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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message Publié : 14 Oct 2020, 13:48
par Gayraud de Mazars
Salut camarades,

Voici l'article dans son intégralité et donc, non coupé et plus lisible en terme de taille de caractères...

Perspectives pour la France : défis, dangers et luttes.

La pandémie du coronavirus a eu un impact dévastateur sur l’économie mondiale. Elle est survenue à un moment où le cycle économique amorçait déjà sa descente. En France et en Europe, les taux de croissance étaient déjà faibles (1,2% pour la zone euro) avant l’avènement de la crise sanitaire. Depuis, l’économie de l’Europe et du monde entier a brusquement chuté. Pratiquement aucun pays du monde n’échappe aux répercussions de la récession, qui entraîne une détérioration brutale des conditions de vie des travailleurs.

En France, comme ailleurs, les capitalistes et leurs représentants institutionnels lancent une offensive contre les droits et les conditions de vie des travailleurs pour récupérer les pertes de marchés et de profits. Les retraites, les allocations sociales – dont les allocations maladie, familiale ou chômage – font l’objet de projets de contre-réforme. Dans les entreprises, pour défendre les marges de profit malgré la baisse d’activité, le patronat cherche par tous les moyens à faire des économies au détriment de l’emploi, des salaires et des conditions de travail.

En faisant pression depuis des décennies pour rendre les emplois plus « flexibles » et en imposant la généralisation de l’emploi précaire, les gouvernements et le patronat ont grandement augmenté la vulnérabilité des gens. Il fallait augmenter le taux d’exploitation des salariés, accentuer la concurrence entre les travailleurs dans un contexte de chômage de masse, faciliter la suppression d’emplois, affaiblir les syndicats. La doctrine de fond de ces politiques reposait sur l’idée que flexibiliser le marché de l’emploi permettrait aux entreprises d’être plus compétitives afin de relancer la croissance. Dans la crise actuelle, les emplois précaires – CDD, intérim, sous-traitants, – ont disparu en masse. Les travailleurs en question n’ont pratiquement aucun moyen de se défendre. Les petits autoentrepreneurs et autres « ubérisés » se trouvent, eux aussi, subitement sans travail et sans revenu.

L’ensemble des injustices et des inégalités qui ont provoqué le mouvement des Gilets Jaunes et les grèves de la dernière période vont s’aggraver. Mais la tentative de rétablir un « équilibre économique » selon les critères capitalistes finira par détruire l’équilibre social, c’est-à-dire la passivité de la masse de la population sur laquelle repose l’ordre capitaliste.

La déstabilisation est déjà en cours depuis un certain temps. Les effets cumulés de l’accroissement des inégalités, du chômage de masse, de la précarité croissante de l’emploi et de la pression baissière sur les salaires et les retraites ont produit une modification profonde du climat social et idéologique, poussant à l’action des couches de la société précédemment inertes et « apolitiques ». Les Gilets Jaunes étaient un mouvement qui incorporait diverses tendances politiques, dont certains éléments proches de l’extrême droite. Cependant, perçu dans l’opinion publique comme une contestation massive de l’ordre social existant, le mouvement a bénéficié du soutien de plusieurs millions de citoyens. Ensuite, la France a connu la plus longue grève des transports depuis 1968, en opposition à la réforme des retraites.

Ces événements ont de quoi inquiéter les capitalistes. Matériellement, leur pouvoir provient du fait qu’ils possèdent et contrôlent pratiquement tous les grands leviers de l’économie et que l’État actuel est entre les mains de leurs serviteurs. Et pourtant, malgré leur puissance apparemment inébranlable, les capitalistes sont assis sur un volcan. Pratiquement toutes les fonctions essentielles de la société contemporaine sont assurées par les travailleurs et les travailleuses du pays. Cette position leur confère un pouvoir potentiel infiniment plus grand que celui des capitalistes, pour peu qu’ils en prennent conscience et décident d’en faire usage. Nous n’en sommes pas encore là. L’agitation sociale de la dernière période indique une évolution dans ce sens. « Le miracle de l’ordre et de la subordination » qui a tant impressionné les régimes despotiques du 18e siècle existe encore de nos jours. Mais il commence enfin à se dissiper.

Les capitalistes se donnent le droit de défendre leurs intérêts. Les travailleurs, de leur côté, se donnent le droit de défendre les leurs. Et là où les droits sont égaux, c’est la force qui décidera. Il est possible que la soudaineté et la sévérité de la crise économique retardent le conflit, mais, à terme, une confrontation est inévitable. Cependant, postuler la probabilité d’une confrontation majeure entre les classes dans la période à venir est une chose. Prévoir l’issue de cette confrontation en est une autre. Le processus historique est contradictoire. Le flux de colère provoqué par une crise et l’aspiration au changement ne coule pas forcément dans les canaux du progrès et de la révolution. Il peut aussi, dans certaines circonstances, élargir la base sociale de forces réactionnaires et nationalistes. En France, dans la période à venir, la société deviendra de plus en plus polarisée. Les extrêmes gagneront au détriment du centre.

