La CFDT ou le libéral-syndicalisme

Message par Sudiste » 03 Fév 2004, 21:50

La question des retraites a été un révélateur de la réalité profonde de la stratégie de la CFDT. L’annonce précipitée et sans consultation de l’approbation confédérale est révélatrice de la dégradation de la démocratie syndicale en son sein et des conception centralistes et avant-gardistes des dirigeants confédéraux. Le renoncement à rechercher de nouvelles concessions gouvernementales par le prolongement du rapport de force atteint le 13 mai est révélateur d’une conception dans laquelle le rapport de force n’est plus un élément essentiel et où la mobilisation peut même être un obstacle à la réalisation des “réformes nécessaires”. La sortie brutale du mouvement est révélatrice d’une conception cynique, tactique et utilitariste des revendications communes et de l’unité d’action intersyndicale.

Mais c’est le renoncement confédéral aux financements nécessaires à une réforme progressiste des retraites qui éclaire la vraie nature de l’orientation de la CFDT. L’économie générale de la réforme approuvée par la confédération se résume à une solidarité interne au salariat : les mesures pour les plus faibles sont financées par des régressions pour le plus grand nombre, faute de mise à contribution des autres revenus. Or, depuis vingt ans, la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises a reculé de dix points au bénéfice des profits. La “fracture sociale” et ses conséquences politiques ont été le prix à payer de cette “victoire” des actionnaires et des rentiers face à des salariés placés sur la défensive. La direction de la CFDT considère pourtant que l’on ne peut pas modifier sensiblement cette répartition des revenus. Dans la logique de ce “réformisme moderne” comme il se revendique, il n’y a plus de marges pour faire progresser graduellement les droits sociaux du plus grand nombre par une plus juste répartition des richesses produites. Les seules possibilités se résument désormais à redistribuer suivant ce “nouvel impératif” entre salariés du public et du privé, entre actifs et retraités ; et non plus entre revenus du capital et revenus du travail. L’essentiel est désormais, au nom de la lutte contre l’exclusion, la mise en place de minces et fragiles filets de sécurité. Les droits sociaux se voient ainsi remplacés par des mesures d’inspiration caritatives.

Considérer comme intangible, dans le cadre du capitalisme globalisé, l’actuel partage des richesses, c’est se condamner à ne mener au mieux qu’une politique syndicale d’atténuation des politiques libérales voire, au pire, à inscrire l’action syndicale dans l’acceptation des reculs sociaux que — selon le patronat et les idéologues libéraux — les salariés doivent consentir pour se couler dans le nouvel ordre mondial. Cela conduit l’action syndicale à n’agir que sur les conséquences les plus négatives des politiques libérales et à renoncer à agir pour faire changer ces politiques elles-mêmes. Un social-libéralisme syndical portant le projet d’une société libérale charitable en quelque sorte ! D’où des positions confédérales accompagnant la régression des droits des salariés et des chômeurs, la libéralisation des services publics, le désengagement de l’Etat, etc. D’où aussi la prise de distance avec les mouvements sociaux et les conflits du monde du travail qui prétendent résister à cette entreprise de démantèlement social. D’où enfin, le reniement par l’actuel secrétaire général de l’héritage “autogestionnaire” des années 70, la période la plus identitaire de la CFDT. La voie est désormais ouverte pour l’affirmation sans gêne du libéral-syndicalisme d’aujourd’hui.



Extrait de la tribune publiée le 13 janvier 2004 par Claude DEBONS (ancien Secrétaire Général de la FGTE-CFDT et aujourd’hui militant de la CGT) et intitulée : “Où va le syndicalisme ?”.



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Message par Sudiste » 12 Fév 2004, 22:50

Chers camarades,

Depuis mon adhésion à la CFDT je n’ai jamais caché mon désaccord avec de nombreuses positions confédérales, de la réforme de la Sécu en 1995 à celle du statut d’intermittent du spectacle en 2003, en passant par le PARE et les autres mesures d’exclusion de chômeurs, et bien sûr l’augmentation du nombre d’annuités nécessaire pour d’une retraite à taux plein : augmenter le temps de travail pour échanger des retraités contre des chômeurs, tout en ouvrant la voie aux fonds de pension pour ceux que le chômage empêchera d’atteindre 40 annuités, bravo !

Je suis obligé de constater que ces désaccords sont de plus en plus nombreux et de plus en plus profonds. Nous en sommes arrivés au point où je n’arrive plus à distinguer les déclarations de François Chérèque de celles d’Ernest-Antoine Seillière, sauf d’après la voix... Mais le plus grave est à mes yeux l’absence totale de démocratie dans la CFDT : apparatchiks, congrès verrouillés, décisions importantes prises sans consulter les adhérents, presse interne servant de propagande pour les décisions prises au sommet au lieu d’être un espace de débat, etc. La liste serait longue, mais elle est bien résumée par une réponse qui m’a été faite lors du dernier Conseil des Métaux (j’avais déjà entendu une réponse similaire lors de la dernière réunion d’Inter-CFDT-Thomson) : “la preuve que la CFDT est démocratique, c’est que si tu n’es pas d’accord avec la ligne confédérale, tu peux partir”. Sachez que ce n’est pas du tout ma conception de la démocratie.

Ayant eu depuis juin 2003 à combattre un projet de licenciements à Thomson multimédia R&D France, ma section syndicale avait décidé d’attendre avant de débattre d’une éventuelle sortie collective de la CFDT. Les raisons de ce délai étaient de voir si la demande de Congrès extraordinaire aboutirait, de laisser à chacun le temps de la réflexion, de consacrer toute notre énergie contre les licenciements, et de ne pas prendre le risque de se retrouver désarmé au mauvais moment. Aujourd’hui notre combat est quasiment gagné, nous avons donc pu débattre et constater qu’une bonne partie des militants de la section sont résolus à quitter la CFDT. Je dois préciser que l’absence de soutien dès le début de notre lutte pour l’emploi de la part de l’UD et de l’UL, qui ont même cherché à torpiller nos action communes avec STMicroelectronics et Philips, ont largement contribué à décider certains à partir.

Aujourd’hui ma décision est prise : je ne suis plus adhérent à la CFDT.

Je démissionne donc aussi de mes mandats de délégué syndical, de défenseur aux Prud’hommes, de membre de l’exécutif de l’Inter-CFDT-Thomson, de membre du Comité de Groupe et du Comité d’Entreprise Européen de Thomson. Je ferai de mon mieux pour passer le relais dans de bonnes conditions, notamment concernant les Prud’hommes. Je précise que c’est avec la confédération CFDT, ses positions et son fonctionnement, que je suis en total désaccord, et non avec le syndicat CFDT de la métallurgie d’Ille-et-Vilaine ni avec l’Inter-CFDT-Thomson.

Au revoir, camarades,

On se retrouvera sans doute dans la lutte syndicale, en espérant qu’on soit du même côté !


Jean-François Vial, Rennes, le 27 janvier 2004.


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