fil "interventions de La Riposte"

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 17 Fév 2020, 05:43

Salut camarades,

Bonne lecture de cet article pertinent...

L’enfer australien, l’enfer capitaliste
Le dimanche 16 février 2020, sur le site de La Riposte
Boris Campos, PCF 56

https://www.lariposte.org/2020/02/lenfe ... pitaliste/

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Le phénomène des “méga-feux” prend une ampleur inquiétante à travers la planète. Après l’Amazonie, la Sibérie et l’Indonésie, l’Australie s’est embrasée. Depuis octobre, c’est plus de 10 millions d’hectares qui sont partis en fumée, une superficie supérieure à celle du Portugal. Et ce n’est pas terminé : la saison des incendies devrait se poursuivre jusqu’en mars. Le bilan est cependant déjà terrifiant. Concernant le monde animal, au moins 1 milliard d’animaux sont morts, 1 million de milliards si on tient compte de toute la biodiversité. Il faut s’attendre à de nouvelles extinctions d’espèces. Certains animaux assoiffés, comme les dromadaires, introduits lors de la colonisation pour explorer les déserts, s’approchent des habitations et sont abattus par milliers. Pour ce qui est de notre espèce, les incendies ont fait plus de 30 morts et détruits plus de 2.000 habitations. L’incendie vient frapper aux portes de villes en état d’urgence. Après Canberra, c’est Melbourne qui a ponctuellement pris la tête du classement des villes les plus polluées du monde. Respirer même devient dangereux. Les fumées entraînent de nombreuses maladies respiratoires et sont un facteur de risque de décompensation d’autres maladies chroniques. Débordé par des feux hors de tout contrôle, l’être humain en vient à espérer un autre élément sur lequel il n’a aucune prise : la pluie. Comme d’habitude face à ce genre de phénomènes, le discours dominant parle de catastrophes “naturelles”. Pourtant, ces feux sont éminemment politiques.

Une “catastrophe naturelle” ?

Il ne faut pas confondre catastrophe et phénomène naturel. Les tremblements de terre, les inondations et les épisodes de sécheresse, les cyclones, les éruptions volcaniques ou encore les incendies sont autant de manifestations de la nature qui ont toujours existé et existeront toujours. Que ces manifestations, par leur intensité et leur caractère imprévisible, puissent constituer un risque pour l’être humain, c’est une chose. Mais cela ne rend pas pour autant la nature responsable du désastre. L’homme qui se trouve à terre après avoir trébuché sur une pierre ne rend pas cette dernière coupable. Ou alors il se condamne à l’impuissance.

Il ne faut pas confondre catastrophe et phénomène naturel

Ce qu’on appelle communément une « catastrophe naturelle » résulte en réalité de la combinaison d’un (ou plusieurs) phénomène naturel à des conditions sociales, économiques et physiques rendant vulnérables à ce phénomène. Plus une population est vulnérable moins le phénomène naturel aura besoin d’être “catastrophique” pour que se produise une catastrophe. Confronté à un même phénomène naturel, une femme pauvre vivant dans les bidonvilles d’une ville industrielle d’un pays sans système de santé digne de ce nom aura moins de chance de survie qu’un riche propriétaire habitant une maison en dur avec les moyens de se procurer eau potable, nourriture, moyen de transport et des soins. Exprimé ainsi, cela semble être une évidence. Pourquoi alors le discours dominant, qu’il soit celui des dirigeants politiques, celui de publications technico-scientifiques ou même celui d’ONG humanitaires s’obstine-t-il à propager l’expression de “catastrophe naturelle” ?

Parler de “catastrophe naturelle”, c’est considérer que la “nature” est responsable d’un désastre, de pertes humaines et matérielles, de souffrances. Cette fausse conception mène à de fausses solutions. Impuissant face à la nature, on en revient toujours à s’en remettre, sous une appellation ou une autre, au surnaturel. La campagne “Pray for Australia” en est une illustration typique. C’est donc à dessein que cette expression est utilisée : pour mener à l’impasse dans nos réflexions. Car parler de « catastrophes naturelles » c’est se dispenser de la recherche de responsables. Parler de catastrophes naturelles, c’est poser un voile pudique sur la vulnérabilité de certaines populations. Et ainsi s’épargner la démarche d’en trouver les causes et de les résoudre.

Méga-feux et réchauffement climatique

L’organisation sociale et économique actuelle de l’espèce humaine met en situation de vulnérabilité des milliards d’individus, victimes d’injustices sociales en situations d’insécurité et de danger face à certains phénomènes naturels. Mais ce n’est pas tout. L’espèce humaine, comme n’importe quelle espèce animale, interagit avec son environnement. A la différence des autres espèces, son « empreinte » environnementale se mesure à l’échelle du globe. A tel point désormais que nous pouvons affirmer que le mode de production dominant des sociétés humaines entraîne un dérèglement climatique qui augmente le risque même de phénomènes naturels particulièrement intenses. En d’autres termes, le capitalisme génère à la fois l’augmentation d’un risque et la vulnérabilité face à ce risque. Ce sont les ingrédients qui donnent naissance aux catastrophes.

Parler de “catastrophe naturelle”, c’est considérer que la “nature” est responsable d’un désastre, de pertes humaines et matérielles, de souffrances. Cette fausse conception mène à de fausses solutions.

La composition des forêts australiennes est propice aux incendies puisque majoritairement composées d’eucalyptus, arbre particulièrement inflammable. Les “méga-feux” embrasent des milliers d’hectares à des températures très élevées. Ils ont la particularité d’entraîner la formation de nuages qui engendrent des éclairs, sans pluie. La foudre provoque alors de nouveaux départs de feux. Mais plusieurs phénomènes naturels doivent se combiner pour que l’incendie se propage à une telle échelle : une sécheresse intense, une chaleur record et des vents violents.