En effet, les conséquences sociales de la crise actuelle renforceront les tendances nationalistes existantes. Les partisans de l’Union européenne assuraient que le libre commerce et l’ouverture des frontières pouvaient garantir un avenir de progrès économique et social. Dans les faits, l’économie française a été exposée à une concurrence internationale de plus en plus féroce, entraînant la destruction de pans entiers de son infrastructure industrielle et agricole. Le sentiment que le destin de la France est sous l’emprise de forces extérieures aussi puissantes qu’incontrôlables et que le pays est en train d’être étranglé par la main invisible du marché mondial a favorisé l’idéologie souverainiste et protectionniste. La base sociale du Rassemblement National en est une expression.

Le nationalisme est un poison pour la conscience des travailleurs. Il gomme les intérêts antagoniques et inconciliables entre exploiteurs et exploités, tout en semant la méfiance et la haine entre les victimes de l’exploitation selon des critères de nationalité, et souvent, par extension, de couleur ou de religion. Pour le mouvement ouvrier, il constitue un danger extrêmement grave, car il sape les bases de l’action collective et de la solidarité sans lesquelles les travailleurs sont faibles et désarmés. L’histoire démontre que dès lors que le nationalisme parvient à s’enraciner dans la société, il est très difficile à éradiquer. La lutte contre ce fléau est donc d’une importance absolument vitale. Et pour mener cette lutte sur des bases solides, il est indispensable que le mouvement ouvrier se libère de son carcan réformiste et ouvre aux travailleurs la perspective d’une transformation révolutionnaire de la société.

L’absence de cette perspective laisse la place au « populisme » qui se caractérise par la dénonciation, au nom du « peuple », du pouvoir des « élites ». Le parlementarisme et le régime démocratique en général ne peuvent acquérir une stabilité que dans la mesure où toutes les classes sociales y trouvent leur compte. Mais lorsque l’équilibre entre les classes cède la place à une politique de régression sociale pour protéger les profits et le pouvoir d’une minorité, le régime parlementaire commence à paraître, aux yeux de ceux qui subissent cette régression, comme un système encombrant et inefficace dans lequel on ne voit plus qu’un repère de « planqués » parasitaires, dissociés du peuple et ne servant que leurs intérêts propres.

Dans ces conditions, le populisme exploite le ressentiment populaire contre les puissants et contre les institutions à des fins politiques et électorales, mais n’offre pas d’alternative à l’ordre social existant. Par ailleurs, la désignation facile des « élites » sert à cacher la vraie cause des inégalités sociales. Les privilèges et le pouvoir des riches et des « haut placés » en général sont dérivés, d’une façon ou d’une autre, de l’emprise de la classe capitaliste sur l’économie et sur l’ensemble de l’organisation sociale existante. Fixer l’attention sur les « élites » protège le capitalisme dont elles ne sont qu’une émanation. Les élites profitent du système, mais le système lui-même ne disparaîtra que lorsque la propriété et le contrôle de l’appareil productif, commercial et financier des grands capitalistes seront supprimés. Les élites chuteront avec la classe qu’elles défendent.

Le mouvement ouvrier français doit affronter l’offensive de l’État et de la classe capitaliste dans une position plus faible que dans le passé. Il y a des causes objectives qui ont contribué à l’affaiblissement des organisations syndicales et des partis de gauche au cours des dernières décennies. Parmi elles, il y a la transformation du paysage industriel et le chômage de masse. Mais il y a aussi des causes politiques. À l’épreuve du pouvoir, les dirigeants des partis qui ont été créés à l’origine pour défendre les intérêts des travailleurs ont capitulé face aux pressions capitalistes, au point d’adopter des politiques de régression sociale. Ainsi, une masse importante des travailleurs a tiré la conclusion que les partis traditionnels de la gauche, loin de représenter une alternative au système capitaliste, font eux-mêmes partie du système, et même si les militants de ces partis ne sont pas des agents conscients du système, ils n’ont pas d’alternative à proposer. Des convictions de cet ordre étaient très présentes dans les idées des Gilets Jaunes.

À notre époque, le capitalisme ne peut exister sans remettre constamment en cause les conquêtes sociales du passé. Les services publics doivent être transformés en autant de marchés et sources de profit. La position des travailleurs doit être rendue plus précaire, plus vulnérable. Les dépenses sociales doivent être réduites pour que les ressources de l’État profitent davantage aux capitalistes. Tout ce qui fait obstacle à la loi du profit doit être balayé. La conclusion qui découle de cette réalité est que la lutte contre la régression sociale, contre le chômage de masse, la précarité de l’emploi, pour des services publics dignes de ce nom, et contre toutes les injustices et inégalités engendrées par le capitalisme ne peut être victorieuse que s’il passe par la suppression de la mainmise capitaliste sur l’économie et sur l’État. Réformes sociales et révolution sont indissociables. C’est de cette vérité objective – et de sa traduction dans une plateforme programmatique générale – que nous devons convaincre les militants de la CGT, du PCF, les Gilets Jaunes et tous ceux qui sont engagés d’une façon ou d’une autre dans la lutte contre le système.

L’expropriation des capitalistes ouvrira la voie à la mise en place d’une nouvelle organisation sociale, fondée sur la propriété publique et la gestion démocratique des ressources naturelles, productives et financières de la Nation, dans l’intérêt du bien commun et de l’égalité sociale. La socialisation des moyens de production est l’unique moyen de résoudre les problèmes posés à l’humanité, y compris les problèmes majeurs qui sont d’ordre environnemental et écologique.

