouvé la mort. Alors même que les gangs étaient en train de tuer et violer dans le quartier, des témoins ont vu arriver Richard Duplan, le délégué départemental de l’Ouest. « Vous avez tué trop de personnes, ce n’était pas ça votre mission », aurait-il dit. Un an plus tard, toujours à Port-au-Prince, un nouveau massacre de 15 personnes a eu lieu, à Bel-Air. Deux membres de l’exécutif haïtien se sont rendus à Bel-Air quelques jours plus tôt pour demander aux manifestants d’enlever les barricades. Le 4 novembre 2019, les gangs sont arrivés pour nettoyer les rues. Repoussés par une résistance du quartier, des membres du gang ont ouvert le feu, tuant ainsi un vendeur de pain. Les jours suivants plusieurs maisons et véhicules ont été incendiés. Le 6 novembre 2019, 13 personnes sont mortes brûlées dans un incendie volontaire. Une autre victime a été décapitée. Les cadavres ont été emportés par les assassins.

Le Fonds Monétaire International est intervenu dans les affaires économiques d’Haïti, en lui ordonnant d’augmenter les prix des produits pétroliers de 50 %. Ce qui n’a fait qu’attiser la révolte populaire et montrer une fois encore le caractère illusoire de la souveraineté économique des pays d’Amérique latine. Dès cette annonce, la colère populaire se transforme en un mouvement de masse et de longue durée appelée « peyi lock » ou « pays bloqué » qui prend la forme d’une grève générale à partir du 17 octobre 2019. Haïti avait déjà connu une période de « peyi lock » en février de la même année.

Ainsi entre novembre 2019 et janvier 2020, tous les rouages économiques du pays sont à l’arrêt. Face à lui le gouvernement Moïse a le soutien de la « communauté internationale », incarnée notamment par les États-Unis, le Canada, la France et l’Espagne. En effet, l’opposition politique, réformiste et opportuniste, n’a qu’une seule ambition : le pouvoir. Son leader, André Michel a voulu obtenir le soutien du gouvernement américain pour se faire nommer président provisoire à la place de Martelly. Quant au Parti Radical mené par Jean-Charles Moïse, sa politique est semblable à celle des partis de gauche latino-américains qui étaient au pouvoir au début des années 2000, c’est-à-dire radical sur la forme mais timide sur le fond. Au cours des premiers mois de 2020, l’instabilité règne toujours. Les policiers se sont soulevés – avec succès – pour obtenir le droit de se syndiquer. Le dimanche 23 février 2020, au moins quatre policiers ont été blessés dont trois par balles, dans un échange de tirs entre les agents de la Police nationale d’Haïti et les nouvelles Forces armées d’Haïti. Chez les militaires, on fait état de deux blessés et un tué.


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