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Le réchauffement climatique interfère avec chacun de ces facteurs. Les records de températures ont été battus deux fois rien qu’en décembre 2019, avec une moyenne de 41,9°C le 18 décembre. L’année 2019 est la plus chaude du pays jamais enregistrée depuis 1910. En réduisant les précipitations, le réchauffement climatique aggrave la sécheresse et diminue les possibilités de procéder à des feux contrôlés préventifs en hiver. S’ajoute le problème de la dégradation des forêts. L’augmentation des températures favorise la prolifération de virus, de champignons ou d’insectes qui viennent fragiliser les forêts et les rendent plus vulnérables aux incendies. Année après année, le dérèglement climatique augmente donc à la fois le risque d’incendie et la durée de la période à risque.

Sans oublier que l’entretien des pistes forestières fait défaut depuis les années 90, suite aux choix de gouvernants qui se sont succédés. Cela rend plus difficile l’accès des pompiers aux foyers des incendies une fois qu’ils sont déclarés.

Colonisation, extraction minière et agriculture intensive

Les émissions de gaz à effet de serre, dont le CO2, entraînent le dérèglement climatique. Issu du colonialisme européen, le capitalisme Australien s’est développé sur la base d’une économie extractiviste et d’une agriculture intensive. Ce qui en a fait aujourd’hui un des pays au taux d’émission de gaz à effet de serre par habitant le plus élevé au monde. Pire : depuis les années 1990, la production de CO2 y a augmenté de 46%. L’Australie est devenue le premier exportateur mondial de charbon et le deuxième pour ce qui est de l’exportation de gaz. Les mines polluent et assèchent les nappes d’eau souterraines. Les exportations augmentent le trafic maritime et le risque de pollution accidentelle. La combustion de ces énergies fossiles accélère le dérèglement climatique. Et comme nous l’avons vu, le dérèglement climatique aggrave et aggravera le risque de méga-feux. Pourtant, le capitalisme australien poursuit sa course vers l’abîme. En témoigne le gouvernement conservateur de Scott Morrisson, qui travaille avec une compagnie indienne à l’ouverture d’une immense mine de charbon, près de Townsville -et de la grande barrière de corail- pour l’exporter vers l’Inde. Pour en donner la mesure : à elle seule, cette mine augmenterait de 20% les exportations nationales de charbon.

Parler de catastrophes naturelles, c’est poser un voile pudique sur la vulnérabilité de certaines populations. Et ainsi s’épargner la démarche d’en trouver les causes et de les résoudre.

Pour ce qui est de l’agriculture, l’Australie n’est devenue l’un des premiers producteurs mondiaux de blé, de laine et de viande qu’au prix d’une déforestation insensée. Les colons, ignorant le climat et le fonctionnement du milieu australien, ont cherché à reproduire le modèle agricole occidental. La faune et la flore pré-coloniale de l’île-continent, ont été massivement remplacés par des espèces européennes. Les dromadaires ne sont pas les seules espèces animales à avoir été introduites. Entre autres, le bétail importé, les bœufs et les moutons, ont contribué à détruire et durcir les sols. Le développement d’une agriculture intensive dans un des pays les plus arides du monde a nécessité la mise en place d’un vaste réseau d’irrigation. Depuis les années 90, l’État Australien a offert la gestion de l’eau aux marchés financiers. Le prix de l’eau, soumis aux aléas climatiques et à la spéculation, favorise les plus grandes exploitations. Pour satisfaire les besoins de ces grandes fermes, les quantités d’eau prélevées dans les fleuves et les grands bassins augmentent, parfois en toute illégalité, ce qui accroît la sécheresse. L’eau potable manque, même dans les forages ou les réservoirs. Les sols se salinisent et diminuent les rendements agricoles. Les grands propriétaires tentent de les maintenir à grand renfort d’intrants qui viennent polluer les eaux côtières, menaçant notamment la vitalité de la barrière de corail du Nord-Est du pays.

La grande barrière de corail n’est pas simplement un site touristique de premier plan inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Cet organisme vivant est avant tout un lieu ou se reproduisent quantité d’animaux marins -renouvellement indispensable pour une pêche durable- ainsi qu’un relief qui préserve les rivages de l’érosion. Ce dernier point mérite de s’y attarder car le problème du réchauffement climatique ne se résume pas à celui des incendies ou de la sécheresse. Près de 90% des australiens vivent à moins de cinquante kilomètres de la côte. Plus de la moitié des 25,4 millions d’habitants du pays se concentre sur la bande littorale entre Brisbane et Melbourne, au Sud-Est du pays. Au delà de la pression que cela exerce sur une ressource en eau en voie de raréfaction, le fait est que l’Australie en devient le pays développé le plus vulnérable à la montée des eaux et aux cyclones extratropicaux. Lorsque les côtes seront submergées, en serons-nous encore à pointer du doigt la « nature » ?

Un pouvoir politique dominé par le pouvoir économique

Plus grosse est la crise, plus gros doit être le mensonge. Le gouvernement australien s’obstine à ne pas reconnaître le lien entre réchauffement climatique et ces incendies. Il faut dire que le lobby de l’industrie minière dépense des millions de dollars australiens pour influencer les gouvernements qui se succèdent. Pour ce qui est des médias, la classe dirigeante australienne n’a pas besoin de les influencer : elle les possède. L’Australie est le pays où la concentration y est une des plus importantes du monde. La plupart, dont plus de 90% de la presse quotidienne, y sont la propriété du milliardaire Rupert Murdoch. Le second groupe de presse est notamment la propriété de la femme la plus riche d’Australie, Gina Rinehart, héritière du groupe minier Hancock Prospecting. Climatoseptiscisme et défense des intérêts des groupes miniers vont de pair.

Climatoseptiscisme et défense des intérêts des groupes miniers vont de pair.