La question centrale de notre époque est celle du programme du mouvement ouvrier, dans ses composantes syndicales et politiques. Si le mouvement ouvrier n’ouvre pas la perspective d’un renversement du pouvoir capitaliste en faisant de l’expropriation de la classe capitaliste l’axe central de son programme, le capitalisme réglera la crise à sa manière. Ne pas prendre le pouvoir laissera la société dans une impasse et condamnera le mouvement ouvrier à une grave défaite.

En résumé, nous ne savons pas combien de temps durera la récession actuelle, mais nous savons d’ores et déjà qu’elle sera probablement la crise la plus grave du système capitaliste depuis 1945, et possiblement plus grave que la Grande Dépression des années 1930.

L’impact de la crise posera la question du changement d’ordre social de façon impérieuse. Devant nous s’ouvre une perspective dans laquelle le militantisme révolutionnaire sera plus porteur que par le passé. Au mouvement ouvrier de s’élever à la hauteur de la situation. La lutte quotidienne pour le progrès social doit être liée, désormais, à l’objectif de la conquête du pouvoir par les travailleurs.


Fraternellement,
GdM

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message Publié : 14 Oct 2020, 15:54
par com_71
Une fois ça va... Deux fois, ça n'échappera pas à une remarque :
LG a écrit :L’impact de la crise posera la question du changement d’ordre social de façon impérieuse. Devant nous s’ouvre une perspective dans laquelle le militantisme révolutionnaire sera plus porteur que par le passé. Au mouvement ouvrier de s’élever à la hauteur de la situation... à l’objectif de la conquête du pouvoir par les travailleurs.


Et... ? Quelles perspectives en termes d'organisation ? "Au mouvement ouvrier de s'élever..." de qui ou de quoi parle-t-on ? Il faudrait être plus précis, ou alors il s'agit d'une formule qui aurait bien pu être écrite il y a vingt ou quarante ans.

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message Publié : 22 Oct 2020, 05:55
par Gayraud de Mazars
Salut camarades,

Conseil de lecture : La fin de l’Occident, de Hervé Kempf
22 octobre 2020,sur le site de La Riposte
Michael Martin un jeune Insoumis de Lyon

https://www.lariposte.org/2020/10/conse ... rve-kempf/

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Hervé Kempf est un journaliste, anciennement de Courrier International, qui s’intéresse beaucoup à la question de l’écologie. Ce livre est paru en 2013. Nous pouvons lire la chose suivante page 91 : “La réduction de la consommation matérielle dans les pays occidentaux est une évolution à la fois inévitable et souhaitable. Mais comment réduire la consommation matérielle dans les sociétés riches sans diminuer leur bien-être ? Cette question régénère le problème politique : il ne s’agit plus de répartir l’abondance, l’enrichissement sans fin promis par la croissance, mais d’organiser la sobriété.”

Je tenterais ici d’y apporter une critique marxiste.

Pour commencer, ce livre nous place dans un contexte. Il y a une crise financière générale et l’émergence de nouvelles puissances économiques (Chine, Inde, Brésil). Les prix des hydrocarbures (gaz, pétrole) sont très élevés. Les standards de la démocratie libérale semblent établis mais contestés et inefficaces. C’est le triomphe d’Internet : la planète est connectée pour le meilleur et pour le pire. Nous avons une prise de conscience du dérèglement climatique. L’accident de Fukushima en 2011 renouvelle encore cette prise de conscience écologique. Mais nous avons aussi une résurgence des mouvements islamistes et fascistes dans le monde. Les “Printemps Arabes” signalent l’arrivée de profondes crises politiques. Le chômage est situé entre 10 et 15% de la population. L’extrême-droite fait des scores records par rapport au passé (18-25%)

Face à ce contexte chaotique, l’auteur a des buts avoués et inavoués : tout d’abord un appauvrissement inéluctable et souhaitable de l’Occident. C’est ensuite l’occasion de faire autre chose : le post-capitalisme (plus écologique et plus égalitaire). Parmi ses objectifs inavoués : être la bonne conscience écologique du Front de Gauche, dont la France Insoumise est l’émanation, avec une alliance entre Ensemble, le PCF, et le Parti de Gauche.

Mais à ses objectifs s’ajoutent des moyens : il s’appuie sur l’Etat et la planification. Il fonde des espérances sur une refondation sociale de l’Europe. Les alternatives sont dans sa ligne de mire : monnaies complémentaires, agriculture paysanne, écologisation de l’économie.

Il y a plusieurs choses à réfléchir à travers ce livre.

Dans un premier temps, les enjeux écologiques (pic pétrolier, réchauffement climatique, réduction des effets de serres) impliquent, c’est évident, un changement total de civilisation.

De plus, ces enjeux nous indiquent que, comme l’avait prédit Marx, le capitalisme, sous les effets de ses contradictions internes, produit soit son dépassement vers le socialisme suite à une révolution sociale et politique qui a mis la classe ouvrière à la tête de la société, soit la destruction mutuelle des classes antagonistes.

Mais dans un second temps, les Occidentaux ne se pas tous prêts (même la majorité d’entre eux) à revoir à la baisse leurs besoins. Alors qu’une grande partie de la population mondiale vit en dessous du seuil de pauvreté défini selon le niveau de développement économique, une partie de la bourgeoisie autant des pays occidentaux que des pays émergents, aspire à un mode de vie qui n’est pas “durable” à l’échelle de la planète.

Comment, donc, aller non pas vers la fin de l’occident, mais vers un écosocialisme, sans des nationalisations démocratiques par expropriation, dans toutes les entreprises liées à l’énergie, et sans une planification écologique.


Fraternellement,
GdM

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message Publié : 22 Oct 2020, 22:24
par com_71
Comment, donc, aller non pas vers la fin de l’occident, mais vers un écosocialisme, sans des nationalisations démocratiques par expropriation, dans toutes les entreprises liées à l’énergie, et sans une planification écologique.

Michael Martin un jeune Insoumis de Lyon.


Écosocialisme, nationalisations démocratiques, planification écologique... pas de doute, cet "Insoumis" est "de gauche", une gauche bien tranquille...

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message Publié : 24 Oct 2020, 04:12
par Gayraud de Mazars
Salut camarades,

Les camarades qui ont mis au point le texte "Quel projet de société ?" espère mettre cette question centrale -- et largement éludée -- au centre des débats entre ceux et celles qui combattent au quotidien les injustices du système capitaliste.

Le texte aborde de nombreuses questions de fond telles que la planification économique, la démocratie dans les entreprises, le régime politique, la santé publique et l'éducation, dans le but d'engager "une discussion aussi large, fraternelle et constructive que possible."

Nous en publierons des extraits sur Facebook pendant les jours et semaines à venir. Pour commencer, il nous semble que l'extrait ci-dessous résume bien la raison d'être du document :

"Dénoncer les conséquences sociales du système, faire grève, manifester, protester, c’est une chose. Mais tant que le système lui-même reste intact, tant que les capitalistes conservent le contrôle de l’économie, la loi du profit finira nécessairement par s’imposer. Plus que jamais, la lutte pour la défense et l’extension des conquêtes est indissociable de la nécessité d’en finir avec le système fondé sur cette loi, à savoir le capitalisme. Et si, au contraire, nous restons cantonnés à une contestation du système dans les limites de ce dernier, nous subirons à jamais la régression sociale, les inégalités flagrantes, l’exploitation et les oppressions qui lui sont inhérentes.

Alors que faire ? Disons d’emblée que nous ne résoudrons pas ce problème avec des « phrases révolutionnaires ». Se déclarer contre le système, « anticapitaliste » ou même révolutionnaire ne règle rien. Quelle est, concrètement, l’alternative au capitalisme ? Est-il vraiment possible d’organiser la société sur de nouvelles bases, sans les capitalistes ? Et si oui, comment ? Répondre à ces questions ne nous oblige pas à présenter un schéma minutieusement détaillé de l’ordre social post-capitaliste. Mais il faudrait tout de même définir ses caractéristiques essentielles afin de démontrer comment il permettra d’en finir avec l’exploitation et de subvenir aux besoins de tous sur la base d’une véritable démocratie nous permettant de conduire la société vers un niveau supérieur de civilisation humaine, dans laquelle « liberté, égalité, fraternité » ne sera plus une simple devise, mais une réalité sociale vivante et vécue."


Fraternellement,
GdM

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message Publié : 24 Oct 2020, 04:15
par Gayraud de Mazars
Salut camarades,

Communiqué de la CGT Ecole Du Breuil, à la suite de l’assassinat de Samuel PATY
23 octobre 2020, sur le site de La Riposte

https://www.lariposte.org/2020/10/commu ... muel-paty/

Dans le cadre de l’hommage national, en mémoire de Samuel PATY, professeur d’histoire géographie, sauvagement assassiné le 17 octobre 2020 par un intégriste islamiste, la CGT de l’École Du Breuil souhaite exprimer son émotion et sa solidarité envers sa famille et ses proches, mais aussi envers tous les enseignants ainsi que toutes les équipes pédagogiques des établissements scolaires et de formation de notre pays.

Contre la barbarie et pour la liberté d’expression, la CGT rend hommage à ce professeur d’histoire-géographie assassiné lâchement, à proximité de son collège, pour avoir simplement osé enseigner la liberté de penser et le développement de l’esprit critique de ses élèves.

Nous invitons également chacune et chacun d’entre nous à ne pas tomber dans le piège de la xénophobie tendu par les extrémistes et démagogues de tous bords. Ces derniers tentent de profiter du chaos pour se refaire une santé et confisquer le débat démocratique dans notre pays.

Pour recruter leurs adeptes, les semeurs de haines – pétris de leurs certitudes mortifères – intégristes islamistes et radicaux de tout poil, puisent dans le terreau fertile de l’ignorance et de la détestation d’autrui. Nous appelons la jeunesse et tous les travailleurs à ne pas se laisser diviser.

Samuel PATY dont les signalements auprès de sa hiérarchie et des autorités compétentes n’ont pas été pris au sérieux est aussi la victime de l’austérité, du délabrement de tous les services publics, derniers garde-fous de notre société contre la barbarie et la loi du plus fort.