Comme partout ailleurs, le capitalisme engendre une répartition des richesses inégalitaire. 86% de l’industrie minière du pays est détenue par des compagnies étrangères. La plus grande part de la plus-value générée échappe aux recettes publiques : dans l’État du Queensland, par exemple, les redevances sur le charbon ne contribuent aux recettes publiques qu’à hauteur de 6,4% -et descendront probablement en dessous des 5% dans les années à venir. Mais un grand nombre d’emplois directs et indirects dépend de cette industrie. En l’absence d’alternative claire à gauche, la droite conservatrice se maintient grâce à une version australienne du chantage à l’emploi. Augmenter les taxes sur l’industrie minière, ce serait s’attirer le courroux des marchés. Ce serait risquer une fuite de capitaux, des fermetures ou des réductions de production. Des licenciements suivraient inévitablement. Celles et ceux dont l’emploi dépend de cette industrie le comprennent très bien. Et à leurs oreilles, ceux qui proposent de taxer le capital des grands groupes miniers tout en refusant de toucher à la propriété de ces groupes proposent de s’engager dans une bataille avec la certitude de la perdre.

Quelle issue ?

Dans le monde que nous prépare le capitalisme, la taille et surtout la fréquence des méga-feux vont augmenter. Ce qui aujourd’hui nous apparaît comme une “catastrophe” deviendra un phénomène récurrent. Mais si nous sortons du champ de pensée restreint où nous confine les tenants de la catastrophe naturelle, nous voyons que nos moyens d’actions ne se limitent heureusement pas à la prière. Nous pourrions diminuer notre impact sur la nature et par là même diminuer le risque de phénomène naturel. Nous pourrions agir pour prévenir en amont d’un désastre, comme en entretenant les forêts ou en préservant les ressources en eau dans le cas de l’Australie. Nous pourrions renforcer les capacités de résiliences des populations. A une condition : s’il est vrai que le réchauffement climatique découle de choix politique et économique, alors nous aurons à imposer d’autres choix.

Il ne suffit pas de “protéger” les ressources naturelles. Il faut avant tout changer nos rapports entre la nature et le système de production. Du point de vue capitaliste, la terre est pleine de richesses qui ne demandent qu’à être exploitées. Ses ressources ne sont que des marchandises, sources potentielles de profits. Mais la nature a ses limites, les ressources sont épuisables ou bien ont leurs propres rythmes de régénération. L’être humain, s’il doit agir sur la nature et la transformer pour survivre, est incapable de créer la nature. Il en sera à tout jamais dépendant. L’être humain n’est en revanche pas dépendant de l’économie de marché. Pour faire primer l’intérêt général sur l’intérêt privé, il devra même s’en libérer. Le mot d’ordre « changer le système, pas le climat » doit devenir un programme concret – un programme qui ne peut être que révolutionnaire. La question de la propriété des mines, par exemple, n’est pas seulement celle de la distribution des richesses. Incluse dans un programme plus global, elle permettrait d’organiser au plus vite la sortie des énergies fossiles tout en préservant ceux qui en dépendent pour vivre. Pour pouvoir prendre des mesures à la hauteur de l’enjeu, nous devons prendre les rênes de l’économie et y étendre les droits démocratiques dont nous sommes actuellement privés. Dans les questions écologiques comme dans les autres, l’heure n’est pas à la “transition” mais à la rupture.

Principales sources :

source image de couverture : www.begeek.fr

https://www.franceinter.fr/emissions/la ... ryTVYX9nvw

“Nous ne vivons pas seulement dans l’Anthropocène mais ….” 4 janv.. 2020, https://reporterre.net/Mega-feux-Nous-n ... e-Pyrocene. Date de consultation : 26 janv.. 2020.

“Australie: Canberra, ville la plus polluée au monde – Le Figaro.” 2 janv.. 2020, https://www.lefigaro.fr/international/a ... e-20200102. Date de consultation : 26 janv.. 2020.

“Malgré les mégafeux, l’Australie ne rompt pas avec l’industrie ….” 17 janv.. 2020, https://reporterre.net/Malgre-les-megaf ... du-charbon. Date de consultation : 25 janv.. 2020.

https://www.futura-sciences.com/planete ... 8eylV7Q7G4

“Nous ne vivons pas seulement dans l’Anthropocène mais ….” 4 janv.. 2020, https://reporterre.net/Mega-feux-Nous-n ... e-Pyrocene. Date de consultation : 26 janv.. 2020.

“Les incendies en Australie sont-ils dûs à un défaut d’entretien ….” 9 janv.. 2020, https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/ar ... 55770.html. Date de consultation : 25 janv.. 2020.

“Australie : les savoir-faire aborigènes, une solution contre les ….” 16 janv.. 2020, https://reporterre.net/Australie-les-sa ... s-megafeux. Date de consultation : 25 janv.. 2020.

“L’Australie retourne au charbon, avec la mine controversée ….” 16 juin. 2019, https://www.lesechos.fr/industrie-servi ... el-1029517. Date de consultation : 30 janv.. 2020.

“Crise de l’eau : le laboratoire australien (1), par Marc Laimé ….” 11 juin. 2007, https://blog.mondediplo.net/2007-06-11- ... stralien-1. Date de consultation : 26 janv.. 2020.

“En Australie, une saison en enfer Maxime Lancien, janvier 2020.” 2 janv.. 2020, https://www.monde-diplomatique.fr/2020/01/LANCIEN/61166. Date de consultation : 26 janv.. 2020.

“L’Australie et ses médias contre les changements climatiques ….” 7 janv.. 2020, https://www.ledevoir.com/monde/asie/570 ... limatiques. Date de consultation : 25 janv.. 2020.


Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 18 Fév 2020, 13:24

Salut camarades,

D’où vient la violence
Le lundi 17 février 2020, sur le site de La Riposte
Par Gauthier HORDEL, PCF 76

https://www.lariposte.org/2020/02/dou-v ... -violence/

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Face à la montée de la contestation sociale, les médias claironnent en chœur et de manière quasi quotidienne dans la presse ou sur les antennes, que nous serions dans une période violente où régnerait un climat délétère et dangereux. Comprenez par là que le mouvement de protestation qui s’est engagé de manière presque ininterrompue depuis l’apparition des gilets jaunes en novembre 2018 jusqu’à la lutte contre la casse des retraites aujourd’hui, est dépeint, par certains de ses aspects, comme violent, incontrôlable, et serait le fait d’une minorité déterminée et qui représenterait une menace pour la démocratie. Les médias réagissent vivement, face à une situation tendue, se plaçant en « élites » éduquées et donneuses de leçons tandis que les travailleurs doivent faire face à un gouvernement méprisant appliquant des réformes de régression sociale.

Il est vrai que la période dans laquelle nous entrons se caractérisera par une succession de crises sociales provoquées par des politiques visant à détruire toutes les conquêtes sociales du passé. Celles-ci sont devenues intolérables pour la classe capitaliste, en lesquelles elle y voit un obstacle pour leurs profits, pour l’amélioration de leur « compétitivité » dans ce grand marché mondial. En effet, le système capitaliste dont les fondements sont basés sur la propriété privée des moyens de production et d’échange induit la concurrence sur un marché qui ne connaît que des crises depuis les années 70. Les marchés sont inondés de marchandises, qui entrent en concurrence entre elles pour trouver preneur. La saturation des marchés est responsable des crises économiques. Et les capitalistes font peser sur le dos des travailleurs les conséquences sociales de ces crises (chômage, délocalisation, casse sociale…). Il est vital pour les capitalistes que le soi-disant « coût du travail » soit réduit afin que les marchandises soient plus concurrentielles. C’est pendant ces périodes de crises économiques que les intérêts antagoniques entre le capital et le travail sont à leur paroxysme et c’est la raison pour laquelle les gouvernements, se pliant aux exigences du pouvoir économique des capitalistes, engagent des réformes de destruction au nom de la « reprise économique ».

La dernière grande contre réforme des retraites sous Sarkozy en 2010 avait provoqué une forte mobilisation. La CGT, comme à chaque grande mobilisation, y représentait l’élément moteur en termes de force syndicale. Malheureusement ce mouvement s’est soldé par un échec et force est de constater que tous les grands mouvements de luttes dans la dernière décennie n’ont abouti qu’à des défaites. Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’une colère sourde se forme, explosant ici et là sous différentes formes. La preuve est faite que le capitalisme a épuisé son rôle progressiste dans l’histoire et que son maintien ne peut se faire qu’au prix de la régression sociale.

Que se soit lors du mouvement des gilets jaunes ou celui de la lutte contre la casse des retraites, la situation impose aux militants un esprit toujours plus combatif et dont la détermination peut s’apparenter à de la violence aux yeux de l’ordre établi ou aux journalistes à la solde du capital. Il est évident que leur niveau de vie en tant que couche aristocratique des médias est incomparable avec celui d’un travailleur précaire. Le système capitaliste repose sur les inégalités et ce fait en lui-même est d’une grande violence : violence économique, violence sociale et violence politique utilisant la démocratie comme paravent de l’égalité.

Mais lorsque les masses se soulèvent contre cette inégalité fondamentale, obligées d’utiliser les moyens d’action adéquats ou exprimant une exaspération, alors cette colère est cataloguée de violence. Les opprimés n’ont nullement le droit de retourner cette violence contre leurs oppresseurs, la loi se charge de cette interdiction.

Si on se réfère à la période actuelle, celui du mouvement concernant la réforme des retraites, des évènements sont instrumentalisés pour dénoncer la violence des manifestants et en l’occurrence jeter l’opprobre sur la CGT. Il suffit de peu de chose pour monter en épingle des actions comme celles de l’intrusion de militants CGT au sein du siège de la CFDT dont la collaboration de classe n’est plus à démontrer, avec pour seule violence de couper brièvement l’électricité. Macron de déclarer que « ces violences sont une honte pour la démocratie » ou Laurent Berger de parler de violence inacceptable alors qu’il est prêt à cautionner une réforme de recul social. Il ne s’agit ici que d’un exemple mais tout est utilisé pour dépeindre ce mouvement comme agressif et anti-démocratique aux dires de la députée LREM Marie-Christine Verdier-Jouclas : « une minorité fait une croix sur la démocratie ».

De la même manière les grèves et les blocages sont présentés comme le fait d’une minorité qui cherche à défendre ses intérêts propres. Les cheminots ont été traînés dans la boue, désormais ce sont les portuaires et dockers qui par leur action de « port mort » provoqueraient un désastre économique dont les principales victimes seraient les travailleurs eux-mêmes. Il faut bien comprendre que dans cette lutte qui oppose les travailleurs au capital, la seule manière de faire céder le gouvernement au service de ce dernier est de provoquer un blocage de l’économie. Les capitalistes connaissent uniquement ce langage. La seule motivation de la classe capitaliste est l’argent, le profit. Les travailleurs n’ont donc que ce moyen de pression pour faire valoir leurs revendications.

La situation étant, et, quelle que soit l’issue de la lutte en cours, des crises sociales vont éclater dans les années à venir et de nouvelles confrontations de ce type auront lieu. La caducité du système ne peut qu’engendrer une confrontation de classe. Pour le moment, le mouvement dans sa majorité ne se borne qu’à des revendications immédiates. Mais déjà le gouvernement peut s’appuyer sur son appareil répressif, pour contenir ou intimider par l’utilisation de la violence. L’Etat étant le seul détenteur de la violence légal, il en a le monopole. L’expression de l’exaspération des travailleurs est le symptôme d’une crise révolutionnaire en gestation. Si elle demeure confuse dans la conscience des travailleurs, dans les milieux capitalistes bien informés ou à la tête du gouvernement, cette situation ne leur échappe pas. La révolution n’est pas un processus conscient de prime abord dans la tête des travailleurs qui entrent en mouvement. Elle repose au départ sur des revendications immédiates entrant directement en conflit avec les profits capitalistes, mais qui peut se transformer ensuite par une lutte pour le pouvoir politique et économique. Nous n’en sommes pas à ce stade aujourd’hui, mais apeurés par cette perspective, capitalistes et gouvernement tentent d’anticiper cette situation. Seule la répression d’État peut servir de rempart, la police et l’armée en cas de dernier recours. C’est la raison pour laquelle nous voyons l’augmentation de la répression policière à coups de LBD, grenades assourdissantes, gaz lacrymogène et comparutions immédiates depuis les gilets jaunes. Le fait indéniable que Macron ait cédé aux revendications de la police et de l’armée concernant la question des retraites (ou pensions en ce qui concerne l’armée) en est une illustration. Il serait très dangereux pour lui de se mettre à dos le seul moyen de contenir la contestation sociale qui pourrait prendre potentiellement une allure insurrectionnelle.

Le salariat moderne dispose d’un immense pouvoir : celui de faire tourner l’économie. Rien ne peut se faire sans son assentiment. Lorsqu’une fraction infime de ses membres dans des secteurs stratégiques lancent des actions de blocage, l’économie capitaliste vacille, les profits sont affectés, les capitalistes par la voie de leurs médias crient au scandale et mettent tout en place pour répercuter les conséquences économiques sur les travailleurs. C’est la raison pour laquelle, tant qu’ils conserveront le pouvoir économique, il ne pourra y avoir de justice sociale. Le seul moyen d’en finir est de leur arracher le pouvoir économique des mains et le placer sous le contrôle démocratique des travailleurs. Se posera nécessairement dans cette lutte la question du pouvoir économique et politique. Engels disait « en dernière instance, l’État est une bande d’hommes armés ». L’État né de la société de classe est un outil de répression des capitalistes contre les travailleurs et qui ne manquera pas de réprimer durement un mouvement insurrectionnel qui posera la question du pouvoir. Nous ne pouvons nourrir des espérances pacifistes, qui dans une telle situation s’apparentent à de l’utopie, pour la simple et bonne raison que la violence émane en premier lieu de la classe dominante et ce sera elle dans de telles circonstances qui engagera la répression violente.


Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 21 Fév 2020, 16:53

Salut camarades,

Bien triste nouvelle qui nous vient du Pakistan.

Le camarade Lal Khan, dirigeant marxiste et révolutionnaire de "The Struggle", La Lutte au Pakistan, dont La Riposte a des relations fraternelles, nous a quitté ce 21 février 2020. Il luttait contre le cancer depuis près d'un an et demi, Il avait 64 ans.

Pendant plus de quatre décennies, il est resté un soldat infatigable dans la lutte pour les intérêts historiques de la classe ouvrière sous le drapeau du marxisme et du socialisme révolutionnaire !

Lal Khan luttait depuis quelques années contre une maladie grave et même avec une énergie limitée, il était toujours un passionné de défense du marxisme révolutionnaire et internationaliste, héritage de Léon Trotsky.

A partir d'une poignée d'étudiants exilés aux Pays-Bas, ils ont construit ensemble l'une des organisations trotskystes les plus nombreuses et respectées d'Asie du Sud-Est qui tiendra son 38e congrès début mars dans le but de rassembler 2000 révolutionnaires.

Il était rédacteur en chef de l'Asian Marxist Review, l'un des sites Web les plus reconnus de cette région géante de la planète.

C'est une perte irréparable pour les révolutionnaires du Pakistan et du monde.

Honneurs et gloires aux nôtres!

Communiqué de "The Struggle" en Urdu...

http://www.struggle.pk/?p=31075&fbclid= ... 5X307s1QTI

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Lal Khan

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Lal Khan et Ted Grant

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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 22 Fév 2020, 09:20

Salut camarades,

Cet article est dédié à notre camarade Lal Khan disparu hier 21 février, en soutien à ses camarades et ses proches qui reprennent fièrement le flambeau. Les écrits de Lal Khan sur le Moyen-Orient sont une source d'inspiration et de compréhension des événements qui secouent cette région depuis des décennies. Un travail de traduction d'une sélection de ces œuvres a été entamé et sera proposé à nos lectrices et nos lecteurs.

Iran : la république islamique en crise
Le samedi 22 février 2020, sur le site de La Riposte
Par Jules B, PCF Paris

https://www.lariposte.org/2020/02/iran- ... -en-crise/

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Ce 21 février se sont déroulées des élections législatives en Iran. Alors que le régime est plus contesté que jamais par le peuple iranien, il est absolument exclu que le scrutin en lui-même apporte quelque changement que ce soit. En effet, le système électoral est totalement verrouillé par le Conseil des Gardiens qui écarte systématiquement toute candidature critique vis-à-vis du régime en place. Alors que le pays a connu en novembre dernier ses manifestations les plus massives, et que le mouvement de contestation de ces dernières années met en cause l’ensemble de la classe politique de la république islamique ainsi que le Guide Suprême, il est fort probable que la répression utilisée jusqu’à maintenant pour faire taire les voix critiques ne suffise plus à enrayer cette contestation.

La situation de crise économique que traverse le pays, fortement aggravée par l’embargo américain, pousse de plus en plus d’Iraniens à braver les menaces de répression pour manifester leur mécontentement. Alors que le chômage atteint des niveaux inédits et que l’inflation reste à un niveau insupportable pour les classes populaires, les mesures d’austérité budgétaire annoncées depuis la réélection du président modéré Hassan Rohani en 2017 rendent intolérables les privilèges, la corruption et le clientélisme endémique à la République Islamique.