Ce crime odieux aurait pu être évité ; le criminel, un « cas social », livré à lui-même, sans aucun cadre, s’est laissé facilement endoctriner.

Tout comme pour l’Hôpital public à l’heure de la crise sanitaire, l’État doit augmenter les effectifs des enseignants et des services sociaux démolis méthodiquement ces dernières années dans le silence général et le seul souci marchand alors qu’ils sont les derniers leviers publics efficaces de transmission du savoir et des valeurs républicaines, capables d’enrayer la violence et prévenir le délitement de notre société.

Lorsque l’on détruit l’hôpital, nous avons des milliers de morts à la première épidémie venue ; quand on détruit l’enseignement public de qualité et les services sociaux, la misère et la violence rôdent à chaque coin de rue.

Le métier d’enseignant doit pouvoir être exercé dans un esprit serein, où chacun puisse se sentir libre et en sécurité.

Samuel PATY est la victime de barbarie, mais il est aussi une victime de l’austérité et d’un choix politique. Nous demandons à notre direction de remonter ces revendications au gouvernement, via notre ministère de tutelle.

Paris, le 21 octobre 2020


Fraternellement,
GdM

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message Publié : 24 Oct 2020, 07:42
par com_71
communiqué a écrit :
...Ils sont les derniers leviers publics efficaces de transmission du savoir et des valeurs républicaines...

En fait de pandémie, il n'y a pas que le coronavirus.

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message Publié : 24 Oct 2020, 13:23
par Plestin
com_71 a écrit :
communiqué a écrit :
...Ils sont les derniers leviers publics efficaces de transmission du savoir et des valeurs républicaines...

En fait de pandémie, il n'y a pas que le coronavirus.


En effet. Car je doute qu'ils soient les derniers leviers publics efficaces de transmission des valeurs de la république capitaliste. Au contraire, il y en a beaucoup d'autres !

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message Publié : 24 Oct 2020, 15:29
par Gayraud de Mazars
Salut camarades,

Solidarité avec Hallel Rabin !
24 octobre 2020 sur le site de La Riposte

https://www.lariposte.org/2020/10/solid ... lel-rabin/

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Bonjour,

Je m’appelle Hallel Rabin. Je suis une jeune « refuseuse » de 18 ans d’un kibboutz israélien et demain je serai envoyée en prison par l’armée israélienne. Juste avant Rosh Hashana, le Nouvel An juif, j’ai refusé de rejoindre l’armée israélienne et j’ai été détenue dans une prison militaire pendant les vacances. J’ai déjà été emprisonnée pendant 14 jours, car je ne veux pas devenir soldat pour l’occupation de la Palestine. J’ai présenté une demande d’exemption pour des raisons de conscience, mais les militaires ont refusé de l’accorder. Au lieu de cela, j’ai été envoyée en prison à plusieurs reprises afin de me briser le moral. Demain, je serai incarcérée pour la troisième fois en un mois.

Nous vivons dans une période de changement et de lutte. Partout dans le monde, les jeunes se battent pour une vraie démocratie et utilisent la désobéissance civile pour combattre le racisme et l’injustice. Mais pour les Palestiniens, les injustices du passé continuent de prévaloir. Dans les territoires occupés par Israël, les droits de l’homme et les libertés fondamentales sont constamment bafoués, tandis que les Palestiniens sont privés du droit de vivre librement.

J’ai été élevée dans les valeurs de liberté, de compassion et d’amour. Se battre pour maintenir une autre nation en esclavage contredit ces valeurs. Pendant trop longtemps, le bon peuple d’Israël a accepté de participer aux atrocités commises sous l’occupation. Je suis consciente que mon refus est un geste personnel de petite échelle, mais je souhaite être un exemple du changement que je veux voir dans le monde et montrer qu’une autre voie est possible. Les petites gens font de grands changements. Il est temps de le crier haut et fort : il n’existe pas de bonne répression, il n’existe pas de racisme justifiable et l’occupation israélienne est inacceptable.


Fraternellement,
GdM

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message Publié : 28 Oct 2020, 13:30
par Gayraud de Mazars
Salut camarades,

La Riposte publie ci-dessous une interview avec Mathieu Rougier, secrétaire des « Comités Syndicalistes Révolutionnaires » (CSR). Sans partager ses idées sur plusieurs points, nous pensons qu’il soulève des questions qui méritent discussion.

Comités Syndicalistes Révolutionnaires. Interview avec Mathieu Rougier.
Le mercredi 28 octobre 2020, sur le site de La Riposte

https://www.lariposte.org/2020/10/comit ... u-rougier/

Mathieu, peux-tu rapidement te présenter pour nos lecteurs ?

J’ai 31 ans, je suis ouvrier polyvalent de maintenance dans une patinoire olympique, salarié d’une entreprise privée. Étant de la « génération CPE », j’ai connu les grandes mobilisations jeunes et sociales de ces quinze dernières années (Fillon, CPE/CNE, LRU, retraites, etc.), engagé dans différentes luttes et différents mouvements depuis le lycée, notamment antifasciste. Je suis syndicaliste, militant à la CGT et mandaté sur mon Union Locale. Je suis également mandaté secrétaire national des Comités Syndicalistes Révolutionnaires. Je tiens à préciser que mes réponses à cette interview ont été contrôlées collectivement, comme tout mandat qui se respecte.

Peux-tu nous expliquer quand se sont reformés des CSR, et pour quelles raisons ?

Le noyau qui a décidé de refonder les CSR est issu d’une scission collective de jeunes militants de la CNT. Au milieu des années 1990, cette confédération a connu une vague de sympathies et d’adhésions. Elle a commencé à peser sur la situation sociale, entre autres sur la grève universitaire d’octobre-novembre 1995, dernière mobilisation offensive et victorieuse de la jeunesse. Mais très rapidement le secteur majoritaire dans cette confédération a choisi de construire ni plus ni moins qu’un nouvel appareil affinitaire. La mouvance syndicaliste révolutionnaire, pas encore organisée en tendance, voulait au contraire favoriser une stratégie de Front unique, comme première étape pour faire revivre la Charte d’Amiens. Les tensions internes, invivables, ont provoqué un départ groupé, principalement vers SUD, mais aussi la CGT.

Un premier choix aurait consisté à créer une tendance SR affinitaire, focalisée sur un discours. Cette option aurait été très bien accueillie, car tout le monde se revendique en France de la Charte d’Amiens. Mais qui se prépare réellement à construire, dans sa pratique quotidienne, une gestion syndicale de la société ? Il a donc été décidé au contraire, et à l’unanimité, de construire des comités coordonnant des pratiques militantes concrètes. Un gros travail a été fait d’étude des archives ouvrières, d’analyse des expériences passées, mais aussi des modes de gestion capitaliste. Cette élaboration comme « collectif intellectuel » a été mise au service d’une expérimentation immédiate sur le terrain.

Cette redécouverte d’une expérience ouvrière, souvent occultée, a permis à notre tendance d’intervenir rapidement sur des questions prioritaires et les outils adéquats : la sous-traitance et le syndicalisme d’industrie, la mobilisation des travailleurs immigrés et la MOI, l’embourgeoisement militant et les Bourses du Travail, la défense de la qualification ouvrière et les conventions collectives, le salaire socialisé et la Confédération de classe…

C’est ensuite sur la base de cette stratégie historique réappropriée, et déclinée à travers des tactiques de lutte que des syndicalistes et de jeunes prolétaires ont pu découvrir l’existence présente et passée des CSR et les ont rejoints.

Quelle est votre vision de l’action syndicale ?

Pour nous, le syndicalisme c’est politique. L’action syndicale doit se concevoir comme une action politique, c’est-à-dire avec une organisation, une stratégie, des tactiques, des projets, des objectifs et une finalité, le tout avec cohérence et clarté. Nous avons une vision révolutionnaire de l’action syndicale, car nous ne concevons pas le syndicalisme comme une démarche purement défensive ou simplement corporative, sans quoi nous sommes condamnés à n’agir que sur les terrains que l’adversaire capitaliste aura choisis et qu’il maîtrise. Au contraire, l’action syndicale doit être offensive et répondre aux défis de notre temps, répondre à la nécessité d’organiser autrement la société, pour le salut public et le bien commun. Se défendre c’est bien, mais détruire ce qui nous attaque c’est mieux. Il ne s’agit pas de s’épuiser dans des combats sans fins où nous alternons avancées et reculs. La lutte des classes doit mettre un terme à une guerre sociale qui n’a que trop duré. Voilà, selon nous, vers quelle finalité l’action syndicale doit tendre.

Vous êtes organisé dans la CGT, n’avez-vous pas peur qu’on vous reproche de faire du « fractionnisme » ou de « l’entrisme » ?

En général, les pratiques de fractions ou d’entrisme sont pilotées de l’extérieur et servent les intérêts de l’organisation affinitaire (le plus souvent politique) qui fractionne. Ce sont là des pratiques qui méprisent d’emblée la CGT et ses adhérents, son fonctionnement et ses idées, à savoir le fédéralisme, l’autonomie et la démocratie ouvrières. Au contraire, une tendance syndicale comme la nôtre fait office de barrière à la fraction, car elle permet de sauvegarder l’autonomie ouvrière face à l’avant-gardisme de la petite bourgeoisie intellectuelle et face au multi-classisme des partis politiques. Nous servons les intérêts de la CGT, nous ne la méprisons pas. Les CSR n’agissent pas de l’extérieur, mais bien à l’intérieur des syndicats, ce qui permet d’avoir une organisation composée exclusivement de militants prolétaires. Nous œuvrons ainsi au renforcement et au développement de la puissance de la confédération, dans l’intérêt du prolétariat. C’est un rôle qui, il me semble, est plutôt bien compris jusqu’à maintenant.

Souhaitez-vous prendre la direction de la CGT ?

Le but de notre tendance syndicale est de donner une direction à la confédération, un cap dans lequel l’organisation de masse et de classe s’engage. Mais avoir recours à des pratiques « putschistes », ou, seulement miser sur l’accaparement des postes dirigeants de la confédération, en l’orientant par le haut, n’aurai pas de sens et serait même contre-productif. La CGT (comme les autres organisations syndicales de lutte) est fragilisée par plus de vingt ans de défaites sociales. Ce n’est pas qu’une question de remplacement des équipes dirigeantes. Il faut avant tout revoir les fondations et les solidifier. Dans ces fondations il y a la formation syndicale, l’accueil des nouveaux adhérents, les structures et la vie syndicale. Nous comptons donc orienter la confédération de la base, par l’exemplarité des pratiques, le débat d’idées, l’adaptation stratégique aux situations et la viabilité des projets.