Les premières manifestations que l’on peut inscrire dans le cadre de ce mouvement de protestation sont celles de décembre 2017. Bien que limitées, tant par le nombre de villes concernées que par la faible mobilisation (quelques dizaines de milliers de manifestants), elles marquent un tournant car pour la première fois apparaissent des slogans ouvertement hostiles au régime ainsi que des revendications principalement économiques et sociales. En effet au moment des manifestations massives de 2009, qui faisaient suite à la réélection à la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, la colère des manifestants visait essentiellement les courants religieux radicaux du système politique iranien. De ce fait, les manifestants soutenaient à l’époque les « opposants » du courant modéré du régime, appelés réformateurs, dont leur candidat battu aux élections Mir Hossein Moussavi. Les réformateurs sont aujourd’hui au pouvoir ; loin d’améliorer la situation des couches les plus précaires de la société iraniennes, ils ont promulgué des lois austéritaires, notamment des coupes dans les dépenses sociales et une augmentation des prix des carburants et des denrées alimentaires. Ce sont ces mesures, annoncées par Rohani pour le budget gouvernemental de 2018, qui sont à l’origine du mouvement de protestation. Mais la faible ampleur de la mobilisation, la répression menée par les Gardiens de la Révolution ainsi que la reconnaissance par Rohani de la légitimité de certaines revendications des manifestants, ont permis au régime d’étouffer rapidement la contestation.

Ce mouvement est relancé en novembre 2019, suite à l’annonce de nouvelles taxes sur le prix des carburants. Alors que le régime peut dépenser sans compter sur le plan intérieur dans les institutions religieuses et les milices pro-régime et sur le plan extérieur, notamment en Syrie, au Yémen et en Irak pour soutenir les mouvements proches de lui, ce sont donc aux masses laborieuses qu’il fait payer la crise économique dans laquelle est plongé le pays. Ces manifestations sont les plus massives qu’ait connu le pays depuis la chute du shah en 1979. Durant une dizaine de jours, des centaines de milliers d’Iraniens descendent dans la rue à travers tout le pays pour dénoncer le régime, la dictature de Rohani et du guide suprême Khamenei. Des banques, des commissariats, des sites gouvernementaux, des bases des bassidjis (milice pro-régime) sont incendiées, tout comme des portraits de Khamenei. Cette fois-ci Rohani, tout comme les partisans de la ligne dure du régime, dénonce les manifestants comme des « anarchistes » téléguidés par les Etats-Unis et Israël. La répression est d’une violence sans précédent : plusieurs milliers d’arrestations et de blessés, entre 200 et 1500 morts selon les sources (5 seulement selon les autorités iraniennes).

Les manifestations ont repris au mois de janvier à la suite de l’assassinat du général Soleimani par l’armée américaine. Si les manifestations massives d’hommage au général durant les jours qui ont suivi ont pu laisser croire à une « union sacrée » face à l’ennemi américain, la destruction du vol 752 d’Ukraine International Airlines par les Gardiens de la Révolution a retourné la situation et remis à l’ordre du jour la contestation du régime. Après avoir nié être à l’origine du crash, le régime a dû, devant l’évidence des preuves, reconnaître sa responsabilité dans la mort des 176 passagers (dont 82 Iraniens), ce qui a provoqué la colère d’une grande partie de la population dénonçant les mensonges du régime et son incompétence. A partir du 11 janvier et dans les jours qui suivent, des manifestations se se sont tenues dans une dizaine de villes du pays, même si la majorité de la mobilisation se déroule à Téhéran. Les réseaux sociaux sont largement utilisés pour mettre en cause le régime et des personnalités se joignent alors aux protestataires, notamment dans le domaine des médias et de la culture. Là encore, le régime a violemment réprimé le mouvement même si moins de victimes sont à déplorer qu’en novembre.

La république islamique en Iran n’offre aucune possibilité de changement au sein de ses institutions. La criminalisation de toute critique envers le système ou le Guide Suprême de même que le verrouillage de la démocratie par les dignitaires religieux n’offre aucune autre alternative au peuple iranien qu’une révolution violente pour mettre à terre le régime des ayatollahs. Malgré les difficultés d’organisation pour les opposants, le rythme des mouvements de contestation du régime s’est nettement accéléré ces dernières années, et leurs revendications et l’ampleur de ceux-ci commencent à faire trembler les plus hauts responsables de l’Etat. Comme aucune inflexion dans la politique menée n’est à l’ordre du jour, que la situation économique n’est pas prête de s’améliorer, et que le régime a désormais épuisé toute alternative interne, il faut s’attendre à voir de nouveau le peuple iranien descendre dans la rue dans les mois à venir. S’il est difficile de prévoir combien de temps encore le régime peut se maintenir, il apparaît clairement qu’il joue sa survie dans la période qui vient.


Fraternellement,
GdM
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par com_71 » 22 Fév 2020, 10:38

https://www.marxist.com/in-memory-of-ta ... y-2020.htm

edit : postant cette nécro, je n'entendais bien sûr pas prendre partie dans une quelconque polémique (cf. ci-dessous).
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 22 Fév 2020, 11:13

Salut Com,

C'est bien gentil de proposer sans commentaires, à la lecture, la nécrologie du camarade Lal Khan écrite par Alan Woods... Mais c'est assez indécent de sa part, de ramener tout à lui, sachant que Lal Khan et The Struggle se sont séparés assez durement de Alan Woods et de la TMI, il y a quelques temps déjà...

Je laisse la parole dans ce commentaire à une camarade de La Riposte qui a connu et rencontré Lal Khan au Pakistan...

Halte à l'hypocrisie ! Ce n'est pas le moment ni le lieu de faire du sectarisme, mais il ne me semble pas non à propos de dire que je trouve le papier d'Alan Woods concernant ce qu'il appelle un hommage à son ami Lal Khan/Tanvir Gondal comme une farce ou, un des plus grands manques de respect et d'humilité jamais produits dans ce monde.

En lisant son "hommage", on voit qu'il ne parle d'abord que de lui. Cet écrit est probablement une infâme tentative de récupération de l'héritage de Lal Khan à des fin de prestance personnelle. C'est donc une entreprise abjecte. Et je tiens à dire haut et fort, pour avoir été une amie intime de Tanvir, qu'il aurait été absolument horrifié en le lisant.

Lal Khan était fier de ne plus être avec Woods qui était venu au Pakistan pour tenter de le marginaliser et d'imposer sa ligne internationale sans laisser de place à la discussion, en organisant une campagne de sabotage et d'insultes en traitant Tanvir de stalinien, bureaucrate et nationaliste. Tanvir était la personne la plus récalcitrante au sectarisme que je connaisse. Il était toujours partant pour travailler avec des personnes de différentes origines, de différents horizons, ayant des idées différentes, y compris des non-marxistes. Quand je suis venue le voir au Pakistan, il m'a demandé si j'étais juive du fait de l'origine juive de mon prénom. Quand je lui ai dit que non, il était déçu. Car si j'avais été d'origine juive comme lui d'origine musulmane, notre amitié aurait symbolisé l'amitié des peuples juifs et des peuples musulmans contre la guerre, la destruction et le capitalisme. Il m'avait aussi présenté un camarade qu'il affectionnait d'autant plus qu'il était issu d'une tribu ennemie de la sienne.

Tanvir execrait Alan Woods dans toute sa splendeur. Et il ne me semble pas exagéré de croire que l'énorme trahison dont Tanvir a été l'objet, lui dévoilant que l'amitié d'un homme auquel il aurait été prêt à tout léguer n'était qu'une vaste farce, n'a certainement pas favorisé la santé d'un homme et d'une vie déjà éprouvés par les traumas (la torture, l'emprisonnement, l'exil) infligés par l'extrême violence d'une dictature contre ses idées.

Cette violence de la dictature, c'est par un engagement politique pour le socialisme révolutionnaire qu'il s'en est soigné, qu'il y a survécu. L'engagement de Tanvir dans la lutte n'était en aucune façon celui de quelqu'un d'ordinaire. C'était au plus profond de sa chair et de ce qu'elle a enduré pour assumer ses idées qu'il était né.

Et il n'est pas question qu'une récupération romancée, minable et infâme d'un arriviste mafieux vienne salir sa mémoire. Il serait fier que nous venions rétablir la vérité.


Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par com_71 » 22 Fév 2020, 11:47

commentaire d'une camarade de La Riposte a écrit :Halte à l'hypocrisie ! Ce n'est pas le moment ni le lieu de faire du sectarisme, mais... ...il n'est pas question qu'une récupération romancée, minable et infâme d'un arriviste mafieux vienne salir sa mémoire...


Qu'est-ce que ça serait alors si c'était le moment ! Moeurs détestables dans le mouvement trotskyste !
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 23 Fév 2020, 17:19

Salut camarades,

com_71 a écrit :
commentaire d'une camarade de La Riposte a écrit :Halte à l'hypocrisie ! Ce n'est pas le moment ni le lieu de faire du sectarisme, mais... ...il n'est pas question qu'une récupération romancée, minable et infâme d'un arriviste mafieux vienne salir sa mémoire...


Qu'est-ce que ça serait alors si c'était le moment ! Moeurs détestables dans le mouvement trotskyste !


Dans l'Histoire du mouvement ouvrier politique ou en son sein, le courant marxiste révolutionnaire les invectives sont fréquentes, que l'on se souvienne des plus célèbres avant 1914, des prises de bec entre Lénine et Trotsky... Cela ne les a pas empêché de vaincre ensemble en Octobre 1917 en Russie...

Commentaires de notre camarade Greg Oxley qui a bien connu, le camarade Lal Khan au sujet de sa mort...

Aujourd'hui 21 février 2020, mon ami et camarade, le révolutionnaire pakistanais Lal Khan, est décédé après avoir lutté pendant plusieurs mois avec une terrible maladie. Lal Khan - que je connais depuis l'époque de notre jeunesse sous le nom de Tanvir Gondal - était un théoricien marxiste exceptionnel. Je l'ai rencontré pour la première fois en 1980, lorsque j'ai rendu visite à un groupe de penseurs révolutionnaires aux Pays-Bas, où il vivait en exil politique. Il a organisé un groupe de militants autour d'un journal révolutionnaire, The Struggle. Dès que Tanvir a pu rentrer au Pakistan, ce qui n'est que dans les années 80, il a commencé la tâche ardue de construire les forces du marxisme au Pakistan. Avec Ted Grant (1913-2006), je ne connais pas de plus grand contributeur à la base théorique et pratique de la lutte actuelle pour l'émancipation de la classe ouvrière.

Tanvir n'était pas un théoricien de salon. Dans sa jeunesse, avait connu l'emprisonnement et la torture, au moment de la dictature de Zia-ul-Haq. Plus tard, l'acuité de sa pensée et de son analyse politiques était enracinée dans son expérience en tant que participant actif à la lutte des classes. Il était à la fois un orateur puissant, inspirant et articulé. Malgré des circonstances extrêmement difficiles et dangereuses, à commencer par des idées et une dévotion inébranlable à la cause révolutionnaire, lui et les camarades qu'il gagnerait à sa cause ont réussi à construire une organisation très impressionnante de militants révolutionnaires, soutenue par des dizaines de milliers de les travailleurs et les jeunes dans tout le pays. En 2013, j'ai pu aller au Pakistan et voir quelque chose de ces magnifiques réalisations.

Les circonstances objectives rencontrées par Tanvir au Pakistan n'ont laissé aucune place à la complaisance théorique. Dans ses écrits, il a courageusement abordé les questions soulevées par la domination impérialiste, l'oppression des minorités nationales, le tribalisme et la complexité pure d'une société dans laquelle la technique productive et les classes sociales associées au capitalisme moderne existent au milieu des plus horribles problèmes sociaux. , retard économique et culturel. Tout au long de sa vie, Tanvir s'est efforcé de développer une politique socialiste révolutionnaire et implacablement internationaliste, capable d'unir tous les travailleurs du Pakistan, quelles que soient leur langue, leur nationalité ou leur religion, dans une lutte commune contre l'exploitation capitaliste, contre la pauvreté et contre l'oppression dans tous ses états. Ce travail doit être - et sera - poursuivi après sa mort. Ses idées et sa contribution à la théorie marxiste méritent d'être mieux connues des travailleurs politiquement actifs en Europe et dans le monde.