Quel est votre point de vue sur la CGT d’aujourd’hui, ses forces, ses faiblesses ?

L’une des forces de la CGT aujourd’hui lui vient surtout de son passé. La CGT est plus qu’une organisation syndicale, c’est un symbole avec toute une histoire, voire une mythologie, derrière. Sa puissance d’antan rayonnait sur chaque famille française au travers d’une multitude d’organismes satellites, d’œuvres sociales et même d’institutions qui ont créé notre fameux « modèle social ». Si les gens choisissent encore aujourd’hui d’aller voir la CGT, en priorité, lorsqu’ils ont un souci avec leur patron, ce n’est pas grâce aux mouvements de grèves interpro et aux mobilisations sociales lancées à tout va et que nous perdons depuis deux décennies. Ce n’est pas non plus grâce à notre structuration syndicale encore calquée, globalement, sur la réalité du monde du travail des années 50-60 (syndicalisme d’entreprise), ni grâce à la sociabilité quasi absente en dehors des derniers bastions corporatifs historiques. C’est parce que la CGT est le symbole d’un passé glorieux, où des luttes de conquêtes sociales ont pu bénéficier à tout le monde. Même si la CGT n’a plus vraiment la côte, elle reste une légende. C’est en partie ce qui permet, encore aujourd’hui, d’avoir un tissu d’implantation important et un « capital sympathie » relativement haut par rapport à la quantité d’échecs et de casseroles que nous traînons derrière nous. Mais la force de la CGT réside aussi dans la réputation combative et agitatrice qu’elle entretient et qui, combinée à des équipes militantes qui assurent le travail de terrain, permet des victoires locales et corporatives.

Comment analysez-vous la situation au sein de la CGT, les « oppositions » affichées, la bureaucratie ?

Il y aurait beaucoup à dire là-dessus, la situation est pour le moins tendue. La fonction d’une organisation est d’anticiper. Cette tension résulte, entre autres, du fait que nous n’anticipons plus, et que nous nous lançons dans des mouvements année après année sans tirer le bilan des précédents. Cette situation est aussi le fruit de la dépolitisation du syndicalisme, car nous avons sous-traité nos projets politiques aux partis et à leurs courants, ceux-là mêmes qui sont souvent derrière ces oppositions affichées au sein de la CGT. Aux CSR, nous ne nous considérons pas comme « oppositionnels » et restons éloignés, méfiants même, de ces « oppositions ». Nous revendiquons d’être le canal historique du courant fondateur de la CGT, il n’y aurait donc pas de sens à se dire « oppositionnel » dans l’organisation que notre courant a contribué à créer. Ensuite, la critique de la bureaucratie est facile, caricaturale même. Si on prend le dernier mouvement des retraites, nombre de responsables syndicaux ont fait leur boulot de pousser à la mobilisation et de développer le mouvement de grève. On a constaté que c’était au contraire cette fameuse « base » syndicale, qu’on oppose toujours à la bureaucratie, qui n’a pas suivi. Si on prend la situation récente du confinement, c’est pire, la confédération entière a cessé d’exister. Le problème est donc plus profond que de simplement dire « bureaucrates et permanents = méchants ; bases syndicales = gentils ». Oppositions, bureaucraties, bases, etc., tout le monde a une part de responsabilité dans la dégénérescence du syndicalisme de lutte, de classe et de masse. C’est à ce stade qu’on se rend compte de l’importance d’une tendance.

Quelle est votre attitude vis-à-vis des autres syndicats ? Peut-on être CSR en dehors de la CGT ?

Tout à fait, les CSR forment une tendance intersyndicale et ont vocation à se développer dans toutes les organisations syndicales de lutte et de classe. S’il est vrai que nos militants agissent principalement dans la CGT, car c’est l’organisation où nous considérons qu’il y a, encore aujourd’hui, le plus de potentiel (structures, réseau, statuts, capacités de mobilisations massives, implantation, etc.), nous avons des adhérents, sympathisants et contacts dans Sud-Solidaires, CNT, la FSU et FO. Quand on regarde historiquement, les autres organisations syndicales sont toutes issues de scissions politiques de la CGT (à l’exception du syndicalisme jaune et du syndicalisme chrétien). Aujourd’hui l’existence de plusieurs organisations syndicales n’est plus justifiable, et c’est clairement un frein aux mouvements de grève et aux mobilisations sociales. Nous menons campagne pour la réunification syndicale de CGT, FO, FSU, CNT, SUD, dans une grande confédération générale du travail unifiée.

Quelle attitude avez-vous vis-à-vis des partis politiques ?