En tant qu'homme, Tanvir a fait une belle silhouette de gentleman. Il était chaleureux, doux et sensible de manière. Il aimait la musique, la littérature et la poésie. Pour moi, il a été et sera toujours un ami et un camarade inoubliable. J'adresse mes sincères condoléances à sa femme, Sadaf, à son fils Sher Zaman et à sa fille Sehar, ainsi qu'à toute sa famille. Bien que la mort de Lal Khan soit une grande perte pour tous ses camarades, la lutte à laquelle sa vie a été consacrée continuera.


Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 02 Mars 2020, 06:13

Salut camarades,

Dans l'Asian Marxist Review qu'il dirigeait, du 2 mars 2020, les messages de condoléances venus du monde entier, au sujet de la mort de notre camarade Lal Khan... A lire hélas en anglais, mais cela aurait pu être en Urdu !

Messages on Lal Khan’s death from around the world

http://www.marxistreview.asia/messages- ... the-world/

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Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 02 Mars 2020, 13:05

Salut camarades,

Grève des agents de l’énergie : de la solidarité au projet de société
Le lundi 2 mars 2020, sur le site de La Riposte
Par Sébastien Roumet, CGT Energie Civaux, PCF 86

https://www.lariposte.org/2020/03/greve ... e-societe/

Image

Dans cette lutte historique pour combattre la « contre-réforme » des retraites, qui mobilise l’ensemble des professions, nous retrouvons un des moyens d’action les plus efficaces qui est la reprise en mains de l’outil de travail par les salarié.es. Dans le secteur qui est le mien, l’énergie, nous parlons notamment beaucoup des « coupures électriques » qui ont été réalisées afin de faire entendre nos revendications par le plus grand nombre.

L’électricité étant une énergie essentielle, lorsque nous privons symboliquement par la reprise de notre outil de travail certaines zones de distribution d’électricité, cela fait toute de suite la une des médias.

Les agents de l’énergie sont fortement engagé.es dans cette bataille et sont un peu partout sur le territoire, moteur des nombreuses luttes. Les raisons de cette forte implication sont diverses, l’une des principales est l’ancrage syndical et la culture du service public dans les entreprises électriques et gazières. Cet ancrage est l’héritage du programme du Conseil National de la Résistance avec sa loi de nationalisation de l’électricité et du gaz du 8 avril 1946 portée par Marcel Paul, résistant communiste et syndicaliste CGT.

Dans cette résistance en opposition aux contre-réformes dévastatrices des gouvernements, il est de plus en plus difficile de faire entendre les voix d’opposition. A l’heure actuelle, 90% des médias en France sont détenus par 9 milliardaires. De ce constat, il n’est pas étonnant que la zigounette de Grivaux ou la détention inhumaine de Balkany fasse la une devant les mobilisations. De cette manière, nous devenons absents du débat public et lorsque l’on arrive à être devant les micros des chaînes d’informations, les chiens de garde trompent l’opinion avec leurs tons accusateurs.

De cet isolement médiatique nous constatons la création d’une nouvelle conscience de classe, les salarié.es s’accordent à dire que sans l’action collective et sans la prise de conscience politique de notre classe, nous ne serons pas entendus et continuerons à subir les lois de l’oligarchie.

De là, un des moyens les plus marquants et fédérateur sest l’action sur l’outil de travail. Dans l’énergie, nous avons la chance que notre outil de travail touche l’ensemble de la population et c’est pourquoi il nous permet d’être relayé sur le plan médiatique. De plus c’est un levier dans le rapport de force car chaque action pèse sur l’économie, que ce soit des entreprises électriques et gazières par la perte de production ou un manque à gagner, mais également sur les zones concernées par les différentes actions.

Nous parlons souvent des coupures car ce sont elles qui sont les plus polémiques et impressionnantes mais à cela nous pouvons rajouter les très nombreux rétablissements en électricité ou en gaz de foyers frappés par la précarité et qui avait été coupés. Dans la période de Noël, les pères Noël de l’énergie venaient rétablir les foyers dans la précarité afin de pouvoir leur offrir des fêtes un peu plus confortables, d’un côté nous privions les riches d’électricité pour redonner aux pauvres un semblant de confort.

A noter également, les très nombreux compteurs passés en « heures creuses » (tarif le moins cher), le blocage de communication des compteurs Linky vers la supervision d’Enedis ou encore les très nombreuses baisses, voire l’arrêt complet d’unités de production.

Chaque action est décidée collectivement en assemblée générale avec un objectif précis.

On ne parle donc souvent que des coupures parce qu’elles impressionnent les médias du capital qui cherchent systématiquement la polémique en parlant d’hôpitaux coupés, d’école fermée, etc… le plus souvent en utilisant un vocabulaire de guerre parlant de prise d’otages voire d’acte terroriste pour les plus audacieux, ils mettent en avant les pertes financières du petit commerçant qui se retrouve coupé une heure ou deux mais oublient systématiquement d’évoquer le caractère économique des grandes entreprises visées ou des lieux de pouvoir.

Les agents des IEG (Industries Electriques et Gazières) ont, par ces actions, le pouvoir d’atteindre l’intégrité de l’Etat, le pouvoir d’un black-out qui pourrait paralyser notre pays et aller même au-delà de nos frontières. Ce genre de scénario est pour l’instant systématique exclu des décisions prises.

Il y a des coupures dont nous ne parlons jamais, celles des plus pauvres, près de 600 000 foyers privés d’énergie l’année dernière dûes à la libéralisation du secteur. Mais ces coupures-là, elles ne gênent pas les médias bien-pensants !


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