Pour les relations entre partis et syndicats, nous défendons la position définie dans la Charte d’Amiens de 1906. Il n’y a pas de soucis à ce qu’un militant CSR soit également membre d’un parti ou d’une formation politique. Nous veillons simplement à ce que chaque outil soit utilisé correctement. Le syndicat est un outil, le parti est un outil, la tendance syndicale révolutionnaire en est un autre. Le problème, c’est que les outils ne sont plus utilisés comme il faut, depuis longtemps. C’est comme si on voulait visser avec un marteau, ou enfoncer un clou avec une clé Allen. Avec ou sans perspective révolutionnaire, transformer la société est une action sociale, qui doit entraîner et intégrer la majorité de la population dans le processus. Il faut donc une organisation sociale pour cela, une confédération syndicale, suffisamment implantée et large pour être capable de dépasser les détails idéologiques secondaires. Le parti politique, minoritaire et affinitaire de par sa condition d’adhésion, ne peut pas être cette organisation sociale. La Confédération syndicale est aujourd’hui la seule à en avoir les capacités et surtout le potentiel. Il faut donc revoir nos priorités. En France, cette vision a été celle, par exemple, du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire de Jean Allemane (qui a fortement influencé le syndicalisme révolutionnaire) et du PCF dans ses quinze premières années (fortement influencé par le syndicalisme révolutionnaire). C’était également la position du POUM en Espagne, de l’Opposition ouvrière en Russie soviétique ou encore de l’Internationale syndicale rouge. Nous pensons que si les militants de partis renouent avec cette vision, nous redisposerons d’outils et de méthodes adéquats pour travailler correctement et sortir des produits militants de qualité.

Comment voyez-vous votre tâche au sein de la CGT, quelles visions du syndicalisme avez-vous ?

Notre tâche consiste principalement à former des militants et à les coordonner, dans une perspective révolutionnaire. Cette formation est bien sûr politique et historique, mais aussi pratique, concernant les outils syndicaux, car il s’agit de corriger les défaillances que nous pouvons constater ici ou là. Le syndicalisme aujourd’hui est malade, carencé à cause d’une culture de gauche, pourtant étrangère à celui-ci à l’origine, qui l’a dépossédé de ses moyens, de ses idées et de ses projets. Nous mettons un point d’honneur à déconstruire cette culture de gauche, et à la remplacer par la culture du mandat et par la culture ouvrière du travail bien fait. Dans le militantisme en général, il n’y a plus vraiment de contrôle des mandats, et les tensions internes bureaucraties/oppositions/bases dont on parlait précédemment découlent d’ailleurs de ça. La culture de gauche est une culture bourgeoise et libérale où les militants tendent à s’émanciper du collectif. Il faut donc renouer avec les fondamentaux. Marx ne s’est jamais revendiqué « de gauche », la CGT ne s’est jamais présentée comme étant « de gauche », tout comme le PCF ne se revendiquait pas « de gauche » avant le tournant social-démocrate du Front Populaire. « À travailler n’importe comment, on produit n’importe quoi », « à chaque outil son produit », appliquons à notre syndicalisme le bon sens d’un travail bien fait. Un syndicaliste dans ses pratiques militantes doit avoir la discipline et la rigueur d’un ouvrier formé et qualifié pour accomplir un travail de qualité. La CGT se relèvera lorsqu’elle aura rompu avec la culture de gauche et renoué avec la culture ouvrière du mandat et du travail.

Vous voulez renverser le capitalisme, par quel moyen ? Et pour mettre quoi à la place ?

Nous voulons le bien commun, c’est-à-dire le communisme. Pour les syndicalistes révolutionnaires, la confédération syndicale forme l’ossature de ce communisme, de sorte qu’il soit fédéraliste, inclusif et démocratique. Pour y arriver, nous ne voyons pas d’autres moyens sérieux que celui de la grève générale. Aujourd’hui elle est invoquée pour tout et pour rien, mais pour nous il s’agit d’un processus qui doit être construit sérieusement et méthodiquement. Toute notre stratégie de pratiques et d’adaptation des structures syndicales est basée sur l’objectif de construire cette grève générale. Tout comme la CGT à ses débuts, dont les structures avaient été créées dans l’objectif de se substituer aux différentes échelles du pouvoir bourgeois, nous avons trois axes principaux pour le processus révolutionnaire et la gestion communiste de la société. Tout d’abord, le syndicalisme interprofessionnel, par lequel la conscience de classe peut émerger en dépassant les corporatismes et en s’organisant sur le plan territorial (donc politique). Deuxièmement, le syndicalisme d’industrie qui permet le contrôle ouvrier de la branche d’activité (construction, commerce, métallurgie, etc.), limitant le patriotisme d’entreprise des syndicats de boîte, et permettant une pratique internationaliste de gestion d’une branche industrielle. Troisièmement, la sociabilité prolétarienne, car les travailleurs ne vivent pas que sur leur lieu de travail, le syndicat doit être présent en dehors de celui-ci et constituer la base d’une contre-société anticapitaliste.

Qui et comment peut-on rejoindre les CSR ?

En toute logique, nous privilégions l’adhésion de travailleurs et travailleuses employés et syndiqués (ou en projet de l’être), mais nous sommes ouverts à tous et à toutes, car il y a plusieurs moyens de nous aider dans nos projets et prendre part à la vie de notre organisation. On peut nous rejoindre en prenant contact par mail, sur notre site internet ou page de réseau social, ou directement par l’intermédiaire d’un militant ou comité local CSR.


Fraternellement,
GdM